Sunday, 9 November 2008
CHRONIQUE
SURSIS
J'ai subi ma première opération avec anesthésie générale le 5 Novembre et non sans appréhension car je craignais les effets secondaires, et notamment l'amnésie qui m'empoisonne ma vie, due à une encéphalite grave qu'il a fallu traiter pendant l'année, quitte à laisser une tumeur cancéreuse à présent inaltérable. Je devais subir un traitement autrement lourd le 7, et la douleur est parait-il insupportable. Je serai donc hors d'état de fonctionner. Miraculeusement, je n'ai jamais été plus en forme que maintenant, comme si mon corps délivrait l'énergie de tout un mois en quelques jours. Je suis même de bonne humeur et je serais heureux si autour de moi je ne voyais pas souffrir sans pouvoir faire quoi que ce soit pour soulager leurs souffrance.
J'ai obtenu un sursis pour le traitement lourd parce que mon plus cher ami avait besoin de moi, et je m'étais fait le voeu de tout lui donner, y compris ma vie et ma santé (qui ne valent pas grand chose il est vrai!). J'ai trouvé autour de moi des trésors d'affection profonde et assidue d'amis que je ne connais que depuis trois ans au plus. Les anciens m'ont déçu ou délaissé, ne prenant même pas la peine de savoir quelle avait été l'issue de l'opération du 7. Elle n'eut pas lieu, mais ils n'en savaient rien.
N'écoutez pas les voix sussurantes et négatives qui vous soufflent "tu es naïf, tu fais confiance à des gens que tu ne connais que depuis un an, il faut du temps à l'amitié". Les donneurs de conseil ont beau avoir sous les yeux la démonstration de leur erreur, rien n'y fait tant un préjugé l'emporte sur le réalisme. Et puis ... ne pas faire confiance à quelqu'un qui vous manifeste une chaude affection, même si elle est rapide comme un coup de foudre, c'est pratique la pensée négative. Elle vous empêche de vous abandonner à l'autre, de le comprendre et par dessus tout de l'aimer. Car c'est toujours l'amour et la reconnaissance qui animent le moineau déplumé que je suis devenu. J'ai eu la preuve que mes nouveaux amis me sont restés attachés lorsqu'ils n'avaient plus besoin de moi... car c'est ainsi que tout contact s'est initié avec moi. Je rendais des services souvent important à mes nouveaux amis, et sans me faire payer. (J'ai déjà écrit un billet sur les relations conflictuelles entre l'amour et l'argent).
Cela dit, j'ai passé mon temps à me cultiver. Ainsi que je vous l'ai dit, outre la fondation qui se constitue à Bruxelles et qui aura le nom de ma soeur et le mien, je tisse en secret ma seconde fondation. Secret tout relatif puisque vous, mes chers internautes avez toujours été au courant de ce projet, mais l'audience d'un blog est limitée et confidentielle; le varme médiatique est tel aujourd'hui, qu'il faut dépenser des fortunes pour se faire entendre!
A propos de l'audience du blog, j'avoue que je n'ai pas osé regarder les statistiques de peur de recevoir un choc. Entre mes séjours à l'hôpital, les pannes de réseau (que Orange soit maudit !), le serveur qui modifie ses programmes, et mille autres raisons, mon blog a été lacunaire. Savez-vous ce qu'on ressent quand vous êtes obligé de recommencer deux, trois, quatre fois un texte que vous finissez par oublier. J'ai trouvé un moyen pour y rémédier. J'enregistre, puis je transfère dans le blog grand public. Si tout ou partie disparaissent inopinément , je transfère le blog de copie dans le blog d'enregistrement en appuyant sur "éditer". Mais tout à l'heure j'ai regardé à tout hasard les statistiques et j'ai eu un choc inverse Certains jours ont fait près de 10.00 entrées et aujourd'hui on a dépassé les 15.000 entrées. Ahurissant mais encourageant. Merci à tous pour votre assiduité et votre intérêt pour ce modeste travail d'apprenti. Le pauvre Sacha, devait prendre le relais du billet avant hier mais il s'est heurté aux anomalies du serveur.
J'ai avec Marina, couché sur Word le but de la première fondation qui porte nos deux noms grâce à la générosité de notre sponsor qui a tenu à ne pas pparaître publiquement et insisté pour que nous figurions comme initiateurs du projet. Elle m'a rédigé le même travail pour la seconde fondation, qui portera mon seul nom.
