Le plus californien des artistes conceptuels
En attendant une rencontre avec un génie créateur
Je connaissais Baldessari par les ouvrages sur l'art conceptuel, où il se situe dans la lignée qui va de Duchamp, à Joseph Beuys, Kosuth, et à Neumann pour ne citer que les plus grands. Puis j'ai admiré ses collages de photos lors de l'axposition Los Angeles- Paris, à Beaubourg.
Je laisse le soin à Frédéric Bonnet de vous expliquer sa démarche, je me bornerai à vous relater mes impressions d'ahurissement devant certaines provocations apparentes, de celles qui défient les grandes personnes de répondre aux enfants qui disent : c'est de l'art?
Le premier vidéogramme exposé à Beaubourg, montre l'artiste en train d'apprendre l'alphabet à une plante verte. Cela n'est pas sans rappeler les leçons d'esthétique de Beuys à un lièvre mort. Où est la novation?
On trouve dans les libraires des musées d'Art Moderne un DVD de Baltessari contenant trois propositions conceptuelles. Dans la première, l'artiste tient d'une main un thermomètre, de l'autre un sablier. Pendant que l'un monte l'autre descend, parfaitement synchronisés. J'ai essayé l'explication suivante : le passage du temps coïncide avec l'élévation de l'entropie, donc de la température. L'identité entre les deux concepts est rendue physiquement visible dans le DVD d'autant plus que le spectateur ressent physiquement l'écoulement du temps. Il n'est pas contestable, que cette installation procure une sensation nouvelle.
La deuxième partie, est plus hermétique. Voici trois verres, celui de droite rempli d'eau, les autres vides. On verse le contenu du verre de droite dans celui du milieu et le liquide devient rouge rubis. Puis on continue, et le liquide redevient incolore.
La troisième partie montre une chambre cubique, apparemment sans porte et enregistrée par une caméra fixée au plafond et immobile. L'enregistrement défile en accéléré. On y voit l'artiste peindre chaque jour le sol est les parois d'une couleur différente de l'arc-en-ciel : jaune, orangé, rouge, vert, bleu violet. En même temps qu'il peint, il fait apparaître un espace qui disparaît quand tout a été recouvert. L'allusion au peintre de bâtiment est claire.
J'ai essayé de pénétrer un peu plus le propos de l'artiste et j'ai lu la notice du disque. Là, je puis vous assurer que je n'ai plus rien compris du tout. L'explication est encore plus incompréhensible que l'oeuvre. J'espère que notre rendez-vous à Marina Fédier et moi-même sera maintenu (il est plus difficile de rencontrer un homme comme Baldessari que Poutine ou Bush !). Je lui poserai la question et je vous la communiquerai. Promis!