CHRONIQUE
Visite à la Fiac
Nous avons été Marina et moi, à la FIAC et de justesse car nous ne savions pas que c'était le dernier jour. La queue était impressionnante, mais heureusement étant muni d'un papier médical, je pus passer immédiatement.
Je fus surpris par le changement d'ambiance et de participants par rapport aux Foires d'Art contemporain précédentes. Là où on voyait pompeusement trôner des Picasso, des Matisse ou des Léger, ce qui domina cette fois-ci c'était beaucoup de contemporains provenant de galeries de Londres et de New York qui donnaient un coup de jeune à cette terne institution. A coté des vénérables Basquiat aussi chers que nombreux, beaucoup de Tàpies généralement splendides, de Carl André, de Louise Bourgeois, de Buren, de Bustamante, de Tony Cragg, de Dubuffet, de Fontana, de Kounellis, de Lavier, de Mirò,de Paolini, de Picasso, de Michelangelo Pistoletto, de Lawrence Weiner etc...
J'ai vu beaucoup d'oeuvres de haute qualité :les Tàpies dont un grand tableau des , classique mais très puissant des années 50 , d'autres plus petits mais d'une matière magnifique. Il y en avait un grand sur des panneaux de carton, fort dans sa gestuelle, mais patissant de la comparaison avec des panneaux plus petits et antérieurs. Parmi les Pistoletto, il y en avait un très réussi représentant un grillage nous séparant du public dont le reflet inversé montrait bien l'incommunicabilité. Le format portrait permettait de se placer dans une pièce assez exiguë.
Les Basquiat écrasaient tout mais la sélection était biaisée par le souci des galeries orientée vers la novation. Le catalogue de l'exposition est un scandale. Les galeries au lieu d'illustrer leur stand par une oeuvre majeure essayaient de faire valoir les artistes inconnus de leur écurie. Malheureusement, ce qui aurait dû passer pour de l'innovation, de la création, n'était que synonymes, plates imitation des grands, prétention en un mot,fond de tiroir. Certes celane vaut pas pour Van de Weghe Fine Arts, galerie recemment fondée et implantée 1018 M&dison Avenue, à New York. Le fondateur n'a pris aucun risque, il n'y a que des artistes célèbres de Carl André à Tom Wesselman. Il figure dans le catalogue par un beau Hanson, "jeune acheteuse, 1972" qui montre une figure avachie de consommatrice. Un peu la préfiguration en négatif de la Société de consommation triomphante de Jeff Koons.
Nous avons trouvé dans cette foire un magnifique Pistoletto, un chef d'oeuvre de Tàapies, un tableau sur pin très mystérieux où on voit deux hommes qui se rencontrent devant une maison dont la porte entre-baillée laisse entrevoir une fillette, l'artiste est inconnu. Et il y a aussi la retrospective Atlan. Cet artiste, un petit maître, au niveau au dessous de Poliakoff, a un talent indéniable. Ses toiles inspirées des rythmes nègres : figures dansantes cernées de lourds contours noirs, ne sont pas à négliger.
Parmi les grands absents citons : Peter Doig, Jeff Koons (sans doute trop cher), Poliakoff, Klein, Gerhard Richter, Bruce Neumann, Bill Viola, Richard Serra, Ed Ruscha, (parmi eux se trouvent les cinq artistes vivants de taille historique). Sans compter Mc. Carthy et Matthew Barney. Pas un Saura, pas un Millares, pour ne citer que les espagnols de la mouvance de Tàpies, lui, bien représenté.
En dépit de tout cela il y a un fourmillement sympathique d'oeuvres pleines de dynamisme, notamment de magnifiques photographies, de jeunes italiens, mais peu de chinois. Les japonais avec Murakami se sont spécialisés dans le hideux style BD en pire. La cohue qui se pressait dans la vaste aire de la foire atteste l'existence d'amateurs cultivés. C'est réconfortant.