Ces deux fondations ont ceci de commun qu'elles comportent des lignes, comme par exemple le fil diachronique qui court des premières monnaies mésopotamiennes au système monétaire virtuel fondé sur le dollar à la dérive. Un autre exemple de ligne, est l'évolution de la pensée humaine de Homere à Einstein.
Certaines de ces lignes se concentrent en des pôles. J'appelle ainsi des ensembles museaux pouvant sinon rivaliser avec les grands musées, du moins égaler en intérêt et accessibilité les grandes fondations comme la Getty Foundation.
Pour cela il est indispensable que Marina et moi, nous couvrions tout le champ des connaissances, de la numismatique à l'astronomie, de la littérature anglaise à la peinture chinoise et la poterie japonaise... Les meilleurs professeurs sont les marchands ou les sommités qui veulent bien vous accorder tout le temps nécessaire.
J'essayerai de partager avec vous les fruits de mon apprentissage et en attendant je vais me coucher, car il est près de quatre heures du matin.
Amicalement votre
Bruno Lussato
Monday, 3 November 2008
CHRONIQUE
RECHUTE
Mes chers internautes et amis.
Nous jouons de malchance!
Après de multiples et prolongées pannes de réseau, c'est une fois de plus mon corps qui tombe en panne. Je dois me faire opérer deux fois cette semaine et la semaine prochaine et j'en ai pour quelque temps d'hopital et ... sans ordinateur pour communiquer avec mon auditoire préféré. Je vais essayer de tester la proposition qui m'a été faite, à savoir d'envisager un blog collectif où on se relaye les uns les autres. S'il se trouve quelque amateur... je crois qu'Emmanuel Dyan continuera à nous soutenir du point de vue technique, et je ferai appel à l'avocat de qui vient, je crois, l'idée. Il est imaginatif et rédige fort bien. Il connaît également le blog.
Aujourd'hui, avant de me rendre à des fins de contrôle à l'hôpital, je prendrai congé de mon petit neveu préféré. Hier soir je lui ai fait un peu réviser Tristan en passant dans ma chaîne le prélude et la mort d'Isolde par Toscanini, 1938. Mais le son était si mauvais qu'on perdait les avantages d'une interprétation très subtile.
Après, on a passé en revue la liste des ouvrages littéraires importants, et j'ai découvert qu'il a beaucoup lu et retenu. Le fonds occidental et le fonds russe et allemand : Rilke, Goethe. En revanche il n'avait qu'un souvenir apprroximatif des fables de La Fontaine.
- Le plus intéressant, est qu'il m'aie fait accoucher le parallèle frappant entre la vision tristanesque de Viola et la vision chamanique.
Après mon passage à l'hopital j'espère rejoindre mes amis à l'Opéra Bastillle pour une dernière visite à Tristan. Après quoi, j'ai encore une séance de travail prévue.A bientôt, j'espère
Bruno Lussato
Sunday, 2 November 2008
CHRONIQUE
Visite à la Fiac
Nous avons été Marina et moi, à la FIAC et de justesse car nous ne savions pas que c'était le dernier jour. La queue était impressionnante, mais heureusement étant muni d'un papier médical, je pus passer immédiatement.
Je fus surpris par le changement d'ambiance et de participants par rapport aux Foires d'Art contemporain précédentes. Là où on voyait pompeusement trôner des Picasso, des Matisse ou des Léger, ce qui domina cette fois-ci c'était beaucoup de contemporains provenant de galeries de Londres et de New York qui donnaient un coup de jeune à cette terne institution. A coté des vénérables Basquiat aussi chers que nombreux, beaucoup de Tàpies généralement splendides, de Carl André, de Louise Bourgeois, de Buren, de Bustamante, de Tony Cragg, de Dubuffet, de Fontana, de Kounellis, de Lavier, de Mirò,de Paolini, de Picasso, de Michelangelo Pistoletto, de Lawrence Weiner etc...
J'ai vu beaucoup d'oeuvres de haute qualité :les Tàpies dont un grand tableau des , classique mais très puissant des années 50 , d'autres plus petits mais d'une matière magnifique. Il y en avait un grand sur des panneaux de carton, fort dans sa gestuelle, mais patissant de la comparaison avec des panneaux plus petits et antérieurs. Parmi les Pistoletto, il y en avait un très réussi représentant un grillage nous séparant du public dont le reflet inversé montrait bien l'incommunicabilité. Le format portrait permettait de se placer dans une pièce assez exiguë.
