Billets par Bruno Lussato
Tuesday, 11 August 2009
CHRONIQUE
LE JOURNAL DE JULIEN GREEN
J'ai feuilleté ce volume de quelques milliers de pages pour, en suivant la suggestion de Marina, m'en inspirer, La chronique de Green ressemblant par son éclectisme à mon blog. Ainsi que je l'ai fait remarquer, l'élément déclenchant a été l'impression des billets en plusieurs cahiers que l'on peut parcourir comme un livre, alors que dans un blog, on se focalise sur le dernier jour. On se sert des mots clé ou du défilement pour avoir accès aux billets précédents et ce n'est guère pour atteindre. Au contraire dans le codex confectionné par l'impression de blog, il n'y a rien de plus aisé de parcourir même les fascicules les plus anciens.
Mais ce qui est révélateur est le style de Green, celui d'un grand romancier. Je crois écrire d'une manière correcte, Green s'exprime avec une originalité, un brillant, pimentés d'un humour très fin. En le lisant, on a l'impression d'entendre le chroniqueur nous faire partager ses états d'âme, son cafard, son enthousiasme au contact de Siegfried, de Debussy, du torse de Milet, sa déception envers Oscar Wilde si adulé dans sa jeunesse. A propos de Justine de Sade, il s'exclame : un style glacé, des personnages non crédibles, des mots, des mots, des mots.
DU BLOG-NOTES
MINGEI : RECTIFICATIONS
Je viens de recevoir un e-mail de Philippe Boudin, au Japon, en quête de pièces qui puissent combler nos lacunes du leader Montgomery, d'après lui déjà dépassée par la nôtre (La WMK, Western Mingei Kan, collection Deripaska Lussato, un département de la fondation Lussato Fédier à UCCLE, Belgique) qui revendique le titre de Musée Mingei de l'Occident. Ci-contre les principales rectifications :
1. P.Boudin n'a jamais prétendu que le seul point fort du leader est la collection de 23 assiettes Seto. Les sculptures, les animaux et les enseignes nous sont supérieures.
2. Il nous reste à trouver des enseignes et des animaux. Déjà Boudin vient de dénicher deux pièces absolument exceptionnelles, sans comparaison avec celles de Montgomery, mais à des prix élevés. a) Une enseigne représentant un chat, d'une dimension double avec celle du leader. b) Une statue début EDO représentant trois tortues se chevauchant, d'une extraordinaire virtuosité.
3. Le crochet à bouilloire Daikoku, n'est pas plus grande que le notre (45cm) mais on a compté dans les 70 cm, la hauteur d'un support en bois supplémentaire.
4. Les deux dernières pièces proviennent d'une provenance illustre.
5. Philippe Boudin ne songerait en aucun de nous désinformer. Il adhère totalement à un projet unique qu'il a contribué à édifier et qui assureront sa renommée de grand marchand.
Nos points forts sont avant tout une politique de recherche de pièces rares, exceptionnelles ou représentatives du Mingei. C'est aussi la présence d'un mécène ouvert et me faisant entièrement confiance, ce qui n'a pas été le cas des deux sponsors de la deuxième et seconde fondation. (Pugachev-Lussato collection). La qualité est préférée à la quantité. Nous estimons par exemple excessif d'avoir des dizaines de pièces équivalentes.
CHRONIQUE
MAUVAIS TEMPS
Hier et avant-hier il a fait un temps exécrable et mon Apple a pris froid. Comme je vous l'ai dit, les murs du chateau sont de véritables murailles et je dois sortir dans le parc pour capter le réseau. Ce n'est guère pratique sous une pluie battante. Certes je me suis ruiné avec la carte METEOR de l'hotel, mais elle ne fonctionne que pour l'e-mail et n'admet pas mon blog.
Ma soeur remarque qu'avec mon blog, je suis me suisenfermé dans une bulle. Mais cette bulle est imprimée et le résultat est un journal rédigé et mis en forme. Alors Marina m'a conseillé pour améliorer mon style de lire le journal de Julien Green. Assez étrangement on ne le trouve dans aucune édition courante. On ne peut se le procurer que dans les Pléiades, hors de prix. Je l'ai quand meme achetée et j'en ai fait mon livre de chevet.
