CHRONIQUE
LECTURES MINGEI
J'ai commencé l'étude sérieuse de certains ouvrages et catalogues destinés à la notion de goût dans les arts et du rôle du beau en Asie. Certes Philippe Boudin a toute ma confiance, mais je ne puis acheter pour le compte du centre d'UCCLE et la responsabilité que m'octroie Oleg, sans moi-même accroître dans la mesure du possible ma compétence.
Les livres consultés sont :
Les Arts de l'Asie orientale Editions Place des Victoires. Traduit de l'allemand, Tandem Verlag 2006.
Un énorme livre de près de 800 pages in-4°. En vente à un prix très raisonnable au musée Guimet, il a la particularité de reproduire p.596 un vase à fleurs karatachi de l'époque Momoyama, en céramique d'Iga. Ce vase est célèbre - il est classé comme "bien culturel important" - est modelé à main levée. C'est humides et agrémentés d'une ou de deux fleurs que les vases d'Iga révèlent toute leur beauté. Les dépots de particules provenant d'autres pièces confèrent à la surface une texture intéressante. Provenance; coll.Hatakeyama, Japon.
Cette description et la reproduction donnent raison à P.Boudin qui a tendance à nous présenter come sublimes, les poteries très craquelées.
MICHAEL DUNN, Formes et matières, les arts traditionnels du Japon.
Cinq continents éditions, Milan, 2005.
Le Japon a vécu avec les destructions massives de la Seconde Guerre mondiale tellement traumatisé qu’il rejeta tout ce qui pouvait rappeler le passé. Seul le futur compte et le mot nouveau : NYUU est devenu symbole de distinction, de progrès et de modernité. Les artisanats traditionnels sont considérés sous l’angle ethnologique : exécutés par quelque tribu arriérée.
L’ultime explication : la laideur envahissante n’est pas perçue comme telle par la majorité des Japonais. Les Japonais ont un sens aigu de la beauté, maos ils ignorer l’idéee même de laideur. Il y a bien « minikui » mais cela n’implique aucune considération esthétique. La beauté naturelle d’un site est appréciée par les Japonais, mais les fils électriques, les réclames criantes qui pour nous le dénaturent, passent inaperçues.
Néanmoins, bien que les œuvres des artisans soient le double des articles industriels, elles se vendent très bien à une classe moyenne raffinée qui a gagné de l’argent avec de la production de masse hideuse. Certains des artisans se sont tournés vers l’art en produisant des pièces sculpturales purement Le Japon est la Mecque des métiers d’art et esthétiques. Une spécialisation a lieu : Tokyo les soiries, Beppu, les produits en bambou, Seto en poteries qui vit de sa production locale. L’apprentissage se fait auprès d’un maître.
Sôetsu Yanagi énonce les principes : 1. Honnêteté, forme et sentiments en plein accord avec l’usage. 2. Beauté saine. Absence d’effort, d’artifice, d’individualisme, souci de l’utilisateur.
Avant, aucun article n’était parfaitement identique à un autre, et les subtiles variations montrent la personnalité des artistes. Il suscite une émotion ignorée pour un téléviseur ou un ordinateur.
INSPIRATION.
1.La nature. 2.Le Zen, 3. L’esthétique du thé,
Le rituel du thé recherche comme valeur ultime la beauté. Le plus grand maître fut Sen no Rikyû (1522-1591). Il prôna la simplicité, l’humilité , la pauvreté qui est la capacité de se contenter de ce qu’on a. Shigaraki et Bizen, furent des foyers importants où une excellente formation permit l’éclosion de chefs d’œuvre. Voici les qualités recherchées :
1.L’asymétrie. 2. La simplicité. 3. L’austérité ou l’aridité. 4. Le naturel. 5. La profondeur ou la réserve. C’est à dire un dialogue supérieur. A chaque nouvelle visite, comme récompense, le visiteur accède à un niveau de lecture supplémentaire. 6. Non attachement. L’artiste es libre de suivre ses propres règles à condition qu’elles conduisent à des résultats supérieurs.7.Tranquillité. Comme un grand pianiste avantle concert, l’artisan doit être serein et éviter les angoisses qui transparaîtront. 8. Inspiration de l’extérieur et de l’intérieur. Selon que l’artisan est où non influencé par des critiques ou des maître d’un haut niveau culturel.
Amateur/connaisseur
Outre la perception par tous les sens d’une œuvre, le connaisseur doit respecter une considération esthétique universelle.
