Sunday, 8 April 2007Notice pour Monique Cohen*** ... État des lieux
L'Entretien, plat en émail. Manuscrit Pepys Ce texte a été adressé à Monique Cohen dont les encouragements ont été précieux et qui a estimé que L'Entretien pouvait trouver sa place parmi les grands manuscrits du patrimoine, en dépit de son caractère confidentiel, et en raison de ses trois spécificités : son ampleur et la cohérence entre l'image, la calligraphie et le texte; l'originalité de l'écriture formelle qui exploite à fond les technologies de l'écriture inventées notamment par Pilot, telles que les gels et la parallel pen; le sujet qui englobe tous les aspects de la désinformation et son découpage en séquences ouvertes. Cependant aucune évaluation n'a été faite du scénario et du texte. Les motifs qui ont conduit Monique Cohen à assurer la sauvegarde de ce travail ont été purement historiques et formel et ne constituent aucune garantie quant au style et à la valeur du scénario. Pour la première fois, j'ai commencé à m'interroger sur cette oeuvre étrange, pondue comme un oeuf d'autruche, et dans l'urgence la plus pressante, ne laissant aucune place au doute ni à la prise de recul. Sous la rubrique les dossiers de L'Entretien, je partage pour la première fois avec des passants du blog, cette approche d'un travail expérimental non évalué. C'est en quelque sorte une bouteille à la mer. Les extraits figurent dans la catégorie Entretien. Une notice à l'intention de Monique Cohen Directrice du Département des Manuscrits de la BNF
Certaines sont diluées alors que la haute densité sémantique des autres leur confère une apparence poétique ou prophétique involontaire.
L'Entretien est ancré dans la réalité de notre temps qui fait intrusion dans certaines séquences comme un collage cubiste : extraits de journaux et de magazines, fragments autobiographiques, mises en abyme de simulacres de poèmes de grands classiques, tout ce matériau hétérogène prolifère au fur et à mesure du déroulement du récit, envahissant l'intrigue et l'espace calligraphique. Les albums ont été calligraphiés d’un jet, à partir du troisième volume et il faudrait sans doute les réviser en supprimant ce qui est inabouti ou relâché dans cette rédaction originelle. Encore faut-il se demander ce qui sépare l'essentiel de l'anecdotique, définir les contours des rivages, des chaînes montagneuses, des fleuves et des lacs du continent apocalyptique. C'est à ce survol de l’œuvre, contemplée ainsi comme d'une montgolfière, que je m'astreins dans ces pages. Cela me semble la seule manière sensée de répondre à la question "de quoi ça parle?", question jusqu’ici éludée faute d'une appréhension globale de ce labyrinthe sans fil d’Ariane.
Une macrostructure floue peut s’y déceler, notamment la division en grandes "parties" précédées par un choeur d'ouverture a capella et concluant sur un chant élégiaque. Sa microstructure est empruntée aux soaps opéras américains, où alternent des intrigues tronçonnées en séquences destinées à des auditoires divers. Chacune des séquences d’un Soap se termine sur un Cliffhanger faisant office d'antizapping et en relisant les intrigues de certains épisodes je me suis surpris à être impatient d'en connaître le dénouement, sans cesse différé. Le noyau : Prophétie L'entretien s'ouvre par "Voix dans la nuit". Le sens de ce texte faussement ésotérique ne m'est apparu que tardivement et il est explicité au lecteur par des didascalies (Version numérique Ricci sur papier bleu, manuscrit in-4°-Jésus) et par un simulacre de thriller policier à la Ludlum.
