Sunday, 21 June 2009
CHRONIQUE
OECUMENISME
Ce billet est issu de la redistribution de la fin du billet précédent.
NOTE IMPORTANTE
Si vous n'avez pas pu avoir accès à mon blog, ce n'est pas parce que je suis malade, c'est mon serveur qui l'est. Il fonctionne par intermittence et il faut se dépêcher pour enregistrer les textes écrits en word. Demain on essaiera de contacter les responsables.
La réaction de quelques amis à l’annonce de ma conversion à l’Eglise orthodoxe, a été la stupéfaction, d’autant plus qu’ils ne soupçonnaient pas chez moi, l’existence d’une préoccupation d’ordre religieux. Cette réaction sera amplifiée par le billet « re-naissance » et je ressens le devoir et le désir de m’en expliquer.
Depuis bien des années, tous les Noëls (comme les jours de l’an), mon fils les passe dans la très catholique Pologne, lui même pratiquant. Jamais il n’a éprouvé le désir de passer un seul Noël avec ma sœur et moi, seuls au monde. Nous prîmes alors l’habitude de trouver du réconfort à l’Eglise Episcopale de l’Avenue Georges V à Paris. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un lieu œcuménique, ouvert à tous les croyants chrétiens : catholiques, protestants, anglicans etc. L’ambiance de ce saint lieu est à la fois familier, chaleureux et recueilli, et les hymnes sont magnifiques. L’assistance est composée d’employés des ambassades des Etats-Unis, du Royaume Uni, de Québec, d’Australie, et des pays du Nord. On peut y ajouter des dirigeants des filiales parisiennes de puissantes multinationales. Il participent à la messe, chantent les hymnes indiqués par des panneaux mobiles affichés sur les côtés. Mais les deux moments qui me frappèrent le plus furent le processionnal qui ouvre la messe et le récessionnal qui le ferme. Les enfants de chœur portant de grands chandeliers et suivis par les officiants, et l’évêque portant la Croix, font leur entrée, puis leur sortie sur des hymnes répétitifs, fortement scandés sur un rythme de marche et traversant toute la cathédrale par l’allée principale. Ils sortent de même symétriquement.
Le sentiment du sacré m’a été infusé par les deux grands compositeurs, J.S. Bach avec sa Messe en Si, Beethoven avec la Missa Solemnis. L’œcuménisme est révélé par le fait paradoxal que le protestant de la Messe en Si a suivi le texte catholique (je crois en… la Sainte Eglise chrétienne, une et apostolique) alors que le catholique Beethoven a fait une œuvre protestante ! Quelle importance.
Il convient de ne pas perdre de vue que la première église a été juive, et conformément à la Volonté du Christ, fondée par Pierre, la première pièce de l’édifice. S’ensuivirent la reconnaissance de la Sainte Vierge Marie, de la conception immaculée, et des Saints. Cette église a été bâtie avec la croyance des apôtres juifs. La seule différence entre la religion juive et la religion chrétienne, est que les uns attendent toujours un Messie, qui pour les catholiques a été ressuscité. Pour les Chrétiens de Constantinople, plus encore que le martyre et la crucifixion, la résurrection et l’avènement de la victoire du Bien sur le Mal sont importants. Et voici que pour des raisons politiques, Rome voulant surclasser Constantinople, il y eut une opposition au début mineure, mais par la suite qui aboutissant au Concile de Nicée, ne cessa de s’affirmer. La faille devint crevasse, puis abîme. La forme originale de l’Eglise, avec l’affirmation de la séparation de l’Eglise et l’Etat, Dieu et César, persiste aujourd’hui encore, orientée sur la jubilation et l’espoir. L’appeler orthodoxe est un pléonasme. L’Eglise perpétuée telle qu’elle fut fondée, est forcément orthodoxe. Les autres formes et avatars furent le catholicisme et la dissidence luthérienne, calviniste, anglicane… Les mobiles de telles évolutions furent avant tout politiques et économique. Les princes allemands en avaient assez de payer de riches tributs à Rome. L’église anglicane naquit de la sensualité de Henri VIII qui voulait divorcer de Catherine d’Aragon, pour épouser Ann Boleyn, plus jeune, plus désirable et qui n’hésita pas pour cela de divorcer du même coup de Rome tout en s’appropriant des biens du clergé.
En opposition radicale avec l’Eglise Orthodoxe, l’Eglise apostolique romaine, mit l’accent sur la crucifixion et le martyre, faisant de la souffrance elle-même une vertu salvatrice. Il s’ensuivit un culte morbide de l’auto flagellation, qui combinée à des soubassements sexuels à peine déguisés peut nous paraître aujourd’hui répugnant.