Ce jour-ci je me trouvais à Genève . Le centre ville grouille de chalands et de magasins pour riches arabes. Je n'ai jamais vu autant de magasins pour bracelets montre, d'un gout douteux. Cette ville, cossue et paisible pourrait aujourd'hui illustrer le billet sur Le grand écart.
Plusieurs quartiers se disputent la palme du luxe douillet. Tout au long de la rive du lac qui mène à Coppet, on trouve en enfilade de magnifiques propriétés à peine visibles de la route, un enfer encombré de voitures en enfilade la queue le leu. Elle cotoyent des parcs verdoyants et des palais officiels. De l'autre côté de la route des immeubles de bureaux en verre et en acier, cotoyent des immeubles jadis bourgeois mais aujourd'hui maal entretenus.
Sur le bord du lac se succèdent les palaces : le Richmond, le Beau Rivage, le Président, l'Hotel des Bergues, aujourd'hui mal modernisés, sans le luxe vieillot et discret qui faisait leur charme.
Mais voilà : dès vous écartez ne fût-ce que de deux blocs, en direction de la gare, apparaissent des maisons délabrées, qui à Montbrillant où se trouve une hôtel quatre étoiles font place aux pires taudis que l'on puisse imaginer. Grand écart d'avec les trois quartiers luxueux : en plus des villas qe je viens de citer et qui sont habitées par des milliardaires saoudiens on citera les maisons de l'autre rive, vers Vesenas, et réservées aux vieilles familles les maisons qui surplombent Corraterier et l'Opéra, dominant toute la ville. Il y a aussi les hôtels particuliers de la vieille ville qui grimpent jusqu'au Musée d'art et d'Histoire.
Autre grand écart : ce qui passe pour être une terre de liberté et d'anonymat, autrefois paradis fiscal, est en réalité - indépendamment des nouvelles réglemantations dévoilant l'identité des déposants, un pays très réglementé, très à cheval et sévère pour les moindre réglementations. Et pourtant les autorités si pesantes pour les riches helvétiques, sont incapables d'imposer la rénovation des taudis.
Sunday, 9 August 2009
CHRONIQUE
CONTRADICATIONS
CONTRE INDICATIONS, CONTRADICAZIONI-CONTRACTIONS
Ce paragraphe est à prendre dans un contexte de pathologie médicale pour désigner les effets néfastes de certains médicaments. Si on vous les a recommandés c'est qu'ils doivent combattre des dysfonctions, et voici que si vous prenez le médicaments vous tombez dans d'autres dysfonctions. Autrement dit, si vous optez pour le médicament vous alterez votre santé et si l'évitez, vous tombez malades. Pour résoudre ce dilemme, le médecin utilise la liste des composants, comme le Vidal, mais la formule en est également accessible dans les fameuses notices glissées dans la boîte du médicament et quelquefois annoncées dans son emballage.
Un grand nombre d'entre nous ont la facheuse habitude lorsqu'ils prennent un médicament qu'ils ne connaissent pas de se précipiter sur la notice à la recherche des contradications. Et ils en trouvent toujours, et d'alarmantes, de quoi devenir hypocondraques.
Une longue habitude me conduit à vous donner trois conseils de bon sens :
1. Ne lisez pas les notices.Cherchez plutôt un médecin en qui vous puissiez avoir confiance, sinon consultez-en deux ou trois et retenez les conseils de bon sens.Méfiez-vous des médecins soit laconiques, soit prolixes. On leur demande simplement d'être clairs et à l'écoute bienveillante.
2. Si ça peut vous rassurer, faites vous expliquer la notice qui vous inquiète par votre médecin. Lui seul sait faire le partage entre les contre indications qui ont un sens pour votre santé, et celles destinées à préserver les fabricants de poursuites juridiques éventuelles.
