Tuesday, 28 July 2009
CHRONIQUE
LECTURES MINGEI
J'ai commencé l'étude sérieuse de certains ouvrages et catalogues destinés à la notion de goût dans les arts et du rôle du beau en Asie. Certes Philippe Boudin a toute ma confiance, mais je ne puis acheter pour le compte du centre d'UCCLE et la responsabilité que m'octroie Oleg, sans moi-même accroître dans la mesure du possible ma compétence.
Les livres consultés sont :
Les Arts de l'Asie orientale Editions Place des Victoires. Traduit de l'allemand, Tandem Verlag 2006.
Un énorme livre de près de 800 pages in-4°. En vente à un prix très raisonnable au musée Guimet, il a la particularité de reproduire p.596 un vase à fleurs karatachi de l'époque Momoyama, en céramique d'Iga. Ce vase est célèbre - il est classé comme "bien culturel important" - est modelé à main levée. C'est humides et agrémentés d'une ou de deux fleurs que les vases d'Iga révèlent toute leur beauté. Les dépots de particules provenant d'autres pièces confèrent à la surface une texture intéressante. Provenance; coll.Hatakeyama, Japon.
Cette description et la reproduction donnent raison à P.Boudin qui a tendance à nous présenter come sublimes, les poteries très craquelées.
MICHAEL DUNN, Formes et matières, les arts traditionnels du Japon.
Cinq continents éditions, Milan, 2005.
Le Japon a vécu avec les destructions massives de la Seconde Guerre mondiale tellement traumatisé qu’il rejeta tout ce qui pouvait rappeler le passé. Seul le futur compte et le mot nouveau : NYUU est devenu symbole de distinction, de progrès et de modernité. Les artisanats traditionnels sont considérés sous l’angle ethnologique : exécutés par quelque tribu arriérée.
L’ultime explication : la laideur envahissante n’est pas perçue comme telle par la majorité des Japonais. Les Japonais ont un sens aigu de la beauté, maos ils ignorer l’idéee même de laideur. Il y a bien « minikui » mais cela n’implique aucune considération esthétique. La beauté naturelle d’un site est appréciée par les Japonais, mais les fils électriques, les réclames criantes qui pour nous le dénaturent, passent inaperçues.
Néanmoins, bien que les œuvres des artisans soient le double des articles industriels, elles se vendent très bien à une classe moyenne raffinée qui a gagné de l’argent avec de la production de masse hideuse. Certains des artisans se sont tournés vers l’art en produisant des pièces sculpturales purement Le Japon est la Mecque des métiers d’art et esthétiques. Une spécialisation a lieu : Tokyo les soiries, Beppu, les produits en bambou, Seto en poteries qui vit de sa production locale. L’apprentissage se fait auprès d’un maître.
Sôetsu Yanagi énonce les principes : 1. Honnêteté, forme et sentiments en plein accord avec l’usage. 2. Beauté saine. Absence d’effort, d’artifice, d’individualisme, souci de l’utilisateur.
Avant, aucun article n’était parfaitement identique à un autre, et les subtiles variations montrent la personnalité des artistes. Il suscite une émotion ignorée pour un téléviseur ou un ordinateur.
INSPIRATION.
1.La nature. 2.Le Zen, 3. L’esthétique du thé,
Le rituel du thé recherche comme valeur ultime la beauté. Le plus grand maître fut Sen no Rikyû (1522-1591). Il prôna la simplicité, l’humilité , la pauvreté qui est la capacité de se contenter de ce qu’on a. Shigaraki et Bizen, furent des foyers importants où une excellente formation permit l’éclosion de chefs d’œuvre. Voici les qualités recherchées :
1.L’asymétrie. 2. La simplicité. 3. L’austérité ou l’aridité. 4. Le naturel. 5. La profondeur ou la réserve. C’est à dire un dialogue supérieur. A chaque nouvelle visite, comme récompense, le visiteur accède à un niveau de lecture supplémentaire. 6. Non attachement. L’artiste es libre de suivre ses propres règles à condition qu’elles conduisent à des résultats supérieurs.7.Tranquillité. Comme un grand pianiste avantle concert, l’artisan doit être serein et éviter les angoisses qui transparaîtront. 8. Inspiration de l’extérieur et de l’intérieur. Selon que l’artisan est où non influencé par des critiques ou des maître d’un haut niveau culturel.
Amateur/connaisseur
Outre la perception par tous les sens d’une œuvre, le connaisseur doit respecter une considération esthétique universelle.
La beauté.
Elle exclut le réalisme, et parle aux sentiments et non à l’analyse. La netteté et la propreté équivaut à se débarrasser du superflu. Le but n'est pas le minimalisme, mais de rehausser ce qui reste, la beauté, une seule fleur.
MINGEI de la collection Montgomery. Musée des Arts asiatiques. Avril 2000 tiré à 1500 exemplaires.
Dominique Buisson L'artisanat japonais.
LE STATUT DE L'ARTISAN
Certains artisans, començant leur ascension sociale, savent de rendre nécessaires par l'exceptionnelle qualité de leus créations.
LEGERETÉ ET COMPACITÉ
Les curieux, les poètes et les artistes, voyagent beaucoup et ont besoin d'utensiles compacts. Ils ont un esprit "camping".
LE CULTE DE LA QUALITÉ
Il s'établit une relation d'échange entre l'artisan et son acheteur. Une connivence. La qualité de l'objet ne doit pas se borner à être parafitement exécuté, il doit en émaner une aura affective, et une manifestation de solidarité culturelle. Comme le lecteur bibliophile qui apprécie le livre par sa reliure, la qualité du papier, de l'impression, l'odeur de l'encre, l'ouvrage de l'artisan se "lit" et possède cette humanité du fait main face à la production industrielle. L'artisan n'est que la partie éxecutante du désir de l'utilisateur, à son tour intimement lié au savoir-faire de l'artisan.
