masterclasses
Friday, 20 July 2007
Globalisation et hypermoules. Tous des clones !
Pour Alexandre
Je connais au moins quatre Alexandre que, d'une manière ou une autre j'ai contribué à former ou avec qui j'ai échangé bien des réflexions propices. Mais pendant ces semaines passées à San Remo, j'ai rarement laissé passer un jour sans penser à la transmission de mon faible savoir à un de ceux-ci, le nouveau venu. J'ai tenu le pari de lui inculquer en ces quelques jours, et le plus souvent au téléphone, l'essentiel du contenu de Virus. C'est avant tout pour lui que je synthétise à l'extrême, dans cette chronique, ce qui me paraît essentiel dans l'apprentissage du métier de dirigeant. Le public pourra se reporter s'il le désire aux réflexions d'un vieux professeur.
Voici à mon sens les notions essentielles de cette théorie et leur regroupement en concepts.
Travail humain. Pour Marx, le travail est ce qui différencie l'homme de l'animal, une activité organisée, réfléchie, exigeant du temps et de l'énergie, et engageant tout l'être : esprit, coeur et corps. Les autres fonctions : aimer, copuler, manger, voyager, danser, se battre, faire la cour, donner généreusement, jalouser etc... se rencontrent aussi bien chez l'homme que chez les animaux.
Travail animal. Le cheval de labour, l'ouvrière oeuvrant à la fourmiliere, L'employé remplissant un formulaire de commande, ne travaillent pas, ils sont "travaillés" par leur maître, par l'instinct , par la Centrale d'Achats. Ce travail peut être effectué par des animaux : esclaves, robots, hommes robotisés. C'est le vieux rêve où l'homme pourrait être remplacé par la machine.
Spécialisation et centralisation. Le travail humain devrait être plus plus payé que le travail chinois. On a donc intérêt à centraliser les ressources rares et chères accomplies par les élites, C'est le concept de synergie. Moule et produit de série. Le moule est un prototype fabriqué par un homme indemne, en possession de toutes ses facultés créatrices. Le moulage permet de produire des colones, issus de la réplication de la forme originale. L'activité de "clonage" ne coûte pas cher par rapport à celle de création : activités sportives etc... Indice de valeur humaine ajoutée. (IVHA) C'est le quotient entre l'argent dépensé pour concevoir, monter et vendre, un produit qui va être répliqué en N exemplaires. Pour un moule donné, plus le tirage sera important, plus l'indice de valeur humaine ajoutée IVHA baissera, plus bas sera le prix de revient de l'objet ainsi manufacturé. L'accroissement de la rentabilité explique la vogue des fusions d'entreprise. Sous le nom de restructuration, se cache la lettre de licenciement. Ainsi lorsque Rhône Poulenc fusionna avec l'allemand Hoechst pour former Aventis, l'équipe de recherche française fut éliminée au profit de l'allemande. L'hypermoule et ses clones. J'ai désigné par hypermoule , une extension du sens du "moule". Le concept représente un large éventail de notions, tournant toutes autour du travail humain . Un exemple permettra de saisir la distinction. Le cas l'Oreal. A l'époque de François Dalle il y avait autant de slogans que de grands marchés culturels à atteindre. L'hypermoule comprend les concepteurs idéologiques, les dessinateurs, les projeteurs; les concepteurs de la bouteille, le directeur du MArketing de la région etc. Le clone est la bouteille issue de la chaîne de fabrication, ou encore l'affiche publicitaire, le clip télévisuel promotionnel. Déjà, avant Lindsay Owen Jones, la décision était prise de tout unifier : un seul sologan pour le monde entier : L'Oreal parce que je le vaux bien. Une seule équipe l'emporta, les autres hypermoules furent éliminés. Celle qui fut conservée avait des responsabilités accrues et des contrats plus avantageux, car la moindre erreur devient fatale par suite de la massification.
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Thursday, 14 June 2007
Les conséquences imprévisibles de la doctrine Trujillo
Unexpected Outcomes
C'est mon ami François de Closets qui, je crois, me faisait remarquer qu'avec la grande distribution, et l'urbanisme de masse, on était entrés dans l'ère du carré, du cube ou du rectangle. Tout est au carré :les boites de sardine, le riz Basmati, les CD roms, les barres de HLM, les têtes des jeunes et des branchés...
C'est qu'une des premières nécessités du "plus de vendeurs, servez-vous vous mêmes" impliquait la mise sous emballage de ce qui auparavant était débité en vrac : le beurre en motte, les pâtes, le jambon, les oeufs, les produits d'entretien. Et l'emballage se devait d'être cubique afin de faciliter le rangement et le stockage. Notamment de minuscules cédéroms étaient enfermés dans de grandes boites remplies de vide.
C'est que le vendeur étant absent, il appartenait à l'emballage de vendre. Cela se faisait par un argumentaire décrivant la nature du produit, sa composition, voire même son apparence lorsque l'emballage était opaque. La photo de l'objet remplaçait alors la vue de l'objet. En complément des emballages vendeurs, on prévoyait aussi des pancartes, tracts, coupons, s'adressant "personnellement " au client, devenu un "consommateur" (au sens d'un ver de terre consommant la glaise et l'évacuant). Jean Baudrillard dans Simulacres et Simulation, Débatd, Gailée 1981, cite l'Ecclésiaste:
Le simulacre n'est jamais ce qui cache la vérité - c'est la vérité qui cache au'il n'y en a pas.
Le simulacre est vrai :
Beaudrillart remarque en outre que la carte précède le territoire, c'est à dire que le consommateur achète, non pas le produit, mais son image dans l'emballage, dans la pub, à la télévision, dans les guides du consommateur. "Vu à la télévision" devient un argument de vente.