3. Sachez en effet que les notices n'ont qu'une valeur juridique. Il suffit en effet qu'une des grandes multinationales omette de signaler un effet qui peut survenir sur un million de cas, pour que la victime, son avocat, et une horde d'associations exige - et obtienne - des dommages intérêts faramineux. Cinq grigris servent à éviter tout risque, et certains valent pour n'importe quel produit consommable.
a) Editer pêle mèle les dommages fréquents ou rarissimes, qui peuvent résulter de la prise du composant actif.
b) Signaler (surtout pour les produits alimentaires promus au rang de produits pour la santé) les composants, les molécules, les traces de produits présents dans l'atelier de fabrication.
c) Ecrire : en cas de doute adressez-vous à votre médecin.
d) Eviter de mettre ce produit à portée des enfants, et de dépasser la posologie qui doit être déterminée par votre médecin.
e) Produit contre-indiqué pour les patients intolérants à ce produit.
IMPASSES, DILEMMES, PIEGES, PARADOXES
Tous ces termes font partie d'une même catégorie sémantique, faisnat partie de l'échelle logique d'évaluateurs.
Friday, 7 August 2009
CHRONIQUE
LE GRAND ÉCART
Le sujet général de cette chronique a trait à la tendance du monde à pratiquer le grand écart entre le presque zéro et le quasi infini, écart qui échappe à toute logique.
UNE ANOMALIE MUSICALE
Prenons l'exemple très médiatisé de la découverte d'un manuscrit de Mozart, présenté comme un événement majeur. Un intéressant article lui est consacré par Christian Merlin qui à juste titre déplore la publicité faites autour de deux pages composées à 7 ou 8 ans. Cette partition a certes un intérêt pour un collectionneur d'autographes musicaux et un historiographe pointu, mais n'apporte aucune connaissance sur le compositeur, qui ne devait prendre sa personnalité qu'environ dix ans après. Mais paradoxalement le Figaro illustre une des pages par une grande image en couleur qui ne peut intéresser qu'un graphologue spécialisé dans les notations musicales.
Malheureusement un curieux phénomène de cécité musicale frappe M.Merlin. Avec complaisance il cite les principaux exemples de manuscrits sans intérêt mis sur le marché : en 2001 une minute de musique manuscrite de Beethoven acquise par la fondation Bodmer pour 400.000 FS . Cet achat était justifié en tant qu'autographe que collectionne la fameuse fondation dédiée à l'écriture. Pour le reste, M.Merlin cite des oeuvres sans intérêt de Puccini, de Sibélius, de musique baroque. Mais dans tout ce fatras pas un mot sur les fragments retouvés et joués par Wynn Morris, de la Xème Symphonie de Beethoven. Cette oeuvre a une importance fondamentale à plus d'un titre. Elle prolonge la tendance du dernier quatuor à aborder de nouveaux rivages. La Xème on l'a dit dans ce blog, fait plus qu'annoncer un changement de style. C'est d'un changement de compositeur qu'il faut parler, un Beethoven II qui est l'antithèse du Beethoven que nous connaissons et qui donne une idée de l'extraordinaire transformation initiée par le compositeur, dont l'esprit fourmillait de projets jusqu'au dernier souffle. Mais il y a autre chose : il fut à mon avis manquer de coeur, d'empathie, être musicalement sourd pour ne pas être ému jusqu'aux larmes par cet adagio qui tourne en spirale autout d'un chant qui développe la charge affective qui a valu la célébrité de l'adagio de la Sonate Pathétique. Mais quel progrès, quelle évolution admirable... la mélodie et les cercles concentriques qu'elle trace dans l'étang étal d'un orchestre épuré, musique empreinte de douceur, de résignation, dépourvue de toute emphase, est aux antipodes de tout développement, de toute dialectique, de tout ce qui caractérise Beethoven I. Lorsque le disque (en fait les disques, car il y eut deux interprétations, dont seule la première réussie) fit son apparition on aurait pu s'attendre à une couverture médiatique bien supérieure de celle dont les deux morceaux de Mozart ont bénéficié. Au lieu de cela, un silence gêné, de critiques aigres, une censure totale. Je compris que les musicologues et les critiques musicaux, ne voulaient pas admettre un Beethoven aussi hérétique, détruisant un modèle inscrit dans leur inconscient. Je suppose que c'est ce même ostracisme qui a poussé M. Merlin à occulter cette partition même parmi les oeuvres mineures. Triste.