LE MOUVEMENT MINGEI
Cette volonté de regarder l'objet de l'artisan comme une peuvre d'art donne naissance en 1925 à un mouvement fondé par trois potiers célèbres dont Yanagi Sôetsu, qui invente le mot MINGEI par opposition à KÔGEI l'objet aristocratique. Le mingei bien qu'issu de potiers se véveloppe dans toutes les directions des métiers d'art. Cette sensibilité à l'âme collective et à un savoir commun est honorée du titre de "trésor national vivant" beaucoup plus enviable que celui d'artiste. Ces artisans au sommet de leur art, ont pour tâch de transmettre leur art et leur savoir-faire mais aussi leur capacité d'innovation
VOLER LE SAVOIR DU MAÎTRE
La transmission du savoir est pratique et non théorique. L'artisan novice entre dans l'atelier de son maître comme on entre en religion. Pendant 5 ans il fera le ménage et assumera les tâches les plus ingrates et répétitives. Les 5 années qui suivent il va se familiariser avec le travail de la matière. Le maître ne donne jamais de leçons, il se contente de pratiquer son art. L'apprenti essaye de l'imiter et de lui voler son savoir, lorsqu'il est aussi sûr que son maître, il s'établit à son compte.
DES OBJETS DE CEREMONIE
L'objet est toujours le maître d'une cérémonie. Le matériau reste le seul à déterminer une forme mais l'ensemble utilisant les matières les pus périssable (chanvre, paille...) est indépendant des modes car inscrit dans lla tradition.
DIALOGUE AVEC LA NATURE
Il serait de bon ton de choisir en été un récipient de verre bleuté pour contenir des nouilles glacées, afin d'évoques une cascade ombragée pendant que tinte la clochette aigrelette. La nature est violente, prompte à des débordement, il faut que cette violence exprimée par exemple dans les grés de Bizen soit compensée par le plus grand des raffinements. Plus l'artisan tend vers la perfection, plus il introduit l'imperfection dans son travail pour que cette perfection devienne imaginable;
DE L'OBJET AU SYMBOLE
Alors que l'art aristocratique essaye de dissimuler les imperfections alors que le Mingei les souligne d'or, pour magnifier le vécu de l'objet.
Un des meilleurs livres sur la poterie japonaise.
Catalogue de l'exposition Mingei au Quai Branly. Une demi-déception. Beaucoup d'oeuvres de design produites industriellement, ce qui est contraire à l'esprit Mingei, beaucoup de pièces contemporaines, certaines très belles, mais pas de masques, pas de pièces anciennes. Ce qui est privilégié c'est le spectaculaire.
Catalogue d'une collection des vêtements de pompiers, en tissu teint sur réserves, une spécialité de Montgomery, mais un peu criards. On en prend une indigestion.
Ci-dessus un livre entièrement rédigé en japonais mais qui montre un grand nombre d'images relatives aux objets mingei les plus méprisés des occidentaux.
Ci- desssus un exemple de productions faussement mingei, mais aux lignes lisses et pures.
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Monday, 27 July 2009
CHRONIQUE
DÉPARTS
On dit que tout a une fin, les bonnes comme les mauvaises choses. Sans compter la fin de la fin, à laquelle je me refuse à penser en termes concrets pour ne pas me gâcher le temps qui me reste à jouir de cette chose merveilleuse qu'est la vie sans souffrances. Les jeunes qui s'ennuient, ne savent pas le trésors qu'il s dilapident. Comment peut-on s'ennuyer?
Oui, on le sait bien, la vie est une suite de départs, de fuites, d'abandons, de ruptures, de séparations. Mais cela n'a a jamais été aussi évident qu'à présent. La révolution catastrophique qui nous frappe et inéluctable car avant de chercher les parades il faut en analyser les causes systémiques, est une suite de départs forcés et rapides. Des chômeurs doivent se transplanter, des dirigeants changent d'affectation, d'autres sont muté dans des contrées étrangères. Le temps qu'ils s'y habituent, on les expédie à l'autre bout du globe. Et lorsque la femme travaille aussi? Séparation, vie de couple tributaire d'un train, d'un avion, de la fidélité d'un conjoint soumis à mille tentations...
Le plus radical des départs, est peut-être celui qui vous oblige à quitter votre personnalité. La personne est comme une carte topologique complexe, avec ses croyances, ses catégories, ses amitiés, ses souvenirs, classés d'une manière stabilisée. En changer, et changer de carte, donc de territoire est un départ d'un être connu et familier à un autre être que l'on découvre au fur et à mesure, qui réagira différemment, selon qu'il part au Canada ou en Tchétchénie. On ne sait jamais, au contact de nouvelles expériences comment on réagira. Dans certaines circonstances on pourrait même tuer de sang froid sans le moindre remords. Dans d'autres on tournera de l'oeil à la vue d'un cadavre.
DU BLOG-NOTES
Je pars ce lundi pour Paris. La fréquentation n'a jamais été aussi basse sur ce blog, la journée du 20 enregistrant exceptionnellement plus de 1700 visites. Je quitte le lieu de mes vraies vacances, un hôtel des meilleurs d'Italie mais ayant conservé un côté familial et chaleureux avec un personnel souvent là depuis plus de vingt ans et connaîssant tous les hôtes. Ma chambre est la plus modeste,la seule à un lit et au premier étage. Mais lorsque j'ouvre la fenêtre, j'ai l'impression de me trouver sous les tropiques. Elle donne sur le jardin exotique du parc. La méditérannée pour un méridional comme moi est une source de joie constante, le soleil chante comme il ne chante pas à Biarritz ni à Travemünde. Il est l'aube et temps de prendre congé. Quitter le blog, un autre départ.
