Art contemporain
Monday, 28 May 2007
..... L'Entretien
La séquence 150
Vente aux enchères au
Campanelli's Resort
« Codex éléphant » vol. XII, p.1161
PERSONNAGES
Alonzo Vacca della Strambugia
Critique d'art, ex-conservateur de la collection Reubenstein.
Mrs Reubenstein
Mécène abusive
Mrs Fitzgibbons
Mécène, rivale de Mrs Reubenstein
Mrs Zoubov
Epouse de Zoubov.
Mrs Hartzman
Ex call-girl. Mariée en secondes noces à Hartzman
Lars Hall-Bentzinger
Homme d'affaires
Vladimir Zoubov
Ecrivain russe. Ex Dissident soviétique.
Hartzman
Homme d'affaires argentin. A fondé sa fortune sur de l'argent nazi.
Vera Hall-Bentzinger-Harzman
Epouse de Lars Hall-Bentzinger et mère d'un petit garçon : Karl Hall
Lahy-Noir
Délégué international de Spectre.
Fuchs
Critique d'Art plutôt rétro.
ALONZO VACCA DELLA STRAMBUGIA
Mesdames et Messieurs, la direction du très exclusif Campanelli’s Resort, m'a fait le très grand honneur de me demander, en tant que conseiller artistique de la Fondation Fitzgibbons, de commenter quelques immenses chefs-d'oeuvre de l'Art Universel, dignes du Musée Getty et qui seront offerts à la vente ce soir au profit des victimes des échecs transgéniques. L'Art au service de la Science, du Bien et de l'Utile, quoi de plus naturel et de plus admirable?
La vente débutera par La grappe de raisin de William Adolphe Bouguereau datée de 1860 et évaluée de 800.000 à 1.200.000 dollars. Jadis éclipsé par la mode des impressionnistes, ce vrai artiste reprend sa place, la première par la beauté de ses sujets et le fini de la facture. Sa technique était si parfaite, qu'on ne peut imaginer que ces visions de pure splendeur, aient été réalisées avec de la peinture à l'huile sur une toile grossière. Le peintre dans sa modestie, s'est attaché à supprimer toute trace de travail artisanal, à l'instar de Kosuth, pour se concentrer sur une histoire qu'il ne raconte pas mais qu’il suggère. Ainsi que vous le constatez, il a dépassé les maîtres de la Renaissance Italienne par la beauté ravissante de ses enfants, et le rendu de leur chair rose et potelée. Tôt ou tard, le talent et le métier seront reconnus comme valeur souveraine et la côte de ce chef d'oeuvre de l'Art universel s'envolera bien au delà des dix millions de dollars.
HARTZMAN
Cet enfant est Karl tout craché, Lasse! Même sourire, même teint clair. Nous pouvons acheter le tableau à deux.
LARS HALL
C'est vrai. Il tient de Vera la grâce et l'élégance. Mais je lorgne autre chose et puis, un million de dollars plus les frais pour une simple ressemblance, c'est cher payé!
HARTZMAN (pincé)
Hé bien, je l'achèterai seul pour l'offrir à Vera! Ça l’aidera à se remettre de sa dépression.
LARS HALL
Je n’en doute pas.
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Tuesday, 22 May 2007
La liste commentée des artistes de référence
En rouge les cinq plus importants
En bleu, les artistes Français
En vert les commentaires de Bruno Lussato
John Baldessari (1931)
Artiste californien qui après avoir œuvré dans le champ de la performance, fondateur de l’art californien de la seconde moitié du XXe siècle, s’est distingué par son travail sur le langage et sur la porosité des limites entre peinture et photographie. Son œuvre se caractérise par de complexes assemblages d’image sur le mur.
Baldessari a également produit des oeuvres conceptuelles marrantes : par exemple l'artiste apprend à lire l'alphabet à une plante en pot. Dans ce régistre, il passe pour un des artistes les plus importants de sa génération. Ses grandes photogaphies retouchées montrent un sens dramatique de la composition. Voici un DVD sur l'oeuvre conceptuel de l'artiste.
Dans le premier de ces films conceptuels, on voit simultanément le sable d'un sablier d'écouler vers le bas, pendant que le mercure d'un thermomètre s'élève. Le film s'arrête lorsque les deux colonnes atteignent simultanément le nadir et le zenith.
Matthew Barney (1967)
Issu d’une plus jeune génération, il s’est distingué par une œuvre globale et lyrique, le Cremaster, qui aborde la condition de l’homme et de l’artiste dans une veine onirique. Cette suite de cinq films, réalisés pour certains avec les moyens du cinéma, a donné naissance à de complexes installations sculpturales.
