L'Entretien
Tuesday, 29 May 2007
La séquence 220 de L'Entretien
Rencontre au sommet, fusion à la base.
.... INTRODUCTION : Prologue au ciel
Faust I, d'après la traduction de Jean Malaplate, Flammarion.
Méphistophélès
Puisque une fois encore tu daignes t'approcher Seigneur,
et tu veux savoir comment va notre populace,
Moi sur qui ton regard aimait à se poser,
Me voici devant toi pour te rendre allégeance.
Paronne-moi pourtant : j'ignore les grands mots;
Dût tout le paradis se moquer de mes propos,
Et tu rirais toi-même, en écoutant mon pathos,
Si tu savais encore de que c'est de rire.
Je ne parlerai pas de sphères, de soleil :
Je vois l'humanité, sa misère profonde,
Le petit dieu d'en bas est pareil à lui-même.
Sans doute il vivrait mieux sans ta sollicitude;
Qui lui donna l'apparence des clartés du ciel;
Il la nomme raison mais il s'en sert si mal
Qu'il se ravale au rang du dernier animal.
Il est, quitte à blesser les sensibilités délicates;
Comme une sauterelle avec ses longues pattes
Qui saute et vole et saute et reprend son refrain.
Si du moins il ne quittait pas l'herbe où vous le créâtes !
Toujours le nez fourré dans un nouveau crottin !
Le contraste entre la majesté du cadre : le paradis, et la familiarité du discours du diable, qui évite la langue bois habituelle, introduit un oxymoron dans ce prologue étrange : coexistence de grandiose et de terre à terre. Il n'est pas un vers qui ne cache quelque intention ironique. Méphistophélès établit un contraste brutal entre la langue mythique des discours officiels et la langue vernaculaire de la réalité du monde.
Lorsqu'il se moque de la sollicitude divine, il me fait penser à une banderole accrochée à l'entrée de Saint Pierre de Chaillot qui déclarait en substance : "Mon Dieu, comment te remercier pour tous les bienfaits que tu répands dans le monde". A quoi, mon diable à moi, Hilarion, ne manque pas de répondre : "que serait-ce si le monde était privé de tes dons : la peste, le génocide, les épidémies. Merci, tes bienfaits tu peux les garder". On peut également citer L'Ascension et la chute de la ville de Mahoganny de Bertolt Brecht, où l'on voit Dieu menacer les impies des feux de l'enfer. Ces derniers lui répondent : l'enfer, on l'a déjà.
Relevons aussi l'hyperrationnalisme qui transforme les intellectuels pontifiants, énarques, maîtres à penser, philosophes engagés et autres bobos (et vous savez à qui je fais allusion en particulier) en bêtes stupides prêtes à soutenir les causes
les plus répugnantes. Mais laissons parler le Seigneur.
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Nouvelles du blog
Aujourd'hui, à midi vingt, nous avons franchi le seuil des dix mille visites par mois. Cela ne signifie naturellement pas dix mille visiteurs. Il faut tout d'abord compter les dix pour cent d'intrusion des moteurs de recherche, toujours à l'affut des nouveautés. Notamment il suffit de se brancher sur Pierre Boulez ou sur Bayreuth pour être en contact avec ce blog par l'intermédiaire de la catégorie correspondante. Par ailleurs les visites proviennent d'internautes fidèles au blog, et qui se branchent périodiquement par intérêt ou curiosité. En effet on ne peut jamais savoir quel sera le sujet du prochain journal ou du prochain article, pour la bonne raison que je ne le sais pas moi-même! Je crois avoir compris que beaucoup de jeunes fréquentent mes masterclasses, qui me donnent l'illusion de continuer mes cours, au delà de ma chaire au CNAM. La chaire, après la chaire ! Je crois que le sentiment le plus gratifiant de ma vie professionnelle a été le moment privilégié, où après avoir donné ma leçon, jgénéralement à une heure, le Samedi, je descendais de ma chaire, je m'emparais d'une chaise et je discutais avec un groupe d'élèves, toujours les mêmes. Nous oublions évidemment les uns et les autres de déjeuner. C'était là que se tenait le véritable enseignement. Ainsi que vous aurez pu le constater, je suis branché jusqu'à cinq heures du matin. Ce que vous ne pouvez connaître, est l'intense activité qui règne à ces heures nocturnes, où toutes les cinq minutes, un inconnu vient me rendre visite. C'est une sensation très mystérieuse pour un solitaire incapable de s'intégrer dans un réseau d'amis ou de connivences. Ce blog est en train de devenir, affectivement ma véritable famille.
Ce qui a beaucoup contribué à ce chaleureux sentiment de contact intellectuel et amical, a été la fréquentation, bien plus grande que je n'aurais osé l'espérer de mon Entretien. Elle m'incite à continuer et à poster, un peu au hasard, des séquences extraites de l'immense corpus de quatre mille pages in-folio, soit au moins dix mille pages A4. Ces séquences sont autant de pièces d'un puzzle qui au fur et à mesure se constitue et peut être se rassemblera en ce space opera pour hypertexte et internet, dont j'ai toujours rêvé. Un opera interactif qui pourrait me survivre. En attendant, je compte dans un prochain article, vous livrer la séquence-clé de L'Entretien : dialogue au sommet, assortie des commentaires sur le prologue de Faust, première partie, de Goethe, dont elle est l'image inversée.
