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Friday, 10 October 2008
CHRONIQUE
Décadence du système monétaire
Dans le précédent billet j'ai présenté la constitution de la monnaie, son enrichissement progressif par des valeurs culturelles, politiques, artisanales. L'apogée fut proche de sa naissance : Grèce et la Sicile.
Le schéma ci-dessous montre le lent dépérissement, l'aplatissement des valeurs véhiculées, parallèle à un dessèchement culturel et spirituel porté par la mondialistation et aboutissant au regne de la mondialisation et de la technologie triomphante.
Ci-dessus, extrait d'un feuillet,publicitaire, pour un salon de numismatique, montrant les étapes successives du déclin monétaire.
Le passage qui suit ne prétend pas esquisser une histoire de la monnaie. Il s'agit de mettre en évidence une évolution lente et inéluctable vers la banalisation et l'abstraction qui semble aller de pair avec le rétrécissement de l'espace sémantique des populations et des élites, dont le how ((comment faire) remplace le why (pourquoi faire?).
Les décadrachmes d'Euainetos et de Kimon, marquent le point exceptionnel où la fonction esthétique dépasse toutes les autres. Cette étape ne sera plus ni dépasséeni même égalée d'où la célébrité de ces documents de l'histoire de l'art.
La seconde phase cède à un style où la fonction esthétique est représentée par l'art du portrait, celui des empereurs. La finesse et la psychologie remplacent le mythe, témoin ce tétradrachme de Carrahe 215-217. 850-1000 €. Vente Burgan 20 juil 2007. En même temps l'emploi du bronze se généralise car il permet une subdivision plus fine des valeurs. Une pièce de bronze assez large remplace une microscopique pièce d'argent ou d'electrum. Certes, bien que la patine puisse être superbe, il s'ensuit une distanciation supplémentaire entre la valeur métal intrinsèque et celle de la monnaie de bronze qui repose davantage sur une convention.
Comparez avec un exemplaire de la vente Vinchon du 7 octobre 2008
Parallèlement la fonction symbolique très stylisée et quelque peu sommaire marque les monnaies "barbares" . Elles rappelent les manuscrits et les icones du temps du livre de Kells ou de Lindisfarne, mais la stylisation est plus poussée et les déformations des figures confine à l'abstraction.
La troisième phase, bien que décorée est beaucoup plus conventionnelle. Les figures sont beaucoup moins individualisées. Il subsiste néanmoins une trace de la main de l'artisan et une préoccupation esthétique bien qu'accessoire.
Elles disparaissent avec la mécanisation qui transforme la monnaie en un objet industrialisé, dont le principal intérêt consiste dans le poids d'argent (silver dollar) ou d'or (napoléon). toute fonction artistique, culturelle ou religieuses ont disparu.
Cette valeur elle-même disparait avec la nécessité pour les Etats-Unis de faire face aux déficit énormes causés par la guerre du Viet-Nam. Le panurgisme des acheteurs, les habituent à l'idée, que la garantie militaire et la puissance de l'Amérique tient avantageusement lieu de présence physique réelle. La confiance remplace la certitude. Mais lorsque cette confiance vient à s'ébranler, plus aucun frein métallique ne vient garantir la valeur physique, réelle, de la monnaie qui n'est plus représentée que par un signe. L'aboutissement du processus de dématérialisation, est évidemment la monnaie électronique.
Que se passera-t-il si le processus continue à évoluer dans ce sens?
Deux thèses contradictoires s'affrontent.
1.On distingue la valeur de la monnaie, garantie par l'Etat ou toute autre instance "sûre" (la poste, les actions privées comme celles d'Auchan, le papier monnaie). La convertibilité-divisibilité sont assurées, de la valeur des actions, des obligations, etc. qui repose sur des activités naguère solides et inaltérables, aujourd'hui en faillite ou ne valant plus qu'un centième de leur valeur passée. Si l'on admet la permanence du système monétaire, on aurait intérêt d'attendre avant d'investir, et à thésauriser les billets de banque. Avec 100 000 € on pourra acheter des actions d'entreprises importantes, de véritables leaders, à une fraction du prix jadis normal. La fortune ira à ceux qui savent attendre.