En effet Voix dans la Nuit a été le premier texte rédigé de L'Entretien. Il s'achève par l'apparition du diable, sous la forme de cet Hilarion sardonique emprunté à La Tentation de Saint Antoine. L’ouvrage de Flaubert avait marqué mon enfance, au point que je m'identifiais au Saint Ermite, sans d'ailleurs comprendre le moins du monde le fond de l'histoire. Hilarion et « Moi » (c'est à dire Antoine) apparaîtront périodiquement dans le cours du dévelop-pement. Hilarion fait la révérence et ouvre le rideau du théâtre apocalyptique d'une manière toute brechtienne. Il se borne à remarquer que tout se précipite et que les temps sont proches car "Il" a serré les écritures, faute de papier.
L'Entretien, un témoignage
Aujourd'hui, dans notre ère d'apesanteur hiérarchique, de fuite des repères, de tensions extrêmes entre croyances incompatibles, pis, entre croyances et non croyances, ce questionnement paraît légitime bien qu’il soit évacué par l’Establishment intellectuel. Je n'avais pas 35 ans, au début de ce voyage aux enfers (Dante n'était pas loin), mais je me sentais vieillard parmi les vieillards en robe blanche qui dans l'apocalypse, hurlent, leur interminable attente. L'indignation fut le moteur premier de cette pressante inspiration, mais peut-être aussi un sens de la prophétie, hérité d'un lointain ancêtre, cabaliste célèbre. Ces observations rétrospectives identifient les textes introductifs : poème, prière, discussions avec mon inconscient plutonien, comme autant de sauf-conduits protégeant ma raison au cours de ma descente vers l'enfer des hommes.
Ce texte fut remanié mais conserve l'essentiel de sa forme : un choeur a capella et en canon, chanté en français, et de son contenu. Le début m'agaçait prodigieusement, notamment par les diphtongues qui terminent chaque vers par un « aân » asinin. Mais je n’y pouvais rien : elles correspondaient au mot juste, celui qui décrivait le souffle qui me traversait alors que, convalescent, je sillonnais les grèves désolées de l’hiver. Je me bornai simplement à ajouter un pendant à l'ouverture pour compléter le tryptique.
Dans la première partie je décris le chant hypnotique des vagues, leur déferlement incessant et hypnotique, propre aux hallucinations prophétiques.
Manuscrit Pepys L'Océan Dans la partie centrale, elles deviennent métaphore de la théorie du champ continu d'inspiration Teilhardienne, aujourd'hui injustement discréditée bien qu’elle traduise le vertige qui nous saisit devant les visions cosmogoniques.
Dans la troisième partie, j’établis une correspondance entre les constellations célestes et les engrammes qui codent dans l'ADN notre destin. Je termine par la triste évocation de la plage polluée, irrémédiablement, par quelque catastrophe morale et écologique.
La prière d'entre deux veilles Elle semblera affreusement passéiste et conservatrice à Jean Daniel, qui reproche à "l'Amérique que nous n'aimons pas" (c'est-à-dire qu’il n’aime pas), de faire ses prières. Bien que je ne sois guère pratiquant, je plains ceux qui ont extirpé au forceps tout sentiment du sacré, muré tout accès à cette partie transcendante de notre inconscient collectif qu'ils qualifient de tumeur hormonale. Un des "collages" des derniers volumes, reproduit des citations de Science et Avenir où la foi est considérée comme une pathologie neurophysiologique.
La solution au dilemme est pourtant simple. Il est certes épistémologiquement incorrect de prétendre que Hitler soit supérieur ou inférieur à Gandhi, mais je revendique le droit, et ressens le devoir, de défendre mon code de valeurs, de m'y tenir et de le propager, mieux encore de combattre ses ennemis.
Une activité militante visant à ouvrir les portes de la connaissance au plus grand nombre découlent de ce postulat Je me suis exprimé librement, n'ayant pas de chiens de garde à ménager ni de moutons de Panurge à convaincre.
Me transportant le jour du jugement dernier, guidé par mon complice Hilarion, je me suis plu à imaginer les avocats, le procureur, la salle des archives et les pièces à conviction, et surtout, les critères, les poids, et les tares, qui serviraient à peser les âmes. La première partie de L'Entretien met en scène l'ambiance du jour de terreur.