Les Basquiat écrasaient tout mais la sélection était biaisée par le souci des galeries orientée vers la novation. Le catalogue de l'exposition est un scandale. Les galeries au lieu d'illustrer leur stand par une oeuvre majeure essayaient de faire valoir les artistes inconnus de leur écurie. Malheureusement, ce qui aurait dû passer pour de l'innovation, de la création, n'était que synonymes, plates imitation des grands, prétention en un mot,fond de tiroir. Certes celane vaut pas pour Van de Weghe Fine Arts, galerie recemment fondée et implantée 1018 M&dison Avenue, à New York. Le fondateur n'a pris aucun risque, il n'y a que des artistes célèbres de Carl André à Tom Wesselman. Il figure dans le catalogue par un beau Hanson, "jeune acheteuse, 1972" qui montre une figure avachie de consommatrice. Un peu la préfiguration en négatif de la Société de consommation triomphante de Jeff Koons.
Nous avons trouvé dans cette foire un magnifique Pistoletto, un chef d'oeuvre de Tàapies, un tableau sur pin très mystérieux où on voit deux hommes qui se rencontrent devant une maison dont la porte entre-baillée laisse entrevoir une fillette, l'artiste est inconnu. Et il y a aussi la retrospective Atlan. Cet artiste, un petit maître, au niveau au dessous de Poliakoff, a un talent indéniable. Ses toiles inspirées des rythmes nègres : figures dansantes cernées de lourds contours noirs, ne sont pas à négliger.
Parmi les grands absents citons : Peter Doig, Jeff Koons (sans doute trop cher), Poliakoff, Klein, Gerhard Richter, Bruce Neumann, Bill Viola, Richard Serra, Ed Ruscha, (parmi eux se trouvent les cinq artistes vivants de taille historique). Sans compter Mc. Carthy et Matthew Barney. Pas un Saura, pas un Millares, pour ne citer que les espagnols de la mouvance de Tàpies, lui, bien représenté.
En dépit de tout cela il y a un fourmillement sympathique d'oeuvres pleines de dynamisme, notamment de magnifiques photographies, de jeunes italiens, mais peu de chinois. Les japonais avec Murakami se sont spécialisés dans le hideux style BD en pire. La cohue qui se pressait dans la vaste aire de la foire atteste l'existence d'amateurs cultivés. C'est réconfortant.
Saturday, 1 November 2008
CHRONIQUE
AUTOUR DE "TRISTAN"
Si je vous ai fait faux bond si longtemps, ce n'est pas, que Dieu soit loué! pour des raisons de santé, mais à cause du réseau qui est tombé en panne pendant deux jours, effaçant des pans entiers de texte et d'images, qu'il m'a fallu reconstituer.
Bill Viola et Bruno Lussato
Kira Perov, Marina Fédier et Bill Viola.
Le texte que j'ai dû réécrire, a été à nouveau détruit. Le réseau orange est tombé une fois de plus en panne. C'est la raison pour laquelle, hélas, mes souvenirs sont devenus lacunaires. Vive le papier-crayon.
La répétition générale de "Tistan" avait lieu le 27 octobre à 18 heures. J'ai toujours considéré la mise en scène de Tristan et Isolde de Wagner par Bill Viola-Peters Sellars et à l'Opéra Bastille, comme le plus beau spectacle qu'il m'ait été donné de voir, avec le Ring de Chéreau-Boulez à Bayreuth en 1976-1983. Mais alors que cette dernière production est enregistrée en DVD et fort bien enregistrée, l'interprétation de Viola risque d'être perdue pour la postérité.
Impossible d'avoir une seule place pour la répétition générale. J'ai alors envoyé la veille un fax à Kira Perov qui venaient d'arriver à Paris. Elle m'invita aussitôt à déjeuner le lendemain, avant la répétition avec Marina. L'accueil fut exceptionnellement chaleureux, comme d'habitude, et je devais revoir Bill et Kira Vendredi avant leur départ pour Los Angeles.
