Thursday, 12 June 2008
CHRONIQUE
Monumenta
En ce moment Paris, sur le plan des expositions muséales accomplit de hauts faits : Louise Bourgeois, les dessins et eaux fortes de Goya ou encore, au musée de la ville de Paris, un artiste encore supérieur à Keith Harring.
Mais actuellement deux expositions dominent tout : Richard Serra au Grand Palais, qui succède à Anselm Kiefer et le dépasse d'une certaine manière, et au Musée de la Ville de Paris une retrospective Peter Doig, considéré à juste tritre par l'ensemble de la critique (mais non du public) comme l'équivalent contemporain de Van Gogh. Les deux rendent indispensables un détour par Paris. Quand à ceux qui négligent ces événements, ils sont sigulièrement indifférents à l'Art de notre siècle.Ces deux expositions monumentales, allez y de ce pas.
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Tuesday, 10 June 2008
CHRONIQUE
Eloge de l'amnésie
Tutto il mare non vien per nuocere disait ma mère, que Dieu ait son âme, (tout le mal ne vient pas pour nuire) e j'expérimente à l'instant cette vérité. En effet à la suite de mon dernier déboire, alors que je reprends physiquement des forces, j'ai rétrogradé mentalement. Je suis redevenu amnésique. J'oublie ce que je ne note pas, et je me promène dans mon appartement comme un aveugle sans canne et sans mémoire. Sont affectées les dates, certains noms d'êtres familiers comme Alexandre Del Valle et tout ce qui est antérieur à deux ou trois minutes disparaît dans le brouillard. N'y aurait-il pas de quoi désespérer? Et pourtant, je me suis aperçu que les effets négatifs de cette catastrophe ont leur contrepartie positive tout aussi importante. A nous de choisir !
Avant que je ne m'explique sur ce point et avant d'oublier, je vous engage à relire soigneusement "La Ronde des illusions". Le billet a été complété, soigneusement pesé et seul fait foi. de mon état d'âme du moment. Je me replonge dans mon sommeil cataleptique et je vous retrouverai demain, c'est à dire tout à l'heure.
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Monday, 9 June 2008
CHRONIQUE
La ronde des illusions
J'ai été tellement révulsé par mes déboires récents avec une grande compagnie, (Cf.Le billet Faut-il-le-dire?) que j'ai eu tendance à me focaliser sur la manière de mettre au grand jour ses agissements révoltants. Mais en prenant de la distance, je me suis souvenu qu'aucune des grandes compagnies que j'ai servi n'a été exempte d'indélicatesses, de petites malhonnêtetés, de mauvaise foi, et de mépris pour ceux qui ne sont pas sortis de leur sérail, et qui tout professeur qu'il est n'est considéré que comme un fournisseur. Un de ces malhonnêtes, -le plus avare et le plus moralisateur de tous (devinez qui?), après des décennies de bonne et loyale collaboration, me dit pour justifier sa traitrise, "je suis ce que je suis, les affaires sont les affaires, les temps sont durs, vous me oôutez trop cher, il faut serrer les vis. Si vous me faites un procès, vous le gagnerez ... dans dix ans, mais vous vous serez ruiné entre temps en frais d'avocats. "
En revanche ce qui est sain et profitable à tous est d'évoquer la ronde des illusions, le karma qui fait que je suis, comme bien d'entre vous qui n'osent ou n'ont pas les moyens de s'exprimer, destiné à être constamment grugé par des gens qui me doivent d'éminent services, des compagnies que je respecte (car il ne s'agit pas de particuliers ni de PME, qui ont toujours été irreprochables) et que je connais depuis des années.
On peut en tirer les enseignements suivants :
1. Les hommes changent: non seulement les dirigeants, mais aussi le même dirigeant a pu se remarier, avoir une nouvelles maîtresse qui change ses options et son regard (cf. Léon Festinger, votre ami est soumis à un dilemme entre avoir la paix avec un entourage changé, ou vous être fidèle) . Cas d'Alain G. passé d'une maîtresse idéaliste de gauche à une BCBG de droite, quand la gauche eüt perdu.
2. Une grande naïveté qui fait que par paresse vous ne prêtez par attention aux précautions assommantes qu'il faut prendre pour se couvrir contre des changements de cap, au lieu de consacrer ce temps à votre égo, votre créativité, ou tout simplement à votre job. Comme moi il vous semble plus commode de vous fier à votre interlocuteur et vous jouez l'honnêteté. Mais cela ne marche qu'un temps et dans certaines circonstances. Autrement, vous justifiez les voix qui retentissent dans l'île déserte d'Aldous Huxley : attention ! attention !, attention...