2. Cette thèse repose sur la croyance, qu'en dépit de leur insolvabilité, les états pourront entretenir la confiance en des signes artificiels qui ne dépendent que de mesures hasardeuses. Dans le cas où la panique s'installerait, le fil tenu qui relie la monnaie (sgnifiant) à la réalité non arbitraire ( Signifié) se romprait, accroissant encore l'affollement des populations et débouchant sur la violence et la montée des extrémismes. A ce moment on en serait réduits à en revenir au troc, c'est à dire aux échanges entre biens à valeur concrète. Cela peut être de la nourriture (provisions, fermes, prosumérisme, bricolage) et du chauffage (abris oeu dispendieux ou bien placés, à proximité d'une école par exemple), pour ceux qui possèdent des biens important, on se rabattrait sur l'autres valeurs, notamment scientifiques (financement de la recherche), esthétique (achat d'oeuvres d'art de très haute qualité et surtout incontournables par leur rareté et leur importance, comme les pièces grecques décrites dans le billet précédent). En revanche les pièces de moyenne importance ou abondantes, comme les meubles Louis XV, s'écrouleraient.
Le deuxième scénario, nous l'avons appelé "catastrophe" parce qu'il se développerait sans aucun contrôle. Un seuil serait atteint puis dépassé, celui du déferlement, où les lois "normales" sont renversées. Vouloir raisonner en financier dans un tel contexte, c'est comme traiter les phénomènes quantiques avec les mêmes notions familières qui donnent sens à notree existence.
On peut même ajjouter, que cette phase catastrophique est déjà présente mais qu'elle ne se manifeste pas par un phénomène de sursaturation provisoire. Une goutte d'eau de plus (quand, laquelle?) et brutalement le liquide déborde, déclenchant l'irréparable.
Voici mes chers internautes, la manière dont j'utilise la numismatique comme modèle de ce qui risque de se produire. J'espère que mes prévisions, ou plus exactement le raisonnement qui leur donnent crédibilité, sont fausse. Jusqu'ici, cela n'a guère été le cas, mais lisons le hai-ku de Basho à l'envers
Le nuage
qui ne bougeait jamais,
n'est plus
Bruno Lussato. 6h.30 du matin, 11 octobre 2008
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CHRONIQUE
Grandeur et décadence de la monnaie
DU TROC AU TROC
Au départ était le troc,c'est-à-dire l'échange entre biens de valeur intrinsèque, opération sur les signifiés.
"Je te donne en dot quatre chameaux, dix tapis précieux, douze esclaves si toi, ô savant, tu te maries avec ma fille. "
Les valeurs échangées sont des objets U (utiles) contre un objet D (développement).
Il nous faut bien convenir qu'un tel échange est bien incommode sous deux aspects : il est difficile de transporter frequemment des chameaux ou des esclaves et de mesurer le degré de compétence d'un savant, il n'est pas plus aisé de calculer objectivement et précisément combien de chameaux valent-ils un tapis ou un esclave.
La solution consiste à utiliser un objet x facile à déplacer et à échanger que l'on troquera deux fois, une fois contre le chameau, une seconde contre le tapis, et dont le troc se fasse dans les deux sens. Chameau contre x, x contre tapis, un consensus s'étant obtenu durablement dans un espace aussi large que possible.
Le meilleur candidat à la fonction x est incontestablement le métal précieux : or, électrum (alliage d'or et d'argent), argent. Le petit lingot est facile à véhiculer des valeurs importantes sous un petit volume,
Ci dessus un exemple de la finesse atteinte par les artisans grecs.
Malheureusement, bien souvent le volume est si petit, qu'on peut aisément égarer la pièce, voire l'avaler. Jenkins montre un échantillon de monnaies avec des tailles comprenant le drachme,la triobole, la trihemiobole,l'obole, l'hemiobole,le tritartemorion, le trihemitartemorion, noms barbares qui montrent le besoin de fragmenter les valeurs. En dépit de cette exiguïté, la plus minuscule de ces pièces est encore trop chère pour permettre de faire son marché !