Bruno Lussato.
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Sunday, 26 July 2009
CHRONIQUE
ZEN?
Cest une question de digestion. Il faut apprendre à évacuer les pensées négatives, pardonner aux affronts d'êtres chers et qui vous accablent de leur indifférence, pire de leur mépris, et qui persistent dans ce comportement en l'aggravant quand vous essayez de les fléchir, se garder de tout sentiment de rancune, de vengeance, de frustration, comprendre et aimer un adversaire digne de ce nom, se moquer des snobs, des baoutcha , en dialecte milanais ces outres creuses, faire le deuil de ses illusions en riant, plus difficile encore, se pardonner pour toutes les fautes passées afin de mieux réparer dans l'avenir, se réfugier dans une sphère lointaine d'où le bruit du monde parvienne assourdi, planer dans un niveau spirituel intemporel, sans lieu ni consistance charnelle, voici à mon sens ce qui s'approche de ce que les adeptes nomment le Zen.
DU BLOG-NOTES
MESSAGE PERSONNEL A BEN
Mon cher Ben, j'avoue de rien comprendre du tout à cet échange de messages et je ne me souviens même pas d'avoir répondu à votre exigence tout à fait légitime. Mais il faut que vous sachiez que je n'ai aucune possibilité d'envoyer des mails, je ne comprends pas pourquoi, et ceux qui m'assistent en informatique non plus, cela me met dans une pénible position. C'est pourquoi ce blog qui est lu par tous mes amis, est bien utile. En tout cas dès que je serai à Paris, j'essayerai de prendre ce problème à bras-le-corps. Par ailleurs le 28 je connaîtrai les résultats de ma chimio passée et j'espère ne pas avoir de mauvaises nouvelles. Vous comprendrez donc qu'en ce moment je puis avoir la tête ailleurs. Avec toute mon amitié et mes excuses.
LA CHRONIQUE DE FOND : ZEN ?
LA LITTERATURE ZEN
Tous veulent pour des raisons diverses, qu’ils trouvent unanimement respectables, atteindre cet état supérieur. C’est comme la recherche du Saint Graal ou de Montsalvat dans le moyen âge catholique. Il n’y a donc rien de surprenant de voir apparaître des quantités de sectes, de séminaires, d’associations, de gourous, de livres et manuels dont la plupart ont pour effet d’élever, à défaut du niveau spirituel des adeptes, le niveau financier de ceux qui le produisent. En ne prenant que les livres, on trouve des dizaines, des centaines, des milliers, des dizaines de milliers, de ces guides qui vous expliquent comment atteindre cet état miraculeux. La plupart énoncent des règles assez précises, certaines banales et triviales, certaines surprenantes et inattendues ; les unes intuitives, les autres acrobatiques. Ces règles s’appuient souvent sur des considérations très matérielles : comment s’alimenter, comment dormir, les sports facilitateurs et ceux déconseillés. Evidemment l’absorption de drogues et de stupéfiants est déconseillées, mais brûler de l’encens ou boire des décoctions de plantes médicinales, n’est pas loin de produire le même effet.
Bien souvent la recherche de l’état de grâce va de pair avec des préoccupations moins sublimes comme prévenir les démangeaisons, soulager le mal de dents, guérir les varices, protéger contre la grippe. Souvent l’usage de la phytothérapie devrait être limité à l’usage externe. A l’usage interne il peut se révéler désastreux pour l’estomac ou le tube digestif, qu’il peut décaper comme l’eau de javel décape un tuyau encrassé.
Des gourous individuels peuvent par la prière ou l’ouverture à l’être suprême qui tombe sur eux comme la colombe sur Jésus Christ, guérir à distance les phlébites et les cancers. Ils dissuadent souvent – ce qui est interdit par la loi – les patients de s’adresser à la médecine officielle qui ne tient pas compte du malade mais seulement de la maladie. Une de mes cousines atteinte d’un cancer du larynx, de peur d’une opération lourde par rayons gamma (elle avait raison) se jeta dans les griffes d’un docteur Solomidès (si je ne me trompe) qui lui administra des piqures d’un remède génial de son invention. Elle mourut à l’hôpital américain. Lorsqu’elle décida de se soigner pour de bon, il était trop tard.
Lorsqu’on m’administra voici un peu moins de deux ans, des doses expérimentales massives d’interféron, je faillis crever. Lorsque Sarkozy me passa mon cordon de commandeur, je ne pus me lever de mon siège, il dut s’incliner contre tout protocole pour me le mettre autour du cou. Je ne pouvais dire un mot sans avoir à portée un verre d’eau. Je dus arrêter quelques mois plus tard sur avis médical le traitement. Mon virus avait reculé mais on ne pouvait décemment, dit le professeur Stanislas Pol qui me suivait, laisser souffrir ainsi un être humain. Moi, j’avais du courage, mais le professeur et tout mon entourage me pressaient d’arrêter l’expérience. J’avais vieilli de dix ans d’un coup. Mais cette dose de cheval me donna deux ans de survie supplémentaires, et c’est tout aussi important. Hé bien, croyez-le, encore aujourd’hui je suis assailli par de bonnes âmes qui tirèrent argument de cet épisode pour m’inciter à abandonner l’hôpital et le traitement en cours, qui pour m’expédier chez tel « spécialiste » à Tel Aviv, qui chez tel phytothérapeute dans la forêt noire. La meilleure proposition venait d’Igor Poliakoff. L’idée, pondue par je ne sais quel médecin soviétique était simple. La fièvre à quarante degrés est quelque chose que la nature a concocté pour tuer tous les virus. Il suffit donc, sous contrôle médical, de chauffer le sang à soixante degrés pendant quelques minutes, ou dizaines de minutes, et vous voilà définitivement guéri tout de suite après. Aucun virus ne peut résister à cette température. Aucun humain aussi, je suppose, puisque Igor ne tenta jamais l‘expérience !