Des couloirs labyrinthiques débouchent dans la salle des archives, où se trouvent consignés non seulement les actes des hommes, mais aussi leur âme en attente de la résurrection, flamme rose ou bleue vacillant dans de petits réceptacles de cristal.
Des médiums, les "guetteurs", plantés devant des miroirs, évoquent à charge ou à décharge, les moments rares mais décisifs de la vie de l'inculpé où le choix lui aurait été ouvert entre le bien et le mal entre œuvrer au « Grand Projet divin », ou le projet inverse : la barbarie, la déchéance, la perversion.
Plus tard je découvris que j'étais en phase avec un ouvrage récent : «Elisabeth Costello, Eight Lessons" de J.M.Coetzee qui valut le prix Nobel à son auteur. Le hasard voulut que me trouvant trente ans auparavant à New York, je me sois plongé dans un ouvrage de cet écrivain alors inconnu : "Waiting for the Barbarians", qui abordait le même problème sous un angle purement moral, alors que j'englobais dans mes critères, une composante culturelle ; le hideux est-il innocent ? La question de pose à l’ère des palais saoudiens et des proliférations cancéreuses des mégapoles.
On peut suivre le boulevard dans l’ordre des séquences (actuellement de 1 à 450) ou au contraire emprunter une avenue radiale qui développe homogène une intrigue isolée, démarche qui a conduit à la sélection et à l'impression du tapuscrit "Ricci" sur papier bleu consacrée à la seule histoire romanesque.
Je découvris aussi, enfouies dans des tiroirs profonds, de fascinantes reproductions de la statuaire grecque du Musée du Vatican dessinées par mon père au crayon à encre et dont il n’était pas peu fier. Emergeait de ce bouillon de culture, la vision d'athlètes aux membres puissants et harmonieux, au caractère cruel et indomptable, de princesses aux cheveux d'or et aux yeux limpides, victimes suppliantes, conquérants implacables. Cette atmosphère, impregne me semble-t-il la deuxième ballade de Chopin et les ballades Op.10 de Johannes Brahms. (*cf. L'article correspondant, dans le blog).
Le garçon me sourit chaleureusement et me fixa longuement avec un intérêt auquel je n'étais guère habitué. J'eus du mal à m'arracher à l’emprise de son regard et troublé je rentrai dans ma chambre triste et sombre, gluante de solitude, insupportable dorénavant. Je fus bouleversé par la révélation que le mal absolu pouvait être splendide, que derrière la plus émouvante beauté, pouvait veiller le sadisme aux aguets, qu'un homme fort et puissant pouvait être idéalement beau, comme les jeunes héros de Shakespeare : Bertrand de Roussillon et Sebastien, le jumeau de Viola ou encore les statues de Phidias. Mon sentiment eût été comparable à celui décrit par Zweig dans La Confusion des sentiments s’il ne s'appliquait à un adolescent de douze ans plutôt qu’à un vieux professeur. Et puis, le jeune homme n’avait rien d’efféminé ni de décadent, il était robuste, sain et bien bâti.
Je découvris cinq ans plus tard dans le personnage de l'enfant assassin qui a tant fasciné Chéreau, l’ami idéal auquel j’aspirais. La séquence qui ouvre la seconde partie dépeint ce jeune soldat allemand, à peine entrevu et qui servit de prototype au personnage de Lars Hall. C'est le héros de la seule intrigue de L'Entretien qui débouche sur une histoire d'amour. Elle présente par ailleurs un pari faustien inversé : un être incarnant le mal absolu, peut-il être subverti par le bien? Un jeune nazi peut-il se repentir et comprendre son acte? Est-il accessible à l’amour et à l’amitié ?
L'ambiance plutôt oppressante, bien que rien ne semble se passer, ou à cause de cela, s'allège lorsqu'on a compris l'enjeu de la réunion : une expérience sur la désinformation, destinée à déceler les pièges de l'Internet. Mais on soupçonne un mobile caché bien plus inquiétant, qui n'apparaît que dans les séquences ultérieures consacrées à une réflexion sur la vulnérabilité des élites à l'intoxication sémantique et aux messages télépathiques.
