*** ... État des lieux
L'Entretien, plat en émail. Manuscrit Pepys
Ce texte a été adressé à Monique Cohen dont les encouragements ont été précieux et qui a estimé que L'Entretien pouvait trouver sa place parmi les grands manuscrits du patrimoine, en dépit de son caractère confidentiel, et en raison de ses trois spécificités : son ampleur et la cohérence entre l'image, la calligraphie et le texte; l'originalité de l'écriture formelle qui exploite à fond les technologies de l'écriture inventées notamment par Pilot, telles que les gels et la parallel pen; le sujet qui englobe tous les aspects de la désinformation et son découpage en séquences ouvertes. Cependant aucune évaluation n'a été faite du scénario et du texte. Les motifs qui ont conduit Monique Cohen à assurer la sauvegarde de ce travail ont été purement historiques et formel et ne constituent aucune garantie quant au style et à la valeur du scénario. Pour la première fois, j'ai commencé à m'interroger sur cette oeuvre étrange, pondue comme un oeuf d'autruche, et dans l'urgence la plus pressante, ne laissant aucune place au doute ni à la prise de recul. Sous la rubrique les dossiers de L'Entretien, je partage pour la première fois avec des passants du blog, cette approche d'un travail expérimental non évalué. C'est en quelque sorte une bouteille à la mer. Les extraits figurent dans la catégorie Entretien.
Une notice à l'intention de Monique Cohen
Directrice du Département des Manuscrits de la BNF
I. Exposé des motifs et noyau de l'oeuvre
L' ENTRETIEN se situe dans la lignée des "gesamkunstwerke" de la fin du XXe siècle, et on peut aussi le considérer comme un "manuscrit à peintures" contemporain. Mais il ne tiendrait pas compte de la destination finale du document qui est l'hypertexte, notamment sur l'Internet. L'originalité de ce travail réside, ainsi que vous l’avez noté, dans la fusion totale entre le fond et la forme de ces quatre mille pages d’écriture formelle.
Certaines sont diluées alors que la haute densité sémantique des autres leur confère une apparence poétique ou prophétique involontaire.
L'Entretien est ancré dans la réalité de notre temps qui fait intrusion dans certaines séquences comme un collage cubiste : extraits de journaux et de magazines, fragments autobiographiques, mises en abyme de simulacres de poèmes de grands classiques, tout ce matériau hétérogène prolifère au fur et à mesure du déroulement du récit, envahissant l'intrigue et l'espace calligraphique. Les albums ont été calligraphiés d’un jet, à partir du troisième volume et il faudrait sans doute les réviser en supprimant ce qui est inabouti ou relâché dans cette rédaction originelle. Encore faut-il se demander ce qui sépare l'essentiel de l'anecdotique, définir les contours des rivages, des chaînes montagneuses, des fleuves et des lacs du continent apocalyptique. C'est à ce survol de l’œuvre, contemplée ainsi comme d'une montgolfière, que je m'astreins dans ces pages. Cela me semble la seule manière sensée de répondre à la question "de quoi ça parle?", question jusqu’ici éludée faute d'une appréhension globale de ce labyrinthe sans fil d’Ariane.
Une vue d'ensemble *Note préliminaire sur la genèse du travail. C'est de 1981 à 1983 que le noyau,c'est-à-dire la première partie de L'Entretien a pris sa forme définitive. J'ai retrouvé les esquisses calligraphiques et les variantes successives du texte. Une version datant de 1981 est notée dans deux petits carnets verts, et comprend la première et le début de la seconde partie : Prophétie et Explications de textes. La suite de la seconde partie occupe de grands in-8° rédigés à New York et à Tokyo de 1983 à 1987. Tout reste a été calligraphié directement dans les cahiers in 4° en papier « Peau d’éléphant » diffusé en France par "Stouls". L'Entretien se présente alors comme une coulée spontanée rédigée dans l’urgence et charriant, intuitions, modèles de toutes sortes, tranches de réalité, notations scientifiques et mises en abyme de textes antérieurs.
Une macrostructure floue peut s’y déceler, notamment la division en grandes "parties" précédées par un choeur d'ouverture a capella et concluant sur un chant élégiaque. Sa microstructure est empruntée aux soaps opéras américains, où alternent des intrigues tronçonnées en séquences destinées à des auditoires divers. Chacune des séquences d’un Soap se termine sur un Cliffhanger faisant office d'antizapping et en relisant les intrigues de certains épisodes je me suis surpris à être impatient d'en connaître le dénouement, sans cesse différé.
dimanche 29 janvier 23h26
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