Bouillon de culture
Sunday, 21 October 2007
L'homme qui savait parler aux plantes en pot
Marina Fédier, Frédéric Bonnet et moi-même nous sommes rendus à l'Hôtel Montalembert où réside le grand artiste. C'est un géant débonnaire, très gentil, coopératif et simple comme savent l'être les américains. Un de mes amis, journaliste d'art classe, comme Bonnet, les artistes en trois catégories. Dix pourcents environ sont comme Baldessari, heureux de dialoguer et d'aller plus loin dans la conversation. L'ami en question cite aussi des artistes d'un abord difficile mais qui au hasard de leur humeur peuvent se montrer expansifs. Enfin il y a les grincheux comme un certain Bernard Frize qui répond toujours invariablement à toutes les questions par un "ça ne m'interresse pas" tantôt dédaigneux, tantôt condescendant. Un des pires est cependant le grand Richard Serra. Tous les journalistes qui ont obtenu une intervew vous diront qu'une heure passée avec lui, vous plombe toute la journée!.
L'homme et l'artiste
Baldessari a toujours laissé auprès de ses élèves de l'UCLA le souvenir d'un formidable professeur et il a toujours ce charisme, cette jeunesse de caractère qui soutiennnent une oeuvre toujours jaillissante et qui a marqué beaucoup de gens. A soixante dix ans, il continue à produire de nouvelles choses. Son esprit en ébullition ne s'arrête jamais.
Ci-dessous Marina Fédier, John Baldessari, Frédéric Bonnet
Baldessari est un homme généreux, soucieux de partager son savoir et ses intuitions. Il faut reconnaître cependant qu'entre Bonnet et lui, il y avait des atomes crochus. Ils ont déploré l'état lamentable de la formation artistique dans notre pays, et évoqué par contraste la haute qualité des universités américaines, l'émulation, l'enthousiasme et le déferlement créateur qui emporte tout. Les allemands se défendent bien mais en ce moment on redécouvre aux Etats-Unis l'art latino américain et notamment Mexicain où dorment des trésors artistiques formidables.
Baldessari est entouré de jeunes, qui le motivent et lui donnent une énergie qu'il restitue, ce qui explique sa fraîcheur. En ce moment il nous explique "le cheval" qui occupe le fond de l'expo chez Mary Goodman et qui n'est pas du tout un cheval. C'est un rectangle jaune portant une trace rose en relief et collé au mur. C'est un bas relief qui représente un torse d'homme couché, mais qui rappelle le pied d'un cheval.
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Saturday, 20 October 2007
Le plus californien des artistes conceptuels
En attendant une rencontre avec un génie créateur
Je connaissais Baldessari par les ouvrages sur l'art conceptuel, où il se situe dans la lignée qui va de Duchamp, à Joseph Beuys, Kosuth, et à Neumann pour ne citer que les plus grands. Puis j'ai admiré ses collages de photos lors de l'axposition Los Angeles- Paris, à Beaubourg.
Je laisse le soin à Frédéric Bonnet de vous expliquer sa démarche, je me bornerai à vous relater mes impressions d'ahurissement devant certaines provocations apparentes, de celles qui défient les grandes personnes de répondre aux enfants qui disent : c'est de l'art?
Le premier vidéogramme exposé à Beaubourg, montre l'artiste en train d'apprendre l'alphabet à une plante verte. Cela n'est pas sans rappeler les leçons d'esthétique de Beuys à un lièvre mort. Où est la novation?
On trouve dans les libraires des musées d'Art Moderne un DVD de Baltessari contenant trois propositions conceptuelles. Dans la première, l'artiste tient d'une main un thermomètre, de l'autre un sablier. Pendant que l'un monte l'autre descend, parfaitement synchronisés. J'ai essayé l'explication suivante : le passage du temps coïncide avec l'élévation de l'entropie, donc de la température. L'identité entre les deux concepts est rendue physiquement visible dans le DVD d'autant plus que le spectateur ressent physiquement l'écoulement du temps. Il n'est pas contestable, que cette installation procure une sensation nouvelle.