Par ailleurs, très justement Christan Merlin fait observer le grand écart qui existe dans l'univers médiatique, entre la popularité d'oeuvres faciles et l'engouement pour d'autres réservées aux musicologues les plus pointus. A Radio Classique il est plus facile d'entendre des baroqueux médiocres que des sonates de Beethoven !
50° D'ÉCART
C'est celui que l'on vante entre les 45° à l'ombre de la piscine extérieure d'un grand hôtel de Dubaï et les -5° de la station de ski ou la patinoire de l'intérieur, où on vous donne des parkas et des fourures pour vous empêcher de geler.
Je me suis déjà indigné dans ce blog : en été par 35° à l'ombre, il faut se couvrir lorsqu'on entre dans un magasin ou un hôtel où l'air conditionné abaisse la température à 18°. En hiver, phénomène inverse : par une température extérieure de 0°, il faut supporter des magasins et des hôtels surchauffés à 28°.
ÉCARTS ARCHITECTURAUX
Restons-en à Dubaï, futuriste sanctuaire pour très riches sans culture.
Les bonnes âmes qui s’indignent à la vue de ces bourgeois qui conduisent une voiture sans passagers, pour eux tous seuls, ou qui utilisent des motos au lieu de bicyclettes et les exhortent à se priver d’air conditionné par 35° à l’ombre, ressemblent à ces écologistes fanatiques américains qui réclament un monde sans confort tout en bénéficiant d'un écart absurde et mauvais pour la santé, de 15° entre l’extérieur et l’intérieur.
Mais ce n’est pas encore le grand écart. Il appartenait aux émirs arabes de s’en approcher à Dubaï, où la pire provocation fait figure de publicité. « Vive le gaspillage climatique, vive la démesure, à bas les équilibres naturels » semblent-ils dire. Et croyez vous qu’une de ces croisades promptes à nous fustiger les clouent au pilori ? Non. On détourne pudiquement la tête.
LE PARADOXE BERLUSCONI
A propos de Silvio Berlusconi, le journal "La Tribune de Genève" s’interroge sur le grand écart entre sa côte de popularité dans son pays, en dépit de ses frasques et l’unanime antipathie de la presse internationale.
Il y a évidemment des succès là où la gauche a échoué à répétition, en premier lieu la gestion des urgences : l’organisation réussie du G8, la gestion efficace du tremblement de terre d’ l’Aquila, la diminution des immigrés clandestins… C’est de plus un archi-italien comme un prince de la Renaissance, la culture en moins, la grossièreté en plus. Mais on n’est plus à l’époque de Dante ni de Michel-Ange. « Les reality shows et les navets battent tous les records d’audience, les librairies sont désertes et le Milan AC compte plus que la Scala. Berlusconi est le reflet de cette Italie-là. »
Charles Poncet, un Italien de Genève vise juste quand il écrit « Les Italiens sont un vieux peuple sophistiqué et cynique. Ils préfèrent Berlusconi à la gauche et au diable les histoires d’alcôve. Il a l’appui d’une majorité, qui le trouve moins mauvais et pas plus pourri que ses prédécesseurs. »
A propos de Silvio Berlusconi, la revue s’interroge sur le grand écart entre sa côte de popularité dans son pays, en dépit de ses frasques et l’unanime antipathie de la presse internationale.
