Monday, 11 June 2007
La feuille de route du président Sarkozy
Sans complexe le président distribue à ses ministres leur feuille de route. Fayol un des pères fondateurs de l'organisation avec Taylor et Weber, et mon prédécesseur à la chaire d'organisation du CNAM, écrivait que les travailleurs seraient motivés par deux buts : être rémunérés convenablement et durablement, avoir une feuille de route, c'est à dire savoir exactement ce qu'on attend d'eux, et ce qu'ils doivent faire. Il ne leur appartient pas de tracer la route, les chefs le font pour eux et ainsi ils s'épargnent les cruels dilemmes générateurs d'incertitude, de responsabilité, et d'ulcères à l'estomac.
Le grand problème pour l'organisateur du travail a qui est confiée la tâche ingrate de décentraliser, n'est pas l'opposition sournoise ou ouverte des mandarins du siège, c'est la crainte des directeurs locaux de devoir trancher. L'autonomie leur fait peur. Elle n'est souhaitée que lorsqu'elle est hors de portée. Les locaux se plaignent alors bruyamment de leur manque d'autonomie et nous explique que s'ils avaient le pouvoir de décision, on verrait ce qu'on verrait. Mais prenez-les au mot, ils seront empoisonnés. Certes ceci ne vaut que pour une partie de la population, mais cela tient à plusieurs facteurs. Il est tout d'abord des gens qui détestent prendre les initiatives et préfèrent effectuer un travail animal, selon l'expression de Karl Marx. D'autres, en nette minorité, piaffent et se révoltent. Ils veulent bouger, ils veulent faire des choses, entreprendre, aller vers de nouvelles aventures, relever de nouveaux défis. Lorsqu'ils perdent, ce sont des révoltés, des hors-la-loi, des empêcheurs de tourner en rond. Lorsqu'ils gagnent ils deviennent des chefs, des leaders, des patrons. Entre les deux tempéraments, sinon génétiques, ou géniques, du moins astrologiques, on trouve les comportements dûs à l'environnement. Dans une société centralisée, les futurs-éventuels entrepreneurs sont découragés, usés, contraints à quitter l'organisation. Ceux qui restent sont châtrés et obeissent aux lois de Fayol : ils absorbent leur pitance et comme l'âne muni d'oeillères, s'en vont tout droit vers la retraite.
Ce qui est vrai pour une société, l'est aussi pour la société. La France comme la Russie, découragent les initiatives privées. Il s'ensuit une passivité de la population dont le rêve est d'être fonctionnaire, bureaucrate, professeur d'université, juge ou écrivain. L'action qui leur manque, ils la projettent dans le rêve, la fiction, l'abstraction. L'idéologie les dispense de réfléchir, ce qui signifie déjà agir mentalement, prendre partie, accepter paradoxes et dilemmes. Incontestablement le clivage entrepreneurs-fonctionnaires, est tributaire des croyances religieuses. Dans notre occident, les pays catholiques favorisent la relation maître-esclave et cela donne le paradigme impérial (monarchie absolue, catholicisme intégriste, national - socialisme, communisme, islamisme intégral etc). Les protestants se sont évadés du joug idéologique mais le payent par un opportunisme qui frise le cynisme.
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ERRATAS
Dans un des chapitres de Virus, un des cas était intitulé : la plus grande désinformation de l'histoire des sciences. J'entendais par là la chape de plomb qui pèse sur les recherches les plus sérieuses en parapsychologie, en butte à l'ostracisme des esprits forts, à la crédulité compromettante des esprits faible, et aux ricanements des esprits vides. J'étais indigné par la désinvolture avec laquelle on traitait des travaux montrant l'existence de phénomènes troublants, et suffisamment sérieux pour qu'on daigne allouer des crédits de recherche à une branche majeure de la connaissance. Majeure parce qu'elle remet en question toute notre conception du monde. Il ne s'agit pas de prouver l'existence de ces phénomènes qui heurent le sens commun comme les modèles mentaux des "scientifiques", mais d'en découvrir les propriétés afin de pouvoir enfin édifier une théorie admissible.