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Implosion silencieuse
La disparition du cinéma européen sous les assauts de Matrix
Je me souviens d'une conversation avec Gilles W*** le vice-président du leader mondial de la beauté et de l'élégance. J'ai été son conseiller pendant des dizaines d'année et cet homme d'une parfaite élégance, d'une distinction presque professionnelle, amateur raffiné et esprit d'une grande hauteur de vues, m'a tenu de tels propos, qu'ils m'obsèdent encore aujourd'hui et que j'ai du les relater dans un de mes billets. On parlait de la disparition des grands cinéastes européens, les Bergman, les Fellini, les Resnais, les Risi, les Hitchcock. Il essaya de me convaincre que cela était une excellente chose. après tout ces européens étaient des artistes, (entendez des bousilleurs, des amateurs, des gagne-petit) alors que les américains eux, avaient fait preuve d'un professionnalisme admirable, dignes des grandes transnationales comme Coca Cola, Nestlé ou l'Oréal. Aujourd'hui, continua-t-il le cinéma d'auteur est fini, c'est de l'a-peu-près déguisé en inspiration, et la démonstration en est fourni par le chiffre d'affaires et les entrées dans les salles. Nous entrons dans le XXIe siècle, affirma-t-il enthousiaste, le siècle du Marketing scientifique, professionnel, dont le but est l'efficience et l'ultima ratio le retour sur investissement. Les sommes engagées sont colossales et toute erreur est fatale pour l'actionnaire.
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Friday, 19 October 2007
Révélations
Je connais deux sortes de gens : les bien informés, et ceux qui veulent s'informer. Les premiers vous sortent tous les jours cette information rare : ils vont divorcer. Les autres vous interrogent comme si vous étiez dans l'intimité du couple présidentiel. Ces gens-là, je les fuis comme la peste. Et les autres? Ceux qui n'ont que faire de ces potins? Je n'en ai pas encore rencontré mais si d'aventure j'en aperçois un, je vous ferai signe.
Les syndicats et le PS ne sont pas en reste. Libé, dont on connaît la discrétion et l'envergure intellectuelle titre à la une : Desperate Housewife, avec un Sarkozy qui tourne le dos au lecteur. D'autres soulèvent avec un sérieux juridico-bureaucratique les impasses juridiques. Pendant ce temps, la France continue à ne pas travailler.
Vous voulez une révélation? Bon, je vais vous la donner, mais n'en parlez pas car elle est confidentielle. ILS ONT DIVORCÉ ! Et maintenant passons à autre chose de sérieux, le rugby? Poutine et les iraniens? Sarkozy et les turcs?
Wednesday, 17 October 2007
Chronique
Le petit noyau de commentaires commis par les trublions de service : Vincent, Poil à Gratter, Alexandre de Lisle, et bien d'autres, me réjouit au plus au point. En dépit des fautes de français (voir mes remarques su l'influence destructurante de l'écriture sur ordinateur), les questions soulevées sont intelligentes, et bien souvent embarrassantes, toujours perturbantes. Elles décapent les idées les plus solidement reçues. Je me permets de vous conseiller de lire cet échange, mes commentaires sont partie du blog à égalité avec des billets plus ambitieux. Remercions ceux qui osent ou prennent la peine de répondre, ils disent tout haut ce que d'autres pensent plus bas.
Si Poutine n'existait pas, il faudrait l'inventer !
Il est raide, macho, dictatorial, retors, de mauvaise foi, grossier, brutal, mégalomane, et pourtant je ne le trouve pas antipathique. La raison, je ne la connais pas, c'est purement instinctif. C'est un personnage qui s'est trouvé là par hasard et qui a occupé une chaise vide, d'où il est difficile de le déboulonner.
J'ai des amis russes, qui l'ont bien connu du temps de Eltsine. C'était un homme tout à fait falot, un homme d'administration, sans vision ni réelle vision. Nul n'aurait pu imaginer une telle ascension. Aujourd'hui, certains, sans plaisanter, affirment qu'il est l'homme le plus puissant du monde à cause des énormes réserves énergétiques de la Russie, et de sa prise en main durable sur le système. Il n'est redevable qu'à lui-même de ses décisions, même si elles sont inspirées par les circonstances.
