On ne peut plaire à tout le monde...
Avis divergents : http://www.forumopera.com/concerts/tristan_sellars05.htm "Hélas, l'utilisation de la vidéo est l'exemple même de la fausse bonne idée. La faute en incombe à l'insurpassable pouvoir d'attraction de l'image. N'oublions jamais que même la mire ou la Chaîne Parlementaire ont des spectateurs... A moins d'être dans les premiers rangs de parterre, difficile de ne pas avoir toujours l'oeil irrésistiblement attiré vers l'écran, du moins à la première vision, même s'il ne s'y passe presque rien ; d'autant que les éclairages discrets rendent les interprètes, habillés de noir sur fond noir, pratiquement indiscernables à distance : du balcon, on a d'ailleurs l'impression d'un film muet donné en concert. Les vidéos de Viola naviguent entre la simple illustration (la mer pendant le voyage en bateau ; une forêt pendant la chasse ; un couple marchant dans l'eau pendant le duo) et l'ésotérisme bobo-branchouille (notamment un interminable rite d'initiation "new age" qui évoque une séance d'essayage à la Foire au Slip). Les images les plus belles sont celles filmées au ralenti, notamment la scène finale qui évoque un Tristan Alka-Selzer montant vers le ciel au milieu des bulles : malheureusement, il s'agit pour l'essentiel de placages de vidéos antérieures (3) conçues dans un contexte totalement différent"
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http://chanteur.net/spectacles/20051111-Muenchen-20051116-Paris-Tristan.htm "Grande pauvreté de l'espace de jeu chez Peter Sellars, confiné de bout en bout dans la semi-obscurité en bas de l'écran de Bill Viola. Pauvreté des gestes, des attitudes distantes des personnages qui ne se touchent et ne se regardent presque jamais, on dirait du Bob Wilson en panne de projecteurs. Bill Viola récupère-t-il la mise à Paris? Il écoeure plutôt par son strip-tease new-age du premier acte, où le choix des types physiques, des vêtements, des "servants" et l'éclairage par d'artificieuses boîtes à lumière de studio évoquent une secte californienne ou un vieux roman-photo. Après les innocentes et inutiles bougies du second acte, le troisième est enfin plus réussi : Bill Viola s'y limite à des images de nature. Mer, eau, feu, levers et couchers de soleil, plongeons projetés à l'envers et au ralenti inspirés de ses oeuvres précédentes, il est plus supportable dans l'abstraction même grossièrement métaphorique, sans éléments humains trop datés et orientés."
#2 Poil à gratter (Site) le 29/08/2007 à 03:50 (Supprimer) (Répondre) Marina et moi-même vous remercions pour les deux critiques que vous nous avez transmises et qui méritent une réponse détaillée dans un blog spécifique qui ne saurait tarder. Je suis fier de constater que dans ce blog, nous accueillons des internautes qui ont votre culture et votre discernement, et... aussi votre volonté d'aller vois l'autre côté des choses.
#2.1 bruno lussato le 29/08/2007 à 12:04 (Supprimer) (Répondre)
Il est deux types de mauvaises critiques. Les unes exaltent des navets. Les autres démolissent des chefs-d'oeuvre.
Je trouve ces dernières bien plus nocives que celles-là, car dissuadant les spectateurs de prendre connaissance d'oeuvres de valeur, elles les privent de tout libre arbitre. Les premières sont plus innocentes. Au pire elles tromperont l'innocent sur la qualité de la marchandise.
J'avais noté à propos du Tristan de Bill Viola, qu'il était voué à l'incompréhension. En effet les amateurs de video et d'art plastique, ne comprennent pas la musique, et encore moins celle de Wagner, d'une extrême complexité et déchiffrable seulement pas des initiés. En premiere approche, certes, elle produit par moments une impression forte mais vite dissipée par des océans d'ennui. Et que dire du texte à notre époque?
Les amateurs d'opera, eux, viennent pour écouter de beaux sons, voir évoluer gueule déployée des Waltraut Mayer et se concentrer sur le jeu de scène.
Parmi eux on trouve des snobs et des bobos qui sont ravis lorsque toute illusion est ruinée et que la dramaturgie, Ô bonheur, contredit radicalement les intentions du compositeur. La récente éxecution (dans tous les sens du terme) de Benvenuto Cellini à Salzbourg, en est un exemple.
Quoi qu'il en soit, les amateurs d'opéra apprécient rarement l'art contemporain et c'est bien ce qui ressort des deux critiques obligemment transmises par Herbe.
J'ai transcrit en rose les perles les plus savoureuses qui, pour l'analyste averti clament " attention chef d'oeuvre". Elles montrent la profondeur de l'analyse de ces critiques patentés, et en la matière les allemands, il faut le reconnaître dépassent toutes les bornes de la bêtise. Souvenons-nous de l'accueil qu'ils ménagèrent au célèbre Ring du centenaire.
Attardons-nous pour notre édification sur les meilleurs passages.
Les images bobo-branchouille, alka selzer,, foire au slip, strip-tease ecoeurant, ne nous disent rien sur les intentions de Viola, mais tout sur la manière perspicace et élevée dont les critiques ont reçu le message. Ces gens-là sans le vouloir, avouent que tout ce qu'ils ont pu percevoir dans la transfiguration de la dépouille mortelle, c'est de l'eau minérale gazeuse, et qu'ils ne voient dans la science suprème des éclairages de Viola, que d'artificieuses boites à lumière. Notons en particulier, que ces critiques radicales et sans appel sont applicable aux images video les plus célèbres de Viola, en particulier le Tristan à bulle. Ce genre de remarques rappelle irresistiblement, celles qui ont toujours accueilli les oeuvres trop grandes pour les nains qui les toisent, à commencer par le deuxième Faust de Goethe et Tristan lui même. Même genre de critique vénéneuse et nausabonde.
EN revanche, leur critique eût été plus acceptable si elle avait visé l'inadéquation de certains rythmes et de certaines images, et surtout si elles avaient insisté sur, le fait que certaines ont été puissées d'un répertoire stéréotypé étranger à l'oevre. Mais il faudrait alors adresser la même critique à Chereau (personnages chantant à genoux) et à Peduzzi (style palladien et miroirs) qui ont utilisé les restes d'oeuvres antérieures. On n'en finirait plus, car Bach, et Wagner, eux mêmes ont utilisé de tels emprunts tirés de textes différents et accomodés à leur nouvelle destination.
Mais le fond du problème n'est pas là. C'est qu'esthétiquement et spirituellement Viola se situe non seulement à un niveau qui dépasse l'artistiquement correct, mais par la beauté de sa réalisation, il risque d'emouvoir un public non initié, et de lui faire soupçonner que la mise en scène peut être autre chose que la masturbation en public d'un affreux clochard, pour ne citer qu'un passage du Ring de Stuttgart acclamé par la même critique qui trouve obscène la pudique réalisation du plus grand des vidéastes. Molière avait déjà abordé le problème dans La Critique de l'école des Femmes". Que n'est-il là aujourd'hui!
De la superficialité des critiques et des mélomanes Dialogue à trois, Valery Gergiev, Bill Viola, Bruno Lussato   Se reporter au billet suivant :►♦♦♦ Je ferais certainement un mauvais journaliste. Au lieu de saisir, crayon à la main les moindres
Suivi: Sep 07, 23:15