Sunday, 20 May 2007
La feuille de route du président Sarkozy
Même ses détracteurs doivent le reconnaître : le nouveau président a fait preuve jusqu'ici de trois qualités majeures :
1. Il a annoncé nettement la couleur, déclaré des mesures anti-démagogiques comme la suppression des droits de succession ou anti-establishment, comme le niet opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne. Plus encore, il a eu le talent de bien s'entourer et pendant deux ans, de forger une véritable charte politique, conforme aux valeurs traditionnelles de "Force de la Terre" et fondée sur les mots tabou de Travail, Famille, Patrie et efficacité. La majorité des Français s'est reconnue dans ces valeurs prioritaires et la gauche elle-même a dû reconnaître la capacité politique de l'équipe présidentielle et prendre exemple sur lui pour aborder sa "refondation".
2. Il a jusqu'ici tenu parole et s'est montré le Président de tous les français. Son gouvernement fait la preuve de la parité hommes-femmes, et de l'ouverture vers le centre et la gauche. Ses adversaires, dont Libération, hurlent au hold-up, mais lorsqu'il s'agit de Ségolène Royal, ils parlent de largeur d'esprit et de tolérance.
3. Il a dit qu'il irait vite, et il va vite, comme il court vite et parle vite. Là encore, les esprits chagrins qualifient de gesticulation, cette rapidité d'action et de décision. Il y a tout à parier que dans le futur ils feront le possible pour freiner les initiatives de Nicolas Sarkozy, de lui mettre les bâtons dans les roues, pour déplorer ensuite retards et échecs.
Il faut ajouter à ces qualités, une conception particulière du rôle de Président, opposée à celle de sa rivale. Cette dernière écoute, enregistre les doléances de ce qu'elle appelle les Français, et les reflète dans des mesures protectionnistes et démagogiques. Il est inutile de nous appesantir sur son caractère "mère Teresa". Mais Ségolène porte un masque, et, comme le disait Carl Gustav Jung, plus il est séduisant, plus horrifiant est ce qui se cache derrière. On a vu que la madone, losqu'elle jugeait bon, pouvait se transformer en une véritable furie.
Revenons-en au postulat fondamental de Nicolas Sarkozy. Il est connu et brise le tabou du mythe parlementaire. Il a lu les grands hommes, ceux qui ont redressé leur pays en difficulté et il a constaté qu'ils endossaient tous les pouvoirs, ils suivaient leur conviction sans se laisser détourner par leur opposition et comptaient sur une équipe à leur dévotion. C'est d'ailleurs ce que le Général de Gaulle a compris lorqu'il a fait succéder la Ve République à la quatrième. Là encore, l'opposition criera- et a crié - à la dictature : Sarko-Facho. Mais si Mussolini, Hitler, ont trusté tous les pouvoirs, il en est de même de Lénine, Staline, Castro, Mao, pour ne citer que les idoles de la gauche de naguère, et de Churchill, de Tatcher, d'Adenauer et de De Gasperi du côté de la liberté. Et la France est dans un tel état de décomposition, qu'on risquait si elle se prolongeait, la guerre civile ou l'avènement d'un dictateur, un vrai.
Cela dit, il y a deux séries d'embûches qui l'attendent sur son parcours, l'une de nature geopolitique, qui concerne les frontières et les alliances de l'Europe, l'autre de nature beaucoup plus insidieuse et d'ordre culturel et idéologique. Je relate une discussion avec Alexandre Del Valle, géopoliticien grand connaisseur de la Turquie, de Chypre et de la Russie et notoirement politiquement incorrect. (Il me semblait inutile de discuter avec des politiquement corrects, tous les lisent par définition et ils envahissent les congrés, les séminaires et les ministères). J'ai replacé notre échange de vue dans la revue de très grande qualité dirigée par Patrick Wasjman et dont le numéro de printemps a accueilli Nicolas Sarkozy lui-même. (Politique internationale, N° 115).