Mais mon indignation était à courte vue et je dois confesser mon erreur. Il est en effet au moins deux cas de théories, avérées, démontrées et prouvées expérimentalement; et qui ont été mises sous le boisseau par le monde scientifique, et celui - complice - des vulgarisateurs et des journalistes. Le premier date de quelques siècles, le second de la première moitié du XXe. Je vous conseille à ce propos, de vous précipiter sur l'ouvrage de Jean Staune, sur le sens du monde et en particulier dans le chapitre Qu'est-ce que le réel?
E pur si muove
Cette phrase - apocryphe - de Galileo Galileo, sur le point d'abjurer sa théorie néocopernicienne, est devenue un symbole de l'étroitesse d'esprit et du sectarisme rétrograde du monde académique.
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Sunday, 10 June 2007
Soir d'élections
Ce qui doit arriver arrive. On a tellement annoncé une déferlante bleue, que les uns comme les autres ont cru inutile de se déranger. Les rouges, parce que démoralisés, ils se sont dit que les carottes étaient cuites. Les bleus pour les mêmes raisons, mais jouant en leur faveur. Et puis, les législatives, c'est moins spectaculaire que le combat entre deux excellents acteurs, digne des meilleures comédies de boulevard. Entre les colères saintes de Ségolène, les chaperons des policiers, et les " Madame, vous avez vos nerfs, madame"; et les ternes statistiques des legislatives, il y a un monde. et puis... il fait chaud, il fait lourd, et cela n'incite guère à se déplacer dans une salle bondée.
Cela dit, les commentaires des principaux leaders politiques, réservaient quelques bons moments. J'ai beaucoup aimé Rachida Dati, la meilleure, la seule qui ait l'aplomb de parler de l'instrumentalisation de la misère des banlieues par des irresponsables, qui mettent le feu dans leurs propos pour ensuite se plaindre vertueusement de l'embrasement qu'ils ont provoqué. J'ai aussi apprécié le trio des comiques impayables : Delanoë, qui laissant Paris dans une saleté indescriptible (où est le temps de Tibéri?) donne des leçons, lèvres réduites à une mince ligne, Fabius et son air de faux cul avec la bouche en coeur, et les bons yeux francs que l'on connaît, et François Hollande au sourire gourmand comme s'il allait lancer une vacherie... ce qui ne manque pas d'arriver d'ailleurs. A tout prendre Guigou est bien plus agréable à regarder! Je trouve réconfortant que Nicolas Sarkozy ait mis tant de femmes dans son gouvernement, cela fait contraste avec les éléphants du parti socialiste.
Fréquentation du blog.
Elle a été affectée aujourd'hui par les legislatives, et d'ailleurs le Samedi et le Dimanche sont des jours creux, les internautes qui partent en week-end n'ayant pas forcément accès à l'Internet. Hier nous avons compté 350 visites alors que voici deux jours on passait le cap des 500 visites. J'ai procédé à un aménagement qui tient compte du faible nombre de visites et de l'encombrement, des vidéos d'analyse de la sonate KV310 de Mozart. Pour y avoir accès, cherchez à Mozart, ou mieux cliquez sur ce lien : ALLER A DECODAGE.
Les sujets qui reçoivent le plus de visites sont dans l'ordre : la parapsychologie, le décodage des événements politiques, les séquences de L'Entretien, l'art contemporain. C'est pourquoi, je reviens au premier sujet : la désinformation scientifique, dans l'article Errata. Il mettra en rage quelques rationalistes et réjouira les parapsychologues.
..... Salade russe
Cartographie sommaire de la Russie
En ce moment se présente l'opportunité de rencontrer d'importantes persoalités russes et d'entretenir avec elles des rapports privilégiés, surtout culturels.