Ces considérations utilitaires nous éloignent du zen, certainement. Revenons-y et quittons les gourous pour étudier les manuels.
MANUELS, GUIDES ET RECETTES DE CUISINE
Ils sont généralement bien structurés, avec une table des matières, un avertissement du style « comment tirer le meilleur profit de votre **** » et un plan détaillant les différents conseils rangés par catégorie bien définie. Chaque catégorie donne des cas, quelquefois en présente à la sagacité du lecteur (testez votre compréhension du point X***) et presque toujours agrémente le tout d’une ou plusieurs citations édifiantes tirées des pensées de Marc-Aurèle, de Luther King, de la Bible, ou de Truman Crapote. Les citations de Jung, de Talleyrand, ou de Montaigne font également bon effet. A la fin du livre on trouve une bibliographie succincte, dont une partie importante est réservée aux ouvrages de l’auteur, l’e-mail de celui-ci ou de son officine qui prodigue des conseils gratuits de 1 minute, payants au delà.
Souvent hélas, appliquer les recettes de cuisine nécessaire pour atteindre la condition physique propice à la révélation de l’Etre Suprême, ou de planer loin de toute contingence malencontreuse, est tellement compliquée qu’elle accapare tout le temps disponible même pour un retraité.
Je pense à ces manuels de management pour kiosque de gare :
Jouez win-win et appliquez la stratégie du dauphin, comment gravir les échelons en peu de temps et séduire votre boss ?
Doublez votre efficacité et votre valeur sur le marché, grâce à CENTAURE ®,
Un MBA de YALE vous apprend à exploiter au maximum votre diplôme,
Les Secrets de la réussite de Bill Gates enfin dévoilée. II est milliardaire, pourquoi pas vous?
Comment paraître cultivé dans les milieux d’affaires sélectifs et être admis dans leur club exclusif, par Morton Citron auteur du best seller : comment jouer le clair de lune de Beethove et stars and stripes dès la première leçon et sans connaître les notes?
La culture en neuf leçons en achetant le logiciel Madonna Lise ® par le célèbre commentateur de la chaîne Garbage in, Garbage out © Tommy Minestra.
Etc… etc… Ad nauseam.
Et je ne citerai pas les livres d’automédication, de cuisine, de bricolage, ou encore les conseils pour investir :
« Comment se constituer un stock de pierres précieuses »
« jouez avec le courant et gagnez avec la Statégie du Dauphin ®
La méthode VINCI © désormais à la portée de tous.
Alors ? Alors, plus je vais, plus j’apprécie les cérémonies du thé. Mais c’est le domaine du Mingei que j’explore ailleurs.
Saturday, 25 July 2009
CHRONIQUE
LES FAUSSAIRES ET LEURS DUPES
Je fis hier par le plus grand des hasards la connaissance d'une dame passionnante. En passant devant mon billet en confection elle lut "comment collectionner? " et m'interrogea là dessus. Avant d'aborder le sujet des faux manifestes comme les Van Meegeren, jetons un coup d'oeil sur la journée d'hier.
Le BLOG NOTES DU 24
LES POLIAKOFF
Pas la moindre réponse à les SMS, disparus de la circulation. Cela me surprend moins en ce qui concerne Igor, le pater familias. Il est connu comme un être chaleureux, entreprenant mais loufoque. Il a vu tout cela de loin et il a donné des ordres pour que je sois bien reçu, sans contrôler. On verra bien s'il donnera signe de vie le Samedi.
Tout autre est l'attitude insultante d'Axel, qui multiplie les affronts, tels que de demander à son entourage de ne pas être en contact avec moi. Nous avons tout notre idée sur les raisons qui l'animent, mais il reste que cela survient lorsque je pense lui faire don de mes biens culturels les plus précieux. Cela m'a rendu positivement malade.
L'AUTRE TRESOR DU VATICAN
Je cite un article du Monde (venredi 24 juillet 2009)
Le codex Vaticanus, le plus ancien manuscrit complet de la Bible , ecrit en grec du IVesiècle a disparu. Et avec lui les manuscrits les plus précieux de la Bibliothèque apostolique vaticane. Très peu de personnes savent où il se trouve, et encore moins sont disposées à le dire. Il a quitté en 2007 , en compagnie d'autres précieux ouvrages tels que La Divine Comédie de Dante, illustrée par Botticelli, le bunker en béton armé, enterré à plus de six mètres sous terre, où il était jusqu'alors protégé. "il est dans un lieu sûr et réservé" explique Mgr Cesare Pasini, le prêfet de la bibliothèque.
Normalement l'exemplaire dont je dispose, le seul encore en mains privées, devait rejoindre la deuxième fondation reprise par Axel Poliakoff. Il a l'inconvénient de ne pas être enluminé par de somptueuses lettrines, mais l'avantage de se trouver dans son jus, tel qu'il est sorti des presses de l'imprimeur. On peut ainsi voir les réserves ménagées pour accueillir les décorations à la tempera.
Cela me permet de mesurer la bêtise et l'obscurantisme d'Axel, défauts que je ne soupçonnais pas chez ce jeune homme plein d'enthousiasme pour la culture. Mes amis pensent que je devrais tourner la page et ne plus compromettre ma dignité en frayant avec un individu menteur et mal élevé, manquant au respect qu'on doit à mon âge et mon passé. Mais je ne puis me résoudre à y souscrire. La seule certitude est qu'il n'a aucune affection pour moi et qu'il me verrait vivant ou mort cela l'indiffererait. Autre certitude, il est fou d'orgueil et cela risque de le perdre. Il ne veut rien apprendre, et tout trouver par lui-même. Aujourd'hui il se trouve à quelques kilomètres de San Remo, mais il est à parier qu'il ne se manifestera pas à la différence des années passées. Mais que s'est-il donc passé?