Ce salon imaginaire conclut sur une visite de la collection d’art contemporain de Mrs. Reubenstein sous la conduite éclairée de son conservateur. Cette séquence est une satire du marché de l’Art. Sont décrites sans complaisance les dérives du minimalisme, de l'art conceptuel, du pop art, du Land Art et du Body Art dans ce qu'il a de plus répugnant, pour achever sur le pompiérisme du post-moderne, anticipé avec trente ans d'avance. Ce salon est le premier d'une série intitulée l'Art et l'Or, une des avenues les plus fécondes de l'Entretien.
Séquence XIII, a,b,c,d.
Nous retrouvons le jeune suédois à Juan-les-Pins, dans une médiocre banlieue. Le jeune homme étouffe sous une chape de chaleur moite et de médiocrité étouffante.
Le voici au cinéma avec sa minable compagne qui lui demande un collier de pacotille. Mais le jeune admire les armes rutilantes de mort, rêves de destruction et de pureté.
Dans une arrière-boutique, Hilarion déguisé en marchand exhibe un bijou admirable : réseau de circuits quantiques d’or rouge et de platine, dont la complexité est telle qu'elle engendre des propriétés d'auto-organisation voire, un semblant d'âme. Mais cette âme est perverse : agression et méchanceté l'animent.
En des termes voilés, le diable décode le réseau pensant comme métaphore des théories réductionnistes sur le psychisme, résultat d'un processus électronique (Necroponte) hormonal (Changeux) ou génétique (Wright).
Jusqu'ici le premier jet a été soigneusement calligraphié sur deux in-8vo achetés à New-York en 1981 et censés reproduire la reliure du journal de Samuel Pepys, le célèbre chroniqueur anglais. Dans une certaine manière ce fut là mon "chef-d'oeuvre", au sens médiéval du terme, car j'y appliquai de mon mieux les techniques calligraphiques transmises par Claude Mediavilla. Elles rachetaient leur imperfection par une certaine novation dans la conception, et aussi par le fait qu'il ne s'agissait pas de feuilles destinées à l'enca-drement, et à l’exposition ; mais de livres d'écriture formalisée destinés à la contemplation intime.
A la suite d'un houleux débat sur les différentes hypothèses, au cours duquel les différents fonctionnaires se renvoient accusations et responsabilités, vient enfin la réponse souhaitée apportée par un émissaire masqué : une enveloppe scellée contenant la clé de l'énigme. Mais sous des prétextes divers, les participants se défilent et s’eclipsent. Le contenu de l’enveloppe finit dans le panier à papier. Je n'ai compris le sens de cette scène que récemment, après avoir écrit "Virus", actuellement en cours d'impression à Genève. On y fait allusion à des concepts qui alors étaient étrangers à la pensée du temps : le syndrome de Stockholm antérograde, la trahison des clercs, la guerre asymétrique et le terrorisme, et surtout la distinction entre les deltas dominateurs et les alphas capteurs.
Ceux-là répondent à la dé-finition algorithmique de l’âme : ils dominent les masses par l'émission de symboles désinformants, Ceux-ci vérifient la thèse hormonale : ils émettent des phéromones qui subjuguent et piègent leurs adversaires. Cette distinction a été inspirée par le dérangeant ouvrage de Norbert Spinrad : Rêve de fer, qui décrit à mots couverts les pogroms populistes néo-nazis, contre les intellectuels "de gauche" et les écolos, accusés de saborder la culture judéo-chrétienne et gréco-romaine. Une secte nazie dénommée "Minotaure" aurait découvert le moyen biologique de retourner contre eux, l'instinct culpabilisateur qu'ils infusent à leurs victimes.