Ci-dessus,une sélection du British Museum des différentes subdivisions du drachme. Athènes 480 à 420 BC.
Graduellement, les monnaies tirèrent leur valeur de la qualité esthétique de la pièce et du prestige politique qu'elle apportait à la ville dont elle était isuue. Ceci, à telle ancienne, que lorsqu'une ville était vaincue, on conservait le poids de métal, élément constant de valeur, mais on refrappait la monnaie aux effigies de la ville dominante. En d'autres termes, la pièce était, outre, une sorte de Fort Knox microscopique, garantissanrt le patrimoins du détenteur, mais une oeuvre d'art à part entière pour les uns, un manifeste politique pour les autres.
On peut en inférer que les civilisations en déclin, ou uniquement matérialistes, limitèrent leur vision, à des images stéréotypées, banales et sans intérêt. Ce fut le cas également pour les cités vaincues. C'est effectivement ce qui se passa et qui a atteint un paroxysme aujourd'hui.
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Sunday, 5 October 2008
CHRONIQUE
Logiques de crise
Cela n'en finit pas. Tous mes visiteurs et mes clients veulent avoir ma version de la crise en cours, sur son évolution, et éventuellement sur les mesures à prendre pour se prémunir. Outre que je ne suis pas Madame Soleil, ce n'est pas ma vocation, ni mon job d'aborder des domaines où tous se plantent. Je ne puis que recueillir du discrédit " Oui vous m'aviez averti il y a des mois... des années et j'aurais dû suivre vos recommandations. Je ne l'ai pas fait, je n'y croyez pas. Mais c'est votre faute. Vous n'avez pas su me convaincre ! " D'autres, il est vrai me remercient et me félicitent, mais le mérite n'est pas mien. Je ne suis pas le seul à avoir anticipé sur la précipitation des désastres. D'autres l'ont fait en même temps que moi, et ils sont si nombreux qu'ils forment un mouvement cohérent. Et d'ailleurs les bases de leur raisonnement remonte au temps de Jay Forrester, le fondateur des mémoires à tores et de l'écologie. Avec Général Dynamics (ouvrage luxueux en noir et rouge!) puis Urban Dynamics, enfin World Dynamics, il jeta les bases théoriques qui furent imprudemment et impudemment, exploitées par Meadows patronné par Aurelio Peccei du Club de Rome, et auteur de Halte à la croissance.
Ma dernière visite au grand homme (Forrester, pas Meadows !) au MIT, me laisse l'image indélébile d'un homme sec aux yeux clairs et froids. Il était furieux de l'exploitation qui était faite de ses théories. Les charlatans commencèrent à pondre un système à 1200 équations, en expliquant que c'était à titre démonstratif et qu'il fallait injecter des sommes considérables (qu'ils voulaient obtenir à tout prix) pour en tirer de premieres prédictions significatives. Puis, emportés par leur enthousiasme, ils prétendirent avoir décelé le futur dans leur boule de cristal. Et leur recommandation majeure était un arrêt de la croissance, la limitation volontaire de notre consommation et de notre activité industrielle, dont les conséquences sur l'écologie seraient néfastes en matière de pollution et d'épuisement des ressources naturelles. C'était l'époque du film Soleil Vert dans lequel un recyclage écologique inédit, transformait les bouches inutiles en aliments pour le reste de la population.
Si le Club de Rome pêcha par manque de prise en considération de quelques centaines de millions d'équations, faute de temps et d'argent, le temps se chargea de suppléer à cette lacune et aujourd'hui le futur qu'ils auraient décelé avec des moyens adéquats, commence de lui-même à se profiler, que dis-je, à faire irruption dans notre vie quotidienne. Mais ce qui n'est pas prévu ne peut être corrigé et se manifeste de la pire des manières. Ce qui reste valable dans les équations de Forrester, c'est la théorie de base et les notions fondamentales de la théorie des systèmes, alors en pleine éclosion avec West Churchman,(Wharton), Johnson, Kast et Rosenzweig,(Seattle), Stafford Beer (Manchester, Wharton). Leurs théories s'allièrent aux travaux sur le sens de Bertallanfy, de Korzybsky et de Hayakawa. C'est la synthèse entre ces courants de pensée qui permet de fonder une des grandes visions explicative de la crise que nous vivons.