Néanmoins il faut prendre ces considérations avec prudence. Alfred de Vigny proclamait que les chants désespérés sont les chants les plus beaux. Il est certain que dans les grandes œuvres musicales, les moments les plus émouvants, sont les plus pathétiques, les plus dramatiques, les plus tragiques. La crucifixion, les persécutions, la terreur de là mort, portent au questionnement, et ce que l’on peut reprocher à l’orthodoxie post byzantine, est son manque d’expression, une certaine raideur, la suppression de l’individualité avec ses faiblesses.
Toutes ces réflexions vous permettront de comprendre que tout en étant orthodoxe, je n’entends pas sacrifier le moins du monde ma foi de catholique, de protestant, et ni le messages mystérieux et visionnaires qui proviennent de l’influence de Moshe Hayyim Luzzatto, ce mystérieux ancêtre.
Toutefois il y a un autre facteur qui pesa dans ma détermination. Ce fut Misha qui me le fit découvrir. Misha n’est pas religieux et encore moins pratiquant, mais il fut touché par ma décision. Car pour lui elle exprimait mon désir d’appartenance à de que l’âme russe a de plus profond. Ceci d’autant plus que tout a été l’œuvre de Tatiana, sans laquelle jamais je n’aurais trouvé les contacts, l’énergie, l’organisation indispensables pour ce baptême. Plus que d’apprendre le Russe, devenir, à mon âge et affrontant des périls sérieux, orthodoxe est une preuve d’attachement pour le pays qui m’a donné les affections, l’amour, le plus profond que j’aie connu dans toute mon existence.
Bruno Lussato. Ce 20 juin à minuit.
Friday, 19 June 2009
CHRONIQUE
REBIRTH - Re-naissance
Aujourd’hui 18 juin 2009, j’ai été baptisé selon les rites orthodoxes. Avoir embrassé la religion orthodoxe est une démarche qui n’a rien de spontané. En fait elle a été préparée lors de mes 35 ans, lorsque dans le plus grand secret j’ai commencé à écrire L’Entretien, Apocalypsis cum Figuris. Ce travail n’est apparu au jour que lorsque la Bibliothèque Nationale de France a été alertée par quelques calligraphes et a envoyé toute une équipe pour étudier le document. A l’issue de l’étude, la décision a été prise de déclarer ce manuscrit à peintures, comme partie du patrimoine de notre pays et de l’admettre dans la salle des manuscrits anciens, insigne honneur qui m’est fait avec comme contrepartie, le très grande difficulté d’accès à cette salle (gants blancs, masque de protection, garanties de compétence, etc.). Il faut des semaines de démarches pour tenir en main ces précieux manuscrits, des livres d’heures médiévaux, aux pages minutieusement tracées de Proust.
L’Entretien fut entrepris deux ans avant qu’un rabbin nommé Cohen déclara représenter un groupe de spécialistes de la cabale et que ces derniers eurent la révélation que j’étais dépositaire de de la pensée du plus grand des cabalistes : Moshe Hayyim Luzzatto. Deux années de suite je déclinai leur proposition d’apprendre l’hébreu pour poursuivre le travail de Luzzatto. Je ne me rendis compte que des décennies après que sans le savoir j’étais en train de dresser un schéma formalisé des forces et des doctrines du monde actuel, ce qu’aurait fait sans doute Hayyim s’il avait vécu aujourd’hui. Comme Luzzatto de son temps, notre époque l’aurait chassé, vilipendé, haï, moqué. Ce n’est que voici quelques années que l’on découvrit que j’étais en fait un descendant du grand cabaliste, de même que par ma mère, une Donati, j’étais lié à Dante, dont la femme était une Donati.
Mon manuscrit à peinture, devait être construit selon un triptyque avec l’enfer, le purgatoire et le paradis. L’enfer est fini d’écrire, j’en suis au purgatoire. Depuis l’inspiration a baissé et on désespérait d’éditer l’ouvrage, quand tout cela démarra aujourd’hui avec mon nouveau baptême. Alors que je suis un chrétien convaincu par le truchement de Bach, Mozart et Beethoven réunis, je remis en doute l’attitude rigide d’envoyés du pape. Deux exemples :
Ma femme se mourait mangée par le cancer et laissant mon fils de 14 ans, Pierre, orphelin.
Elle regretta toujours de ne pouvoir rentrer dans le sein de l’Eglise, étant divorcée à cause d’un amant qui la dupait. J’en parlai au supérieur de l’ordre des dominicains.