Thursday, 23 July 2009
CHRONIQUE
COLLECTIONNER, ÇA VOUS DIT?
Collectionner c'est être en contact avec des opportunités, comme telle vente aux enchères dans une station balnéaire où l'ennui vous guette, mais ça peut être aussi un esprit, que vous avez dans le sang. Carl Gustav Jung, vous dit qu'il est dû à l'introverti qui fait des crises d'extraversion. Normalement un introverti est replié sur lui-même, ramenant tout à lui, l'incitant à la prise de distance par rapport à l'environnement. Mais lorsqu'il est séduit par telle marotte, telle tentation d'un objet désiré, il s'oublie. Il est dévoré par l'objet, phagocyté. Il perd tout sens de la mesure et chante se mérites sous tous les tons . Mais l'esprit de la collection ne se borne pas à l'amour éclectique d'une catégorie d'objets. Il s'y ajoute un besoin de complétude. Il faut que la collection soit complète, la série respectée, autrement dit comme un puzzle qu'il faut achever. Mais il est rare que dans l'univers des collections on atteigne ce degré de complétude, d'autant plus que l'on trouve quelquefois des pièces en double, et que d'autres sont hors portée, gelées dans des musées.
Continuer à lire sur le corps du blog.
Journal des temps d’innocence, suite.
LES ITALIENS
Les troupes d’occupations étaient composées d’italiens (les plus nombreux je suppose) et d’allemands. Les soldats, les capitaines, les commandants, réquisitionnaient des appartements selon leur hiérarchie pour y loger. En fait ils trouvaient commode d’y conserver les habitants, dont les femmes faisaient la cuisine, tenaient le ménage et les hommes n’étaient pas plus encombrants que les gosses. Les arabes étaient au pied des allemands dont ils admiraient la force et la dangerosité. Les italiens étaient très recherchés car ils protégeaient la population des allemands qui se livraient à des pratiques dont on ne parlait qu’à mi-voix devant moi. Ma mère avait sorti le portrait en uniforme de son père, le médecin militaire adulé et séducteur. J’ai encore dans mon mémorial personnel cette photo encadrée par le sicilien Montefiore. Les italiens étaient aussi gentils, aussi conviviaux que ceux qui nous servent au Royal aujourd’hui. Ma sœur allait à l’école des bonnes sœurs et moi-même au collège italien où j’étais en « quarta superiore » c’est à dire en huitième. Je prenais des leçons avec une adorable demoiselle, la signorina Tamaro. Mais trois jours après elle vient nous voir en pleurs. Sa mère venait inopinément de mourir. La pauvre signorina était occupée à teindre en noir vêtements, chaussures, voiles… Elle suscita dans la colonie italienne une immense compassion dont je me souviens encore.
Le collège italien était superbe, tout en marbre et en bois patiné, les livres édité par Mussoloini « Italiani all’estero » , Italien à l’étranger, étaient somptueux, édités sur beau papier glacé, mais un peu partout la photo du duce, mâchoire conquérante. Le compagnon de ces manuels, étaient un recueil de nouvelles célébrant l’héroïsme et l’abnégation : cuore , de De Amicis. C’était le best seller absolu.
Moi, je préférai et de loin les contes de fées italiens, comme « Spera di sole » ou encore les contes de Grimm et d’Andersen, et la collection « contes et légendes » de l’éditeur Nathan qui me faisaient rêver. Ce n’est que bien plus tard que je retrouvai cette ambiance féérique dans Le Jardin des Grenades d’Oscar Wilde, en particulier « Le Pêcheur et son âme » repris dans « Le docteur Faustus » de Thomas Mann. Tout un réseau de rêves archétypiques qui s’incorpora indissociablement aux soubassement de mon esprit.
Le Capitaine Marinelli qui réquisitionnait notre appartement, était une personne délicate de sentiments, il faisait l’éloge de la cuisine familiale à laquelle il contribuait par des victuailles succulentes venues d’Italie : pains de sucre enveloppés de papier violet, et des panettoni. On mangeait en effet très bien : des sformati de maccheroni à l’œuf, des polpettoni, hachis de viande aromatisés et rôtis, gelati faits maisons dans la vieille glacière. On avait la paix, car mon père n’osait plus hurler, et était malgré tout impressionné par les compliments du Capitaine. Par la suite Marinelli devint notre plus cher ami et nous acceptâmes son hospitalité à Todi, en Ombrie.
Une ombre plana sur nous lorsque nous apprîmes la mort de l’aide de camp Pavia, un attachant jeune homme, tout dévoué à son capitaine et d’une rare modestie. Le capitaine fut longtemps déprimé par ce deuil.
Ce fut je crois vers cette époque (ou avant ?) qu’eut lieu le mariage de Paul Bessis, le neveu de ma mère, et de mon amour d’enfance Marcella Morpurgo. Les Morpurgo étaient une des plus grandes familles patriciennes d’avant l’occupation par la France. Marcella était mon idéal de femme : elle ressemblait à un Botticelli, en particulier à Venus sortant des flots. Mais les pommettes hautes, les yeux d’un vert émeraude transparent, lui conférait un je ne sais quoi de slave. Le couple fut bien assorti et il survit encore aujourd’hui dans la banlieue parisienne. La réception nuptiale se tint à la propriété des Morpurgo, une colline nommée Dar Naouar, située par rapport au chemin de fer de l’autre côté de Sidi Bou Saïd. La résidence d’été fut à la libération, losque tous les italiens furent chassés de Tunis, un hôtel pension de famille.