J'ai subi aujourd'hui une séance particulièrement frustrante. Un de mes disciples particulièrement intelligent (celui qui ressemble tant à L.H.) est venu me voir de Nice. Il devait rester deux jours, il me consacra deux heures! Et pendant ces deux heures je dus visiter avec lui l'exposition de Nolde, et ... lui expliquer les ressorts de la crise économique que nous vivons.
Je vous ai quelque part dans le blog vivement conseillé d'acheter Ariane à Naxos dans la version admirable et hilarante de l'Opéra de Dresde. Dans le prologue on expose l'action: un richissime oligarque... pardon bourgeois, donne à ses hôtes deux spectacles avant le feu d'artifice. L'un est de la commedia dell'Arte, improvisation follement gaie animée par des masques : Zerbinette, et Arlequin... L'autre est un opéra sérieux qui pleure sur la triste mésaventure d'Ariane, fille du Roi de Crête, et abandonnée par Thésée. Chacun se bat pour passer devant l'autre, mais parait le majordome. Le souper a fini en retard, on ne peut retarder le feu d'artifice, on donnera donc les deux pièces ... en même temps!
Mon Lars N°2 me traite comme le majordome. Je pensais lui faire visiter Nolde, puis la soirée venue, lui expliquer les arcanes de la situation économique, et voilà : il m'annonce avec un calme imperturbable que son jet part à huit heures. Etant arrivé avec une heure et demie de retard, il ne me reste que l'option d'Ariane à Naxos : lui expliquer à la fois Nolde et lui commenter l'exposition et la théorie systémique qui me parait bien expliquer la crise! On imagine ma satisfaction! Et qui a lu le livre de L.H. aura compris qu'on ne resiste pas à l'autorité de mon disciple. Ce qu'il veut, il l'obtient.
Me voici donc contraint de me focaliser sur les tableaux majeurs de Nolde : les premiers paysages éclatant d'une lumière intérieure dorée, la simplification brutale des tonalités et l'expression dramatique du Christ dans le polyptique de la crucifixion, le contraste entre la superficialité des dandys occidentaux, leur morgue et leur suffisance, l'accord avec la nature et l'harmonie de la vie des natifs des îles Salomon, dontl'occident s'emploie à détruire ce qu'il y a de plus précieux : l'accord spirituel et le sens esthétique admirable. Les images de mer démontée, des paysans solides et frustes, l'angoisse que dégagent les landes désertes, dont les chaumières isolées incendiées par la lumière triste du crépuscule orageux... Et en même temps, lui parler des feedbacks positifs et négatifs, des boucles oscillantes, de l'hystérésis et de la demi période. Fondre tout cela avec les notions de sémantique, et fuir la perte de sens (le mot remplaçant la chose) et celle de l'affectivité, du sentiment et de l'amour, évacués par un How qui remplace un Why.
Mais ce faisant j'ai été contraint à un considérable effort de compactage, de condensation, de synthèse. Dire que j'ai atteint mon but, serait présomptueux, mais peut-être en reste-t-il quelque chose d'utile? Tant il est vrai que l'information est magnifiée par le manque d'information (Russel Ackoff, Wharton). Essayons donc de retrouver le fil de mon échange avec L.H.2. Tout d'abord j'ai bien différencié les deux logiques opposées : l'analyse systémique et la théorie des systèmes. La première stipule qu'on peut déduire le comportement du tout à partir de celui de ses composants.En étudiant, problème après problème, ces fragments confiés à des spécialistes compétents on espère progressivement réduire les disfonctions. L'analyse des systèmes fait donc appel à des réunions interdisciplinaires afin de faire communiquer les spécialistes. L'économie moderne nait de là. Le risque est que chacun écoute sans s'entendre ou s'entend sans s'écouter; c'est sour les apparences d'un langage commun, voire d'une synergie, une tour de Babel.