3. Une grande deshumanité gagne les grandes entreprises, où domine la soif du profit (toujours plus ! Voyez ce patron moralisateur qui ose me dire "le temps sont durs" à une période où il regorge d'argent au détriment des petits fournisseurs et du confort de ses employés) .
4 Il suffit qu'une haute et noble personnalité charismatique, meure ou quitte la compagnie, pour qu'autour de lui le formalisme et la deshumanisation s'installent aussitôt. André Bénard, ex-membre du Praesidium de la Shell, Georges Lillaz, vénéré de tous, ont été mes protecteurs. Ils avaient coutume de porter les lunettes relevées sur le front. Autour d'eux tous les courtisans en faisaient de même. .
Lorsqu'ils quittèrent la compagnie, les lunettes reprirent leur place normale!
5. Les effets de mode et la pression des mauvaises langues et des ennemis cachés jouent un rôle décisif. Derrière le glacis hypocrite des bonnes manières, tout un jeu caché de clans, de forces, d'ambitions inavouées, agit à votre insu. Et vous êtes trop paresseux pour l'étudier où c'et simplement hors de vos compétences.
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Sunday, 8 June 2008
CHRONIQUE
L'Europe, un concept creux?
Tout porte à y penser. Hier j'ai reçu la visite un homme remarquablement lucide, grand homme d'affaires habitué à parler net et - il faut le dire - un peu fanatique et imbu de chiffres. Il a échoué dans ses exposés auprès du Pouvoir et ne peut dialoguer qu'avec des experts et des techniciens. Je lui ai expliqué un certain nombre de clés pour être supportable par ceux qui nous dirigent et qui ne sont pas des experts ni des logiciens.
Tout d'abord condenser sa pensée selon la loi des 20/80. Limiter son propos aux 20% en quoi réside la substantifique moelle. De toute façon, au delà (loi de Russell Ackoff) le discours perd de sa force. Qui veut trop prouver ne prouve rien. Notre homme, sûr de la force logique et comptable de ses propos (et elle est indubitable) ne prend pas la peine de se mettre au diapason d'un politique et encore mieux de ceux qui nous gouvernement et dont dépendent bien des décisions et ne nous épargne pas un maillon de sa démonstration. Ce qui aboutit à un paradoxe : si ceux à qui nous nous adressons ne comprennent rien à rien et ne sont capables que de discours creux et de fausses manoeuvres, pourquoi essayer de les convaincre? Et si "après tout ça peut être utile" (formule de rhétorique qui révèle une mauvaise attitude envers des décideurs hyper-occupés ) pourquoi ne pas se mettre à leur niveau de langage? Mais mon ami n'a pas pratiqué la sémantique de Hayakawa, le maître de la discipline, il fait des affaires, il veut que l'Europe existe, qu'elle ferme ses frontières et cesse d'obéir aveuglement aux diktats d'un pays en faillite vivant au dépens du monde entier (les USA) et imposant à ses victimes consentantes sa loi. Tout cela risque de mal finir dit-il et il a raison.
Toutes ces réflexions m'incitent à consacrer un billet à l'enseignement de S.I. Hayakawa, d'autant plus qu'il est introuvable en France et - je crois - même pas traduit !
En attendant, on ne perd jamais rien si un haut personnage sur-occupé vous accorde une heure, de tout lui exposer en vingt minutes, et de lui déclarer " ceci est l'essentiel, inutile d'entrer dans des détails qui ne sont pas à votre niveau. J'essaie de protéger votre temps". Vous vous levez et vous partez, laissant votre interlocuteur satisfait et étonné tout à la fois. Il vous recevra plus volontiers la prochaine fois.
C'est d'ailleurs ce que pratiquaient naguère les américains. Ils vous recevaient rapidement ... cinq minutes ! - et si cela marchait, , régulièrement de quart d'heure en quart d'heure on faisait connaissance. Les responsables de ces réunions interminables qui font perdre leur temps aux trois quarts des gens qui seraient mieux à leur travail qu'à écouter des pros pérorer, feraient mieux de s'en inspirer.
Fallite culturelle
On me fait remarquer la dérive dangereuse de la France. Quand on pense que Besancenot est avec Kouchner un des personnages les plus populaires de Français, on peut légitimement craindre un déferlement de l'extrême gauche post soixante-huitarde, et on sait ce quelle sont ses effets! Pauvre France.
Autre faillite impressionnante, celle de la culture. J'ai relevé déjà que la sympathique rue Louis- Philippe, la rue du papier a été décimée. Mais en passant devant les quais, j'ai jeté un coup d'oeil sur les étalages. Les bouquinistes qui ont fait la gloire et le charme de cette institution bien parisienne, ont disparu ! On n'y trouve plus que des tours Eiffel, des tasses marrantes, des cartes postales, bref, l'équivalent du quartier chinois de San Francisco. De loin, l'illusion de l'abondance et de la variété, de près un vertige de clones : le même boutique répliquée à l'identique des centaines de fois, côte à côte.
