Un des moyens de tester la compréhension d'un message ou d'une oeuvre, consiste à y introduire des bruits aléatoires ou des distorsions, et évaluer à partir de quel seuil d'altération, le récepteur se rend compte de la dégradation. On peut soupçonner ainsi, qu'un homme plongé dans la lecture d'un journal tenu à l'envers soit analphabète.
Lorsque j'étais jeune je m'amusai à jouer à des mélomanes prétentieux de fausses fugues de Bach et des fantaisies inexistantes de Beethoven, improvisées sur le champ. Ils critiquaient mon jeu, sans s'apercevoir de la mystification. Wilhelm Kempff a joué la sonate Op.106 de Beethoven pour Radio Canada. (DVD cité, voir à Beethoven). Saisi par le trac il perdit le fil du discours du sublime adagio et sans se démonter, improvisa une page de pseudo Beethoven. Aucun des "connaisseurs" à qui je fis écouter l'enregistrement, ne s'aperçut de la substitution d'un texte admirable par un pastiche insignifiant. Et ces gens-là péroraient sur le jeu de Kempff et coupaient des cheveux en quatre à propos de sa sonorité ou de tel détail de style. La rubrique canulars comprend deux types de mystifications : un mélange de vraies et de fausses poésies, une parodie d'émissions de télévision sur des thèmes bateau.
*** Les textes de "canulars" sont extraits de L'Entretien. La série des salons imaginaires, montrent deux types de discussions de salon. La première série met en situation Madame Reubenstein, riche mécène américaine, conseillée pour ses acquisitions par Alonzo Vacca della Strambugia, toujours à la pointe de la tendance : jadis Klein ou Kosuth, aujourd'hui Jeff Koontz et McCarthy. Les lieux communs se mêlent aux contresens et parodient le discours des critiques d'art et des conservateurs de musée.
La seconde série, intitulée "Le samovar de Galina Zoubov", est consacrée à des soirées animées par l'ex- dissident soviétique Vladimir Zoubov, consacrée à des explications de textes de poésies et de contes et légendes. (La rubrique contes et légendes présente des extraits de ces séances). On l'a compris, la notion de désinformation et de falsification est au centre de cette rubrique et touche à la difficile question des jugements de valeur, et le rôle du snobisme et de l'autosuggestion. Ainsi, des amis se mirent à dénigrer ce dont ils me croyaient l'auteur, et qui étaient dus en réalité à Goethe ou à Li Tai Po et réservant leurs éloges pour les textes faussement attribués à de grands poètes