LES ALLEMANDS
On n’en parlait pas devant moi, si ce n’est à voix basse, comme un sujet honteux. En fait les italiens crevaient de trouille devant eux. Ils ne comprenaient pas ce qui leur arrivait. Il faut vous dire que la culture italienne est totalement incompatible avec la pensée germanique. Autant les italiens sont flexibles, polychrones, « alla buona » (conviviaux), humains, arrangeants, prêts à tous les compromis y compris malhonnêtes, sceptiques à l’égard de tout pouvoir, adorant les enfants, autant les allemands sont rigides, monochrones, guindés, inhumains à force de discipline(befehl ist befehl), ne tolérant pas les exceptions, respectueux du pouvoir et de la règle sans même réfléchir, agissant par réflexe, et aussi insensibles à la vulnérabilité d’un enfant autres que les leurs. Fanatisés ils sont capables des pires monstruosités sans l’ombre d’un remords, comme si les codes moraux ne sont pas inscrits dans leurs gènes, mais injectés de l’extérieur.
Nous disions les boches, les italiens disent « tedescacci ». Ce qui aggrave la détestation des italiens est la traditionnelle haine à l’égard des autrichiens. Dire « gli austriaci » les autrichiens, entraine toujours des connotations négatives pour l’imaginaire populaire de ce pays. En France au contraire, il se trouve toujours des gens pour respecter la force allemande et sa discipline, tout en s’opposant à elle. Alors qu’on se moque des « maccheroni », marque de mépris envers les italiens, on prend au sérieux les boches.
Voici donc le contexte dans lequel était plongée la colonie italienne de Tunis, originaire de Libourne (Livorne) ou de Gènes, et solidaire de l’occupant italien, tous philosémites par réaction.
De mon balcon il m’arrivait de voir et surtout d’entendre des compagnies défiler au pas de l’oie et chantant de beaux chants harmonieux. C’était les allemands et c’était tout juste si on ne se signait pas en les entendant.
L'EXPULSION BRUTALE DES "MACARONIS"
Ce n’est qu’à la libération que je pris conscience des atrocités nazies et ce choc mit brutalement fin à cet état que j’ai appelé les temps d’innocence. Je découvris alors ce dont l’homme est capable. Les français sitôt entrés à Tunis, désarmèrent les allemands qui se rendirent sans combattre et furent parqués dans des camps de prisonnier. Mais ils spolièrent tous les italiens et les chassèrent de Tunis, sans égard pour les drames qu’ils causaient, séparant les familles dont une partie était de nationalité italienne (comme ma mère) une autre tunisienne. Impitoyables devant les pleurs et le désespoir de ceux qui les avaient protégés pendant la guerre, ils riaient en disant « dehors les macaronis ! ». J’étais outré et je commençai à prendre les français en grippe. L’horreur était sous mes yeux. Par la suite le destin se chargea de les punir comme il se doit. Les italiens furent accueillis à bras ouvert dans leur pays d’origine et presque tous firent fortune. Lorsque ce fut le tour des Français établis en Tunisie d’être chassés, trahis par les Français de métropole, il furent honteusement traités, parqués dans des camps comme des pestiférés ou au mieux parvinrent à passer les mailles et se faire une situation sous la peu flatteuse dénomination de « pieds noirs ».
LE CENTRE DE DOCUMENTATION
Les troupes de libération édifièrent des baraques dénommées « Centre de documentation ». Cela tenait du musée et des cartes, des documents photographiques, des vitrines exposaient les preuves de la barbarie nazie. J’eus un double choc : tout d’abord en voyant les photos et les débris de squelette provenant des camps de concentration. Puis, en admirant la disposition des cartes et des vitrines. La paroi de verre transparente qui séparait le visiteur de l’objet introduisait une distanciation qui transformait un banal tesson en une sorte de reliques. Ce fut le point de départ de cette vocation à créer des musées et non de simples collections, qui perdure encore aujourd’hui.
Il y eut un choc beaucoup plus profond que j’ai sans doute déjà évoqué dans un précédent billet. Pour le comprendre je dois parler de mes rapports avec le corps humain.
DE LA BEAUTÉ
Pour autant que je me souvienne, j’ai dévoré des quantités d’albums de contes de fées italiens. Ces albums étaient abondamment illustrés et on devait y voir des princesses belles comme le jour, des princes et des héros au physique parfait. Puis je contemplais souvent les dessins à la pointe indélébile violette, copies des statues grecques du Vatican, réalisées avec un talent admirable par mon père. Jamais je ne pus m’approcher de son coup de crayon. Il était fier de son crayon indélébile car ainsi, disait-il , on ne pouvait faire de repentirs (un peu comme le tracé d’un pinceau sur un rouleau chinois). C’est ainsi que j’avais sous les yeux des modèles superbes du corps humain, des visages les plus réguliers, bien mieux que ce que m’offrait l’iconographie des grands maîtres, à l’exception de Michel Ange (le David) ou de Botticelli (Le Printemps).
Or que voyais-je autour de moi ? Des corps trapus, vulgaires, huileux, des visages grossiers du côté tunisien, élégants et quelconques, dépourvus de sensualité et de beauté, du côté livournais et italien. Une exception : ma cousine Marcella, vivante réplique de la Venus de Botticelli qui faisait battre mon cœur et béer mes yeux d’admiration. Ajoutez à cela une ignorance totale des questions sexuelles, dont j’ai déjà parlé et qui ne me préoccupaient nullement.