Le piège géopolitique
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Saturday, 19 May 2007
Langages de déchéance
Du fond et de la forme
Vient d'être révisé
Visité à Beaubourg quatre expositions. Arshile Gorki, fit la transition parait-il entre Miro, Matta et Pollock. L'influence des deux premiers artistes est sensible mais l'exposition est pauvre et les tableaux bien peu convaincants.
La seconde exposition rassemble de grands dessins de Klossowski, le frère de Balthus à qui il ressemble étrangement. C'est le comble de l'oxymoron ; pour représenter un érotisme pervers, des crayons de couleur pour enfants. L'équilibre de ces compositions est parfait, l'art du crayon impressionnant de subtilité. Les scènes de viol ou de séduction sont paradoxales. L'héroïne, Roberte, qui sourit lorsqu'elle est violentée, a un visage masculin alors que l'éphebe qui est son double frappe par la beauté et la féminité de ses traits. On sent que l'artiste a été impregné par Bellmer, Sade et ce mélange de préciosité, de chic et d'érotisme provocateur qui est la marque de l'establishment parisien et qui perdure sous une forme plus violente mais toujours un peu sucrée.
A propos de sucre, contemplez ces deux chefs d'oeuvre de la fin du XIXe siècle. Un siècle nous séparent de cette prêtresse d'Isis, d'Auguste Raynaud et cette sublime méditation d'un élève de Bouguereau, le Raphaël de "force de la terre régressif". (Vente Debureaux du 3 juin 2007 à Barbizon). Aujourd'hui on grince des dents ou on s'esclaffe, mais en ce temps-là, ceux qui ne pouvaient se payer un Bouguereau, se rabattaient sur son disciple.
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Poursuite des essais video. Reflexions sur la difficulté d'anticiper charnellement le futur.
On trouvera dans "Mozart, sonate KV 310, vidéo II", un essai de video. Emmanuel m'a procuré un disque dur My Book de 500 GB/Go d'une capacité de 38 heures de vidéo. Je ne puis m'empêcher de me souvenir de l'époque où je pronais dans l'incrédulité générale, l'avènement du micro-ordinateur. C'était en 1968 et les premiers modèles de HP faisaient 2K octets. Par la suite, Alvan présenta un appareil très évolué d'une mémoire vive de 510 K octets. Certes la loi de Moore m'avait conduit à prévoir les capacités gigantesques actuelles, mais anticiper par un raisonnement abstrait est une chose, voir l'évènement se concrétiser sous vos yeux en est une autre. La grande différence entre l'establishment professionnel et le trio de l'informatique nouvelle : Lussato-Bouhot-France-Lanord, était que chez nous, on acceptait les prévisions théoriques même sans pouvoir les imaginer. Une part d'entre nous les rejetait, il est vrai, mais on la faisait taire, Chez mes collègues, au contraire, l'accoutumance et le bon sens pragmatique leur faisait voir le futur dans le rétroviseur. C'était l'impossibilité de se projeter mentalement, sensoriellement, dans l'avenir le plus prévisible qui les empêcha d'anticiper. J'ai vécu alors aux Etats Unis les hésitations des grands constructeurs : les DEC, les Burroughs, Univac, GE, et même HP. Young, le président de HP me soutint dans ma croisade pour la nouvelle informatique, et pour la convivialité du guidage de l'utilisateur par des fenêtres, mais il ne fit passer dans les actes son slogan "n'apprenez pas l'informatique aux hommes, apprenez-là à l'ordinateur" qu'une fois le mouvement lancé par des nouveaux venus : Stev Jobs et Bill Gates.
Au fond, tout cela tient simplement à la dissonance cognitive entre les prévisions du cerveau gauche, essentiellement abstraites et théoriques, et les prémonitions du cerveau droit prétendûment pragmatiques et réalistes mais en réalité dictées par l'habitude et les stéréotypes.
