Saturday, 6 June 2009
CHRONIQUE
VARIA
Dernières nouvelles de l'avion Rio-Paris.
On vient de retrouver des sièges, une valise contenant un billet de l'avion, un ordinateur, etc. Les bas-fonds viennent de rejeter des épaves qui nous renseignent su le lieu exact où l'avion s'est englouti. Pourquoi pas la boite noire dans une semaine, ... où un an?
Les dernières données laissent peu de place au doute. La source se trouve dans les pannes électriques en série qui ont faussé les informations délivrées au pilote et qui l'ont fait se précipiter dans la zone qu'il fallait absolument éviter.
HYPOTHESES SUR LES CAUSES DE L'ACCIDENT
L'une d'entre elles me paraît s'imposer par sa simplicité. Réfléchissons : ni la qualité, ni la robustesse de l'avion, réussite totale, ne peuvent être incriminées. D'autre part, les sources de l'accident sont des erreurs du système et non pas une, mais plusieurs. Dans la préhistoire de l'aviation (c'est à dire voici une ou deux décennies) le pilote contrôlait physiquement l'avion, lorsqu'un phénomène anormal se produisait, il le sentait physiquement, a manette vibrait dans ses mains exercées. Aujourd'hui tout est confié à des automatismes et le contact est coupé entre l'homme et son intuition et les systèmes électroniques de plus en plus compliqués et difficiles à maintenir. Le mot est lâché : maintenance. Ne nous cachons pas derrière le petit doigt, nous savons tous que aussi bien dans l'informatique, que dans la chirurgie et la médecine, ou encore l'entretien des ascenseurs et des voitures, une maintenance à la fois compétente et continue est indispensable. Nous savons aussi que ce temps de maintenance est compromis par le temps passé en négociations syndicales et sociales, joint par une qualité de plus en plus faible du personnel, un manque de responsabilité notoire, une bureaucratie galopante. Toutes ces caractéristiques sont propres à la France, qui constitue la triste exception en Europe.
Or il ne s'agit pas de choses dont on ose parler, car cela signifierait que nous devons éviter de tomber en panne en France, et qu'il vaut mieux emprunter des avions maintenus dans d'autres pays plus sérieux.
LA RÉGRESSION TECHNOLOGIQUE
Sous l'influence de la mode et de l'arriération mentale des esprits, on complique pour des raisons futiles des systèmes dont on veut améliorer la paille au détriment de la poutre.
Savez-vous par exemple que la viande et le poisson ne se conservent dans un réfrigérateur que dans une fourchette de température comprise entre 2 et 4°? Au dessus les victuailles pourrissent et portent gravement atteinte à votre santé. Qui donc achète un thermomètre de congélateur et teste la température? Les anciens réfrigérateurs descendent sans effort aux environs de 0°. Mais depuis, l'interdiction d'utiliser le fréon de jadis par crainte de d'altérer la couche d'ozone, empêche la plupart des réfrigérateurs de descendre au dessous de 7°
Les exemples abondent : protections des piscines pour éviter aux parents d'avoir à surveiller leurs bambins, ce qui fait que si l'un se noie, on perdra un temps précieux pour accéder à la piscine.
Le cas des ascenseurs est encore plus éloquent. Jadis, et cela existe encore aujourd'hui, dans certains immeubles traditionnels, les ascenseurs tombaient rarement en panne. Les cabines étaient visibles des escaliers, et une simple manipulation permettait à la concierge avec une rudimentaire manivelle de libérer le passager. Aujourd'hui tout est confié aux techniciens et on peut mourir étouffés, sans que nul ne s'en aperçoive. On oublie qu'il y a des agoraphobes, des cardiaques, des bébés, des gens qui veulent satisfaire des besoins naturels...
Jerzy Kosinski dans "Cockpit" raconte que pour un baroudeur endurci, ayant traversé indemne les situations les plus traumatisantes, la seule chose terrorisante était de se trouver enfermé dans ces cabines étanches, dépendant des instruments d'alarme et de la disponibilité des techniciens.
Même phénomène que pour les avions ou les réfrigérateurs : l'appareil sitôt réparé retombe en panne. Mon fils me racontait qu'à Londres, la situation est pire que chez nous, et qu'il faut des manipulations très complexes informatiques pour accéder à un étage, sans possibilité de rectifier une erreur. Le meilleur des mondes, quoi !