Je suis tombé par hasard sur la gigantesque installation Cremaster, parce qu'elle était exposée au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris qui était à deux pas de chez moi. Je n'avais jamais entendu parler de cet artiste, et les salles étaient désertes... les premiers jours. J'enrage de ne pas avoir essayé de connaître l'artiste, un des plus grands de sa génération. Le Cremaster décrit le combat de l'informe qui essaye de s'organiser, mais aussi le magma indifférencié, asexué, riche de toutes les potentialités. Tout l'espace du Musée avait été convoqué pour abriter des photos, des objets, des films en couleur, une musique un peu funèbre, des mannequins en costume, des bibliothèques, des objets, et même un bar, en vaseline réfrigérée. Un univers obsessionnel et indéchiffrable, d'une complexité et d'une beauté confondantes.
On peut se consoler en achetant le DVD ci-cintre qui n'est qu'un intermède presque chorégraphique. L'artiste qui est un ancien gymnaste, adepte des situations extrêmes, y défend symboliquement l'idée, que toute création importante provient d'une résistance à des forces adverses. On trouve dans cet oeuvre, comme acteur le célèbre sculpteur Richard Serra, dans un rôle initiatique, rappelant les compagnons du Moyen Age.
Daniel Buren (1938)
Artiste français emblématique de la mouvance conceptuelle et post-conceptuelle, interrogeant la possibilité de la peinture après sa remise en cause par l’art conceptuel. Il a fait de l’espace public le terreau de ses nombreuses interventions, qui au-delà du pictural on notamment montré comment cet espace pouvait « absorber » et redéfinir le champ pictural.
Buren, vous connaissez, c'est l'auteur des célèbres et controversées colonnes du Palais Royal. Certaines réalisations font penser à des stores du BHV, pour la bonne raison que ... ce sont des stores du BHV. Ceux qui se gaussent pourront voir à Beaubourg dans l'exposition Air de Paris, un espace remarquable, qui dénote un réel talent. *
Maurizio Cattelan (1960) Artiste italien, volontiers provocateur et facétieux, considéré comme faisant partie des plus importants de sa génération. Son œuvre se distingue par un goût de la provocation assumée, qui en fait une sorte de « bouffon » de l’art contemporain qui touche souvent juste en pointant avec justesse les dérives de la société contemporaines.
Deux installations sont justement célèbres. Dans l'une on voit, dans une immense salle au tapis rouge, le pape Jean Paul II terrassé par une météorite tombé du ciel, après avoir brisé la verrière. Dans un autre, qui fait partie de la collection Pinault, et qui a fait sensation à Venise, on voit un garçonnet prier à genou dans une grande salle, peut-être une église. En s'approchant, on découvre que l'innocent enfant n'est autre que Hitler. Ref. Catalogue de l'Exposition François Pinault au Palazzo Gritti à Venise. Where Are We Going?
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Robert Gober. Work 1976-2007
Schaulager, Bâle, jusqu’au 14 octobre
www.schaulager.org
La rétrospective consacrée à Robert Gober (né en 1954 à Wallingford, Connecticut, vit à New York) par le Schaulager, à Bâle, est un événement à plus d’un titre, et s’annonce comme un des temps forts, si ce n’est immanquable, des pérégrinations estivales des aficionados de l’art contemporain.
Surtout, cette exposition révèle la magistrale complexité et l’absolue cohérence d’une œuvre entamée il y a trente ans, que l’on peut embrasser dans ses divers aspects pour la première fois.
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Saturday, 19 May 2007
Langages de déchéance
Du fond et de la forme
Vient d'être révisé
Visité à Beaubourg quatre expositions. Arshile Gorki, fit la transition parait-il entre Miro, Matta et Pollock. L'influence des deux premiers artistes est sensible mais l'exposition est pauvre et les tableaux bien peu convaincants.
La seconde exposition rassemble de grands dessins de Klossowski, le frère de Balthus à qui il ressemble étrangement. C'est le comble de l'oxymoron ; pour représenter un érotisme pervers, des crayons de couleur pour enfants. L'équilibre de ces compositions est parfait, l'art du crayon impressionnant de subtilité. Les scènes de viol ou de séduction sont paradoxales. L'héroïne, Roberte, qui sourit lorsqu'elle est violentée, a un visage masculin alors que l'éphebe qui est son double frappe par la beauté et la féminité de ses traits. On sent que l'artiste a été impregné par Bellmer, Sade et ce mélange de préciosité, de chic et d'érotisme provocateur qui est la marque de l'establishment parisien et qui perdure sous une forme plus violente mais toujours un peu sucrée.
A propos de sucre, contemplez ces deux chefs d'oeuvre de la fin du XIXe siècle. Un siècle nous séparent de cette prêtresse d'Isis, d'Auguste Raynaud et cette sublime méditation d'un élève de Bouguereau, le Raphaël de "force de la terre régressif". (Vente Debureaux du 3 juin 2007 à Barbizon). Aujourd'hui on grince des dents ou on s'esclaffe, mais en ce temps-là, ceux qui ne pouvaient se payer un Bouguereau, se rabattaient sur son disciple.