Il y a évidemment des succès là où la gauche a échoué à répétition, en premier lieu la gestion des urgences : l’organisation réussie du G8, la gestion efficace du tremblement de terre d’ l’Aquila, la diminution des immigrés clandestins… C’est de plus un archi-italien comme un prince de la Renaissance, la culture en moins, la grossièreté en plus. Mais on n’est plus à l’époque de Dante ni de Michel-Ange. « Les reality shows et les navets battent tous les records d’audience, les librairies sont désertes et le Milan AC compte plus que la Scala. Berlusconi est le reflet de cette Italie-là. »
Charles Poncet, un Italien de Genève vise juste quand il écrit « Les Italiens sont un vieux peuple sophistiqué et cynique. Ils préfèrent Berlusconi à la gauche et au diable les histoires d’alcôve. Il a l’appui d’une majorité, qui le trouve moins mauvais et pas plus pourri que ses prédécesseurs. »
L’anniversaire d'un condottiere à l’accession au pouvoir.
LE GRAND ECART POUTINE
Il est venu au pouvoir comme au hasard. Rien ne prédisposait ce fonctionnaire des services secrets à prendre la succession des Eltsine et des Gorbatchev. De petite taille bien que rompu aux arts martiaux, il n’était pas particulièrement charismatique : un homme froid et volontaire, n’éveillant pas la sympathie.
Et le voici devenu le plus grand condottiere de la Russie qui n’en manque pourtant pas. Il a créé son remplaçant, Medvedef dont en pensait qu’il prendrait goût au pouvoir et finirait par écraser son premier ministre, la fonction faisant l’homme, et disposant d’un clan puissant. Mais son ombre n’a cessé d’obscurcir l’éclat de son rival.
Jusqu’ici, la Russie passait par une période de vaches grasses et on lui attribuait ce succès, dû à une poigne de fer et à une politique nationaliste. Mais les vaches maigres ont succédé et servent de révélateur aux carences criantes du régime. A corruption, un chaos généralisé, le grand écart entre les richissimes et gaspilleurs oligarques et une population qui ne cesse de diminuer, et dont l’espérance de vie baisse régulièrement.
Poutine agissant en bon tzar, et utilisant son patron théorique comme court-circuit, s’en
est pris en un premier temps aux oligarques désobéissants. L’un a fini en Sibérie,
d’autres en exil, les derniers font leur cour et tremblent. Le peuple pourrait lui attribuer sa misère et ses résultats économiques désastreux.
Mais là ne se situe pas le grand écart. Il a réussi à concilier la tradition soviétique et l’héritage soviétique, pôles extrêmes impossible à faire coexister. Il célèbre la saga héroïque de ka seconde guerre mondiale, révère l’Eglise orthodoxe, fait le grand écart entre l’aigle impérial à deux têtes et l’hymne soviétique et en définitive représente une large fraction des croyances populaires.
Mais il n’en est rien. Jamais le Tzar n’a été aussi puissant, aussi respecté, aussi populaire. Cela est sans doute dû au fait qu’il est archi-Russe, qu’il incarne les rêves d’un peuple jadis pissant et cultivé. Grâce à lui, la Russie a repris sa place parmi les grandes puissances.
Mais là ne se situe pas le grand écart.
Il réussit à enjamber les deux pôles les plus distants qui soient : la tradition tsariste et l’héritage soviétique. Il célèbre les actions héroïques de la Seconde Guerre mondiale, honore l’Eglise Orthodoxe, rétablit l’aigle impérial à deux tête et l’hymne soviétique et par là il est assez représentatif aux croyances populaires. Détesté par les intellos européens, il est relegué hors de l’Europe et se tourne dès lors vers la Chine, l’Inde, voire l’iran. .
Thursday, 6 August 2009
CHRONIQUE
DES ORDINATEURS ET DES HOMMES
Le règne de l'ordinateur
LA TECHNOLOGIE AU SERVICE DU BIEN PUBLIC
On n'arrête pas le progrès. J'ai dû d'urgence faire renouveler mon passeport qui doit être en règle pour que je puisse partir à la fin du mois en Russie. Cela a été très vite grâce à un ordre de mission officiel, mais une fois les documents rassemblés, y compris un acte de naissance qu'il faut réactualiser chaque trois mois (de peur que j'aie changé de lieu et d'âge depuis un trimestre) les services des passeports se sont heurtés à des obstacles d'ordre technologiques, qui montrent que la République évolue elle aussi au rythme de l'innovation technologique de point. Réconfortant n'est-ce pas?
