Bouillon de culture
Saturday, 11 August 2007
Catastrophes
L'expression catastrophe dans la théorie éponyme n'est pas nécessairement liée à des événements terrifiants ni même négatifs. Elle est cependant associée à juste titre à des manifestations d'angoisse, de stupeur, de désorientation, et souvent de remise en cause. Au sens de Thom, une catastrophe est une discontinuité dans le déroulement d'un processus, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, ou encore un changement brutal de paradigme. Dans le billet de Marina Fédier qui précède ce journal, elle parle du basculement soudain d'un paquet d'ondes à des particules minuscules, ou encore elle pose la terrifiante enigme du passage de la physique normale à la fnatasmagorie quantique. Ce sont des catastrophes. Un Hai-ku japonais exprime mieux qu'une longue dissertation le caractère traumatisant d'une catastrophe :
Semailles et moissons
Le nuage qui ne bougeait jamais
n'est plus
Alors qu'une sécheresse jamais vue frappe les moissons et les semailles, que Vienne, Autriche connaît des pics inédits de chaleur alors que Berne est sous les eaux, cette citation est tout à fait à propos. Nous continuons à semer, à moissonner comme si le nuage qui ne bougeait jamais devait continuer à délivrer son ondée bienfaisante. Le mot "jamais", l'usage de l'imparfait, et le présent implacable qui conclut le haï-ku forment des oxymorons éloquents.
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Thursday, 9 August 2007
Repli et retrouvailles
Il continue de pleuvoir. En quelques jours il s’est produit une chute de température de près de vingt degrés, et le château est chauffé. Berne est sinistré, les inondations entravent toute circulation. Mon projet de visite à la fondation Klee, sans cesse différé, est une fois de plus compromis. Mais paradoxalement je me sens plus en forme par ce temps exécrable que dans la moiteur un peu étouffante du beau temps de la semaine dernière. Question de pression sans doute.
Mes collègues sont indifférents au temps, et se perdent dans des discussions passionnées sur des points qui me semblent purement académiques. La géopolitique fait en ce moment bon ménage avec la physique quantique et Marina Fédier en a profité pour écrire un billet sur les relations entre les nouveaux paradigmes de la science (ils n’ont qu’un siècle !) et ce que le XXIe siècle nous prépare pour le meilleur ou pour le pire.
Une des discussions concerne le programme de l’année prochaine et surtout la langue adoptée pour nos rapports. Jusqu’ici j’avais imposé le français, car c’est ma langue véhiculaire par excellence et mon point de vue a prévalu, un de mes collègues étant genevois, deux autres canadiens et le dernier, américain, comprend le français. Mais le souci d’alignement aux normes internationales prévaut, et il est possible que d’ici le mois d’août prochain, ce blog sera au moins en partie rédigé en anglais.
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Que d'eau, que d'eau !
On ne prête qu’aux riches. On a raconté que le Général Mac Mahon, voyant pour la première fois la mer, en Bretagne, et prié de livrer ses impressions, déclara: que d’eau, que d’eau !
La réalité est toute autre. C’est à l’occasion des graves inondations provoquée par la crue de la Garonne, que le général de Napoléon prononça ces paroles définitives.
Elles furent reprises par la suite dans bien des occasions : Venise, et aujourd’hui Divonne, où il ne cesse de pleuvoir lamentablement, transformant le Château en arche de Noé. Elle inspira à un collègue canadien, suivant le journal télévisé une variante :
Que de vide, que de vide !
Ce condensé d’informations majeures et souvent imprévisibles, nous apprenaient des nouvelles susceptibles de bouleverser notre vie quotidienne, comme notre conception du monde. Saviez-vous par exemple :
Que le président Sarkozy déjeunera en famille avec le président Bush, une étrange coïncidence faisant que celui-ci ne réside qu’à 80 miles de celui-là ?
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Monday, 6 August 2007
Vous avez dit populaire?
La télévision est de plus en plus passionnante en ce mois d'août. Ma chambre d'hôtel est agrémentée d'un écran plat posé sur le bar, qui a remplacé l'ancienne télévision en couleurs. Le gain de place est nul, puisque le dessus du bar a une dimension invariable. En revanche l'image, jadis lumineuse et brillament colorée est d'un grisâtre vaguement teinté, ressemblant aux clichés noir et blanc recoloriés, des rééditions rajeunies du muet. Heureusement le contenu sauve le contenant. Nous avons vu les labos où l'on cultive le virus de la fièvre aphteuse.
Rassurez-vous, il n’y aucun risque de contagion, le labo est bien de chez nous, rien à voir avec les anglais qui ont laissé échappé le virus. On a donc interdit une fois de plus les importations de vaches et de bœufs britanniques dans l’UE, ce qui arrange et notre prestige et nos affaires.
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Sunday, 5 August 2007
Paradis vert
Me voici depuis quelques jours à Divonne avec mes collègues de l’ISD. L’endroit est particulièrement sédatif et propice au travail : en dehors du golf, il n’y a pratiquement rien à faire et lorsqu’on n’a pas de voiture, rien à visiter. A San Remo, j’étais au paradis du bleu, joie de vivre, incitation aux plaisirs de la table, de la mer, de la musique napolitaine, de la chair pour qui en a l’âge d’en profiter. Ici c’est le paradis du vert, de la méditation, de la concentration, sous le signe du Mont Blanc, encore enneigé, paysage pris entre les formes sombres et sévères du Jura, et les lignes de crête des Alpes.
La proximité de Genève, et de la Suisse, à un quart d’heure à pied, nous vaut une invasion de vaudois et de genevois, fréquentant le golf et le marché. La ville en elle-même est la banlieue sud de Genève et fréquentée par des émirs, des oligarques russes, et à un autre niveau, par des cadres internationaux du CERN et des administrations, qui se rendent tous les jours au travail. Ce n’est guère excitant, mais vivifiant et reposant. On recharge ses batteries, et … il fait grand beau comme disent les genevois.
Quand j’entends le mot culture, je ferme mon porte-monnaie
Le président Sarkozy semble persévérer dans la voie de la réhabilitation de la culture d’élévation au détriment de la culture de masse, type Cauet. Encore que le mot divertissement populaire puisse susciter des inquiétudes.
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