Ecrite d'un jet le 9 août 1981 à l'Hotel Bayerischer Hof à Munich, alors que je m'apprêtais à assister au Ring à Bayreuth, la dernière séquence de la IIème partie de L'Entretien est inspirée par le célèbre tryptique de Beckman, peint lors de l'avènement de Hitler.
On y ressent le désespoir éprouvé par la victoire socialiste et la certitude d'une déchéance inéluctable de la France, alors en pleine prospérité à l'issue des trois glorieuses. Je m'en voulus amèrement d'être resté dans le pays déchu cédant à la paresse trompeuse des habitudes au lieu de me fixer à Philadelphie où j'occupais une chaire tournante à la Wharton School en attendant d’obtenir la carte verte. L'avenir devait donner raison à ces sombres prévisions et la séquence fut calligraphiée le 2 jullet 1993 sur l'album d'un gris dépressif où il accompagne la reproduction du tableau. La partie centrale de celui-ci montre une nef appareillant vers le grand large, et transportant des personnages énigmatiques, dont un couple et un enfant, fuyant les atrocités nazies. La sérénité mystérieuse de la scène contraste avec les scènes insoutenables des panneaux latéraux, dont le peintre avait déjà donné un exemple dans "La nuit". Le viol, la torture, la mutilation, l'attitude soumise, voire offerte des victimes, la musique gaie accompagnant le travail du jeune bourreau, costaud et placide, annoncent d'une manière prophétique l'horreur des camps nazis. Ce sujet est développé dans l'ouverture de la troisième partie et constitue un thème dominant de L'Entretien : "Domination et soumission".
Les séquences précédentes sont polluées par l'intrusion d'interférences grotesques, annonces apocryphes ou fausses nouvelles. Elles révèlent par leur absurdité, un monde en décomposition sous l'effet des nouvelles technologies, de l'abê-tissement général d'une mass-kultur télévisuelle, entraînant la perte de tout repère culturel et moral. Elles font écho aux pamphlets de tous ceux qui, comme Beaudrillart et Virilio, dénoncent les "Armes de distraction massive", pour reprendre le titre d'un ouvrage américain récent, au demeurant complaisant et favorable à la nouvelle civilisation marchande.
Dans ce "salon imaginaire" rassemblant les dirigeants de la branche européenne d'une multi-nationale secrète spécialisée dans l'exploitation de la fraude informatique, se dessine le plan de ce qui deviendra la macrostructure policière de l'œuvre.
SÉQUENCE XVIII Le cabinet du Professeur Armin Necromonte
Dans le dialogue avec son famulus, le médiocre et docile Sixtus, il sème le chaos dans les rangs de Spectre et de Minotaure. Il décide en effet d'intervenir dans l'affaire Loewy en faisant paraître l'annonce, que les dirigeants de Spectre ont renoncé à publier. On se demande d'ailleurs, si le mystérieux émissaire porteur de l'enveloppe vide, ne serait pas téléguidé par Necromonte.
On notera la parenté entre Armin Necromonte et le professeur du MIT Nicholas Negroponte, chantre de l'intelligence artificielle et du golem informatisé. Le nom évoque également la Nécromancie et le Necronomicon lovecraftien, grimoire maudit, livre satanique, dont le simulacre constitue le deuxième livre initiatique de l'Entretien.
Zoubov, assisté du pâle John Abell, récitant, et flanqué d'une "muse professionnelle" chargée de la claque, dissèque non sans amertume des textes divers. Chaque séance est orientée autour de thèmes chers au dissident : la solitude, le mal absolu, la nostalgie amoureuse, l'errance. Galina organise les réu-nions, et offre aux hôtes de l'illustre exilé, du thé vert et une tarte dont elle a le secret. (cf. contes et légendes).