J'a fait établir chez le photographe de Divonne, qui a un équipement adéquat, des photos réglementaires pour documents officiels. Mais voilà : elles étaient rejetées par l'ordinateur qui ne les reconnaissait pas, les normes techniques ayant changé pour cause de nouveaux logiciels. Fort heureusement la mairie avait un appareil de photos aux normes et produisit des vignettes incontestablement légitimes, car j'y ressemblais à un sérial killer .
Puis il fallait prendre les empreintes digitales. Savez-vous ce que c'est? Autrefois vous pressiez vos doigts dans un tampon encreur et vous apposiez l'empreinte sur le document. Mais la République veille sur votre bien être. Elle se préoccupe de votre stress lorsque vous devez vous laver les mains pour enlever l'humiliante souillure. Elle fait donc appel à la technologie de pointe, et c'est ce dont sont gratifiés tous les bureaux officiles. C'est une plaque électronique, toute hérissée de voyants et de boutons. Face à la plaque, cachée aux regards du quidam, un écran que consultent avec des mines affairées les préposés au service. Je pose sur la plaque mes quatre doigts de la main gauche mais la machine les rejette. Comme les photos, ils sont non conformes. On essaie de les humecter avec un tampon humide spécial. Rien n'y fait. Puis on essaye la main droite. Rejetée par le système ! Il commence à y avoir un petit attroupement d'employés, chacun formulant une suggestion. On apprend que cela arrive souvent et notamment ce matin pour une jeune fille. Et tous, saisis par un obscurantime regrette l'époque des dinosaures, celle où on se souillait les mains. Enfin, un miracle se produit au bout de dix minutes d'essais : la plaquette électronique daigne remarcher, non sans quelques soubresauts. Vive la technologie, elle aiguise notre patience et affine notre intuition !
UN BLOG TROP INDISCRET
Ainsi que vous pouvez le deviner, les propos tenus, même à mots couverts sua la famille Poliakoff, on suscité beaucoup de réactions indignées de la part des gens qui nous connaissent. Un de ceux que je qualifie d'arriviste, trouve dans ce déballage la raison de la désaffection de Axel et d'Igor. C'est oublier que les révélations ont été lancées aprés le fait et non avant. Cela s'est fait tout naturellement. J'ai pour principe de donner - avec l'assentiment des intéressés - les noms et les faits réels, quand ils sont de nature élogieuse, et de les remplacéer par des personnages imaginaires dans le cas contraire. Ces personnages : LH III ou "Le jeune Homme" et je les ai placés dans des lieux décalés, comme la Grèce (Socrate) ou des milieux fantaisistes (le jeune homme a plusieurs frères qui voulent sa peau, LH III qui vient tout droit de l'Entretien). En revanche le personnage réel était énoncé sous sa véritable identité, faisant partie de ma vie, de ma famille, au même titre que Marina ou Sandrine. J'ai donc déclaré dans ce journal nommé Chronique, leur existence et leur relation avec moi. J'ai donc été stupéfait, comme les internautes, par leur revirement. Du coup de personnages positifs, il se sont révélés comme des êtres inconsistants, méprisants et méprisables, ingrats et sans coeur. J'ai alors changé leur nom mais le mal était fait.
L'ARRIVISTE CHANCEUX
Un de ceux qui ont émis l'hypothèse d'une réaction négative des Poliakoff en présence de leur citation sur le Blog, a été lui même présenté comme un arriviste. Il n'a pu s'en plaindre, car après des mois d'absence et des baudruches crevées, il ne s'est mis en contact avec moi, un peu gêné tout de même, que lorsqu'il s'est aperçu que nous avions par l'intermédiaires de mon fils, des relations communes. Voici un exemple de notre conversation d'hier soir :
"Je me suis reconnu dans le portrait que vous avez fait de moi comme arriviste? Pourquoi ?