C'est qu'il n'est pas suffisant de faire vendre par l'emballage ou la pub dans les jouernaux, il y manque le bagoût du vendeur. Or il n'y a pas de vendeurs dans la doctrine Trujillo. On va donc le remplacer par un simulacre, plus beau que le vrai, et ce simulacre est fourni par la télévision en couleurs, à ce moment au début de son essor.
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Tuesday, 5 June 2007
Genèse de MATRIX
Là où tout à commencé : à Dayton
Bernardo Trujillo et la naissance de la grande distribution
J'étais depuis un an au BHV (le Bazar de l'Hotel de Ville), lorsque Jacques Thomas, le Secrétaire Général,l'homme le plus influent après le président Georges Lillaz, me proposa de l'accompagner au séminaire MMM de la NCR. Au siège de la compagnie, dans l'ancienne maison du fondateur,professait un gourou perurbateur : Bernardo Trujillo (qui n'avait aucun lien de parenté avec le dictateur sud-américain).
Mon professeur Raymond Boisdé me présenta à Thomas sur qui je fis une certaine impression par ma culture, et notre amour commun pour Teilhard de Chardin et Lecomte du Nouÿ. Ma famille logeait en permanence au Grand Hotêl, Plade de l'Opéra, et supposée être très fortunée. Le Secrétaire Général pouvait donc me fréquenter, et il m'invitait souvent à sa table familiale, avenue Victor Hugo. Nous parlions uniquement de psychologie ou de philosophie, et au magasin nous affections de ne pas nous connaître pour ne pas susciter de jalousies.
Jacques Thomas était un homme grand et froid, de type écossais, marié à une aristocrate dans toutes les acceptions du mot, épuisée par sa trop nombreuse famille. Il se prit d'une amitié un peu distante pour le jeune homme qui l'écoutait avec une considération teintée d'admiration. Moi-même je me sentais honoré par le respect que me témoignait ce grand patron réservé et laconique. Il avait tendance d'ailleurs à me surestimer, et il pensait que je lui serais d'un grand secours aux Etats Unis. C'est ainsi qu'un beau jour il m'annonça : je suis invité par La NCR à écouter un étrange prophète qui annonce la bonne parole. Il y a peut-être quelque chose à glaner pour vous"
Au début des années soixante, aller aux Etats Unis en avion était un privilège, surtout lorsqu'on voyageait comme Thomas en "tapis rouge". On n'imagine pas les petits soins dont Air France entourait les VIP des longs courriers. Je ne manquais jamais de rapporter des flacons de "Moustache" de Carven; qui restèrent pour moi le symbole d'un exotisme cossu et studieux.
Plus tard, lorsque je me rendis régulièrement aux Etats Unis j'en profitai pour faire le tour des musées et des boutiques. Il n'en était pas question avec l'austère Jacques Thomas. Nous filames aussitôt à Dayton, Ohio et nous restames confinés entre l'amphi de trente personnes où officiait le grand homme et un médiocre motel. Avec de brèves incursions en avion dans les discounts et les shopping centers de la région d'où on ramenait des tonnes de diapositives.
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Monday, 21 May 2007
Une histoire de David le chameau
La globalisation à l'envers
(suite de la masterclass 6 ) Cliquez ci-contre
Voici la réponse
Le système traditionnel
Détaillons le processus de fabrication et de commercialisation en commençant par les fonctions classiques. Généralement l'ordre est le suivant : 1. étude de marchés, 2. Recherche et Developpement, 3. Design, 4. commande des matériels : machines outils, 6 Commandes et gestions des stocks de tissu et d'accessoires. 7. Définition des besoins et des quantités. Enquêtes marketing et merchandising, 8. Fabrication et stockage en entrepôt. 9. Logistique : manutentions et transport. 10 Gestion des stocks de produits finis. 11. Répartition des bénéfices aux actionnaires. (fonds de pension). 12. Centrale d'achats du distributeur. 13. Logistique et gestion des sotcks. 14. Merchandising, publicité, promotion est ventes. 15. Gestion du magasin. 16. Liquidation des invendus. 17 Distribution des dividentes aux actionnaires. (fonds de pension)
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Wednesday, 9 May 2007
Small is beautiful
Une histoire de David le Chameau
Lire la première partie et essayez de répondre à une question.
Mes chers amis,
Ali Sandagarao Mossa Saadi Bey, notre valeureux président, m'a payé un voyage dans "Atoll", un archipel situé entre la Nouvelle Zelande et l'Australie. Pour ne pas vous faire languir, je vous dirai que Clara Hall, la Présidente de l'archipel, a édicté de nouvelles règles tout à fait à rebours de tout ce que j'ai vu dans le monde occidental.
Les frontières d'Atoll sont jalousement gardées et le pays vit en autarcie relative. Clara et son équipe ont interdit Matrix, elle a interdit les implantations de Wal Mart, la mobilité des populations locales, et restauré les corporations et le compagnonage. Elle a combattu l'industrialisation des biens de culture et d'artisanat et rétabli les professions de tailleur, chausseur, menuisier etc. Par exemple, tout citoyen d'Atoll voulant un costume, au lieu de s'adresser à une chaîne de prêt à porter, il ira chez le tailleur le plus proche. Je démontrerai ci-dessous, que cette industrialisation "à l'envers" est économiquement plus rentable que la concentration à l'échelle planétaire d'usines banalisées.
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Tuesday, 17 April 2007
****Se reporter à la masterclass 4 qui vient d'être rédigée. Celle-ci est en préparation.
Extrait d'une plaquette de l'ISD. L'humain dans la langue de bois MATRIX se réfugie dans les palinodies.
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