LE JEUNE ALLEMAND
Et voici qu’un jour en allant voir ma Grand’mère en passant Avenue Gambetta qui longe le lac mort, je passai devant des barbelés et des baraquements. C’était le camp des détenus allemands. Et je vis un jeune homme d’une vingtaine d’année, très blond et splendide. Je le considérai avec émerveillement et il me sourit, un merveilleux sourire, naïf et chaleureux. Je pris l’habitude de m’arrêter tous les jours devant les barbelés et il était là à me sourire avec plaisir et affection. Dans cette communication informelle, passaient des ondes de compréhension, de complicité poignante et profonde qui me bouleversaient.
Je me demandai alors avec angoisse, comment un monstre (puisque c’était un soldat allemand) pouvait m’attirer à ce point et être aussi beau, aussi séduisant, aussi attentif au garçon de treize ans chétif et timide que j’étais, un gosse auquel nul ne prêtait attention sinon ma mère pour me rappeler inlassablement que j’étais fragile et mon père, pour m’humilier et m’insulter.
Je ne le vis plus. Je ne sus jamais qui il était. Je n’en vis jamais plus d’autre qui lui ressemble, jusqu’au Livre de LH. Tous les héros de mon entretien sortent d’un même modèle et ceux qui s’incarnèrent dans ma vie, de Olaf Olafsson junior à Hellewyijn, et à Axel Poliakoff. Peut être le personnage de Siegfried qui correspondait exactement à ce modèle constitua-t-il le cordon ombilical qui me relia au Ring.
Mais cela n’effaça pas le mortel oxymoron né de la superposition entre le bel aryen et l’amoncellement de corps décharnés, entre mes sentiments de nostalgie post romantique et l’âme brisée des survivants, entre la froide analyse de Thomas Mann et le suicide de Zweig, de Primo Levi, de Koestler et de bien d’autres. Je vécus toute ma vie avec cette faille interne, et c’est alors que tout fut consommé lors de mon départ à l’âge de quatorze ans de Tunisie de lycée Carnot à Lycée Carnot.
LE LYCEE CARNOT
Dès la libération, je fus placé dans le lycée français qui, avec l’alliance israélite était le seul établissement d’enseignement de Tunis. Je fréquentai quelques semaines l’alliance israélite que je pris aussitôt en horreur, car de même que les chiens ne font pas des chats, les gras commerçants huileux et pansus de la colonie juive tunisienne, donnèrent de petits gosses mal élevés, bruyants et aussi laids qu’on peut l’être à l’âge ingrat. On enseignait surtout la comptabilité, comment remplir un bordereau d’expédition ou des rudiments de pratique commerciale. Je m’enfuis et mes parents me placèrent au lycée français, le Lycée Carnot, réservé aux enfants des fonctionnaires français détachée à Tunis.
J’adorais ce lycée. Il était bien propre, et urbain, les élèves disciplinés et polis. Il avait surtout un cabinet de curiosités qui derrière ses vitrines abritait des minéraux, des squelettes d’oiseaux, des bobines de Rumkhorff, des étoiles de mer, des herbiers, des éprouvettes et des cornues. J’adorais la chimie et la minéralogie et je dévorais des yeux les spécimens de feldspath, les géodes d’améthyste, les calcites transparentes qui montraient la double réflexion. Le professeur de sciences naturelles se nommait Masson et il avait deux garçons, des jumeaux je crois, pleins d’énergie et pourtant disciplinés, beaux et blonds. Je mourais d’envie de m’en faire des amis, mais eux, ils me regardaient comme si j’étais transparent. Un mélange d’indifférence et de léger mépris. Mon seul camarade Pierre Landron venait me voir chez moi pour faire du troc de monnaies anciennes. En classe il affectait de ne pas me connaître. Mais au Lycée j’étais dans mon coin et on me laissait tranquille. Mais quelques temps après se forma un petit groupe de jeunes, les derniers de la classe, qui me prirent comme souffre douleur. Tous avaient des stylos, et j’étais le seul à me trimballer avec mon porte plume et ma bouteille d’encre violette. Je rêvais d’un stylo, et j’essayai de m’en confectionner un avec un porteplume en bois muni d’un capuchon. Je fixai un tampon d’ouate contre la plume sergent major ou Baignol et Fargeon avec comme résultats d’énormes pâtés violets sur ma feuille de papier quadrillé. Je n’étais pas Waterman !
THE PAINTED BIRD
On se souvient du terrible réquisitoire de Jerzy Kosinzki contre ceux qui de déchaînent contre ceux qui ne correspondent pas aux normes de la communauté. (L'oiseau peint, lâché dans une volière d'oiseaux non peints et déchiqueté par eux). J'étais évidemment un oiseau peint par mon langage très pur du XIXème siècle, ma passion pour la lexture et le dédain des jeux de ceux que je considérais comme des voyous.
Un jour un de ces chenapans pour rigoler me lança ma bouteille d’encre ouverte sur mon manteau le maculant de grosses taches violettes. Le dit manteau avait été taillé dans une grossière couverture militaire provenant des surplus que négociait mon père. Je le trainais depuis des années et il était encore trop grand pour ma petite taille. Je rentrai en pleurant et racontai ce qu’on m’avait fait. Mon père entra dans une colère folle, m’accusa de mensonge et me dit qu’en guise de punition je resterai avec ce manteau taché. Le lendemain je dus subir la risée de tous mes camarades, et je me promis de ne plus remettre les pieds dans ce lieu qui m’était devenu odieux. Je décidai de simuler une crise de rhumatismes aigus aux chevilles et regagnai la rue de Strasbourg en boitant. Lorsque ma mère me vit dans cet état elle s’affola. Elle examina mes chevilles. Elles étaient énormes et enflées. J’avais quarante de fièvre et le médecin, le docteur Hayat, qui avait succédé à l’excellent docteur Constantino, expulsé en tant qu’italien, diagnostica une poussée violente de rhumatismes aigus et prescrit un traitement de choc à base de salicylate de sodium qui acheva de me détraquer le tube digestif. Je ne revins jamais au Lycée Carnot et je pris des leçons particulières de littérature avec un étudiant épris de Du Bellay et Ronsard. Il m’apprit en profondeur Rodogune, qu’il présentait comme le plus impressionnant des polars.
