Virus
Monday, 28 May 2007
Signaux faibles
Le rapport signal-bruit est un paramètre important qui a un impact décisif sur la désinformation. Celle-ci fleurit en effet, lorsque les messages sont noyés dans le magma: bruit de fond, signaux parasites, formes aléatoires, informations contingentes. Il subsiste assez de matériau pour deviner qu'il s'agit d'un message signifiant, mais pas assez pour en saisir le sens. Les chercheurs issus de la Gestalt Theorie nous ont appris que lorsque des pertes ou des irrégularités affectent une forme, nous avons tendance à combler les unes et à raboter les autres afin d'obtenir "une bonne forme".
C'est tout le secret des rumeurs. On fabrique des messages cohérents, satisfaisants pour l'esprit, lorsque l'information qui nous parvient est incohérente, fragmentaire ou indéchiffrable. C'est ce qui nous fait entrevoir des personnages dans des nuages ou des objets morbides dans des taches d'encre; L'effet devient désinformation, lorsque la bonne forme, est pour nous, celle qui correspond à un noeud sémantique. On voit alors ce qu'on croit, et on croit ce qu'on nous fait croire, le on étant une construction fantasmatique dictée par l'intérêt, un stérotype, ou un noeud sémantique (idéologie, modèle théorique, canon religieux).
Le type même de signal faible est le fameux fil blanc apparu dans les replis de la chevelure de Ségolène Royal lors de son débat télévisé. Dans l'incapacité de déchiffrer sa provenance et sa nature (fil transparent éclairé par les projecteurs? ) on supposa qu'il conduisait à une oreillette cachée, en dépit de l'invraisemblance de cette inférence.
Un autre exemple peut être consulté dans You tube à "Sarkozy est un sale juif". On voit dans cet extrait de Canal + des "jeunes" vociférant d'après les sous-titres ajoutés à l'image : Sarko-facho. Mais si l'on pousse le son et qu'on fait attention, on peut entendre; Sarko-sale juif ! Ceux qui ont entendu cette dernière insulte en tirent deux inférences : les "jeunes" sont antisémites, Canal + a déformé le message afin de ne pas susciter de réaction anti-africaine dans une population exaspérée par la violence des banlieues. Mais l'essentiel a été occulté par cette recherche de l'information manquante : la vision de ces individus d'origine maghrébine, le visage tordu de haine, et manifestement étrangers à la culture et aux moeurs de leur pays d'accueil. On se prend à souhaiter qu'ils regagnent leur terre d'origine. Le tabou qui frappe l'occultation de cette haine, la désinformation provenant de l'amalgame "voyou haineux et fanatique" - jeune d'origine africaine des banlieues - jeunes des banlieues - jeunes, explique l'indignation de l'intelligentsia lorsque le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, a désigné ces individus menaçants et délinquants, par le seul terme adapté : racaille. Le fait d'appeler un chat un chat, a heurté les "sensibilités" de gauche, qui pratiquent le glissement sémantique. Ce dernier explique qu'elles aient étendu cette appellation à l'ensemble des habitants des banlieues qui en fait est victime de "la racaille", ce qui n'est pas le cas des bobos des beaux quartiers.
Ces phénomènes sont inquiétants par leur extension à une large fraction des Français et dénote une emprise puissante de Medusa. Nicolas Sarkozy affronte de ce fait, non pas un parti politique concurrent, mais un noeud sémantique solidement enraciné dans la fraction la plus agressive de la population et notamment des jeunes facilement manipulable par l'intelligentsia. C'est ce qui a conduit Matthew Paris dans The Times à estimer que le président a été élu trop tôt.(cf. Le courrier International N°864, p.17) Avant de'embrasser le libéralisme, la France doit perdre tout espoir d'une solution alternative, écrit Paris. Raymond Barre m'avait déclaré en 1981, les Français ne réagiront pas tant qu'on ne sera pas arrivés à l'os.
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Sunday, 27 May 2007
La désinformation dénoncée
Je suis tombé par hasard sur la deuxième chaîne sur un débat sur la responsabilité des médias. Le fait divers ne se prête pas à la diffusion sur chaîne de télévision, ou si nécessaire, on doit l'épurer des scories que sont la vision du sang (souvent fabriquée pour les besoins de la cause) et l'inégalité des interviewes qui donnent souvent la part belle aux agresseurs contre les victimes. On en donna pour preuve, le retentissement médiatique de l'automobiliste fou tué par une balle dans la nuque par un membre des forces de l'ordre, après avoir tué un malheureux vieillard. Ce geste était nécessaire, car l'automobiliste risquait de faire d'autres victimes. La désinformation consistait dans la dyssimétries des interviewes. On donna partout la parole à la soeur du délinquant, qui dénonça les brutalités policières et donna force détails sur la mort de son frère. Mais on ne jugea pas bon de faire parler les parents de la victime. Les médias télévisés favorisent souvent les bourreaux contre les victimes et quoi qu'il en soit, la déontologie est mise à mal par des témoignages déséquilibrés et pris sur le champ,, avant que l'on ait bénéficié d'une relation précise des faits, ce qui demande un certain temps.
