Thursday, 6 September 2007
Tristan et Isolde à Rotterdam
Marina Fédier et moi-même avons assisté à la répétition générale du drame musical de Richard Wagner, à Rotterdam. Nous sommes descendus à l'hôtel de luxe Westin, un gratteciel réfrigérant aussi accueillant qu'un aéroport et doté de tous les conforts de l'électronique. On trouve dans chaque chambre de luxe de ce palace des accessoires utiles : une machine à faire du café, un nécessaire de racommodage, un fer à repasser à vapeur. Il ne manque qu'un aspirateur et un kit de remplacement des ampoules brûlées. Cela signifie tout simplement que si vous voulez repasser votre veste froissée par un long voyage, pour un cocktail d'affaires, inutile de sonner la femme de chambre. Vour la repassez vous-même. C'est la toute nouvelle conception du luxe.
De la suite que j'occupe à l'executive floor, on domine toute la ville. Ce n'est qu'un chantier : on construit partout des gratte-ciels qui pourraient se trouver aussi bien à Tokyo qu'à Vancouver. Quelques arbres survivants ressemblent à des plantes en pot. Cela évoque à la Défense de Paris, en mieux cependant, à cause de la noblesse des matériaux et l'imagination des architectes. Par endroits, il subsiste quelques pâtés de maison de style hollandais. On dirait des maisons de poupée, ridicules et déplacées.
L'hôtel communique par une passerelle avec la salle de concert où on donne Tristan. Celle-ci est inhumaine et grandiose (2200 places). Elle ressemble à l'Opéra-Bastille en petit, et comme toujours de beaux matériaux : noblesse du marbre, chaleur du bois exotique. Un déconvenue m'attend. La salle est trop exiguë pour loger les chanteurs en costume. Ils viennent chanter, assis et en costume de soirée. Par ailleurs, l'écran, bien trop petit, est trop proche de l'orchestre qui projette de la lumière qui pâlit les zones sombres de l'image.
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Tuesday, 4 September 2007
Une lueur d'espoir
Demain, journée sans journal. Je vais voir Bill Viola à Rotterdam et je n'emporte pas mon ordinateur.
Néanmoins j'ai vu au journal télévisé une déclaration de Nicolas Sarkozy, (encore lui) qui se déclare partisan d'un enseignement de haute qualité à l'école, englobant les disciplines artistiques, la littérature, la poésie, qui pour lui permettent de s'exprimer, déjouent les tendances agressives et représentent un atout déterminant pour la réussite. Cette position n'est pas la première qu'affiche le Président, elle s'ajoute et renforce la voie vers la civilisation et notre culture longtemps vilipendée par Medusa, comme étant élitiste, colonialiste, fasciste, et que sais-je encore? Mon vieux complice Alain Casabona, grand militant de l'enseignement de la musique classique à l'école, doit être content. Il serait comblé si les directives du Président de la République étaient suivies. Mais rien n'est moins sûr, formule utilisée par la langue de bois et qui signifie : ça va échouer car les minorités destructrices l'emportent sur les majorités peureuses et hésitantes. Il n'empêche, jamais un chef d'état ne sait adressé ainsi aux élèves et osé militer avec tant d'ardeur pour la cause de l'humanisme. Des interventions comme celle là, il en faut, et plus. A nous tous de relayer le message.
On ne peut plaire à tout le monde...