Poutine, faut-il le répéter, n'a pas de stratégie, pas de vision long terme. Ce n'est pa là un défaut par les temps qui courent, bien au contraire. Il sème désordre, provocations et contradictions pour sonder l'Occident et laisse toutes le options ouvertes sans jamais s'engager vraiment pour aucune. Notamment à propos de l'Iran, nulle conviction derrière ses proclamations. Mais il y a 25 millions de musulmans en Russie, et l'Iran est proche. Et puis, n'oublions pas que Poutine est avant tout un homme d'affaires mesurant l'intérêt de ses alliances, à l'aune de l'intérêt économique court terme. Il lance une bombette sémantique et attend les commentaires et les retombées (nécessairement verbales)..
Paradoxe : Pour faire court et provocateur, les Russes adorent les Allemands et détestent les Français. Poutine adore Sarkozy et ne peut pas blairer Merckel. .Il y a un peu de vrai dans cette boutade. Il est vrai que Nicolas Sarkozy a bien des points communs avec son homologue russe, et n'aime guère le pharisaïsme. Quant à l'Iran... bah. attendons de voir les retombées de toute cette gesticulation. Les médias sont contents, et les gens bien informés,de la concierge au soviétologue, se donnent des airs d'importance en prédisant l'avenir dans le rétroviseur.
La bibliothèque (suite)
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Tuesday, 16 October 2007
Nouvelles du blog
Statistiques.
Généralement j'en rends compte tous les mois, mais l'accélération est telle que je me permets de vous citer deux nombres. Le nombre de visiteurs de la quinzaine écoulée dépasse l'avant dernier record mensuel du mois d'août, et plus de vingt fois le chiffre initial de Février. Le nombre de visiteurs du billet "le Yin et le Yang" de Marina Fédier, a dépassé aujourd'hui les 20000 visiteurs.
La Bibliothèque
J'ai manqué à mes devoirs envers ceux qui me conseillaient sur le choix de livres à acheter. Voici donc quelques recommandations assez peu politiquement correctes, mais que je crois précieuses pour vous et votre famille. Il vous faudra abandonner tous vos préjugés, mais après tout, le blog est là pour vous y inciter, non?
1. Tout d'abord le choix du meuble. Il doit trôner dans le living room, ou, si vous avez cette chance (ou si vous habitez une vieille maison), n'hésitez pas à lui consacrer une pièce, même exiguë. Deux bons fauteuils en cuir un peu avachis, une lampe verte de bibliothèque et le maximum de rangement pour les livres.
2. Evitez comme la peste le bois blanc, le plastique, le métal. Le bois massif est naturel, culturel. Au pire vous trouverez des éléments amovibles chez IKEA, au mieux, chez un brocanteur, une bonne vieille bibliothèque Louis Philipparde aux rideaux verts. Prenez soin d'avoir des éléments vitrés. La poussière est la pire ennemie des livres.
3. Vous devez différenciez trois sections : 1. les classiques, qui prendront place dans la bibliothèque fin de siècle, 2. Les albums et éditions brochées, 3. Les disques et les vidéos.
4. N'achetez pas plus de livres que vous n'avez besoin, éviter l'entassement des jetables. Votre temps est plus précieux que la différence entre un relié et un jetable de poche. Se le livre mérite d'être évacué comme un déchet (les livres à feuilles collées) c'est qu'il était déjà un déchet. Pourquoi le lire?
5. N'attendez pas d'avoir le temps de lire un grand classique pour l'acheter. Un jour vous en aurez envie et vous ne le retrouverez pas. Ceci est particulièrement vrai pour des livres contemporains de haut niveau et de disques, à durée de vie limitée. Par exemple il est très difficile de se procurer les oeuvres d'Alfred Koestler, et la seule bonne version bilingue de Faust de Goethe (chez Aubier) est devenue introuvable. Il ne reste que celle, non bilingue et infecte d'un certain Malaplate. Essayez donc de vous procurer la Messe solennelle de Beethoven par Toscanini! Et pourtant Koestler, Goethe, Toscanini, ce n'est pas rien!
6. On pourra rétorquer qu'on trouvera toujours en livre de poche ou dans la Pléiade, n'importe quel grand classique, et on aura raison. Aussi ce n'est pas de cela que je parle.
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