L'approche antithétique est la synthèse des systèmes, dite aussi Théorie des systèmes ou approche systémique. Pour l'approche systémique, le tout est plus que les parties, les relations entre objets, plus importantes que les objets.
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Wednesday, 1 October 2008
CHRONIQUE
Fin de partie
Comme prévu, la journée qui s'annonçait dure se révéla difficile. Mon partenaire, pourtant aguerri et connu pour son calme olympien, était d'une humeur lugubre, harassé. Il me fit aimablement passer avant tous ses autres visiteurs (venus sans doute lui exprimer doutes et récriminations comme si le gouvernement était responsable de la crise mondiale venue des Etats Unis.) Paradoxalement il me donna des réponses encourageantes et sensées, qui montraient que sa lucidité n'était guère affectée par l'angoisse du temps. Ainsi j'ai remarqué qu'à son exemple bien des hommes nobles et sages, tirent actuellement une hauteur de vues inusuelle en temps deprospérité. Au moment du passage de la droite, j'entendis un de mes clients, tout admiratif de la voiture blindée qui lui était affectée comme président : que d'argent, que d'argent! (Comme ce général de Napoléon pour décrire la mer du nord s'exclama : que d'eau, que d'eau!)
Mais ce surplus d'argent au lieu de susciter des projets pratiques et une énergie juvénile au sein de la population, fut gaspillé en modèles technocratiques et en modèles clientélistes.
Oui, il est vrai que c'est en période d'intense crise, que nous sommes condamnés à sortir par le haut plutôt que de tourner en rond en se lamentant.
Mes clients, et les autres... me pressent tous de me donner une évaluation de la situation générale, et surtout des clés de compréhension.,en se souvenant que jadis je prédis qu'on en arriverait au moment où toutes nos ressources mentales et humaines étant dévorées, la chair arrivant à l'os, on assisterait à une fin de partie. ECHEC : récession et inflations sévères, MAT : toutes les pièces répandues sur le parquet. L'Apocalypse est la description de cette fin de partie où les asymptotes se rejoignent.
Le retour à la case zéro.
Lorsque, avec quelques autres, je mis en garde contre les risques de déferlement liés au gigantisme, et adhérai aux hypothèses des géopoliticiens qui admettaient les scénarios catastrophe, on se moqua de moi. Aujourdhui l'ombre de l'eclipse monétaire se précipite envers nous, comme la vague de froid et de nuit, zébrée d'éclairs, envahit la campagne pendant une eclipse totale de soleil. C'est effrayant à voir mais cela a le mérite de passer très vite. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Nous sommes à présent, sans oser le dire, à l'orée du gouffre. Mais non seulement le scénario-catastrophe est en train de se réaliser selon les modalités "normales" mais il se réalise dans les temp s prévisibles , et même avec un léger retard : le début de l'automne. Le temps s'accélère sans qu'on y prête attention.Le futur est déjà du passé. Les signes avant-coureurs sont tous au rendez-vous : panique, politique de l'autruche, mesures insuffisantes et contradictoires, mensonges et illusion à l'intention des populations.
Il nous faut donc d'urgence envisager les conséquences de la catastrophe, et essayer de retirer notre épingle du jeu.
Cela est d'autant plus difficile, que la globalisation, nous empêche de mettre en oeuvre des mesures locales, que les sanctuaires ont disparu et que le monde est devenu un château de cartes.
Les conséquences sont les suivantes :
1. Disparition du papier, le mot cède à la chose. La valeur intrinsèque l'emporte sur la convention. La remise au pas passe par une réhabilitation du troc.
Mais ne serait-ce pas une épouvantable régression que de devoir en revenir aux débuts du commerce, à l'échange des chameaux et des coquillages?
Il nous reste à créer des monnaies locales, comme au moyen âge, fondées sur des garanties physiques réelles.