Friday, 5 June 2009
CHRONIQUE
EN ÉCOUTANT LE DERNIER QUATUOR
Vous avez deviné, c'est au dernier quatuor Op.135 de Beethoven que je fais allusion, celui qui annonce déjà la Xème Symphonie.
Je vous convie à l'écouter avec moi ce soir.
Pourquoi, contrairement à mes principes qui exigent que l'on procède par ordre chronologique, l'op 106, la terrible Hammerklavier ne prenant son sens qu'à la suite de l'Appassionata Op.57 par exemple, pourquoi commencer le massif imposant des quatuors qui balayent toute la carrière de Beethoven, par le tout dernier?
C'est tout simplement parce que c'est le premier. Le premier non pas d'un nouveau style, d'une nouvelle manière de Beethoven mais d'un compositeur inconnu dont a accouché le Beethoven que nous connaissons. Appelons-le Beethoven II. On peut à la rigueur reconnaître l'influence de Beethoven I dont il est l'héritier, mais pas davantage que celle de Haydn pour la Sonate Pathétique. Toute influence sera radicalement balayée avec ce que nous savons de la Xème Symphonie (Le CD indispensable dirigé par Wynn Morris).
Oubliez donc tout ce qui a précédé ce quatuor, puisque rien ne l'a précédé. Oubliez tout et ouvrez votre coeur et vos oreilles. "Que du coeur cela aille au coeur" écrivait Beethoven à propos de la "Missa Solemnis", mais le message émotionnel, subjectif, personnel du compositeur à l'auditeur, était véhiculé par une musique dont la volonté d'expression était affirmée, qui se lamentait, se révoltait, qui explosait triomphalement. Rien de tel dans ce quatuor 0 : aucune volonté d'expression, tout "sottovoce", lisse, introverti, avec de soudains cris d'angoisse fff, vite réprimés, et une fin dansante comme le "Printemps" de Botticcelli de quelques mesures qui prend son vol avant d'être tranché net. Mes chers amis, Beethoven, qui comme je vous l’ai déjà écrit est le e prédécesseur antagoniste du premier quatuor de Beethoven II, l’héritier du compositeur qui nous est familier.
A Deauville j’ai déniché dans un placard l’intégrale par le quatuor Végh, chez Valois-Auvidis, réalisé de 1972 à 1974 à La Chaux-de-fonds en Suisse. Ma chaine est un vieux coucou d’il y a trente ans, hérissé de réglages compliqués et de cadrans luminescents, très à la mode en ce temps-là et flanqué de deux boites à chaussures pompeusement dénommées Hauts-Parleurs, qui ne parvient pas à tomber en panne . Elle s’accroche à la vie, ma chaîne, elle ne veut pas être jetée au rebut !.
Pour autant que je puisse juger l’exécution des Végh m’a semblé confuse, brouillonne, bien inférieure à celle du quatuor Amadeus, dont j’ai conservé un souvenir impérissable. Evidemment Kolich ou à défaut Juillard sont la référence, mais est-il possible de se les procurer ?
En écoutant les effluves nostalgiques , tantôt désespérés à l’étouffée, tantôt d’une joie , ambiguë interrompus par des clameurs déchirantes, cris inhumains de bête blessée, je faillis pleurer malgré que j’en aie. Sandrine me manqua affreusement, la seule avec qui je puis partager pleinement la découverte de la beauté à l’état naissant. Elle part pour prendre des vacances pleinement méritées, mais sans elle je me sens si seul, si démuni. Ma sœur vit beaucoup plus durement que moi sa solitude. Elle est tournée vers les autres, les relations authentiques, le dialogue sur un plan spirituel élevé. Au bout de je ne sais combien d’efforts, Arnaud Mulliez au téléphone m’a enseigné à établir sur word le texte que je vous destinais et que j’ai dû recommencer en pure perte, au moins quatre fois. Il m’a appris comment effectuer mon copier coller, et ce n’était guère aisé avec un nul, réfractaire aux délices des logiciels contemporains.
