Billets par Bruno Lussato
Billets indélébiles
ARTISTES DE L'APOCALYPSE
Une spectrographie de l'Art du XXIe siècle
Introduction
La scène de l'art contemporain se présente sous le signe de l’extrême. Extrême par les événements qui agitent la société et qui orientent les travaux des artistes, extrême par les prises de positions idéologiques affichées, extrême par la babélisation planétaire entraînée par la perte des repères. Ce travail s’efforce de clarifier la situation des artistes au XIXe siècle et de donner des clés de compréhension que quelques œuvres majeures. Afin d’éviter tout malentendu, il convient ici de définir ses limites. En effet le terme d’art et d’artiste est pris dans un sens très restrictif : celui qu’interrogent ceux qui fréquentent les musées, visitent les galeries, et lisent les revues et les ouvrages sur l’art contemporain. Bien que la plupart des artistes et des théoriciens se plaisent à affirmer qu’il n’existe aucune frontière définissable entre l’art populaire et la « mass Kultur », comme la BD et les documentaires, ou encore les productions des taggueurs et des agitateurs politiques, dans la pratique, ils forment un club très spécialisé, très fermé, ouvert uniquement à quelques initiés et à de riches collectionneurs. Alors que n’importe quel passionné pouvait rencontrer Picasso à la Coupole, et encore naguère on pouvait, comme moi-même, discuter avec Miro, Dali ou Dubuffet, aujourd’hui ce serait un rêve impossible. Tachez d’aborder un Jeff Koons, un Richard Prince, où n’importe quel ténor de l’avant-garde, tous ouvertement opposés à l’élitisme et aux puissances de l’argent !
Aujourd’hui, comme au temps de la Renaissance Italienne, les grands artistes sont des stars, des personnalités richissimes et inaccessibles, mais au contraire des génies des âges d’or, ils s’opposent à tout élitisme et revendiquent leur appartenance à l’humanité, sans distinction de valeur. Ce travail, loin de proclamer que n’importe qui est artiste et que c’est le spectateur qui fait le tableau, prétend que tous les artistes ne se valent pas, que dans leurs œuvres, il en est de bonnes et de moins bonnes, et que n’importe quel discours à leur sujet est moins important que celui du créateur lui-même, qui généralement sait fort bien ce qu’il fait et n’apprécie guère que l’on détourne son message.
Si l’on suit cette piste, on se trouve face à une interrogation insoluble : qui sont les grands artistes ? Comment trouver l’aiguille dans une motte de foin ? Car, on ne saurait assez le répéter, si le nombre des artistes autoproclamés s’est étendu vertigineusement, il n’est pas sûr que celui des grands maîtres et des créateurs importants ait suivi. Or les critères qui permettent d’évaluer une production sont cachés, implicites et flous. Nul critique n’ose s’aventurer à émettre la moindre opinion sur un classement hiérarchique, ni proposer la moindre sélection, dans les ouvrages offerts au Grand Public. Bien au contraire ils fustigent vertueusement cette démarche rétrograde qui consiste à vouloir, comme Socrate, distinguer les bons, des moins bons et des mauvais. Mais dans la réalité du milieu de l’art, cette sélection existe, souvent du fait de ceux qui prétendent la condamner. Elle est effectuée par les Galeries, les Expositions, les Musées, les historiens et les experts, interagissant avec les richissimes collectionneurs et les grands leaders d’opinion. Rien de changé depuis quelques siècles, sinon l’hypocrisie.
Nous sommes pris dans un dilemme : nous sentons bien que tout ne se vaut pas, qu’il est de fausses gloires et des génies méconnus, mais il nous est impossible de dégager des critères objectifs, chaque mouvement, chaque école, proposant ses dogmes. Le seul juge qui ait fait ses preuves, est le temps. Les bonnes œuvres sont inoxydables, les autres ne sont que des témoins archéologiques. Nous distinguons donc la conception ethnologique de la culture de la conception socratique.