J'ai demandé à chacun de mes interlocuteurs de me dresser une cartographie de la Russie d'aujourd'hui et je compte de transcrire pour mes internautes l'essentiel de ce que j'ai pu saisir d'explications très touffues et quelquefois contradictoires.
Mais auparavant il faut s'accoutumer à l'esprit et à la culture russes, en ce qu'ils ont à la fois de commun avec le fond européen mais aussi irréductible à nos traditions et notre sensibilité. On doit lire, bien entendu les grands écrivains, de Tostoï, à Zinoviev. Mais on ira peut être plus profond en connaissant les opéras, tant il est vrai que pour ceux qui se donnent la peine de l'écouter, la musique nous fait ressentir par procuration les sentiments des personnages, et les sentiments sont importants pour les Russes. Ce ne sont pas des polonais ! Je vous invite pour faire court, d'écouter deux ou trois fois au moins les deux DVD qui me semblent devoir figurer dans toute discothèque. Il s'agit de deux opéras composés sur des scénarios d'après Pouchkine et dont la mise en scène met bien en relief deux faces contrastées de la fameuse âme russe.
Boris Godounov de Mussorgsky décrit l'univers impitoyable des luttes pour le pouvoir. Le destin karmique d'un peuple passif soumis à l'autorité d'un potentat tout puissant entouré de boyards hypocrites . Il met en relief le nationalisme russe, sa résistance aux manoeuvres de la Pologne, avant-poste de l'Occident et manipulée par le Vatican. On comprend mieux l'univers étouffant qui regne aux alentours de Poutine et l'exil qui attend les contestataires. L'obsession de Poutine, comme celle de Boris, est de contrôler les intrigues de ceux qui les entourent, et d'apporter à leur pays, prospérité et grandeur.
Eugène Oneguine, est tout le contraire. Cette oeuvre remaquablement filmée en Play-back montre la sensibilité exquise, la courtoisie et le raffinement tout occidentaux, qui sont l'apanage de l'élite. Mais ce qui frappe est le mélange de pudeur, d'abnégation, d'amour total et de fierté de certaines femmes russes, dont Tatiana est le prototype. On ne saurait en dire autant des hommes, souvent dévorés par l'ambition.
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Saturday, 9 June 2007
Impressions de Venise
La Biennale de Venise - Pavillons nationaux
www.labiennale.org
La 52e Biennale de Venise vient d’ouvrir ses portes. Fleuve comme à l’accoutumée, elle réunit cette année, autour de l’exposition internationale installée à l’Arsenal, « Penser avec les sens, sentir avec l’esprit », du commissaire général Robert Storr, 76 pays – un record ! - présentant ce qu’ils estiment être le plus pertinent de leurs créations respectives dans les pavillons nationaux des Giardini.
Si le Lion d’Or – qui sera connu le 10 juin - devait être décerné en suivant l’applaudimètre des professionnels, le canadien David Altmejd et la polonaise Monika Sosnowska tiendraient la corde.
Dans un bâtiment couvert de miroirs, le premier, âgé de 32 ans, a conçu un parcours tout à la fois âpre et festif, sorte de forêt où le surréalisme aurait percuté les interrogations et les malaises humains et sociaux du XXIe siècle. Une ambiance étrange, très narrative et onirique, où se mêlent des créatures hybrides dans un environnement troublant qui, indéniablement, met le doigt sur des questions essentielles.
La seconde, a inséré dans le pavillon polonais une installation architecturale en métal, comme une structure de circulation intérieure avec passerelles et escaliers, qui ne mènent à rien, d’autant qu’ils croulent littéralement, déformés par les pressions de l’édifice. Une belle réussite !
Nouveauté cette année, la présence d’un pavillon italien autonome, qui donne la parole à deux générations. Giuseppe Penone, fondateur de l’Arte povera, envoûte littéralement avec une salle au sol de marbre brut et totalement irrégulier qui se dérobe sous les pas, et dont les murs sont couverts de peux d’animaux tannées qui deviennent comme du tissus. Quant à Francesco Vezzoli, avec « Democrazy », il met en scène les élections américaines à venir en présentant face à face, dans une ambiance de meeting, les clips de promotion des deux candidats, joués par Sharon Stone et Bernard-Henri Lévy. Conseiller par de communicants politiques américains, l’artiste brouille les messages : simple et efficace.