Hier soir, vous confié-je, entre chien et loup, lorsque les silhouettes noires des villas normande se découpent en ombres sur un ciel d’une luminosité à la Magritte, j’écoutai le dernier quatuor de Beethoven. et j’ai relu le texte perspicace de Brigitte Massin qui a su entrevoir le côté prophétique, novateur, et il faut bien le dire « anormal » de cette œuvre généralement considérée avec condescendance comme une forme de lassitude pour le genre où le maître a excellé, ou encore un épuisement des forces créatives.
Il est effectivement intéressant de comparer un monument comme la Symphonie avec Chœurs et une miniature comme la dernière œuvre du compositeur. Tout dépend de quelle manière on la perçoit. La réaction première, encore plus marquée lorsqu’on la compare à l’autre pour chœur dont il ne subsiste que des lambeaux est la déception. Mais la réaction perspicace est au contraire la surprise, la stupéfaction d'une technique, d'une vision, d'une conception de la musique, opposées, pis encore, étrangères l'une à l'autre.
Thursday, 4 June 2009
CHRONIQUE
Fragments épars
Je me débats encore avec mon Apple. J'ai demandé à Michel de se rendre chez Apple et de se faire expliquer les rudiments, ce qui est juste nécessaire pour consulter mon blog, l'éditer, contrôler la taille et la couleur des caractères, et diffuser sur le web. Je sais que c'est une tâche qu'il n'aime pas, aussi s'est-il contenté de téléphoner ) Apple qui lui a conseillé de se brancher sur la hot line, ou d'apporter l'ordinateur. Autre suggestion, due à Jacques Pozzetto: demandez au Syndicat d'initiative de Deauville, l'adresse d'un informaticien. Avec cela, me voici bien avancé. Je vais essayer à titre de test, d'enregistrer ces quelques lignes puis de revenir au weblog.
Apparemment cela a fonctionné. Pour combien de temps?
ALEXANDRE PUGACHEV
Les Echos ont mal orthographié son nom (devenu Pugatchev) Le fils de mon ami Sergei, et mon disciple préféré, a eu droit à une page entière des "Echos", où la photo le montre tout à fait à son avantage, c'est-à-dire tel qu'il est, contrairement à une affreuse photo parue dans le "Figaro".
Au fond il est possible que les deux images montrent des aspects antinomiques de son caractère. la dernière voit un être rougeaud, la figure carrée, la mâchoire lourde presque mussolinienne, le regard triomphaliste, et brutal, antipathique, presque stalinien. J'avoue ne pas avoir reconnu en lui le jeune homme que j'apprécie au point de lui donner une partie de mes biens culturels les plus précieux, qui se propose de prendre en charge la troisième fondation, lui-même avide de culture et de beauté. Alexandre est froid, voire glacial, gros travailleur, le sens de l'autorité, respecté des petits, de plain pied avec ceux de la base qui par leur travail font marcher l'entreprise, mais craint par les vizirs, les diplômés paresseux et condescendants.
Mais Alexandre n'a rien du bon jeune homme des "Echos". Certes il a la race d'un prince, qu'il tient de son père, que vous avez vu dans le blog (album de famille). Une élégance suprême, mais aussi une faculté étonnante de transformation. Caméléon, il peut revêtir la physionomie d'un jeune un peu timide, naïf, hésitant, modeste, au sourire désarmant. C'est cet aspect qu'il nous montre dans la photo des "echos" d'aujourd'hui. Il devait venir passer la journée avec moi à Deauville, mais il est resté chez lui, terrassé par la grippe, que j'espère non porcine, ni mexicaine, ni aviaire, ni A etc...
LA DISPARITION DE L'AIRBUS
Que voici un excellent cas de désinformation. La palme revient au journal "le Monde" qui est passé maître en la matière. Il annonce en page-titre un papier sur les différentes hypothèses possibles. Mais en fait il ne donne que les informations officielles les plus neutres, sans le moindre travail contradictoire. Néanmoins, même de la prose aseptisée du journal bien-pensant, on peut tirer des indices.
1. Au début on a invoqué la foudre comme cause de la catastrophe, alors que les officiels qui ont émis cette cause avec aplomb, savaient fort bien que même les éclairs les plus violents, ne sauraient affecter la sécurité d'un avion tel l'Airbus vraie cage de Faraday volante, la foudre est un phénomène routinier banal. Pourquoi donner au public comme raison la plus probable, la moins probable, si ce n'est pour distraire l'attention d'autres causes possibles?
