Organisation
Tuesday, 11 September 2007
Contrôler l'incontrôlable
Quotidiennement des anciens élèves, des collègues, et des élèves devenus des collègues, viennent me trouver pour me soumettre des problèmes vaseux, paradoxaux ou en apparence insolubles, de ceux où on tourne en rond de manière vicieuse comme dans un labyrinthe dont on ne peut s’échapper, ou encore des sables mouvants dans lesquels on s’enlise doucement sans puiser en nous l’énergie nécessaire pour s’en arracher. Je ne puis bien entendu répondre à leur requête : comment s’en sortir, mais au moins une maïeutique appropriée permet-elle de cerner le monstre, de le contraindre à prendre forme et nous mettre sur la voie de sortie.
Certains de ces problèmes sont spécifiques. D’autres au contraire sont communs à un grand nombre de décideurs, notamment au sommet, ou encore indépendants et maîtres de leur temps et de leur travail, ce qui est moins enviable qu’il n’y paraît. Un exemple de problème récurrent qui empoisonne mes clients, est celui de l’agenda. Comment s’en rendre maître ? La solution existe, mais la difficulté réside dans l’application. Il en est un peu de même pour le cas Emmanuel. Comme ce cas peut affecter la vie de bien des internautes qui suivent ce blog, et qu’il fait partie de mon enseignement, j’ai décidé d’en faire le thème de cette masterclass.
La population concernée par le cas
Ce sont les créatifs polyvalents, qui se plaignent de ne pas être assez structurés, de perdre du temps, et de consacrer trop d’heures précieuses à s’intéresser à ce qui leur plait au détriment de tâches essentielles.
Continuer à lire "Masterclass pour Emmanuel"
Friday, 31 August 2007
Le règne de la domotique
J'ai émigré à nouveau au Grand Hôtel de Divonne. J'essaie désespérément de commander mon repas dans la chambre, car les restaurants sont bondés si on ne réserve pas par informatique et à l'avance. Pour cela, il faut savoir utiliser l'ordinateur qui commande à la fois la télévision, les jeux, les menus informatiques, les menus culinaires, les films porno, d'horreur ou les BD, les services qu'offre la chaîne, la boutique, etc... Ne pouvant m'y retrouver, et n'ayant pas la possibilité de communiquer avec cette catégorie en voie d'extinction de bipèdes humanoïdes qu'on nomme maîtres d'E, je finis par mettre la main sur l'informaticien maison, ce qui n'est pas difficile, car les nouveaux hôteliers, s'ils ne savent pas servir, préparer un thé, essuyer un verre, ou débarrasser une table, au moins savent-ils jongler avec l'ordinateur maison.
Ils savent aussi comment commander un plat. Un de ces préposés hôteliers a l'obligeance de venir en chair et en os me montrer comment se servir de cet engin informatisé. Il suffit d'allumer, d'activer le bouton gauche, puis attendre, alors appuyer sur le bouton central, attendre qu'un sablier apparaisse, alors eureka! on n'a qu'à appuyer sur menu. Il me demande (en français) quelle langue je parle. Je lui réponds (également en français) que je parle le français. Après avoir choisi laborieusement cette langue (du russe au hongrois ou au swahili) et répondu, on fait défiler les services jusqu'à "service d'étage". Appuyer sur menu du soir et sélectionner : potages, viandes, poissons, fromages, entremets etc... Dans poissons choisir Ferra ou turbot, puis dans contours, patates frites ou salade mixte, valider et identifier votre code après avoir approuvé le montant de chaque plat... etc.
Continuer à lire "Le journal du 1er Septembre 2007"
Thursday, 30 August 2007
Les gargouillis du travailleur inconnu
En me promenant dans la ville, je rencontre un homme d'une cinquantaine d'années, un peu barbu, qui marche d'un bon pas. Je l'ai vu quelque part. Il me salue, hilare. Je le reconnais. C'est le valet de chambre, un employé chevronné de l'hôtel. Vous ici ? - Oui, je me suis fait mettre en arrêt maladie. - Vous avez quoi? Il hésite, puis me dit, toujours hilare : oh, vous savez? Dans mon estomac ça gargouille un peu, et dans le dos, ça gratouille. A mon âge, on a besoin de prendre de l'air. Ça fait du bien!
Il s'en va tout guilleret, la vie est belle; et puis, c'est Ramadan, me glissent tout à l'heure, d'un ton douceureux, deux charmantes hôtesses. Je veux bien, mettre cette maladie sur le compte d'une piété irresistible, mais alos, je pose la question : pourquoi notre fidèle ne travaille-t-il pas à l'Ascension, à Noël, à Paques? Un moyen de mettre un terme à ces fraudes pieuses, serait de déclarer fériés tous les jours de fête de toutes les religions. Pourquoi privilégier dans notre république laïque, la seule religion catholique, d'ailleurs en perte de vitesse ?