Ce comportement anormal de la télévision à propos des faits divers semble dû à trois processus, décrits dans Virus, huit leçons sur la désinformation.
D'une part ont prend ce qui se présente et qui est spectaculaire, en l'occurrence le témoignage de la soeur du délinquant, au détriment des témoignages plus difficiles à obtenir ou ternes et banaux. D'autre part on crée l'événement en mettant l'accent sur l'inattendu. Enfin on se situe dans le politiquement correct Medusa, qui combat les victimes et protège les agresseurs. Cette attitude prolonge le slogan CRS SS provenant de Mai 68 mais toujours vivace.
Force de la terre majoritaire
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Thursday, 24 May 2007
Fausses fenêtres
Un des indices qui permet déceler la présence d'une désinformation, est la dissymétrie des traitements. Selon qu'on est puissant ou misérable... Les inégalités entre des citoyens qui en principe sont égaux devant la loi, sont un exemple de dissymétrie, mais par de désinformation, dans la mesure où les postulats inégalitaires qui en sont la cause, sont affichés. Par exemple les machos ne cachent pas leur postulat de l'inégalité des sexes. Les racistes invoquent le droit du sang, Hollande clame sa haine des riches, qu'il faut traiter autrement que les citoyens "normaux", J.P.Sartre affirme que les anticommunistes sont des chiens. S'agissant des massacres d'enfants et de l'esclavage, il est de bon ton de hurler son indignation à propos de l'esclavage d'il y a deux siècles, mais on se tait lorsqu'il s'agit de l'esclavage actuel, et des massacres racistes perpétrés au Darfour. Il y a les bonnes victimes et les victimes sans intérêt.
Si les inégalités des traitements (deux poids, deux mesures) sont un indice de désinformation, il en est de même dans l'égalitarisme forcé, dépourvu de toute autre justification autre que la force ou la contrainte légale. Cette égalité entre adversaires est supposée combattre l'inégalité criante , mais on ne résoud pas des inégalités par d'autres inégalités.
Un exemple significatif peut être avancé : la composition du gouvernement. Le président de la République a établi à la satisfaction générale la parité entre hommes et femmes. IL y autant de ministres mâles que femelles.
Mais cet équilibre, satisfaisant pour la pensée abstraite, se heurte à une contradiction interne. En effet Nicolas Sarkozy, prétendit dans sa campagne électorale, choisir ses collaborateurs parmi les plus compétents, les plus efficaces.
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Friday, 18 May 2007
..... ..... Trous noirs
Le modèle Bronstein (cf. Virus, huit leçons...) a recours à la métaphore cosmogoniques des "trous noirs" pour expliquer l'occultation de certains faits de société particulièrement graves. La théorie du Mainstream de l'Annenberg School for Communication, considère l'univers télévisé comme une maquette tridimensionnelle de la société. Comme chacun peut interpréter un événement ou un discours sous des angles différents, on a une impression de pluralisme, d'objectivité, de neutralité. Elle n'est pas fausse dans le meilleur des cas, lorsque les différentes interprétations d'un événement sont également traitées. Mais même dans ce cas de figure, un danger est omniprésent : l'exclusion de la maquette de faits de société importants et qui dès lors ne font plus partie des sujets de débat. (Ce que les américains appellent issues). Inversement des faits d'une importance tout à fait mineure, se voient accorder une visibilité considérable dans la maquette. Un des facteurs qui expliquent ce déséquilibre, est la recherche du taux d'adrénaline maximum. Un homme qui mord un chien vaut plus qu'un chien mordant un homme, disait Lazareff. Il est incontestable que les médias privilégient l'anecdotique pittoresque, la peur,(les soupçons de pandémies), les catastrophes spectaculaires (un tsunami) etc. C'est l'angle sous lequel on nous montre les nouvelles de l'étranger. Mais en revanche, nul ne se verra montrer le nouveau musée d'Atlanta, ou le dernier chef d'oeuvre de Bill Viola. L'art n'a droit de cité que par ses attributs les moins culturels. Ainsi on apprend à des gens qui ne savent rien de Rothko, que cette semaine, chez Christie's un de ses tableaux à atteint 79 millions de dollars, et que le milliardaire qui l'a vendu, est désolé de s'en priver ! Quant à la musique classique, celle de Dutilleux ou de Dusapin, elle n'est même pas mentionnée. Elle est hermétique et les efforts pour l'apprécier, ne rapportent rien. Cette occultation de faits culturels marquants n'est pas stricto sensu de la désinformation dans la mesure où elle obéit à la loi de l'offre et de la demande, qu'elle agit en pleine lumière et qu'elle n'obéit à aucune idéologie.