J’étais traumatisé. Je rêvais de posséder dans mes yeux le regard mortel du basilic afin de tuer mes tortionnaires. Plein de haine rentrée, je perdis ainsi mon état d’innocence. Ma physionomie jadis douce, gentille et timide, devint tendue, sévère et intimidante.
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Tuesday, 21 July 2009
CHRONIQUE
UN LONG FLEUVE TRANQUILLE
-J'inaugure la nouvelle organisation du blog par l'ouverture de mon Blog-Notes.
LE BLOG-NOTES
6 heures 10 du matin, ce 22 07 09
Les caprices du réseau.
C’est ma troisième tentative : jusqu’ici les paragraphes de mon texte ont été avalés. En voulant enregistrer, le pavé : veuillez entrer votre N°d’utilisateur … apparaît. Je m’enregistre une nouvelle fois et j’obtiens une seconde fenêtre identique…
La famille Poliakoff.
Axel Poliakoff est le successeur de la deuxième fondation, et je me fais fort de ressusciter la fondation avortée et d’édifier un projet encore plus enthousiasmant. Axel a offert à plusieurs reprises de continuer l’œuvre ainsi amorcée et a téléphoné aux grands marchands pour leur demander qu’ils continuent à réserver les pièces sélectionnées. Ceci a une énorme importance pour moi, car l’enjeu est immense, surtout si l’on nomme le musée de nos deux noms accolés. Comment ne pas se battre pour lui ?
Axel vient tous les ans me voir à San Remo et m’a manifesté déférence et respect. Il a été enthousiasmé par La Flûte Enchantée de Mozart, comme d’Anselm Kiefer. Il apprécie tellement mes manuscrits, qu’au lieu de tout donner à mon fils ou à la BNF, j’ai décidé qu’il en serait le propriétaire dès qu’il aurait un appartement où les loger.
Il était convenu qu’Axel vienne un Week-End me voir au Royal et il le confirma. Mais depuis des semaines il m’a été impossible de le joindre et il n’a jamais répondu à mes SMS. D’une intelligence aiguë, il vient d’acheter Free News et préside à sa transformation. Il est maintenant devenu un homme public.
Je connais depuis quelques années Igor Poliakoff Le secrétaire d'état est un homme de grande classe, issu d’une famille qui, du temps des tzars, a laissé son empreinte dans l’histoire de la Russie. Lorsque l’année dernière j’eus le malheur de me débattre avec des problèmes financiers graves, conséquences d’un état de santé non moins grave, je trouvai sa main tendue. Il m’a fait depuis l’honneur de me considérer un membre de sa famille et voudrait que l’appartement que son fils compte acheter à Pais, soit proche du mien.
Igor depuis longtemps m’a invité à résider tant que je veux dans sa luxueuse maison dans un coin très isolé de la côte d'azur et d'environ 1000 m2, attenant à une villa abritant sa famille. Enfin après des hésitations, car je suis gêné de partager la vie d'hôtes que je ne connais pas intimement, j’accepte de passer chez lui mes derniers jours sur la Méditerranée. Je me réjouis de pouvoir le voir enfin, sans contrainte de temps, et lui parler de sujets qui nous concernent de près et notamment de l'étrange attitude d'Axel.
J’apprends avec stupéfaction qu’en fait nous serons seuls Marina, Moi et mon chauffeur dans cette grande maison. Il n’est prévu que le petit déjeuner et on ne me demande pas de passer l’aspirateur mais on m’offre de faire venir si je le désire un cuisinier. Quant a Igor, il réside dans son château de Cagnes, et Axel dans son appartement de Villefranche C’est à dire que je risque de regagner Paris sans avoir vu quiconque. Je suis ahuri, car admettons qu’au milieu de la nuit il y ait une inondation, ou tout simplement qu’un malaise me frappe. Je me trouverai isolé, sans ressources. La résidence Poliakoff est un cul de sac prestigieux, super protégé mais mortellement ennuyeux et si je n’avais pas Michel, j’aurais été parqué dans cette maison vide, sans pouvoir en sortir… J’ai donc décidé de prolonger mon séjour au Royal de San Remo jusqu’au moment de partir à Paris où je dois suivre de nouveaux examens. Si Igor veut me voir, et j’espère que ce sera le cas, je ferai un va et vient de San Remo à Nice. Pour l’instant il n’a pas répondu, donc j’attends. La vie est un long fleuve tranquille.
OLAF OLAFSSON
Celui que je nomme le « jeune homme » est revenu à la charge : il veut que je quitte l’Europe pour Vancouver. Après une période difficile, la famille a renoué avec la prospérité. Je crois qu’ils ont lâché du lest à Seattle et le Canada est le seul pays qui possède des banques fiables et ignore la frénésie spéculative du grand voisin américain. Son père insiste également. Il paraît que je le seul à pouvoir « civiliser » le jeune homme qui me répète : I Want You, avec l’amitié d’un cannibale. Mais j’ai peur de lui, et je ne puis m’empêcher de songer à son esprit de caste, son antisémitisme et son racisme, sa violence qui un jour pourrait se retourner contre moi. Mais mes relations avec lui sont en dent de scie. La vie est un long fleuve tranquille.
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