Billets par Bruno Lussato
Billets indélébiles
Le musée du Stylo et de l'Ecriture
J'ai ouvert voici quinze ans un musée du stylo et des instruments d'écriture, sans conteste le plus important du monde. Lors de son transfert d'un local rue de Chaillot à Paris, au site actuel, 3, rue Guy de Maupassant, il fut victime d'un Hold Up sanglant, et la plus grande partie de la collection fut volée. Au cours d'une enquête digne du "code Vinci", on retrouva à Hanovre le recéleur, mais les autorités allemandes interdirent aux policiers de
la Brigade Criminelle
de se rendre sur les lieux, en dépit d'une commission rogatoire internationale. Ce n'est que deux ans plus tard que le feu vert fut donné, et il apparut que le recéleur benéficiait d'une indulgence étrange au sein de la justice allemande qui s'opposa à l'investigation des français, en dépit de témoignages accablants. Cette histoire policière rocambolesque sera divulguée dès que le procès des coupables sera terminé.
Le musée se tourna alors vers la calligraphie et l'écriture, sous le parrainage d'un des plus grands calligraphes mondiaux, peintre de talent : Claude Mediavilla, président de l'association des amis du musée. J'ai été son modeste élève et j'essaie de délivrer dans cette rubrique des bribes de l'enseignement reçu. Je me suis attaché notamment à mettre en contexte les relations entre un texte et sa forme : calligraphie, écriture formalisée, tapuscrit, SMS ou calligraphie reconstituée par un logiciel.
Un des moyens de tester la compréhension d'un message ou d'une oeuvre, consiste à y introduire des bruits aléatoires ou des distorsions, et évaluer à partir de quel seuil d'altération, le récepteur se rend compte de la dégradation. On peut soupçonner ainsi, qu'un homme plongé dans la lecture d'un journal tenu à l'envers soit analphabète.
Lorsque j'étais jeune je m'amusai à jouer à des mélomanes prétentieux de fausses fugues de Bach et des fantaisies inexistantes de Beethoven, improvisées sur le champ. Ils critiquaient mon jeu, sans s'apercevoir de la mystification. Wilhelm Kempff a joué la sonate Op.106 de Beethoven pour Radio Canada. (DVD cité, voir à Beethoven). Saisi par le trac il perdit le fil du discours du sublime adagio et sans se démonter, improvisa une page de pseudo Beethoven. Aucun des "connaisseurs" à qui je fis écouter l'enregistrement, ne s'aperçut de la substitution d'un texte admirable par un pastiche insignifiant. Et ces gens-là péroraient sur le jeu de Kempff et coupaient des cheveux en quatre à propos de sa sonorité ou de tel détail de style. La rubrique canulars comprend deux types de mystifications : un mélange de vraies et de fausses poésies, une parodie d'émissions de télévision sur des thèmes bateau.
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Bouillon de culture est le titre d'un livre édité par Fayard en 1987 et qui a fait l'objet d'une émission d'Apostrophes. Par la suite Bernard Pivot a utilisé le titre pour une série d'émissions, sans d'ailleurs prendre la peine de me demander mon autorisation. L'émission ainsi que le livre, firent l'objet d'un tollé général de la part de l'intelligentsia et me valut un ostracisme général. En effet il était du début à la fin politiquement incorrect. Quelques unes de ses propositions furent déclarées inconvenantes et rétrogrades. La principale contestation porta sur la différenciation socratique établie entre haute culture et culture dégradée, alors que le relativisme et le "tout se vaut" triomphaient. Une autre, fut la prédiction qu'avec la multiplication des chaînes de télévision, le niveau culturel baisserait au lieu d'augmenter. Enfin on déclara mes propos élitistes car je prônais le nivellement par le haut, la fréquentation des grands génies du répertoire mondial et de tous les temps, plutôt que l'exaltation snob du banal et du pire. Mai 68 y était décrit comme une régression plutôt qu'une libération. Aujourd'hui, les prévisions de Bouillon de culture, devenu un "Brouillon d'inculture", se sont tristement réalisées. Il suffit de lire l'ouvrage très documenté de Paul Ardenne (Extrême) pour s'en convaincre. Alors que, suivant l'exemple des instructeurs d'autrefois, je recommandais la diffusion des chefs d'oeuvre du patrimoine auprès des masses populaires, je fus taxé d'élitisme. Cette rubrique approfondit la notion de différenciation culturelle. Si tout ne se vaut pas, quels sont les critères de valeur valides?
Qu'est-ce que la désinformation?Cette rubrique étudie le processus de désinformation. Il existe plusieurs définitions de ce terme. Chacun a le droit de le définir comme il l'entend, mais il faut qu'il l'énonce clairement et qu'il s'y tienne. Dans ce blog, la désinformation est définie comme une altération volontaire du processus de communication, depuis sa source jusqu'à la conscience d'un récepteur humain. Encore faut-il définir la source, et savoir comment la comparer au message reçu. On peut considérer que l'information originale est un événement, un objet, une création mentale, une oeuvre d'art ou de technique... C'est le territoire qui par des chemins complexes sera représenté par sa projection dans notre psychisme. La désinformation consiste à fausser le processus de communication et de re-création de telle sorte que la carte soit distincte du territoire, et que la déformation obéisse à un but défini, une manipulation par un ou plusieurs agents. On ne peut donc parler de désinformation, lors de bruits et de pertes accidentels ou aléatoires, mais lorsque la distorsion du message obéit à une logique indentifiable. Qui sont les désinformateurs. Cela peut être nous-mêmes et le processus plus ou moins conscient de l'altération des messages a été tout spécialement étudié par Festinger et ses descendants. Il montre que la distorsion a pour but de réduire la dissonance entre des faits et des informations, et un modèle implanté dans notre inconscient. Ce modèle, peut être individuel, en relation avec les désirs et les peurs du sujet, mais bien souvent il obéit à des schémas collectifs, des faisceaux de croyances fortes, que nous désignons sous le terme de "noeuds sémantiques" et qui déforment notre perception, comme un aimant un spectre magnétique.
Le racket informatique Qui n'a confusément ressenti une gêne devant la complication croissante des PC, leur abondance de programmes inutiles, leur coût infiniment supérieur à celui auquel on peut s'attendre du fait de la loide Moore? Ce phénomène d'inflation et de sophistication, destiné à justifier le maintien, voire la croissance des prix, est cependant dérisoire par rapport à la monstrueuse prolifération des systèmes informatiques centralisés des grandes entreprises. Destinée à compenser la chute tendancielle des coûts, dus à la technologie des composants, profitant de l'ignorance des dirigeants et de leur dépendance à leur technostructure et au lobby auditeurs-sociétés de conseil-fabricants de logiciel, ce véritable racket a des effets secondaires desastreux sur la deshumanisation de l'entreprise et l'asservissement des travailleurs et des cadres, au corset informatique. Notre but est d'analyser la genèse de cette dérive mortifère, ses mécanismes et les moyens d'y parer.
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*** A propos de la Sonate Op.106 pour piano de Beethoven.
Les Anglais n’aiment pas ma musique, mais le bruit qu’elle fait.
"Cette boutade de Beethoven nous conduit à nous poser la question : qu'est ce que la musique pour le maître de Bonn? On découvre l'importance de la structure et de la logique de développement, de même que les énigmes qui en découlent. Et aussi, les interférences et les conflits entre la structure et le son tel que l'auditeur l'entend. Comment l'artiste peut-il concilier musique et bruit, organisation et son?
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