Consulter la suite dans le corps du billet.
Continuer à lire "Le journal du 4 juin 2009"
Wednesday, 3 June 2009
CHRONIQUE
MEMOIRE
Je me vois forcé, informatique oblige, de reporter la suite du 2 juin 2009 au billet d'aujourd'hui. Je n'ai trouvé personne pour m'expliquer les données les plus sommaires qui permettent de contrôler mon apple. J'ai fini par utiliser les grands moyens, qui sont aussi les plus frustes. Demain, j'envoie Michel chez Apple et qu'il voient comment ils s'y prennent dans leur Mac,
1. Pour entrer dans mon blog.
2. Pour éditer un nouveau billet.
3. pour savoir comment afficher la boite à outils : taille des caractères, gras, italique, couleur.
4. comment reporter ce que l'on vient d'enregistrer dans le blog.
5. Comment arrêter l'ordinateur.
Demain je vois mon petit fils adoptif, Alexandre Pugachev. Il devait venir Lundi, mais une grippe l'en a empêché... et j'avoue que je n'avais aucune envie qu'il me la passe. Demain ce sera différent. Si le temps est aussi radieux que ces jours bénis, nous pourrons déjeuner dehors, et converser dans mon minuscule jardin.
Cette rencontre est indispensable car je veux être fixé sur sa décision d'acheter un appartement auprès de moi, comme son père le sénateur le désire, ceci étant préalable au don que je lui fais de la plupart de mes manuscrits qu'il faudra bien les mettre quelque part.
Et puis je voudrais savoir ce qui va advenir des livres et manuscrits qui constituent l'essentiel de la Troisième Fondation, celle qui sera le point de départ d'une brillante carrière de mécène, dans la lignée des Thyssen ou des Getty. Honneur digne de la glorieuse famille des Pugachev, qui, on le sait, ont joué un rôle important dans l'histoire de la Russie.
Il était prévu qu'il achète le totalité de la collection, mais bien qu'il m'assurât à plusieurs reprises que je pouvais compter dessus, ce qu'il confirma à Clavreuil le libraire de référence, j'imaginai au cas où il reviendrait sur sa décision, plusieurs tranches par ordre d'importance, qui nous rendront crédible pour faire patienter les marchand sérieux. La 1ère tranche absolument déterminante est chez Clavreuil : Copernic, l'héliocentrisme, 'Christophe Colomb, la découverte de l'Amérique, Galilée, les dialogues, Grolier, le dernier volume de la série, et le plus beau. Chez Heribert Tenscher : le psautier byzantin du XIIème siècle, le manuscrit en lettres d'or de Padoue, de 1380.
Tuesday, 2 June 2009
CHRONIQUE
RETOUR AU REEL
Le regard jeté sur la solitude, matérielle ou spirituelle, était emprunté à de sources littéraires. J'aimerais bien y ajouter mon expérience et l'enseignement que la réalité récente m'a appris.
ANTONIO
Comme je l'ai écrit dans le billet d'hier, le soupçon d'homosexualité qui pèse sur Antonio, est naturel dans une culture occidentale récente, ou amour et sexe sont intimement entremêlés de sorte que l'exaltation de l'amour implique "ipso facto" une relation sexuelle. Mais il n'en a pas été ainsi avant le XXème siècle. La dissociation entre les deux notions, signifiait qu'un amour même excessif peut saisir deux individus de l'un ou l'autre sexe, être comblé ou rejeté par l'aimé(e). La terrible nostalgie, peut d'ailleurs atteindre deux amants parfaitement accordés, c'est alors la crainte de perdre ou de voir vieillir l'être cher qui jette une ombre intolérable sur la plus parfaite des relations, justement ) cause même de cette perfection. C'est ainsi que les amants de "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen, se suicident pour conserver intact le bonheur parfait, insurpassable, qui ne peut que décliner. L'amant, un homme splendide, dit à sa magnifique compagne qui lui déclare un amour total, désintéressé, absolu, " M'aimerais-tu autant si j'étais bossu, les yeux torves, et une taille de 1m.55?" Ce que notre époque ignore, est qu'il peut se trouver que deux hommes (ou deux femmes) entretiennent une relation encore plus forte que le lien sexuel. On peut citer évidemment la relation père-fils, fréquemment d'une profondeur touchante. Je citerai comme exemple l'amour rayonnant qu'Alexandre Pugachev (un peu mon successeur) porte à son père, le Sénateur. Lorsqu'il est en sa présence, sa physionomie sévère s'adoucit, sa froideur naturelle, son indifférence polie s'évanouissent au profit d'une lumière intérieure irrésistible. Quel père ne souhaiterait pas avoir un tel fils?