Pour la première, est important l’objet témoin de son temps : la bouteille de Coca Cola, le Manga, Dallas ou le préservatif.
Pour la seconde au contraire, c’est celui qui se détache de la banalité anthropologique qui importe, celui qui se tient sur les lignes de crête des grandes réalisations culturelles, et il n’y a aucun mal à déclarer qu’elles sont le fait d’êtres d’exception, se tenant à distance par la dérision ou la sublimation de la « mass cultur », comme Paul McCarthy, Richard Prince, ou Jeff Koons.
Aujourd’hui, comme au temps de la Renaissance Italienne, les grands artistes sont des stars, des personnalités richissimes et inaccessibles, mais au contraire des génies des âges d’or, ils s’opposent à tout élitisme et revendiquent leur appartenance à l’humanité, sans distinction de valeur. Ce travail, loin de proclamer que n’importe qui est artiste et que c’est le spectateur qui fait le tableau, prétend que tous les artistes ne se valent pas, que dans leurs œuvres, il en est de bonnes et de moins bonnes, et que n’importe quel discours à leur sujet est moins important que celui du créateur lui-même, qui généralement sait fort bien ce qu’il fait et n’apprécie guère que l’on détourne son message.
Si l’on suit cette piste, on se trouve face à une interrogation insoluble : qui sont les grands artistes ? Comment trouver l’aiguille dans une motte de foin ? Car, on ne saurait assez le répéter, si le nombre des artistes autoproclamés s’est étendu vertigineusement, il n’est pas sûr que celui des grands maîtres et des créateurs importants ait suivi. Or les critères qui permettent d’évaluer une production sont cachés, implicites et flous. Nul critique n’ose s’aventurer à émettre la moindre opinion sur un classement hiérarchique, ni proposer la moindre sélection, dans les ouvrages offerts au Grand Public. Bien au contraire ils fustigent vertueusement cette démarche rétrograde qui consiste à vouloir, comme Socrate, distinguer les bons, des moins bons et des mauvais. Mais dans la réalité du milieu de l’art, cette sélection existe, souvent du fait de ceux qui prétendent la condamner. Elle est effectuée par les Galeries, les Expositions, les Musées, les historiens et les experts, interagissant avec les richissimes collectionneurs et les grands leaders d’opinion. Rien de changé depuis quelques siècles, sinon l’hypocrisie.
Nous sommes pris dans un dilemme : nous sentons bien que tout ne se vaut pas, qu’il est de fausses gloires et des génies méconnus, mais il nous est impossible de dégager des critères objectifs, chaque mouvement, chaque école, proposant ses dogmes. Le seul juge qui ait fait ses preuves, est le temps. Les bonnes œuvres sont inoxydables, les autres ne sont que des témoins archéologiques. Nous distinguons donc la conception ethnologique de la culture de la conception socratique.
Pour la première, est important l’objet témoin de son temps : la bouteille de Coca Cola, le Manga, Dallas ou le préservatif.
Pour la seconde au contraire, c’est celui qui se détache de la banalité anthropologique qui importe, celui qui se tient sur les lignes de crête des grandes réalisations culturelles, et il n’y a aucun mal à déclarer qu’elles sont le fait d’êtres d’exception, se tenant à distance par la dérision ou la sublimation de la « mass cultur », comme Paul McCarthy, Richard Prince, ou Jeff Koons.
Continuer à lire "Un décodage de l'Art Contemporain"
Ce blog explore les differentes formes de désinformation, c'est à dire les distorsions et altérations intentionnelles qui affectent un message, le long du chemin qui prend son origine dans une oeuvre d'art, un roman, ou le compte-rendu d'un évènement, pour aboutir à ce que l'on veut que le recepteur en perçoive.