- Parce que vous êtes un arriviste.
- Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que je suis un arriviste?
- Prenez un dictionnaire ou relisez le billet. Si je dois vous rafraîchir la mémoire, je vous rappelerai les critères principaux : tous subordonner à une progression dans l'échelle sociale, faire sonner ses relations, promettre ce qu'on ne peut pas tenir et faire espérer des avantages hypothétiques, afficher une franchise de commande, avoir le charme du courtisan accompli et plaire aux femmes, se faire inviter par les très riches dans des yachts ou des villas prestigieuses, se glisser dans la cohorte des amuseurs qui mettent de l'animation par leur talent d'animateur etc.
- Je ne suis pas comme cela. Il faudrait qu'on se parle pour que vous me connaissiez mieux.
- Je n'ai jamais fermé la porte à qui frappait pour me voir. Tous ont quelque chose à apprendre et à enseigner. Il faudrait que vous soyez présent pour que nous puissions parler hors blog et hors téléphone.
- Je vous promets de le faire. Mais vous m'avez causé du tort.
- Allons donc ! Si les cocus sont les meilleurs gens du monde, il vaut mieux être du côté de ceux qui leur plantent des cornes. Des arrivistes? Croyez-vous être le seul de leur espèce? Ils sont partout.
Vous trouverez dans le corps du blog la suite des lectures sur le Mingei.
Le règne des hommes
SOUVENIR DES CAPUCINS
PAR RAFFAELLA SIMONI BERNARDI MALAGUTI
Nous évoquions récemment les moments exceptionnels que nous avions vécu aux Capucins, et son émotion était contagieuse, à tel point que je la priai de coucher par écrit ce qu'elle m'avait exprimé. Elle consentit de bonne grâce et m'adressa aussitôt par e-mail un texte merveilleux et poétique que j'essayerai de traduire de mon mieux afin de vous faire ressentir, bien imparfaitement des moments fastes de mon projet culturel.
Un lieu reste dans mes yeux par sa beauté, dans le cœur, par les émotions et les sentiments qu’il suscite.
En arrivant aux Capucins, on se trouvait devant un grand et impénétrable portail de fer gris qui une fois grand ouvert s’ouvrait sur une petite cour, avec au centre un puits, pris entre les parois latérales d’un grand édifice en fer à cheval rose pâle aves des fenêtres blanches et à l’entrée d’un grand parc.
La porte d’entrée était plutôt petite, mais à peine on était entrés on s’apercevait qu’on était dans un lieu magique. L’extraordinaire habileté, le goût et le raffinement de Marina Fedier, la sœur du propriétaire, et aussi le cœur qu’elle y avait mis, étaient parvenus à donner de la chaleur à un édifice vétuste du XVIème siècle, rien moins qu’un couvent, qui tout en respectant la construction fut rendu plus confortable que l’on puisse imaginer et qui alliaient avec une simplicité apparente, un lointain passé, la soigneuse sélection de l’équipement et de l’ameublement et le confort contemporain.
Le tout en parfaite correspondance avec l’hospitalité extraordinaire avec laquelle le frère, le Professeur Bruno Lussato accueillait les hôtes, en leur offrant des soirées inoubliables dont les thèmes couvraient, pour n’en citer que quelques unes, depuis l’opéra lyrique, la peinture, les voyages de navigateurs solitaires, jusqu’aux pièces d’Ionesco, au cabaret, à des concerts de pianistes célèbres, toujours complétées par ses explications doctes, brillantes et lorsque c’était opportun, humoristiques.
La partie culturelle et les représentations se tenaient en général dans l’Auditorium, un édifice séparé construit spécialement et auquel on accédait par un sentier couvert d’un rosier qui côtoyait d’un côté la serre, de l’autre un petit lac où nageaient paresseusement des cygnes blanc et noirs.
Les soirées s’initiaient dans le Salon de la Musique où une épinette, de rares instrument orientaux, une partition originale de Mozart, stupéfiaient régulièrement les invités, et se concluaient dans l’élégante et sévère salle à manger.