Avis divergents : http://www.forumopera.com/concerts/tristan_sellars05.htm "Hélas, l'utilisation de la vidéo est l'exemple même de la fausse bonne idée. La faute en incombe à l'insurpassable pouvoir d'attraction de l'image. N'oublions jamais que même la mire ou la Chaîne Parlementaire ont des spectateurs... A moins d'être dans les premiers rangs de parterre, difficile de ne pas avoir toujours l'oeil irrésistiblement attiré vers l'écran, du moins à la première vision, même s'il ne s'y passe presque rien ; d'autant que les éclairages discrets rendent les interprètes, habillés de noir sur fond noir, pratiquement indiscernables à distance : du balcon, on a d'ailleurs l'impression d'un film muet donné en concert. Les vidéos de Viola naviguent entre la simple illustration (la mer pendant le voyage en bateau ; une forêt pendant la chasse ; un couple marchant dans l'eau pendant le duo) et l'ésotérisme bobo-branchouille (notamment un interminable rite d'initiation "new age" qui évoque une séance d'essayage à la Foire au Slip). Les images les plus belles sont celles filmées au ralenti, notamment la scène finale qui évoque un Tristan Alka-Selzer montant vers le ciel au milieu des bulles : malheureusement, il s'agit pour l'essentiel de placages de vidéos antérieures (3) conçues dans un contexte totalement différent"
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http://chanteur.net/spectacles/20051111-Muenchen-20051116-Paris-Tristan.htm "Grande pauvreté de l'espace de jeu chez Peter Sellars, confiné de bout en bout dans la semi-obscurité en bas de l'écran de Bill Viola. Pauvreté des gestes, des attitudes distantes des personnages qui ne se touchent et ne se regardent presque jamais, on dirait du Bob Wilson en panne de projecteurs. Bill Viola récupère-t-il la mise à Paris? Il écoeure plutôt par son strip-tease new-age du premier acte, où le choix des types physiques, des vêtements, des "servants" et l'éclairage par d'artificieuses boîtes à lumière de studio évoquent une secte californienne ou un vieux roman-photo. Après les innocentes et inutiles bougies du second acte, le troisième est enfin plus réussi : Bill Viola s'y limite à des images de nature. Mer, eau, feu, levers et couchers de soleil, plongeons projetés à l'envers et au ralenti inspirés de ses oeuvres précédentes, il est plus supportable dans l'abstraction même grossièrement métaphorique, sans éléments humains trop datés et orientés."
#2 Poil à gratter (Site) le 29/08/2007 à 03:50 (Supprimer) (Répondre) Marina et moi-même vous remercions pour les deux critiques que vous nous avez transmises et qui méritent une réponse détaillée dans un blog spécifique qui ne saurait tarder. Je suis fier de constater que dans ce blog, nous accueillons des internautes qui ont votre culture et votre discernement, et... aussi votre volonté d'aller vois l'autre côté des choses.
#2.1 bruno lussato le 29/08/2007 à 12:04 (Supprimer) (Répondre)
Il est deux types de mauvaises critiques. Les unes exaltent des navets. Les autres démolissent des chefs-d'oeuvre.
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Monday, 3 September 2007
Tous les génocides sont égaux...
Mais il y en a qui sont plus égaux que d'autres.
Les juifs sont toujours sourcilleux quand il s'agit de la Shoah, et suivis par de bonnes âmes, ils ne badinent pas avec le négationnisme. On les comprend et ils ont raison. Le génocide est un acte de barbarie d'autant plus affreux qu'il émane depuis quelques décennies de nations dites civilisées.
Et voici que les Armeniens mettent tout le monde dans l'embarras en voulant qu'on reconnaisse le génocide accompli par les turcs. Certes, les associations juives américaines se sont insurgées contre l'interdiction faite par la Turquie d'interdire tout allusion à un prétendu génocide. On connaît la mansuétude de ce grand peuple à l'intention des chrétiens, alévites, juifs et autres dhimmis, qui ont persisté à vouloir habiter sur une terre qui autrefois fut la leur.
La Turquie n'est pas contente. Et Israël récuse les propos de la communauté américaine et refuse, comme l'ONU d'admettre que génocide il y eut. Les raisons en sont hautement morales et respectables : la Turquie est le seul pays musulman à entretenir des relations avec l'Etat juif, et il est une de ses meilleurs clients. Après cela tout est dit.
Après tout la cinquième colonne a obtenu des Américains qu'ils élisent un Président neutre vis à vis de la guerre européenne. On douta des camps et des tortures, comme on feint de douter aujourd'hui du génocide arménien. Soit. Mais qu'on cesse de vitupérer contre les négationnistes de tout poil.
On m'objectera que la France et la communauté juive américaine a fait preuve de courage en condamnant le négationnisme. Quel courage? Le théâtre des opérations est bien loin des buildings de Manhattan et des lambris dorés du Palais d'Orsay. Il en est bien différemment dans un pays en survie comme Israël qui doit sans cesse composer, comme les arméniens aussi d'ailleurs, avec une puissance dont une étincelle peut rallumer la barbarie endormie.