2. Nous sommes pris dans un système de rétroaction positive, où l'inqiétude engendre l'angoisse, l'angoisse la peur, le peur la panique, la panique la violence et la guerre. Il suffit qu'un incident se produise et que des déposants veuillent retirer leurs avoirs d'une banque, pour que par un effet de panurgisme, les masses agissent de même, précipitant la faillte du système. Nous connaissons bien la rétroaction positive (ou cercle vicieux) car elle est utilisé e délibérément pour accroître les ventes ou les, économies d'échelle : 2+2 = 5, 5+5 = 15 etc... Plus une firme devient puissante, plus elle devient puissante. (De même, plus un glacier recule, plus il recule). Mais l'économie d'échelle obtenue par la fusion dédifférenciation est ruinée par l'acroîssement des dommages collatéraux. Plus la taille d'un hôpital augmente, plus il est difficile d'en contrôler les déchets et d'en faire respecter les règles. C'est notamment ce qu'a démontré une thèses que je présidais au CNAM est qu'il m'a été interdit de publier.
3. Nous essayons alors de réagir par une boucle de rétroaction négative. Mais pour qu'il y ait protection il faut que le temps écoulé entre la détection de la perturbation et sa compensation, soit très supérieur ou très inférieur à une demi-période du cycle à compenser. C'est ce qu'on appelle l'hystérésis de la rétroaction. Le phénomène est d'une extrême instabilité lorsque la compensation est égal à une demi-période de la fluctualtion cyclique. Or, la source obéit à des cycles irréguliers, et tôt ou tard elle se rapprochera de l'héstérésis proche de la demi-période. La seule parade, qu'utilsent les praticiens professionnels et de compenser les fluctuations au fur et à mesure qu'elle sont détectées (suivi en temps réel, celui adopté par les professionnels) ou par une réponse très longue (on s'assoit sur son paquet d'actions et on les oublie).La pire des attitudes est celle du grand public et des boursicouteurs qui adoptent une position médiane.
Que faire?
Par analogie avec la boucle systémique, on doit convertir ses liquidités et les papiers (actions,obligations) en produits de toute première nécessité et stockables
(riz,eau minérale, conserves) où vitaux (logement inaliénable, moyen fruste et robuste de transport, aide de santé).
Mais un grand nombre de détenteurs de capitaux ne peuvent convertir tous leurs actifs, devenus liquides et indépendants du système monétaire, en boissons ou en chauffage. On estime que bien que la plus grande masse de la fortune mondiale est partie en fumée, il reste dans les coffres comme dans les réserves un nombre considérable de richesses.
Les détenteurs de ces biens ont le choix entre les investir en produits immédiatement décodables et souvent tributaires de la mode (diamants, terrains, matières premières, pieces d'or, tableaux de maîtres célèbres comme Jeff Koons ou Damien Hirst) ou en biens durables qui survivront au bouleversement général. C'est alors que se créent les vraies opportunités.
Mais la deuxième option exige que l'on s'interesse à un champ spécifique de l'art et de la culture : art médiéval chrétien d'avant le XVIIIe siècle, art chamanique des esquimaux et des populations du thibet, bibliophilie humaniste.
Mais lorsqu'on est un amateur, et même un connaisseur, commentse prémunir contre les faux et les oeuvres médiocres? J'ai expérimenté les limites des conservateurs : faux Legers de provenance illustre, fausses peintures chinoises qui envahissent les musées (y compris le musée Guimet) etc. Ce n'est pas que les conservateurs et les experts soient incompétents. Tout simplement ils ne réfléchissent pas assez. Ainsi un makemono superbe de Wang Yan C'Hi que j'ai rendu à son marchand pour cause d'inauthenticité, s'est retrouvé exposé dans une salle aux draperies noires, édifiée pour lui au De Jung Museum du Golden Gate à San Francisco. C'était mon faux, livré à l'admiration de la foule. Lorsque j'en parlai au conservateur, elle reconnut aussitôt son erreur et rejeta le faux qui atterrit au Musée Guimet. Elle était confuse. Je la consolai : "combien de temps vous a-t-il fallu pour jauger ce rouleau? - Un quart d'heure répondit-elle, je me fiais à ma compétence et à mes réflexes. "
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