Mais il peut aussi y avoir une affection viscérale, organique entre deux hommes, comparable en intensité et en force, à celle d'un couple. On connaissait fort bien ce sentiment-là dans la littérature romantique. Il suffit de relire "Les souffrances du jeune Werther" de Goethe, ou encore se souvenir de la relation entre Brahms, Schumann et Clara. On sait que par fidélité à la mémoire du cher disparu, ni Clara ni Brahms ne s'unirent. J'avoue que moi-même, en dépit de profondes divergences et d'une forte réprobation, je restai toujours fidèle de corps et d'esprit à Christa. Or il survint que la dernière année de sa trop courte existence, elle subit une transformation stupéfiante. Elle prit conscience de tout le mal qu'elle avait pu faire, du fait que sa mère et moi étions les seuls à l'aimer vraiment, et elle devint un ange du Seigneur. Elle rajeunit, elle embellit, elle retrouva ses traits d'enfant, un sourire étonné, comme émerveillé... Certes, les drogues y furent peut-être pour quelques chose, mais je n'y crois pas. Depuis, ces derniers moments passés avec elle, pendant que j'écrivais Décodages resteront, magnifiques et déchirants dans ma mémoire. Non seulement je ne me remariai jamais, mais la seule idée de la tromper affectivement me fut tout à fait étrangère. Elle remplit mon äme et mon coeur et son portrait est toujours sur mon bureau.
Christa était mondaine et très socialisée. Elle se serait très bien vue comme épouse de notaire de sa province natale.
Je n'ai éprouvé ce sentiment que récemment, et c'est une grâce que le Seigneur m'a octroyé dans ma fin de vie comme pour concentrer en moins de deux ans, tout ce dont j'ai été privé toute ma vie.
Je fais allusion à la relation que j'entretiens avec Olaf Olafson.
Lorsque je fis sa connaissance c'était l'un des hommes les plus admirés de la côte qui va de Seattle à Vancouver. Son fils cadet avait pris la relève de l'affaire, supplantant sa jumelle et ses deux aînés. Il avait un caractère fougueux et intraitable et son père qui avait un faible pour lui et pour son dynamisme, ne savait comment le contrôler. Le jeune homme n'avait pas peur de la mort, il n'avait d'ailleurs peur de rien. Hegel disait que lorsque deux hommes s'affrontent, c'est celui qui n'a pas peur de mourir qui l'emporte. De même Harald Olafson, l'emporta au cours d'une confrontation sanglante avec les représentants de la mafia à Seattle. Les mafiosi estimèrent qu'il valait mieux s'attaquer à des proies plus commodes et moins risquées.
Olaf, se plaignit auprès de moi, de la nature cruelle et intraitable de son fils. "Comment le rendre humain? " m'implora-t-il comme si j'avais accès aux bas-fonds tortueux du garçon. Je répondis que je ferai de mon mieux pour lui faire découvrir les grandes oeuvres universelles.
Or, à mon grand étonnement le jeune homme demanda à me voir, lui qui refusait toutes les visites d'homme d'affaire, de banquiers, et d'entremetteurs de tout poil. Tous étaient impressionnés, mais ils le furent encore plus lorsque je mis fin à notre rendez-vous au bout de cinq minutes. Il fut certainement surpris et désarçonné, car il me donna un autre rendez-vous. On se disputait, je remettais à sa place et il ne devait guère en avoir l'habitude. Olaf était ravi. A la fin, après une discussion plus vive que d'habitude, je lui-demandai ce qu'il voulait de moi. "I want you" me dit-il. C'est là que j'eus l'idée de mettre un terme à notre relation tumultueuse : je lui demandai de satisfaire quatre covenants, que j' appris chez IBM.
1."Confiance absolue"
2."Respect absolu"
3. La ponctualité et des rencontres qui n'excèdent pas six semaines.
4 " Eternité".