Au delà de la ligne d'émeraude
Sixième et dernière livraison
Cette masterclass est un développement d'une "explication de textes" de l'Entretien, appelé chinoiseries. (Le samovar de Galina Zoubov II). On aurait intérêt à s'y référer. Cliquer ici ►♦♦♦
Necromonte
Mon cher Alexandre je vais maintenant t'inviter à une expérience de pensée. Einstein désigne par là une expérience imaginaire qui ne pourrait devenir réelle que si certaines contraintes étaient levées. Le but de cette fiction est d'illustrer des théories trop abstraites pour pouvoir être appréhendées. Le chat de Shroedinger, à la fois mort et vivant, est issu d'une expérience de pensée.
Voici donc, quelque part entre l'Australie et la Nouvelle Zélande, un archipel corallien gagné sur l'océan et très urbanisé. L'île principale se nomme Atoll, nom trompeur car elle n'en a que la forme approximative d'un immense anneau entourant un lagon, et surmonté de montagnes assez escarpées. Dans Atoll, douze villes ont poussé comme des champignons, disséminées à la périphérie de l'anneau. Hauts fronts de mer, elles sont peu distantes l'une de l'autre, mais cependant assez cloisonnées. Les habitants y parlent deux langues obligatoires : l'anglais, langue officielle, et le dialecte local : français ou hollandais par exemple, le latin et le grec étant utilisés comme langues académiques. Chacune des douze villes possède sa civilisation, sa culture, à son système propre de gouvernement, et bien entendu ses propres lois. L'enseignement et la religion oecuménique sont dispensés dans la plupart des cités par des moines d'origine orthodoxe, arméniens ou irlandais, à l'exception de deux villes, une musulmane, l'autre shintoïste.
La sécurité est assurée par les racistes blonds de Minos, venus de la ville éponyme perchée sur un sinistre rocher évoquant l'Ile des Morts de Boecklin.
En dépit de cette variété de cultures et de coutumes (par exemple, la polygamie est autorisée dans New Bagdad, la ville musulmane), l'harmonie est assurée par un pouvoir fédéral, bienveillant mais rigoureux, n'hésitant pas à employer les soldats de Minos, pour expulser ou éliminer les contrevenants.
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Une blague de Mme. A.M.Bronstein
Bonjour Mr Lussato......j'espere que vous allez bien et que vos vacances ont été aussi bonnes que les notres!...je reprend mes lectures et votre site, délaissés pendant les vacances. Voici une petite blague, pour compléter le billet de Marina Fédier! A tres bientot. Amicalement. A.
La téléphonie à son meilleur.....
Le répondeur scolaire
Bonjour!
Vous avez rejoint le service de réponse automatisé de l'école de votre enfant.
Dans le but de mieux répondre à vos besoins et de vous permettre de parler à la bonne personne, veuillez écouter le menu suivant avant de faire votre sélection :
Pour mentir au sujet de l'absence de votre enfant, faites le 1.
Pour excuser le fait que votre enfant n'a pas fait son devoir, faites le 2.
Pour vous plaindre de ce que nous faisons, faites le 3.
Pour demander la démission d'un professeur, faites le 4.
Pour demander pourquoi vous n'avez pas reçu les documents qui étaient déjà inclus dans votre lettre de convocation ainsi que dans les précédents bulletins qui vous ont été postés, faites le 5.
Si vous voulez que nous élevions votre enfant, faites le 7.
Pour demander que votre enfant change d'enseignante pour la troisième fois cette année, faites le 8.
Pour vous plaindre du
transport scolaire, faites le 9.
Pour vous plaindre de la cafétéria, faites le 0.
Si vous réalisez que vous êtes dans le vrai monde, et que votre enfant doit être responsable de ses actions, de ses travaux en classe et à la maison, et que ce n'est pas la faute de l'enseignant (e) de votre enfant s'il ne fournit pas d'effort,......
Veuillez raccrocher et passez une belle journée!
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