Le nouveau Moyen Âge
Nous voici revenus au moyen âge. D'une part la populace qui ne commença à être civilisée que du temps de mademoiselle de Scudery, de l'autre la cour et surtout les moines, qui concentrés sur leur labeur, dans un environnement coupé du monde, édifiaient leurs chefs-d'oeuvre. Aujourd'hui, ce n'est même plus la cour, qui à la différence de jadis ne se préoccupe nullement de culture, mais d'amateurs, de collectionneurs et d'experts, formant un petit cercle fermé et élitiste.
J'essaie de ne pas y penser car je me sens impuissant. Certes "plutôt que de lancer des imprécations contre les ténèbres mieux vaut allumer une petite chandelle", mais cette chandelle risque de mettre le feu aux poudres, ajoute un de mes visiteurs d'hier!
Il faut quand même garder la foi, les choses ne tournent pas toujours comme prévu et les miracles existent. Sur ces mots d'espoir, je vous dis à demain
Votre affectionné Bruno Lussato.
Saturday, 7 June 2008
CHRONIQUE
Le karma existe-t-il?
C'est certainement un concept flou, composé de notions tout aussi imprécise comme " histoire qui bégaie" destin, ce soir à Samarcande, impossibilité d'échapper à un cycle immuable, comportement répétitif, évènement cycliques fatals etc...
Dans le droit fil du journal d'hier "faut-il le dire", je suis sans cesse confronté dans les affaires comme dans la vie courante à des phénomènes karmiques. Une exception : le milieu des affaires. L'argent domine tellement tout, que la seule dimension karmique se réduit à un style opératoire : impulsivité, préméditation, ruse ou agression.
J'ai été frappé de plein fouet dans ma carrière personnelle comme professionnelle par ces fatalités, et j'ai fini par comprendre que j'ai abordé la vie du mové côté. J'ai attendu mon âge et mon expérience pour comprendre, ce que tout un chacun répète, et pour découvrir des truismes. En cela peut-être suis-je proche de mon prétendu ancêtre Moché Luzzatto, le plus illustre cabaliste qui bien souvent, traversé par l'ouragan de la prophétie, en oubliait les réalités courantes. Ma mère, en revanche, issue de Florence (la famille des Donati descent d'une Donati, la femme de Dante Alighieri) était comme tous ses ancêtres - et moi-même hélas - dotée d'une incorrigible naïveté et d'un coupable désintéressement. Mon grand-père, médecin-colonel, la coqueluche de ces dames ne faisait pas payer ses patients, riches ou pauvres. Et comment faire bouillir la marmite? Ma pauvre grand-mère, Anna, en était réduite à demander aux riches, qu'ils aient la décence de payer leur consultation ! Tâche ingrate s'il en fût.
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Friday, 6 June 2008
CHRONIQUE
Faut-il le dire ?
C'est le titre de la plus désopilante pièce que j'aie vu, qui remporta une succès de fou-rire dans un tout petit théâtre du quartier latin.
On traitera dans ce billet de la difficulté où l'on se trouve lorsqu'on dénonce des faits qui bien que réels, publics, reconnus et vérifiables, : bureaucratie déshumanisée digne de l'hôpital de la Salpêtrière, logique de l'absurde, kafkaïenne à la puissance dix, gaspillage éhonté et avarice crasse sont interdits de blog sous peine de rétorsion. Faut-il le dire? Faut-il se taire? Résister ou se soumettre? Pour une fois le mal n'est pas français mais il envahit tel un cancer les entreprises de grande dimension et sans foi ni loi autre que celle autorisée par leurs avocats.
La petite fondation proche de Andorre que je voudrais bien animer partage depuis des générations cette aversion. Verra-t-elle le jour? Une grande fondation que j'appelle de mes voeux serait-elle une utopie due à ma foi et à ma naïveté? Chaque jour apporte son lot de surprises, et, voyez quelle est mon inclination pour vous mes très chers internautes : depuis dix heures je devrais glisser dans cet état étrange de béatitude que l'hôpital m'a appris à atteindre et que je nomme le glissement. On se sent en effet glisser comme sous l'effet d'un masque chloroformé. Je vous quitte donc, en retard sur mon horaire et je vous dis, à demain.
Mais j'y pense, mes confidences ne sont-elles pas trop personnelles et centrées envers ma petite personne? Le moineau déplumé, ne crie-t-il pas "Léon" comme le plus agaçant des paons. Un tel billet, faut-il le dire?
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