Les conversations portèrent sur Tristan et sur un entegistrement possible du Ring de Viola. La veille de la dernière du Ring par Bob Wilson, le trouvai les fonds pour enregistrer la performance. Cinq DVD furent édités, avec interdiction de les divulguer, sauf à des fins professionnels d'enseignement et d'éxégèse. Mon exemplaire ira à la Fondation de Uccle en Belgique. J'y reviendrai.
Je mis toute ma force de conviction pour persuader Bill Viola d'en faire de même, m'engageant - un peu témérairement - de lui procurer les fonds nécessaires. Mais la partie n'est pas gagnée. En effet un élément majeur est la dimension, notamment l'écran du troisième acte est vertical, ce qui ne se prête guère à nos écrans à plasma qui sont horizontaux. Mais nous finimes Viola et moi par tomber d'accord sur l'évolution de la technique et du home cinéma pour résoudre ce problème somme toutes conjoncturel. L'important est de sauver le spectacle, le plus émouvant, le plus beau du monde. N'oublions pas que Viola est un des cinq artistes vivants et que Tristan est son oeuvre maitresse. Cinq heures de video, c'est quand même quelque chose. Je hurle alors "chef-d-oeuvre en péril !"
Présenter l'intrigue de Tristan dans ce billet serait dépasser son but. Mais j'ai l'intention de m'y atteler lors d'un prochain article. D'ici là il est indispensable que ceux qui veulent comprendre mon analyse se procurent un bon commentaire de l'oeuvre, comme celui qui figure dans Le Guide des opéras de Wagner 1994 et l'interprétation magistrale de Furtwängler-Flagstad chez EMI
Bill Viola était emballé par les nouveaux projecteurs installés à l'Opera-bastille. Comme Bob Wilson il accordait la plus haute importance
à la justesse des couleurs.
Il estima qu'on avait atteint la perfection.
Nous parlames longuement de la complexité et de l'ambiguïté de l'oeuvre qui se lit à plusieurs niveaux. Il expliqua les images du premier acte comme un rite de purification qui montre la signification cosmogonique de l'histoire au premier degré, interprétée dans un style dépouillé de Nô japonais par des acteurs en chair et en os qui font le minimum de gestes pour figurer l'action. Viola insista sur le haut degré d'intégration entre le texte, l'image, son image, la musique. De ce point de vue le nouveau chef russe comblait toutes ses attentes. Il avait saisi immédiatement son propos par sa neutralité et la précision de sa direction: chaque note était à sa place, comme chaque couleur.
De cette précision extrême, de cette intégration totale, naissait l'émotion insoutenable qui se dégage en ondes puissantes et perturbantes du spectacle. Wagner disait que bien interprétée et bien perçue, le drame devrait rendre les spectateurs fous, les pousser au suicide, surtout à partir du deuxième acte, le plus émouvant, centre magique de l'oeuvre. J'ajouterai le niveau de culture et de disponibilité du spectateur, car nombreux étaient les spectateurs qui ravis du spectacles souriaient de plaisir ou émettaient des jugements snobs sur la banalité des images de mer déchaînée. "obvious, mon chêer!".
Wagner savait fort bien finir un acte. Ou après une longue et lente attente, où le temps est comme suspendu, l'action s'accélère et la fin tombe comme un couperet (1er et 2ème actes) ou la musique se dissout dans le cosmos et rejoint tout doucement, par vagues déclinantes successives, le silence (IIIème acte). L'imagerie de Viola suit exactement cette règle. Le rythme intérieur de ses images sont accordées à la sourde pulsation intérieure de la musique et du poème.
Lors de la répétition générale, au trois-quarts des deux derniers actes, je fus étreint d'une émotion pénible. Je saignais du nez, ma tête était prise dans un étau, les larmes m'étouffaient. Pour diminuer cette souffrance j'essayai de distraire mon attention, de penser à quelque épisode comique,mais en vain. La musique, les images, m'envahissaient comme des flots mortifères. Bill Viola vit mon émotion et m'embrassa longuement sans un mot. Ce fut un moment inoubliable, et rien que d'y penser j'ai les larmes aux yeux. Le lendemain ,avant son départ nous eumes encore un meeting avec ses agents de Londres Haunch if Venison représentés par Graham Southern, un esprit vif et ouvert, pour examiner les possibilités d'enregistrement de l'oeuvre.
Continuer à lire "Le journal du 25 octobre 2008"
|
Commentaires