Continuer à lire "Le journal du 31 août 2007"
Le Paradigme Necromonte. Au delà de la masse critique
Cinquième livraison
Necromonte
Nous allons à présent, mon garçon, aborder quelques mystères relatifs au dilemme macro-micro et aux catastrophes qu'il provoque.
Alexandre
En quoi est-ce lié à la bulle, Professeur?
Necromonte
Toute bulle est associée à un divorce entre le macro-tout et les méga-parties ou si tu préfères, la faille entre l'approche giga et l'approche micro. L'approche giga, c'est le modèle statistique qui sert aux prédictions des financiers, qui à leur tour inspirent les préconisations des banques commerciales aux particuliers.
L'approche micro, c'est le comportement concret, imprévisible, des investisseurs pris un à un, au moment ou ils prennent leur décision. Avant qu'ils prennent leur décision, et dans l'incertitude, tous les scénarios sont possibles. Pour réduire celle-ci, les mathématiciens bancaires utilisent des modèles statistiques orientés vers le passé et faisant totalement abstraction des propriétés spécifiques de chaque investisseur et de chaque décision qu'il prend. Or le comportement global prédit par les mathématiciens est composé de l'agrégation des comportements individuels tout en étant d'une nature totalement différente, irréelle, abstraite.
En d'autres termes les constituants concrets du marché, les décisions d'investissement, sont dues à des facteurs tels que la perception mentale et la mémoire court terme d'individus conscients, ignorés totalement par les modèles mathématiques. Or comme ces modèles sont dominants et imposés à tous les investisseurs via les banques d'affaires et les fonds, puis les banques commerciales, le mimétisme domine. Il suffit qu'un fonds soit recommandé pour que tous s'y engagent, et que de ce fait le fonds s'emballe. Ainsi se crée une bulle.
Continuer à lire "Masterclass pour Alexandre 5"
Wednesday, 29 August 2007
VEINES DE DRAGON
Les peintres chinois de paysage appelaient ainsi les lignes de forces invisibles qui régentaient l’équilibre taoïste entre le plein et le vide ; les nuages et les ondes blanches et les rochers et les arbres noirs, l’immatériel et le dense, la nature omniprésente et les objets solides et ponctuels dont l’homme n’est qu’une partie. Il faut beaucoup de science, de conscience et de prescience pour détecter ces réseaux fantomatiques, bien plus subtils que les grilles un peu mécaniques qui sous-tendaient l’ordonnance formelle des tableaux occidentaux : proportions harmoniques et nombre d’or.
Nous venons d’achever notre séminaire ISD de l’année 2007 qui se tient comme à l’accoutumée à Divonne-les-bains pendant le mois d’Août. Les travaux de notre petit Think Tank sont scientifiquement, technologiquement, politiquement , etc. incorrects et se sont heurtés à la pire des attaques : la loi du silence. Les travaux annuels sont présentés sous forme de rapports à l’italienne, illustrés et imprimés en violet et en rose. On ne sait trop où les ranger, ce qui est le but du format. Je rappellerai que le premier rapport édité fin 1970 suscita un scandale en annonçant la fin de la suprématie des la grosse informatique et l’avènement de ce que nous avons appelé faute de mieux la « microinformatique ». Le terme depuis a fait son chemin et plus encore la chose. Depuis l’ISD s’est attaqué à d’autres problèmes, toujours de nature systémique. Lors de ma leçon inaugurale au CNAM, je prévoyais une double évolution du monde de l’entreprise : la déshumanisation, l’interconnexion systémique génératrice de discontinuités et de catastrophes (au sens de Thom). Le Monde (Jacqueline Grapin) et le Figaro (Alain Vernay) publièrent en première page mes sombres prédictions. Elles s’attirèrent une réponse violente de la part de Valéry Giscard d’Estaing, que je n’appréciais guère, et qui jugea mes idées néfastes pour la société. Il prévoyait lui, des lendemains qui chantaient, grâce à la haute technologie de l’informatique centralisée et à la télématique, issue du Plan Calcul.
Si je reviens sur ces points d’histoire, c’est que les prédictions jugées pessimistes et passéistes, sont en train de se vérifier sans que les utopistes de la Hi Tech, et les modélisateurs financiers, modifient leur point de vue.
Je n’étais pas prophète.
Continuer à lire "La dernière séance de l'ISD sur les discontinuités"
Les fondamentaux géopolitiques
Voir ci-dessus, les veines de Dragon
Continuer à lire "Masterclass pour Alexandre "
|
Commentaires