La description sommaire des premières séquences de la deuxième partie, donne une idée de ce que j'ai comparé aux artères radiales, ou avenues, de l'hypertexte. Chaque séquence initiale peut être considérée comme l'introduction à une intrigue (l'affaire Loewy), le thème d'une série de variations (l'art et l'or), ou encore l'approfondissement d'une émotion, d'un personnage, d'une relation (saga). Pour ne pas dépasser les limites de cette note, je me contenterai d'énumérer les principales séquences initiales.
On y caricature la fascination pour les nouvelles technologies. Patronnés par la compagnie de logiciels Think-o'tron, et largement médiatisés, ces colloques pseudo-scientifiques exaltent la supré-matie de l'intelligence artificielle sur la stupidité naturelle et proposent toutes sortes de substituts à la pensée humaine, décrétée obsolète. Alternant avec les exposés scientifiques, des numéros de Rap ou des interviewes à sensation, dynamisent le happening.
On y relate l'aventure des moines orthodoxes de Iona, QUI essayent de sauver ce qui encore peut l'être dans une civilisation déclinante. Faussaires habiles, ils utilisent les ressources de leur art, pour enfouir dans des catacombes, les témoins d'une civilisation menacée par la barbarie : ouvrages, manuscrits, oeuvres d'art, enregistrements… Issus de la communauté orthodoxe de l'Isola Quadrata, au large de Venise, ils mènent une vie de méditation. A tour de rôle chacun d'entre eux, sillonne le monde pour mesurer l'avancée de la barbarie et en informe ses collègues, prétexte à exposer l'évolution des moeurs, de la culture et des luttes géopolitiques larvées.
Atoll a son siège dans un archipel situé entre la Nouvelle-Zélande et l'Australie. L'atoll qui en constitue la capitale abrite dans le plus secret des sanctuaires, les maîtres de la secte. Celle-ci combat activement la barbarie aggravée par les mercenaires de Minotaure et les pirates informatiques de Spectre, en profitant des luttes entre les quatre églises qui menacent le monde. Son action est sévèrement limitée par la nécessité de se protéger car comment recruter de nouveaux membres, en respectant une clandestinité absolue? Les sages d'Atoll symbolisent les forces du bien qui, dans l'apocalypse finissent par l'emporter sur la bête triomphante. La fin de L'Entretien devrait donc conclure sur un message d'espoir, la révélation d'une ère nouvelle, surgie des décombres de l'horreur en marche. Malheureusement dans son état d'avancement actuel, l'ouvrage en est encore loin.
Cette intrigue policière semble parfaitement invraisemblable à la fois dans son déroulement que par les personnages qui l'animent. Le piquant de l’affaire est qu'elle relate très exactement une aventure réelle : les efforts de la victime d'un hold-up pour retrouver ses agresseurs par des méthodes héritées de Hercule Poirot et de Kemelman, le logicien fanatique incarné par le Professeur Feldman. On est amené à côtoyer les mafias yougoslaves et biélorusses, les bu-reaucraties allemandes et françaises, et on découvre la vérité sur l'espace de Schengen et la coopération des nations européennes.
Le mot rêve est pris dans une double acception. Pour Carl Gustav Jung, le grand rêve révèle le Soi, le moyeu du rêveur, source d'enseignement et d'individuation. Pour les aborigènes d'Australie, les rêves sont des réseaux de forces telluriques souterraines, représentées par des peintures et des tatouages. Ces dieux dormants in-fluencent nos destinées, comme les Nornes de la mythologie scandinave, qui rêvent le devenir de la planète.
Ce survol est nécessairement déformant et noie les deux ressorts principaux qui assurent la cohésion de l'ensemble : la méditation axiologique, le pari faustien.
L'essence du bien et du mal
Le pari entre Dieu etl le diable
D'ailleurs le personnage de Lars Hall qui incarne le mal est plutôt attachant, et celui de Clara, soupçonnée d'être le médiateur désigné d'un commun accord par Méphisto et par Dieu, n'est pas aussi clair qu'on pourrait le souhaiter.
Posté par Bruno Lussato
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