Un exemple saisissant: la croisade du Club de Rome, s'appuyant sur les travaux de Jay Forrester et les approximations imprudentes de Meadows. Le modèle de Forrester prevoyait la catastrophe écologique dont nous subissons les premices : pollution, réchauffement climatique, problèmes liés à la pénurie d'eau et d'énergie. Le mot écologie était alors réservé aux théoriciens de l'approches systémique et en particulier des systèmes bouclés, dont Forrester était le plus grand modélisateur. Le modèle de Forrester était expérimental et ne reposait que sur 1200 équations (l'informatique permettait de les résoudre). Mais pour donner un sens à son modèle, il aurait fallu intégrer 100 000 équations, et Forrester ne put jamais obtenir les fonds pour ce programme. Son élève Meadows, sautant le pas entre modèle de démonstration et modèle opérationnel, prétendit que les résultats du premier étaient fiable. Il prédit pour l'an 2000 un épuisement total des ressources énergétique, et dépeignit le monde à 'l'image du film Soleil Vert. A force de crier au loup, il se déconsidéra et on ricana. Aujourd'hui, on se dit qu'on aurait dû l'écouter et faire "une halte à la croissance", titre de son ouvrage-choc.
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Friday, 18 May 2007
..... ..... Trous noirs
Le modèle Bronstein (cf. Virus, huit leçons...) a recours à la métaphore cosmogoniques des "trous noirs" pour expliquer l'occultation de certains faits de société particulièrement graves. La théorie du Mainstream de l'Annenberg School for Communication, considère l'univers télévisé comme une maquette tridimensionnelle de la société. Comme chacun peut interpréter un événement ou un discours sous des angles différents, on a une impression de pluralisme, d'objectivité, de neutralité. Elle n'est pas fausse dans le meilleur des cas, lorsque les différentes interprétations d'un événement sont également traitées. Mais même dans ce cas de figure, un danger est omniprésent : l'exclusion de la maquette de faits de société importants et qui dès lors ne font plus partie des sujets de débat. (Ce que les américains appellent issues). Inversement des faits d'une importance tout à fait mineure, se voient accorder une visibilité considérable dans la maquette. Un des facteurs qui expliquent ce déséquilibre, est la recherche du taux d'adrénaline maximum. Un homme qui mord un chien vaut plus qu'un chien mordant un homme, disait Lazareff. Il est incontestable que les médias privilégient l'anecdotique pittoresque, la peur,(les soupçons de pandémies), les catastrophes spectaculaires (un tsunami) etc. C'est l'angle sous lequel on nous montre les nouvelles de l'étranger. Mais en revanche, nul ne se verra montrer le nouveau musée d'Atlanta, ou le dernier chef d'oeuvre de Bill Viola. L'art n'a droit de cité que par ses attributs les moins culturels. Ainsi on apprend à des gens qui ne savent rien de Rothko, que cette semaine, chez Christie's un de ses tableaux à atteint 79 millions de dollars, et que le milliardaire qui l'a vendu, est désolé de s'en priver ! Quant à la musique classique, celle de Dutilleux ou de Dusapin, elle n'est même pas mentionnée. Elle est hermétique et les efforts pour l'apprécier, ne rapportent rien. Cette occultation de faits culturels marquants n'est pas stricto sensu de la désinformation dans la mesure où elle obéit à la loi de l'offre et de la demande, qu'elle agit en pleine lumière et qu'elle n'obéit à aucune idéologie.
Tout autre est le cas d'autres occultations qui révèlent une dissymétrie flagrante et une forte charge émotionnelle. Dans le cas précédent, on ne parle pas de la dernière cantate de Dutilleux, parce que cela ne concerne personne. C'est du désintérêt pur et simple. Cela explique pourquoi les chefs d'oeuvre de la musique, de la peinture, ou de la littérature, sont bannis de la maquette : le signal est trop faible.
Dans le cas qui nous occupe, la charge émotionnelle des faits occultée est considérable. Je devrais dire charge potentielle, car ces faits étant dissimulés ils ne peuvent soulever des passions. On peut alors soupçonner la présence de trous noirs.
Je rappelle au préalable, que les trous noirs sont des agrégats de matière d'une très forte densité, qui de ce fait attirent les rayons lumineux qui passent à proximité, les captent et les soustraient à l'observation des astronomes. Ces derniers constatent l'existence de zones dépourvues de lumière, et en déduisent la présence d'astres de petite dimension mais d'une très forte densité (c'est un euphémisme).
