François Bayrou, : La France de toutes nos forces.
Le consensuel dans toute sa gloire
Vous trouverez dans cet article l'analyse du programme figurant sur la lettre du 20 janvier 2007 que m'a envoyé personnellement le candidat avec toute son amitié et qui m'est parvenue hier. Je la lui rends en analysant le message qu'elle contient, et dont une version inversée a été proposée dans le journal du 23 mars 2007.
Evaluez vous-même les propositions originales, celles qui le démarquent des autres candidats.
1. La France doit prendre un autre chemin (faut que ça change!).
2. La France souffre du mal français : chomage, dette publique, violence dans les banlieues, projet européen abandonné.
3. Mes concurrents n'ont pas su régler ces problèmes (moi oui)
4. Il faut rassembler toutes les bonnes volontés et je dois être le président de tous les Français.
5. Il faut choisir les meilleurs pour gouverner, rassembler et reconcilier. J'incarne de projet de rassemblement.
6. La République est affaiblie, il faut la reconstruire.
7. Il faut que l'Etat intervienne où ça va mal.
8. Il faut équilibrer les finances publiques.
9. Il faut soutenir l'esprit d'entreprise, de création, de recherche.
10. Faut sortir de l'exclusion les plus faibles.
11. Faire respecter et progresser l'école publique.
12. Mieux armer la justice et la faire respecter.
13. Venir en aide aux femmes.
14. Combattre la solitude et la violence.
15. Reprendre à la base l'idéal européen.
16. J'ai besoin d'argent. Donnez moi des sous.
Décodage
En première lecture vous serez sans doute parvenus à la conclusion qu'aucun des candidats (à l'exception de Le Pen, qui ne pratique pas la langue de bois) ne pourrait désavouer ces sages propositions. Il y en a pour tous les goûts.
En seconde lecture, il y a les non-dits. Les inférences qui découlent de la formulation.
Tout d'abord, voici un candidat dont on loue la culture et la connaissance de la langue Française, qualités que l'on dénie à Ségolène Royal. Et pourtant, voici un échantillon de son style : "Cela nécessite des moyens financiers conséquents".
Si "nécessiter" (pour exiger) est admis dans le petit Larousse et le Robert comme une locution courante en revanche "conséquent" est familier. (emploi socialement marqué écrit le Robert). Un chef d'Etat respectueux de la langue, comme l'étaient De Gaulle ou Mitterrand, auraient sans doute écrit " Cela exige des moyens considérables". Je suppose que comme les rédacteurs de prospectus publicitaires, Monsieur Bayrou veut faire "peuple". Mais ce n'est qu'une remarque, moins innocente qu'elle n'a l'air, car s'attaquer à la langue en haut lieu n'est pas anodin.
1. M.Bayrou constate qu'aucun des partis "habitués à se partager le pouvoir depuis vingt cinq ans n'a résolu ces problèmes". Mais les partis valent ce que valent les hommes qui les représentent, et M.Bayrou en fait partie. Il suffit de lire son cursus honorem politique! Et puis, il dit qu'il faut choisir les meilleurs pour gouverner. Il devrait donc exclure tous ceux qui ont été au pouvoir depuis vingt cinq ans. Qui y croit?
2. Lorsque M.Bayrou laisse entendre qu'il pourrait avoir un premier ministre socialiste, sans déclarer de qui il s'agit, il s'agit donc d'un souci de rééquilibrage politique, ce qui contredit son affirmation que l'on ne tiendra pas compte de l'appartenance politique dans le choix des meilleurs.
3. Réimplanter l'Etat où ça va mal implique deux conséquences: comme ça va mal partout, l'Etat doit intervenir et bien plus vigoureusement qu'auparavant ("se réimplanter"). Cela signifie un supplément de dirigisme et de centralisation.
4. Cela est cohérent avec la volonté affichée de réduire l'action des écoles privées, qui échappent dans une grande mesure à l'idéologie. Bayrou a d'ailleurs annoncé que ce sont les syndicats qui auraient la haute main sur les contenus.
5. Tous savent que la Justice est de gauche et qu'elle prend parti généralement pour les criminels contre les victimes. La faire respecter, laisse supposer qu'elle ne l'est pas, ce qui est vrai, la mieux armer, c'est accroître ses effectifs, ce qui est urgent et nécessaire, mais il n'y a pas un mot pour énoncer la contrepartie, c'est à dire le contrôle de la neutralité des juges.
6. Sortir de l'exclusion les plus faibles est un euphémisme pour dire que l'on consentira un effort financier pour les sans papiers, les chômeurs professionnels, au détriment des classes travailleuses, non exclues, mais paupérisées.
7. Reprendre l'idéal européen signifie mettre fin à l'exception française. Or toutes les mesures préconisées vont à l'encontre de l'harmonisation européenne, et qu'on ne nous cite pas l'exemple de l'Allemagne qui est résolument orientée vers le travail et le libéralisme en dépit d'une fausse cohabitation.
8. Rééquilibrer les finances publiques. Mais pas un mot sur les réductions drastiques de fonctionnaires. Où prendre l'argent, si ce n'est en économisant, en luttant contre les privilèges des serviteurs de l'Etat, et en permettant ceux qui le veulent de travailler davantage pour gagner plus, comme on le fait partout en Europe?
J'aimerais bien avoir un débat autour de ces points précis. Un ami qui vote Bayrou, me disait: "je ne veux pas de Sarko, il a une sale gueule, et Segolène, elle est vide". Il fait partie de l'élite, ou qui se croit telle. J'en viens à penser que le peuple de base sera peut-être plus avisé, à condition qu'il ne tombe pas tête baissée dans les pièges de la langue de bois.
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