Continuer à lire "Introduction"
Bruno Lussato a été initié aux grands drames wagnériens depuis l'âge de dix-sept ans. Il a eu la chance de recevoir chez lui des artistes mythiques, comme Kirsten Flagstad, Martha Mödl, fréquenté la génération des Max Lorentz, Knappertsbusch et travaillé au Ring avec René Leibowitz. Par la suite, il a suivi de près le "Ring" du centenaire et a entrepris avec l'aide précieuse de François Regnault, (Le dramaturge étroitement associé à Patrice Chéreau) un premier travail de décodage.
Continuer à lire "Wagner vu par Bruno Lussato"
Le déclin de la culture
Phénomène caractéristique de la civilisation occidentiste (pour utiliser le néologisme de Zinoviev), l'écart se creuse entre les culturellement pauvres (qui ne sont pas forcément les économiquement pauvres, bien au contraire) et les culturellement riches, entre culture de masse et culture érudite. En France, la manifestation télévisée de ce phénomène a été désigné par François de Closet, courageux pourfendeur des privilèges de toute sorte,par "et puis m...). Il dénonçait l'aridité et le snobisme triste de Arte, dernier refuge d'une culture élitiste, qui précipitent le grand public vers le tout à l'égoût des chaînes grand public.
Continuer à lire "Bouillon de culture devient brouillon d'inculture"
Cette rubrique comprend des précisions, des réactualisations, des rectifications sur le livre à paraître aux Editions des Syrtes à la mi-février 2007.: VIRUS. * voir aussi les blocs du 16 mars, et du 5 Mars. On y trouvera notamment une revue de presse, une critique de films ou des pièces, et surtout des informations additionnelles sur le concept de désinformation et de noeud sémantique. Nous comptons établir un débat critique avec des lecteurs, et les inviter à nous faire part de leurs commentaires.
Dès l'ouverture de ce blog, j'ai reçu un certain nombre d'observations qui me donnent l'occasion de préciser ma démarche et de dissiper des malentendus.
Tout d'abord, en ce qui concerne les trois exemples majeurs : l'assassinat de Kennedy, le massacre de Harkis et la parapsychologie, on pourrait, à juste titre, penser que mon intention était de défendre la vérité, et de prendre parti pour la thèse du complot, de relativiser les tortures de l'armée française par rapport aux massacres insoutenables du FLN, ou de défendre les parapsychologues. Ce n'était pas du tout mon propos. Il s'agissait simplement de montrer la désinformation à l'oeuvre. On ne saura jamais la vérité sur l'assassinat de JFK, mais ce qui est factuel, ce sont tous les efforts pour étouffer les indices, et empêcher qu'elle vienne à être connue. La dernière désinformation remarquable provient de Wikipédia. Elle met en balance les "warrenistes" qui soutiennent qu'Oswald était seul et les "antiwarrenistes" qui démontrent qu'il y a eu forcément complot, avec une forte suspicion portée sur Johnson et les pétroliers texans. Or il s'agit d'une fausse symétrie. En effet - mis à part le fait que le complot n'est plus guère nié - on a maximisé les arguments de warrenistes, et passé sous silence ou déformé, ceux des détracteurs du rapport Warren. Un exemple est éloquent : on cite l'ouvrage de Posner comme référence, ( Gerald Posner, Case closed, 1993) ainsi que les allégations du FBI, mais on tait la réfutation accablante et très documentée de Michael T.Griffith pourtant accessible sur le web. Autre exemple parmi tant d'autres, la comparaison entre les empreintes relevées dans l'entrepôt et celle du tueur Wallace, montre qu'elles sont identiques d'après Reymond, mais est jugée non probante par le FBI. Or les photos des deux empreintes sont publiées dans l'ouvrage de William Reymond : JFK, le dernier témoin. Flammarion, 2003. Par ailleurs aucune réfutation n'a été émise à ma connaissance à l'égard des arguments de Griffith et de Reymond.
Une catégorie de désinformations qui a été oubliée dans "Virus" est ce que l'on nomme "les légendes urbaines" (voir l'article sur Wikipédia). En fait il s'agit plutôt d'intox, ou de canulars que de désinformation selon la définition que j'ai proposé. Un exemple en est la théorie d'un 11 septembre manipulé par le Pentagone.
