L'Entretien
Saturday, 4 August 2007
Sixième livraison
Le cabinet du Professeur Necromonte
Sequence 221 de l’Entretien
La page 1644 du vol.25 de L'Entretien. détail.
Le jeune homme fut introduit dans le cabinet du professeur. Sextus Famulus, son assistant, le faisait patienter en l’agaçant d’un flot de banalités érudites, l’un faisant semblant de parler, l’autre d’écouter. Tous deux ouvraient cependant leurs yeux et essayaient de pénétrer le mystère des prunelles, de charbon pour l’assistant, de glace pour le visiteur.
- Aujourd’hui le monde appartient à ceux qui ont le code, pérorait Famulus. Il suffira de programmer et de … reprogrammer, pour que l’homme libre devienne ton zombie. Pourquoi s’évertuer à convaincre, agresser, soudoyer, séduire, menacer, alors qu’un philtre génétique fait l’affaire ?
Le jeune homme qui le fixait de ses grands yeux vides, l’intriguait. Tout en lui était contradictoire. Famulus se remémora son cursus. Son âge, 23 ans était démenti par la fraîcheur d’adolescent de son visage aux magnifiques yeux clairs, virant au vert pour le droit, le violet pour le gauche. Son nez droit, ses lèvres pleines, la régularité parfaite de ses traits lui conféraient une touche d’irréalité, celle d’un chevalier de légende. Son regard s’animait fugitivement, ses prunelles sombres se rétrécissaient sous l’empire de la concentration. Ce n’était sûrement ni un intellectuel, ni un patient, celui qui s’efforçait de l’écouter puis y renonçait le regard vide, à nouveau. Il ne bougeait pas. Seul le balancement d’une jambe – car il s’était assis sur une table, l’impertinent ! – trahissait son agacement. Visiblement il n’aimait ni le lieu ni les objets qui l’habitaient, l’odeur d’encens qui l’enveloppait, celui qui l’entretenait de choses théoriques et futiles.
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Thursday, 2 August 2007
Cinquième livraison
Le dernier talisman
Séquence 218 de l'Entretien, suite. p.1620 du vol.XXV
Il fut aussitôt arrêté par le tenace vieillard, qui en l’agrippant cette fois par le pan de la chemise qui débordait du jean, l’apostropha en ces termes :
- Ecoutez-moi patiemment, Monsieur, (il avait repris son vouvoiement et son ton était empreint de respect), si l’objet que je me propose de vous montrer à présent ne vous tente pas, il est à vous ! Je suis persuadé que vous êtes homme d’honneur et que vous ne simulerez pas l’indifférence pour vous l’approprier indûment.
Excédé, mais curieux, se maudissant de céder au racolage de ce bonimenteur de foire, Lars suivit l’homme au fond d’un réduit, situé à droite de l’arrière boutique. La fille et le gérant étaient restés à l’écart, le cagibi étant trop exigu pour que tous s’y tiennent.
Quand le garçon émergea du réduit, son visage était bouleversé. – Qu’est-ce que cela? murmura-t-il, il me le faut !
- Je vous ai tenté, il vous faut donc négocier, répondit calmement le personnage pâle, ses yeux perçants rivés sur le suédois comme ceux d’un faucon.
- Combien vaut-il ?
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Wednesday, 1 August 2007
Troisième livraison
Avertissement. Nous rappelons aux internautes qui veulent suivre le feuilleton des Nuits d'aôut, qu'ils doivent remonter au début de l'intrigue, c'est à dire à la première livraison. C'est la loi du blog, et on n'y peut rien. Pour accéder directement au début du feuilleton cliquez ici♦♦♦et remontez par la suite à la livraison suivante.
Séquence 216 de l’Entretien
Talismans
Le premier de ces objets est vraiment exceptionnel, commença l’étrange personnage en dépliant soigneusement un drap de feutre mauve. Apparut alors une pièce de drap d’or, mi tunique, mi suaire. Sa texture était indéfinissable et chatoyante. Formée de brins assez épais entrelacés, sorte de cotte de mailles irisée. Les ors vert, jaune citron, or jaune, or rouge, or bleu et or noir, formaient des figures changeant au moindre courant d’air, à la plus infime variation lumineuse. Mais le plus surprenant était à venir : en bougeant les mailles frottaient les unes contre les autres en émettant un rire argentin, comme les écailles du crotale dressé. En agitant la cotte de mailles, le son s’amplifiait, s’approfondissait, elle émettait des résonances aiguës indéfinissables … puis parfois un bruit d’eau, un tonnerre lointain… Rien de tout cela n’était vraiment bruyant, ça le paraissait seulement, était-ce l’envoûtement causé par ces sons surprenants, modulés et variés à l’infini ?
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