La relation ne devait s'éteindre qu'avec la mort de l'un d'entre nous. Harald mit du temps pour accepter la dernière proposition, mais dès qu'il y consentit, il fut d'une sollicitude de tous les instants. Voici un exemple de relation forte, plus forte que ce que l'on nomme amitié, ou amour.
Monday, 1 June 2009
CHRONIQUE
SOLITUDES
J'ai reçu bien des coups de téléphone, qui tous dénotaient d'une manière ou d'une autre,la maladie d'esseulement.
Le livre de Kosinski, "Cockpit" que je suis en train de lire est désolant. Il montre la pire des solitudes : celle d'un homme qui est coupé de communication affective même avec son double. Cet homme pétrifié, glacé, rationnel, objectif, mesurant tout en fonction des objectifs matériels qu'il poursuit, ce bureaucrate sans coeur, ni même le semblant d'âme que l'on peut déceler dans une tortue, cet homme est souvent indiscernable. Il n'a pas de persona, mais des masques dont il change à volonté. Derrière ces masques nulle méchanceté, nulle cruauté, mais le néant. Cet homme peut ainsi sauver ou condamner des millions de victimes de la barbarie, il confond l'amour de l'autre avec le sexe égoïste, qu'il peut éprouver intensément comme le gourmet goûte le canard confit de Bocuse, mais aussi fugitif, aussi évanescent que le vent des côtes de la Manche.
La solitude peut être purement matérielle, physique, visible du dehors. Dans "Giulietta degli spiriti" ( Juliette des esprits ) le chef d'oeuvre absolu de Federico Fellini, on assiste à la découverte progressive par son idéaliste de femme, de la trahison de son mari adoré, ses petits mensonges, ses demi-vérités, ses grandes absences, son indifférence aimable.
Elle a passé les loisirs de sa jeunesse à se cultiver, à fréquenter les grands génies : Dante, Leopardi, Guido Gozzano, Alfieri et Manzoni. Elle a négligé les artifices du sexe, et de toute manière elle vieillit et ne peut rivaliser avec les médiocrités aux cheveux platinés; à la poitrine généreuse.
Au petit matin qui conclut le film, voici notre Giulietta Masina (car l'actrice est la femme de Fellini) abandonnée à elle même, à son affreuse solitude; et on la sent capable de quelque extrémité. Peut-être pas d'ailleurs, elle errera toute sa vie dans les landes arides du désenchantement. Mais voici une multitude de voix pressantes qui l'interpellent : "Tu n'es pas seule, tu n'es pas seule, nous sommes avec toi, les esprits gentils (que tu as aimé et fréquentés dans les livres de ton adolescence!)
Edouard Herriot disait que la culture est ce qui subsiste quand on a tout oublié. C'est en partie vrai, car ce qui reste est pur de toute érudition, cette maladie de la culture. Mais relisez le "Marchand de Venise". Antonio, le marchand voue une passion payée de retour avec Bassanio. Antonio est un armateur célibataire, dont l'affection éternelle exclusive, se porte sur le jeune et beau Bassanio pour qui il se sacrifie. Ce dernier bien qu'amoureux de la riche Portia met en jeu leur union en se séparant de sa bague de mariage au profit de l'avocat qui a sauvél des griffes de Shylock. son ami de coeur. Antonio devrait être heureux de cet amour partagé, et du succès matériel de son protégé. Mais il souffre d'une tristesse incurable. La nostalgie est ce qui reste, quand on a bénéficié d'une affection intense même partagée. En effet, Antonio aime de tout son coeur, de toute son âme, un jeune homme dont il ne connaît que trop le fond de la personnalité. Il est conscient du caractère superficiel de l'objet de sa tendresse, Bassanio, qui lui a demandé de s'endetter pour plastronner devant la riche Portia dont il espère de se faire épouser, bien qu'il aime toujours au moins autant le marchand de Venise, n'a rien de plus pressé que de s'adresser à l'usurier Shylock. Le pire ennemi d'Antonio ! Tout ceci Antonio ne l'ignore pas, d'où sa tristesse. A la fin de la pièce Antonio a toute satisfaction : tous ses désirs sont exaucés : Bassanio richement doté lui est dévoué par dessus tout, il a retrouvé sa fortune , mais pour paraphraser Herriot, la solitude est ce qui reste quand tous les désirs ont été satisfaits.
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