A titre de curiosité citons un appel d'un lecteur qui a relevé une erreur dans ma remarque, qu'alors que l'Islam comme les cultures premières, exaltent la force, la virilité, le plaisir sexuel, le christianisme est empreint de misérabilisme, de dolorisme et prône la chasteté. Mon lecteur objecte que ceci est vrai pour le catholicisme mais point pour le protestantisme qui autorise le mariage des pasteurs. La critique s'explique par une erreur presque inévitable relative à la signification du mot chasteté. Si l'on se réfère au petit Robert, l'erreur est légitimée, mais si on entre dans le détail, let qu'on se réfère à Wikipédia (à l'entrée chasteté) le terme désigne non par la continence (c'est à dire l'absence de rapports sexuels) mais la modération du désir, et la décence dans ces rapports qui doivent respecter l'amour et les lois du mariage. Cet exemple montre, s'il était besoin, les malentendus qui surgissent des définitions.
Système : une notion fourre-tout
*** LA THEORIE DES SYSTEMES
La notion de système est fondamentale à notre époque, car elle met l'accent sur les structures et les relations plutôt que sur la nature des acteurs. Elle est plus galiléenne qu'aristotélicienne. Dans mon cours au CNAM sur la TDS , j'avais dénombré plus de 80 définitions du mot système, y compris le système D, qui est son antithèse!
Il existe autant de théories qu'il y a de définitions du concept. La théorie la plus faible (c'est à dire minimale) définit le système S comme résultant du couplage entre l'univers U, ou ensemble des éléments de S, et la caractéristique A, ou ensemble des relations entre les éléments. Lorsque A est stable, et significatif, on la nomme "structure". De ce fait, un tableau, une architecture, une symphonie, un ordinateur, sont des systèmes. Mais ceux qui trouvent trouvent trop générale cette définition, due à Klir et Valach, font intervenir des notions de temps (Théorie des systèmes évolutifs de Vogel), d'interaction avec l'environnement, (systèmes ouverts ou sémi-ouverts), d'aléas et de chaos, ou enfin de complexité (systèmes héorarchisés) et de densité des relations (systèmes intégrés). Un système statique comme celui de Klir et Valach est nommé "assemblage systématisé".
La TDS est holistique, c'est à dire qu'elle se refuse à réduire le comportement d'un système à la simple analyse des parties qui le composent. La structure a un rôle déterminant, ainsi que l'ont montré les descendants de la Gestalt Theorie. J'ai dans un ouvrage datant d'un demi siècle, défini la validité de la TDS par rapport à l'analyse des système qui néglige les propriétés systémiques dues à la structure. J'ai émis l'hypothèse que plus un système est complexe, plus sa structure est rigoureuse, plus les éléments sont homogénéisés et de faible importance par rapport aut tout, plus les propriétés systémiques sont importantes. Par exemple un ordinateur obéit presque exclusivement à la TDS. La spécificité de ses composants est quasi nulle par rapport à la complexité des programmes et des logiciels. De même dans une bureaucratie, les règlements ont plus d'importance que le libre arbitre et le tempérament des agents. La bureaucratie est faite pour cela. En revanche, un gouvernement est largement tributaire du caractère et des convictions des ministres et des partis auxquels ils adhèrent.
Dans cette rubrique on explore des propriétés peu connues des systèmes qui influent sur le destin de notre planète : seuil de complexité au delà duquel le comportement du système devient incontrôlable (catastrophe, selon Thom), degré d'intégration et de centralisation, phénomènes de cercles vicieux (rétroaction positive) conduisant à des révolutions, modularité (échange standard des parties du système sans compromettre sa viabilité). La théorie des systèmes est complémentaire de la théorie de l'information. La TDS explore les organes, la TDI , les flux qui animent l'organisation.
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