La beauté.
Elle exclut le réalisme, et parle aux sentiments et non à l’analyse. La netteté et la propreté équivaut à se débarrasser du superflu. Le but n'est pas le minimalisme, mais de rehausser ce qui reste, la beauté, une seule fleur.
MINGEI de la collection Montgomery. Musée des Arts asiatiques. Avril 2000 tiré à 1500 exemplaires.
Dominique Buisson L'artisanat japonais.
LE STATUT DE L'ARTISAN
Certains artisans, començant leur ascension sociale, savent de rendre nécessaires par l'exceptionnelle qualité de leus créations.
LEGERETÉ ET COMPACITÉ
Les curieux, les poètes et les artistes, voyagent beaucoup et ont besoin d'utensiles compacts. Ils ont un esprit "camping".
LE CULTE DE LA QUALITÉ
Il s'établit une relation d'échange entre l'artisan et son acheteur. Une connivence. La qualité de l'objet ne doit pas se borner à être parafitement exécuté, il doit en émaner une aura affective, et une manifestation de solidarité culturelle. Comme le lecteur bibliophile qui apprécie le livre par sa reliure, la qualité du papier, de l'impression, l'odeur de l'encre, l'ouvrage de l'artisan se "lit" et possède cette humanité du fait main face à la production industrielle. L'artisan n'est que la partie éxecutante du désir de l'utilisateur, à son tour intimement lié au savoir-faire de l'artisan.
LE MOUVEMENT MINGEI
Cette volonté de regarder l'objet de l'artisan comme une peuvre d'art donne naissance en 1925 à un mouvement fondé par trois potiers célèbres dont Yanagi Sôetsu, qui invente le mot MINGEI par opposition à KÔGEI l'objet aristocratique. Le mingei bien qu'issu de potiers se véveloppe dans toutes les directions des métiers d'art. Cette sensibilité à l'âme collective et à un savoir commun est honorée du titre de "trésor national vivant" beaucoup plus enviable que celui d'artiste. Ces artisans au sommet de leur art, ont pour tâch de transmettre leur art et leur savoir-faire mais aussi leur capacité d'innovation
VOLER LE SAVOIR DU MAÎTRE
La transmission du savoir est pratique et non théorique. L'artisan novice entre dans l'atelier de son maître comme on entre en religion. Pendant 5 ans il fera le ménage et assumera les tâches les plus ingrates et répétitives. Les 5 années qui suivent il va se familiariser avec le travail de la matière. Le maître ne donne jamais de leçons, il se contente de pratiquer son art. L'apprenti essaye de l'imiter et de lui voler son savoir, lorsqu'il est aussi sûr que son maître, il s'établit à son compte.
DES OBJETS DE CEREMONIE
L'objet est toujours le maître d'une cérémonie. Le matériau reste le seul à déterminer une forme mais l'ensemble utilisant les matières les pus périssable (chanvre, paille...) est indépendant des modes car inscrit dans lla tradition.
DIALOGUE AVEC LA NATURE
Il serait de bon ton de choisir en été un récipient de verre bleuté pour contenir des nouilles glacées, afin d'évoques une cascade ombragée pendant que tinte la clochette aigrelette. La nature est violente, prompte à des débordement, il faut que cette violence exprimée par exemple dans les grés de Bizen soit compensée par le plus grand des raffinements. Plus l'artisan tend vers la perfection, plus il introduit l'imperfection dans son travail pour que cette perfection devienne imaginable;
DE L'OBJET AU SYMBOLE
Alors que l'art aristocratique essaye de dissimuler les imperfections alors que le Mingei les souligne d'or, pour magnifier le vécu de l'objet.
Un des meilleurs livres sur la poterie japonaise.
Catalogue de l'exposition Mingei au Quai Branly. Une demi-déception. Beaucoup d'oeuvres de design produites industriellement, ce qui est contraire à l'esprit Mingei, beaucoup de pièces contemporaines, certaines très belles, mais pas de masques, pas de pièces anciennes. Ce qui est privilégié c'est le spectaculaire.
Catalogue d'une collection des vêtements de pompiers, en tissu teint sur réserves, une spécialité de Montgomery, mais un peu criards. On en prend une indigestion.
Ci-dessus un livre entièrement rédigé en japonais mais qui montre un grand nombre d'images relatives aux objets mingei les plus méprisés des occidentaux.
Ci- desssus un exemple de productions faussement mingei, mais aux lignes lisses et pures.