La construction basse et allongée ou les moines « exerçaient différents métiers » et qui faisaient partie du complexe, était devenue le siège du Musée du Stylo et de l’Ecriture dédié à mon père, le premier et cependant unique musée de ce genre qui accueillait la plus grande collection jamais sélectionnée. Dans un espace adéquat se trouvaient aussi de splendides papiers japonais.
L’ensemble était si beau que souvent en en parlant avec d’autres hôtes je laissais transpirer le fait que j’y logeais pendant mon passage à Paris, je notais un petit éclair de jalousie dans les yeux de mon interlocuteur.
J’ai en effet eu la chance de dormir dans la Chambre bleue et dans la Rose. Dans la première, immense, je ne fermais que quelques rideaux des huit fenêtres. Je voyais, en restant au lit, le clocher de l’église et un ciel qui m’apparaissait différent de l’italien, surtout en été et que j’avais la compagnie des carillons de l’horloge du pays. Dans la Rose, qui donnait sur le parc, j’éprouvai une sensation de sérénité que depuis la mort de mon mari je ne connaissais et que je ne connais plus.
Raffaella Simoni Bernardi Malaguti. 6 août 2009
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Tuesday, 4 August 2009
CHRONIQUE
FESTIVALS
Comme chaque année à cette époque, les festivals poussent comme champignons après la pluie. Les deux dominants sont Bayreuth pour Richard Wagner, Salzburg pour tout le reste et plus encore. Mais chaque patelin trouve une justification pour se dire terre de festival. Festival de quoi? - Mais de n'importe quoi ! Cela va de la célébration du sabot cevenois, à la dégustation des grenouilles du cru, du dessin animé tunisien, au folklore basque, d'un spectacle son et lumière au château de Romain-lès-blattes au concours de saut - kangourou... Je passe évidemment sur les traditionnels festivals de rock, de jazz, de chant populaire, sur les festivals du cinéma de Chasles-les -Eaux, sur l'élection de Miss Auvergne; et la dégustation du boeuf de la Creuze (sur le parcours de Georges Sand)
je voudrais plutôt que me gausser de ces minables parodies culturelles, me permettre une remarque sur l'origine et le développement de la notion de festival Ces notes me sont personnelles et ne revendiquent aucune sorte de compétence.
1°) Le père du festival, là où on trouve sous sa forme la plus pure la réalisation originelle, c'est Wagner. Il fit construire un théâtre selon ses plans. Par ailleurs, le climat continental produisait des chaleurs intenses alternant avec des pluies torrentielles. Point de monuments insignes à visiter, rien qui valille le déplacement, si ce n'est l'amour des oeuvres du "maître" de Bayreuth.
2°) Après Bayreuth dédié à Wagner, voici Salzbourg, voué à Mozart. Mais l'opposition est artificielle. En effet, si la patrie du Ring n'attire que les wagnériens, la perle de l'Autriche, au début réservée, outre Mozart, à Richard Strauss et à Karajan qui naquit dans la ville d'art, est bondée de touristes venus admirer le site, les monuments, la maison de Mozart. D'ailleurs le festival ne se limite pas à l'Opéra, donné dans une salle trop longue et une scène trop étroite, mais aborde le quatuor, le lied, de la musique de chambre en général. Enfin dans les festivals contemporains de plus petite envergure, comme Orange, Aix ou Avignon, la musique est programmée en fonction des chanteurs. Ici, ce n'est pas Paillasse que l'on va écouter, mais Alagna. La bas, on va vers la surprise d'un metteur en scène engagé. La musique passe au second rang.
3°) La notion de Festival n'a pas de sens dans une métropole, où c'est tous les jours festival. Certes il peut y avoir des programmes harmonisés, des expositions coordonnées, mais cela ne va pas au delà d'un évènement symbolique comme par exemple le Mingei, présent au Centre Culturel Japonais, au Quai Branly et dans nombre de galeries.
Dans le blog, continuer l'analyse critique des livres parus sur le Mingei.
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