Tout autre est le cas d'autres occultations qui révèlent une dissymétrie flagrante et une forte charge émotionnelle. Dans le cas précédent, on ne parle pas de la dernière cantate de Dutilleux, parce que cela ne concerne personne. C'est du désintérêt pur et simple. Cela explique pourquoi les chefs d'oeuvre de la musique, de la peinture, ou de la littérature, sont bannis de la maquette : le signal est trop faible.
Dans le cas qui nous occupe, la charge émotionnelle des faits occultée est considérable. Je devrais dire charge potentielle, car ces faits étant dissimulés ils ne peuvent soulever des passions. On peut alors soupçonner la présence de trous noirs.
Je rappelle au préalable, que les trous noirs sont des agrégats de matière d'une très forte densité, qui de ce fait attirent les rayons lumineux qui passent à proximité, les captent et les soustraient à l'observation des astronomes. Ces derniers constatent l'existence de zones dépourvues de lumière, et en déduisent la présence d'astres de petite dimension mais d'une très forte densité (c'est un euphémisme).
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Thursday, 17 May 2007
Intoxication et désinformation
M-R.FR Le site Karsenty
J'ai reçu ce soir la visite de Philippe Karsenty.
Ce spécialiste de la désinformation tient un site : Media Ratings dont voici le lien :
www M-R.fr
Cet homme passionné affirme chercher la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, mais, comme nous tous, il est influencé par ses polarités idéologiques. Néanmoins les exemples qu'il donne sur son site sont passionnants pour le sémanticien et pour le spécialiste de la désinformation.
Deux cas sont particulièrement importants et je m'en vais les soumettre au test de l'hypothèse nulle.
Une élection qui ne tient qu'à un fil
1°) Le cas de l'oreillette. Il s'agit du fil que l'on a cru déceler , enfoui dans les cheveux noirs de la candidate à la présidence de la république. Branchez-vous sur le site, visionnez les deux images agrandies et lisez aussi les commentaires.
Le test de l'hypothèe nulle répond à l'assertion : quand l'impossible est exclu, l'improbable devient vérité.
Que voit-on au juste : un fil lumineux blanc et rectiligne, assez épais qui tombe au dessous de l'oreille droite (gauche pour nous). Il semble exclu qu'il s'agisse du fond clair de la salle apparaissant entre deux mèches. Par ailleurs on ne voit pas d'oreillette. Tout le reste n'est qu'inférences, comme par exemple la possibilité que ce fil ait été noir ou transparent et éclairé par des projecteurs plus puissants.
On se pose la question : pourquoi avoir laissé tomber un fil droit derrière les mèches de cheveux sombres? Quel peut être son rôle. J'admets qu'il n'y avait pas d'oreillette, que Ségolène Royal ait changé de coiffure de telle sorte qu'elle ait pu dissimuler un fil. Alors, pourquoi mettre un fil, à moins d'être déséquilibré.
On a invoqué le cas d'oreillettes intra-auriculeires invisibles. C'est oublier que ces prothèses manquent de fiabilité et que leur restitution est mauvaise. La connection sur fil, est la seule qui permette une audition claire. L'argument ne tient pas.
Il faut donc supposer que la candidate, mue par l'angoisse ait décidé de se faire "aider" surtout sur le plan des chiffres. L'autre possibilité est au contraire que devenue folle, elle se met un fil derrière son oreille, sans aucune raison, comme par superstition. Je demande aux internautes qui me lisent, de se réveiller et de se brancher sur le site indiqué puis de me donner leur interprétation du véritable fil. . Si réellement Ségolène avait accompli cette véritable manipulation electro-acoustique, c'est d'intoxication qu'on peut parler. La désinformation joue d'une façon passive, en étouffant la question.
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Simplement trois images relevées ces derniers jours dans les médias par Kevin B. Bronstein, qui illustrent Virus.
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