Monday, 28 May 2007
...... Le duo d'amour de L'Entretien
Pour la compréhension de ce duo, il est recommandé de lire auparavant l'introduction qui rappelle les événements précédents.
Pour cela cliquez ici ► XXXXX
Personnages :
Lars Hall II, dit Lasse. Président d'une organisation financière et industrielle tentaculaire, située en Amérique du Sud et en Californie, et dont le siège se situe à Santa Samarea, entre Los Angeles et Sans Diego. FIls d'une dynastie d'armateurs suédois et de grands industriels hanséatiques, il s'est marié avec Vera Bentzinger,dont le père a hérité d'une fortune amassée par les nazis réfugiés en Argentine. Il a une fille, et on vient d'apprendre qu'elle vient de mourir dans des circonstances troubles. Lasse est le type même de l'idéal nazi : blond, grand, athéltique comme un dieu grec. Ses yeux sont trop clairs et durs, sa voix tour à tour douce ou impérieuse.
Bruno-Anton Zemlinsky. Violoniste de second ordre, jeune et ambitieux, compagnon de Clara. Frêle et sujet à des sautes d'humeur.IL enseigne au conservatoire de musique de Santa Samarea.
Clara. Pianiste, accompagnatrice et compagne de Zemlinsky. Elève du conservatoire de Santa Samarea et issue d'un milieu très modeste. Elle est orpheline et seule au monde. Beauté réveuse et fragile, elle séduit par sa présence et sa distinction, plus que par sa beauté discrète. Tenue vestimentaire sévère et sobre, comme il sied à une pianiste de concert.Très blonde et regard bleu limpide souvent perdu dans le vide.
Valentin Ludell. Personnage central de l'Entretien. Avocat new-yorkais, très cultivé et intellectuel comme un geek, il s'est lié d'amitié avec Lars lorsque celui-ci étudiait à New York. Il lui a servi de mentor et comme récompense le suédois l'a cocufié en lui enlevant sa maîtresse, Christine Ludell dont il a eu deux jumeaux et qu'il a abandonnée aussitôt.
Christine Ludell. Se marie avec Ludell, en lui faisant croire que les jumeaux sont de lui. Lorsque Lars se marie avec Vera, Christine survient et réclame la paternité pour les jumeaux et une pension alimentaire substantielle. Lars y consent, mais elle ne peut en profiter : elle meurt dans un accident d'avion, pense-t-on.
****LA SEQUENCE 160
PROMENADE A DEUX VOIX
« Codex éléphant » Vol XII, p. 1218. -652 avant l'an 2000 Le jardin tropical du Campanelli's Resort
Lars Hall et Clara.
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Sunday, 27 May 2007
..... Le duo central de L'Entretien. Introduction
Avertissement aux internautes
Ce n'est pas sans réticences que je livre le coeur émotionnel de Apocalypsis cum Figuris au lecteur. Tout d'abord parce que les séquences qui le composent, détachées de leur contexte, perdent leur caractère perturbant. Puis parce qu'il est nécessaire de connaître la trame générale du scénario où elles s'insèrent.
Dans le but de pallier à ces lacunes, je présente en quelques paragraphes, une sorte de "résumé des chapitres précédents".
Le cadre général
Quatre organisations mystérieuses se partagent le pouvoir dans un monde en pleine décomposition.
ATOLL
La première, appelée ATOLL, car son territoire se trouve dans un archipel située entre la Nouvelle Zélande et l'Australie, est le refuge des esprits les plus nobles de la planète. Elle est divisée en "préfectures" correspondant aux différentes civilisations. Son noeud sémantique est "Force de la terre humaniste" et elle aspire à constituer un sanctuaire inviolable contre la barbarie du monde. Elle envoie des émissaires masqués dans les endroits les plus chauds de la planète, pour ramener des informations, mais aussi pour essayer de contrecarrer la barbarie. Son pouvoir réside dans l'exploitation des phénomènes parapsychologiques. Dans les entrailles de Atoll, des "veilleurs" médiums sous influence biologique, reçoivent des messages précognitifs, et influencent par voie télépathique leurs adversaires, pouvant éventuellement provoquer des troubles psychosomatiques. La connaissance du futur proche, est source d'un immense pouvoir financier et politique. Notamment toute tentative d'invasion et d'agression de ce petit archipel est immédiatement détectée à la source et ses auteurs sont destabilisés, voire neutralisés à distance. Par ailleurs, toute recherche concurrente, visant à découvrir les processus parapsychologiques contrôlés, est également détectée et détruite.
Nombreux sont ceux qui désirent s'emparer des maîtres d'Atoll, afin d'accéder aux laboratoires souterrains où oeuvrent les médiums. Mais on ne les connaît pas. Au mieux on soupçonne que certains sont liés de près ou de loin aux administrateurs de l'archipel. Il est essentiel de les démasquer et de les "débriefer" de gré ou de force. Les maîtres se réunissent dans une "salle octogonale" et dirigent des sections locales couvrant toute la planète. Ils obéissent à une entité inconnue qui les domine tous et qu'on nomme avec une crainte superstitieuse : Atoll, tout court.
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