Bouillon de culture
Friday, 19 October 2007
Révélations
Je connais deux sortes de gens : les bien informés, et ceux qui veulent s'informer. Les premiers vous sortent tous les jours cette information rare : ils vont divorcer. Les autres vous interrogent comme si vous étiez dans l'intimité du couple présidentiel. Ces gens-là, je les fuis comme la peste. Et les autres? Ceux qui n'ont que faire de ces potins? Je n'en ai pas encore rencontré mais si d'aventure j'en aperçois un, je vous ferai signe.
Les syndicats et le PS ne sont pas en reste. Libé, dont on connaît la discrétion et l'envergure intellectuelle titre à la une : Desperate Housewife, avec un Sarkozy qui tourne le dos au lecteur. D'autres soulèvent avec un sérieux juridico-bureaucratique les impasses juridiques. Pendant ce temps, la France continue à ne pas travailler.
Vous voulez une révélation? Bon, je vais vous la donner, mais n'en parlez pas car elle est confidentielle. ILS ONT DIVORCÉ ! Et maintenant passons à autre chose de sérieux, le rugby? Poutine et les iraniens? Sarkozy et les turcs?
Wednesday, 17 October 2007
Chronique
Le petit noyau de commentaires commis par les trublions de service : Vincent, Poil à Gratter, Alexandre de Lisle, et bien d'autres, me réjouit au plus au point. En dépit des fautes de français (voir mes remarques su l'influence destructurante de l'écriture sur ordinateur), les questions soulevées sont intelligentes, et bien souvent embarrassantes, toujours perturbantes. Elles décapent les idées les plus solidement reçues. Je me permets de vous conseiller de lire cet échange, mes commentaires sont partie du blog à égalité avec des billets plus ambitieux. Remercions ceux qui osent ou prennent la peine de répondre, ils disent tout haut ce que d'autres pensent plus bas.
Si Poutine n'existait pas, il faudrait l'inventer !
Il est raide, macho, dictatorial, retors, de mauvaise foi, grossier, brutal, mégalomane, et pourtant je ne le trouve pas antipathique. La raison, je ne la connais pas, c'est purement instinctif. C'est un personnage qui s'est trouvé là par hasard et qui a occupé une chaise vide, d'où il est difficile de le déboulonner.
J'ai des amis russes, qui l'ont bien connu du temps de Eltsine. C'était un homme tout à fait falot, un homme d'administration, sans vision ni réelle vision. Nul n'aurait pu imaginer une telle ascension. Aujourd'hui, certains, sans plaisanter, affirment qu'il est l'homme le plus puissant du monde à cause des énormes réserves énergétiques de la Russie, et de sa prise en main durable sur le système. Il n'est redevable qu'à lui-même de ses décisions, même si elles sont inspirées par les circonstances.
Poutine, faut-il le répéter, n'a pas de stratégie, pas de vision long terme. Ce n'est pa là un défaut par les temps qui courent, bien au contraire. Il sème désordre, provocations et contradictions pour sonder l'Occident et laisse toutes le options ouvertes sans jamais s'engager vraiment pour aucune. Notamment à propos de l'Iran, nulle conviction derrière ses proclamations. Mais il y a 25 millions de musulmans en Russie, et l'Iran est proche. Et puis, n'oublions pas que Poutine est avant tout un homme d'affaires mesurant l'intérêt de ses alliances, à l'aune de l'intérêt économique court terme. Il lance une bombette sémantique et attend les commentaires et les retombées (nécessairement verbales)..
Paradoxe : Pour faire court et provocateur, les Russes adorent les Allemands et détestent les Français. Poutine adore Sarkozy et ne peut pas blairer Merckel. .Il y a un peu de vrai dans cette boutade. Il est vrai que Nicolas Sarkozy a bien des points communs avec son homologue russe, et n'aime guère le pharisaïsme. Quant à l'Iran... bah. attendons de voir les retombées de toute cette gesticulation. Les médias sont contents, et les gens bien informés,de la concierge au soviétologue, se donnent des airs d'importance en prédisant l'avenir dans le rétroviseur.
La bibliothèque (suite)
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Tuesday, 16 October 2007
Nouvelles du blog
Statistiques.
Généralement j'en rends compte tous les mois, mais l'accélération est telle que je me permets de vous citer deux nombres. Le nombre de visiteurs de la quinzaine écoulée dépasse l'avant dernier record mensuel du mois d'août, et plus de vingt fois le chiffre initial de Février. Le nombre de visiteurs du billet "le Yin et le Yang" de Marina Fédier, a dépassé aujourd'hui les 20000 visiteurs.
La Bibliothèque
J'ai manqué à mes devoirs envers ceux qui me conseillaient sur le choix de livres à acheter. Voici donc quelques recommandations assez peu politiquement correctes, mais que je crois précieuses pour vous et votre famille. Il vous faudra abandonner tous vos préjugés, mais après tout, le blog est là pour vous y inciter, non?