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Thursday, 17 May 2007
Intoxication et désinformation
M-R.FR Le site Karsenty
J'ai reçu ce soir la visite de Philippe Karsenty.
Ce spécialiste de la désinformation tient un site : Media Ratings dont voici le lien :
www M-R.fr
Cet homme passionné affirme chercher la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, mais, comme nous tous, il est influencé par ses polarités idéologiques. Néanmoins les exemples qu'il donne sur son site sont passionnants pour le sémanticien et pour le spécialiste de la désinformation.
Deux cas sont particulièrement importants et je m'en vais les soumettre au test de l'hypothèse nulle.
Une élection qui ne tient qu'à un fil
1°) Le cas de l'oreillette. Il s'agit du fil que l'on a cru déceler , enfoui dans les cheveux noirs de la candidate à la présidence de la république. Branchez-vous sur le site, visionnez les deux images agrandies et lisez aussi les commentaires.
Le test de l'hypothèe nulle répond à l'assertion : quand l'impossible est exclu, l'improbable devient vérité.
Que voit-on au juste : un fil lumineux blanc et rectiligne, assez épais qui tombe au dessous de l'oreille droite (gauche pour nous). Il semble exclu qu'il s'agisse du fond clair de la salle apparaissant entre deux mèches. Par ailleurs on ne voit pas d'oreillette. Tout le reste n'est qu'inférences, comme par exemple la possibilité que ce fil ait été noir ou transparent et éclairé par des projecteurs plus puissants.
On se pose la question : pourquoi avoir laissé tomber un fil droit derrière les mèches de cheveux sombres? Quel peut être son rôle. J'admets qu'il n'y avait pas d'oreillette, que Ségolène Royal ait changé de coiffure de telle sorte qu'elle ait pu dissimuler un fil. Alors, pourquoi mettre un fil, à moins d'être déséquilibré.
On a invoqué le cas d'oreillettes intra-auriculeires invisibles. C'est oublier que ces prothèses manquent de fiabilité et que leur restitution est mauvaise. La connection sur fil, est la seule qui permette une audition claire. L'argument ne tient pas.
Il faut donc supposer que la candidate, mue par l'angoisse ait décidé de se faire "aider" surtout sur le plan des chiffres. L'autre possibilité est au contraire que devenue folle, elle se met un fil derrière son oreille, sans aucune raison, comme par superstition. Je demande aux internautes qui me lisent, de se réveiller et de se brancher sur le site indiqué puis de me donner leur interprétation du véritable fil. . Si réellement Ségolène avait accompli cette véritable manipulation electro-acoustique, c'est d'intoxication qu'on peut parler. La désinformation joue d'une façon passive, en étouffant la question.
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Ci-dessus, le premier thème de la Sonate en la mineur de Mozart KV 310. J'ai joué le premier thème, première période. C'est la cellule sous sa forme la plus simple. On notera le mode mineur, les croches répétées et obsédantes à la main gauche, sur des accords dissonants, la fin plaintive du thème à contre rythme et la nuance ff. Tout de suite après un bref silence, je joue la deuxième période piano, avec toujours à la main gauche une dissonance. Après quoi suit la troisième période qui reprend le premier thème mais avec une modification des accords de la main gauche, devenus moins dissonants et la plainte en notes égales. Notez avec soin la différence entre la première et la seconde apparition de la cellule thématique. La première est plus âpre, à contretemps et dissonante. La seconde est plus calme, et évolue vers une transition plaintive. Le grand pianiste Dinu Lipatti et Claude Arrau, jeune, omettent de marquer la différence, ce qui est à mon sens une erreur.
Après une brève modulation, non jouée ici, vient la quatrième période, conclusive du thème, toujours en la mineur. On remarquera le rythme dactylique (croches pointées) qui imprime un caractère décidé, yang, au thème qui termine sur l'accord de dominante, de façon impérieuse. On notera que la section dactylique est répétée deux fois, la seconde fois p comme en echo de la première, forte. Souvent les pianistes jouent la répétition également f, ce qui modifie le caractère du passage.
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