L’hommage rendu par les Etats-Unis à Felix Gonzalez-Torres est, comme attendu, sensible et émouvant. Touchante également, l’installation sculpturale et vidéo du pavillon néerlandais où Aernout Mik s’empare des problèmes migratoires et de leurs lots d’arrestations, de rétentions et de drames humains. Le tout sans aucun pathos mais avec une belle acuité.
Autre pavillon marquant, celui de la Grande-Bretagne où Tracey Emin surprend avec un accrochage remarquablement juste et précis, où comme toujours, l’artiste aborde les questions de la féminité et de la sexualité. S’y croisent sculptures – des tours étranges et instables faites de lattes de bois -, dessins et peintures. Ces dernières sont d’autant plus remarquables que s’en dégagent deux niveaux de lecture. Un premier qui en fait une peinture abstraite formaliste vaguement convaincante, et un second d’où émergent des traces ténues qui permettent d’entrer au cœur du tableau.
Le pavillon français déçoit. Sophie Calle s’est pris les pieds dans le tapis de son propre système. Elle a demandé à 107 femmes de commenter dans une courrier une lettre de rupture qu'elle avait reçu. Si l’idée de départ était bonne, les réponses sont esthétisées à outrance, chacune mise en scène avec un procédé graphique différent. L’ajout des photos de chacune des protagonistes, mise en scène dans ce qui prétend être son quotidien rend le tout, au choix, indigeste ou anecdotique.
Friday, 8 June 2007
Mummon et son disciple
Douglas Hoffstadter est l'auteur d'un livre à succès, surtout dans les pays anglo-saxons : Gödel, Escher,Bach, An Eternal Golden Braid" . C'est un des ouvrages les plus typiques de pensée latérale, faisant des passerelles entre le Théorème de Gödel, les gravures de Escher, les variations Goldberg de Jean Sébastien Bach. Le paradigme commun est la récursivité. C'est la propriété d'une organisation en boucle, où on ne sait ce qui est thème et ce qui est variation, où se trouve le début, et où la fin. Il est également truffé de curiosités sur le langage, et de jeux mathématiques. Personnellement j'ai trouvé cet ouvrage passionnant, mais un peu répétitif, par la manie américaine d'épuiser un sujet après en avoir lourdement exposé minutieusement toutes les combinaisons. Je cite de mémoire un Koan japonais. C'est une sorte de parabole, invitant à réfléchir et contenant chez Hoffstadter des impossibilités qui montrent les limites du langage. Ce Koan m'a beaucoup influencé. Il m'est revenu en mémoire après avoir lu le commentaire de Christophe Diaz qui m'accuse de mauvaise fois, estime que le dialogue avec moi est un faux dialogue et qu'il quitte le blog pour ne plus y revenir. Ce que je prends comme un compliment. Il aurait cependant été avisé de lire ce dialogue entre Mummon (disciple de Bouddha) et son élève.
Le disciple
Maître tu viens en marchant, d'écraser une chenille. Tu as tort, car tu as supprimé une vie.
Le Maître
Tu as raison.
Le disciple
Mais maître, cette chenille dévore les salades qui nourrissent le pauvre cultivateur et sa famille. Tu as donc fait le bien car en la tuant, tu contribue à préserver des vies humaines.
Le Maître
Tu as raison
Le disciple
Maître, tu conviens d'abord que as eu tort, puis tu soutiens que tu as eu raison. Tu te contredis.
Le maître
Tu as raison
Ce koan montre la difficulté d'émettre un jugement en tenant compte des conséquences et en les opposant aux conséquences des conséquences. Le langage est facteur de semblables confusions de niveau. (Comme le sophisme bien connu des menteurs qui disent qu'ils sont des menteurs).
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