1. Tout d'abord le choix du meuble. Il doit trôner dans le living room, ou, si vous avez cette chance (ou si vous habitez une vieille maison), n'hésitez pas à lui consacrer une pièce, même exiguë. Deux bons fauteuils en cuir un peu avachis, une lampe verte de bibliothèque et le maximum de rangement pour les livres.
2. Evitez comme la peste le bois blanc, le plastique, le métal. Le bois massif est naturel, culturel. Au pire vous trouverez des éléments amovibles chez IKEA, au mieux, chez un brocanteur, une bonne vieille bibliothèque Louis Philipparde aux rideaux verts. Prenez soin d'avoir des éléments vitrés. La poussière est la pire ennemie des livres.
3. Vous devez différenciez trois sections : 1. les classiques, qui prendront place dans la bibliothèque fin de siècle, 2. Les albums et éditions brochées, 3. Les disques et les vidéos.
4. N'achetez pas plus de livres que vous n'avez besoin, éviter l'entassement des jetables. Votre temps est plus précieux que la différence entre un relié et un jetable de poche. Se le livre mérite d'être évacué comme un déchet (les livres à feuilles collées) c'est qu'il était déjà un déchet. Pourquoi le lire?
5. N'attendez pas d'avoir le temps de lire un grand classique pour l'acheter. Un jour vous en aurez envie et vous ne le retrouverez pas. Ceci est particulièrement vrai pour des livres contemporains de haut niveau et de disques, à durée de vie limitée. Par exemple il est très difficile de se procurer les oeuvres d'Alfred Koestler, et la seule bonne version bilingue de Faust de Goethe (chez Aubier) est devenue introuvable. Il ne reste que celle, non bilingue et infecte d'un certain Malaplate. Essayez donc de vous procurer la Messe solennelle de Beethoven par Toscanini! Et pourtant Koestler, Goethe, Toscanini, ce n'est pas rien!
6. On pourra rétorquer qu'on trouvera toujours en livre de poche ou dans la Pléiade, n'importe quel grand classique, et on aura raison. Aussi ce n'est pas de cela que je parle.
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Monday, 15 October 2007
L'art chez les (très) riches
Suggestion ou autosuggestion?
Frédéric Bonnet débarque de Mexico, tout excité. Il a fait l'inventaire d'une des plus importantes collections d'art contemporain du pays afin d'en choisir les meilleures pièces pour monter une exposition qui fera date. Le collectionneur est l'héritier d'une fabrique de jus de fruits, dont je suppose celui de la passion. Il habite Los Angélès dont il ne bouge pas, alors que le gros des oeuvres et dans ce pays qu'il évite pour des raisons de sécurité. Son ambition : constituer une collection qui compte dans le monde, à l'exemple de Pinault, d'Arnaud pour ne citer que les deux seuls mécènes Français.
La collection comprend trois cent pièces majeures, ce qui est suffisant en effet pour attirer un public de connaisseurs. Le reste est constitué de 1700 oeuvres sans qualité, dont une majorité d'horreurs. Par ailleurs la sélection a été établie dans le désordre total, sans aucun plan muséal ou pédagogique. Le mécène a acheté au nez, à l'inspiration, d'après des propositions filtrées par sa directrice qui n' apparemment aucune initiative. Le pire du pire est mexicain et correspond sans doute au goût inavoué du mécène pour ce qu'il est capable de comprendre. Le médiocre vient des galéristes qui font la cour au bonhomme, et profitent de son ignorance pour lui fourguer des oeuvres secondaires de grands noms. Le choix du mauvais vient de la mode, d'artistes dont le look et le chic tiennent lieu de génie. Ceux qu'un très riche doit avoir dans sa collection. Il y avait Clemente naguère à New York, il y a Murakami partout.
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Sunday, 14 October 2007
Poésies chinoises
Vincent à propos de facebox me rappelle qu'il est exempt de toute tentation nombriliste, dont ce blog n'est pas exempt. Voici une recommandation qui ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd. Mon histoire personnelle ne peut intéresser que pour autant elle peut illustrer un propos d'intérêt général, culturel ou médiatique. Malheureusement la tentation est grande de se confier dans les recoins cachés, bouteille à la mer, chant suspendu. Il est vrai que le motif en est la douleur et non le triomphalisme, l'un excluant l'autre. Mais pourquoi se plaindre. Une poésie chinoise m'admonestait :
J'ai laissé en route maints compagnons de ma jeunesse. Ceux-là du moins ne souffrent plus. Ceux-là ont trouvé le repos.
Mais debout lâche voyageur!
Le printemps revient pour toi, les roses vont sépanouir pour toi, et tu voudrais mourir? Sors dans la plus suave nuit de l'année... Il pleut des fleurs de pruniers, qui sécheront tes larmes d'enfant.
La Flûte de Jade. Tai-Chou-louen 942-981. Dans une hôtellerie.