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Monday, 14 May 2007
...... "A mort l'infini." Philippe Mayaux,
au Centre Pompidou
prix Marcel Duchamp 2006
PARIS, Centre Pompidou, jusqu’au 13 août
L’exposition annuelle du lauréat du Prix Marcel Duchamp, décerné chaque année au cours de la FIAC à un artiste français en milieu de carrière, est cette année une belle réussite, d’une salutaire fraîcheur.
Dans le difficile Espace 315 du Centre Pompidou, dont il est parvenu à briser le caractère longiligne en insérant en son centre un cube couvert de miroirs, Philippe Mayaux nous convoque à une presque mini rétrospective de son œuvre, qui aborde les diverses facettes de son travail.
Le regard butine allègrement de peintures en sculptures ou en photographies. Mais lorsqu’il s’arrête, c’est pour se concentrer sur les singuliers objets qui lui sont offerts à voir.
Car l’une des premières caractéristiques du travail de Mayaux, à l’ère du gigantisme que l’on voudrait synonyme de qualité mais qui ne l’est pas toujours, loin s’en faut, est de travailler uniquement des petits formats qui impliquent une proximité accrue avec le regardeur, établissant un contact débarrassé d’intermédiaires ou de parasites quelconques.
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Tuesday, 8 May 2007
VENISE. Séquence 1, Palazzo Grassi
Jusqu'au 11 novembre 2007L’exposition « Séquence 1 », élaborée par Alison M. Gingeras, conservatrice de la collection, est l’occasion d’arpenter plus encore, à travers les œuvres de seize artistes, la part contemporaine de la collection de François Pinault.
Cet accrochage aligne de très belles œuvres, telle la suite d’autoportraits réalistes de Rudolf Stingel, Louvre (after Sam) (2006), où l‘impression de reproduction mécanique est contredite par quelques « imperfections » qui attestent du caractère « fait main » de la peinture. De même, qu’on ne se lasse pas des incursions de l’artiste dans le registre décoratif, comme ici avec un moulage de motifs qu’on croirait issus d’un plafond rococo, avant qu’ils ne soient teints en noir (Untitled (1631), 2007).
Parmi les œuvres de Richard Prince (notamment une formidable suite de portraits colorisés, comme issus de séries TV, montés dans de très grands cadres noirs et longilignes : Untitled (Entertainers), 1983), de Mike Kelley, de Robert Gober (une remarquable et inquiétante porte encadrée de ballots de journaux, surmontée d’une ampoule rouge et à travers laquelle filtre un rai de lumière : Door with Lightbulb, 1992), de David Hammons, Louise Lawler ou Urs Fischer, force est de constater qu’on ne boude pas son plaisir.
Cette exposition laisse pourtant une impression mitigée en posant deux questions.
Tout d’abord, un accrochage est-il un déballage ? À de rares exceptions près – et on soulignera la collaboration réussie de Franz West et Urs Fischer, qui a aboutit à la création d’un papier peint figurant les traces de l’ancien accrochage de la collection, dont il ne subsisterait plus que des fantômes, cartels inclus – les salles sont monographiques. On prend peu de risques, avec des noms tels que ceux sus-cités, en les alignant de la sorte les uns après les autres. Surtout quand on essaye de les lier par l’argument fourre-tout et pas très original de la réinvention des médias classiques que sont la peinture et la sculpture. Tout cela relève plutôt de la faiblesse dans le discours curatorial.
La seconde interrogation a trait aux phénomènes de mode. François Pinault est un collectionneur avisé, dont la qualité globale des œuvres qu’il assemble n’est pas à prouver ni à remettre en cause. Comment est-il alors possible qu’un œil aussi averti ait pu se laisser piéger au point d’acheter en nombre – et d’infliger au visiteur – tant d’œuvres d’Anselm Reyle ?
Coqueluche du marché, ce dernier est devenu une sorte de « phénomène de foires », avec inflation constante des prix et listes d’attente. Cela suffit-il à en faire un travail digne d’intérêt ? Sans doute pas au vu de ses monochromes noirs, véritables croûtes d’une lourdeur ahurissante sans un once de finesse, de sa sculpture en bronze poli façon croisement de Brancusi et de Koons, posée sur un socle en macassar (c’est mentionné sur le cartel… car le collectionneur doit en avoir pour son argent !), ou de ce mur peint en jaune fluo, qui dans l’atrium du Palazzo Grassi résonne presque comme une insulte.
L’argument qui voudrait que l’artiste ressuscite, par la force de l’hommage, les styles du passé, est très court et fait surtout montre d’une bien faible créativité. Les artistes cités en hommage s’en seraient sans doute volontiers passé, à l’image de Martial Raysse, dont les formidables tableaux des années 1960, confrontés à ceux de l’artiste allemand, affirment une belle vitalité.
Les phénomènes de modes, particulièrement dans le champ de l’art contemporain, sont à manier avec précaution. Surtout lorsqu’ils ont trait à la persistance d’une peinture facile car outrancière dans son vocabulaire et finalement paresseuse dans ses moyens… qui malheureusement fait trop souvent de l'ombre à de vraies recherches et de beaux talents, moins prétentieux et pas tape-à-l’œil.
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