Mais nous sommes en automne, aux portes de la saison que j'appréhende, moi, un amoureux du printemps. A quoi bon de se plaindre alors que le poète vous prête ses mots et ses images. A ce propos, pensez vous que les lettrés capables de tels sentiments, et de les exprimer de façon si simple, si pudique, si sensible, sont les ancêtres des commerçants avides, de la soldatesque sadique qui opprime le Tibet, des financiers ignares et sans scrupules? Où sont les poètes d'antan. Il est vrai qu'on peut en dire autant de la Grèce : où sont passés les Aristote, les Phidias, les Eschyle? Le SMS a tout détroné. Certes Vincent ou poil à gratter ont beau jeu de me dire qu'un média en vaut bien un autre, et popol que le chiffre d'affaires d'Eschyle ne pèserait guère comparé à celui de Madonna. Que voulez-vous répondre à cela?
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Friday, 12 October 2007
Désenchantement
Il arrive parfois que les vagues grises de la déception recouvrent les plaines fertiles de l'imagination. Il suffit de peu pour que la tristesse déborde. Ce soir j'ai laissé tomber mon téléphone portable dans la baignoire. On ne peut plus me joindre. Plus tard, j'ai essayé d'expliquer le Ring à Alexandre Hall-Bentzinger, mais j'étais sans cesse interrompu par des communications urgentes qui me rappelaient qu'il est pris par des occupations autrement importantes que les aventures de Wotan. Je me suis senti misérable et inutile. Que pèse la culture humaniste dans un monde gouverné par le pouvoir et l'argent ?
Pour couronner le tout, j'ai eu droit de la part d'un soviétologue renommé à un discours sur l'âme russe (mais n'est-il pas applicable aux grands qui nous dominent?). Sans penser à mal, les Slaves vous posent des lapins, changent d'idée comme de chemise, renient des promesses jurées dans l'élan de l'instant, pour renier ensuite leur reniement, passent des déclarations les plus chaleureuses à l'indifférence la plus glaciale... Comment l'amitié peut-elle naître et tenir sur ce sol ingrat, balayé par le vent du caprice, où l'oubli gomme les projets les plus audacieux, où tout est mirage? Cette question peut vous laisser indifférents sauf lorsque vous êtes engagés dans une relation amicale et profonde, ce qui est mon cas.
En guise de consolation, j'ouvre mon recueil de La Flûte de Jade, qui a servi de source d'inspiration à Mahler pour son Chant de la Terre et qui mieux que n'importe quelle poésie , résonne dans mon âme. J'en relis quelques uns de ces concentrés de vie douce-amère.
Je me promenais
En files noires de oies sauvages traversent le ciel;
On voit dans les arbres des nids abandonnés
Les montagnes semblent plus lourdes
J'ai trouvé, près de la fontaine, la flûte de jade que tu avais perdue, cet été; l'herbe haute l'avait soustraite à nos recherches. Mais l'herbe est morte, et ta flute brillait au soleil, ce soir.
J'ai pensé à notre amour,qui est resté si longtemps enseveli sous nos scrupules.
Chang Wou Kien 1879
Sagesse
Lorsqu'une femme te parle, souris et ne l'écoute pas. Livre des rites, 7e siècle av.J.C.
Notre bateau glisse sur le fleuve calme
Au delà du verger qui borde la rive, je regarde les montagnes bleues et les nuages blancs
Mon amie sommeille, la main dans l'eau. Un papillon s'est posé sur son épaule, a battu des ailes, puis s'est envolé. Je l'ai suivi des yeux, longtemps. Il se dirigeait vers les montagnes de Tchang-nân. Etait-ce un papillon ou le rêve que venait de faire mon amie?
Chang Wou Kien
Le bonheur
Je suis vieux. Rien ne m'intéresse plus. D'ailleurs je ne suis pas très intelligent, et mes idées ne sont jamais allées plus loin que mes pas.
Les doigts bleus de la lune caressent mon luth.Le vent qui disperse les nuages, cherche à dénouer ma ceinture.
Vous me demandez quel est le suprême bonheur ici-bas?
C'est d'écouter la chanson d'une petite fille qui séloigne après vous avoir demandé son chemin.
Le livre des Rites
Les trois princesses
Au pays de Sin, trois princesses, jeunes et belles, sont assises sur une plage blanche. Elles cherchent du regard une nef qui les emmenerait, très loin, au delà de l'horizon, vers une île qui doit exister, où les femmes sont heureuses. La mer est bleue.
Au pays de Sin, trois princesses, qui ne sont plus ni jeunes ni belles, pleurent debout, sur une plage blanche. La mer est bleue.
Au pays de Sin, trois princesses ,, vieilles et sans voix, sont accroupies sur une plage blanche. Elles jouent avec le sable et s'en inondent les cheveux, croyant que les grains de sable sont des fleurs. La mer est bleue.
La Ksu Feng. IIIe siècle de l'ère chrétienne.
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