Ce dernier m’enjoignit de quitter ma femme, divorcée, et me détacher de l‘orphelin.
L’autre cas, est la décision du présent pape, d’excommunier une pauvre femme violée et son enfant sans toucher au violeur. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Jamais Jean-Paul II n’eut pris une décision aussi impopulaire.
Les raisons qui me firent opter pour la religion chrétienne furent les suivantes :
1. Lorsque le concile de Nicée, il eut un schisme. Sous l’influence du Vatican, on dut opter soit pour la reconduction de la religion initiée par le juif Pierre, au nom de la bible certes ; soit pour la nouvelle religion composée pour des raisons politiques. Je fus hostile à cette trahison des Ecritures.
2. La religion catholique met l’accent sur la douleur, le martyre, la sainteté des châtiments corporels, alors que la religion orthodoxe est tournée vers la résurrection.
PRÉCISIONS
La réaction de quelques amis à l’annonce de ma conversion à l’Eglise orthodoxe, a été la stupéfaction, d’autant plus qu’ils ne soupçonnaient pas chez moi, l’existence d’une préoccupation d’ordre religieux. Cette réaction sera amplifiée par le billet « re-naissance » et je ressens le devoir et le désir de m’en expliquer.
Depuis bien des années, tous les Noëls (comme les jours de l’an), mon fils les passe dans la très catholique Pologne, lui même pratiquant. Jamais il n’a éprouvé le désir de passer un seul Noël avec ma sœur et moi, seuls au monde. Nous prîmes alors l’habitude de trouver du réconfort à l’Eglise Episcopale de l’Avenue Georges V à Paris. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un lieu œcuménique, ouvert à tous les croyants chrétiens : catholiques, protestants, anglicans etc. L’ambiance de ce saint lieu est à la fois familier, chaleureux et recueilli, et les hymnes sont magnifiques. L’assistance est composée d’employés des ambassades des Etats-Unis, du Royaume Uni, de Québec, d’Australie, et des pays du Nord. On peut y ajouter des dirigeants des filiales parisiennes de puissantes multinationales. Il participent à la messe, chantent les hymnes indiqués par des panneaux mobiles affichés sur les côtés. Mais les deux moments qui me frappèrent le plus furent le processionnal qui ouvre la messe et le récessionnal qui le ferme. Les enfants de chœur portant de grands chandeliers et suivis par les officiants, et l’évêque portant la Croix, font leur entrée, puis leur sortie sur des hymnes répétitifs, fortement scandés sur un rythme de marche et traversant toute la cathédrale par l’allée principale. Ils sortent de même symétriquement.
Le sentiment du sacré m’a été infusé par les deux grands compositeurs, J.S. Bach avec sa Messe en Si, Beethoven avec la Missa Solemnis. L’œcuménisme est révélé par le fait paradoxal que le protestant de la Messe en Si a suivi le texte catholique (je crois en… la Sainte Eglise chrétienne, une et apostolique) alors que le catholique Beethoven a fait une œuvre protestante ! Quelle importance.
Il convient de ne pas perdre de vue que la première église a été juive, et conformément à la Volonté du Christ, fondée par Pierre, la première pièce de l’édifice. S’ensuivirent la reconnaissance de la Sainte Vierge Marie, de la conception immaculée, et des Saints. Cette église a été bâtie avec la croyance des apôtres juifs. La seule différence entre la religion juive et la religion chrétienne, est que les uns attendent toujours un Messie, qui pour les catholiques a été ressuscité. Pour les Chrétiens de Constantinople, plus encore que le martyre et la crucifixion, la résurrection et l’avènement de la victoire du Bien sur le Mal sont importants. Et voici que pour des raisons politiques, Rome voulant surclasser Constantinople, il y eut une opposition au début mineure, mais par la suite qui aboutissant au Concile de Nicée, ne cessa de s’affirmer. La faille devint crevasse, puis abîme. La forme originale de l’Eglise, avec l’affirmation de la séparation de l’Eglise et l’Etat, Dieu et César, persiste aujourd’hui encore, orientée sur la jubilation et l’espoir. l’appeler orthodoxe est un pléonasme. L’Eglise perpétuée telle qu’elle fut fondée, est forcément orthodoxe. Les autres formes et avatars furent le catholicisme et la dissidence luthérienne, calviniste, anglicane… Les mobiles de telles évolutions fut avant tout politique et économique. Les princes allemands en avaient assez de payer de riches tributs à Rome. L’église anglicane naquit de la sensualité de Henri VIII qui voulait divorcer de Catherine d’Aragon, pour épouser Ann Boleyn, plus jeune, plus désirable et qui n’hésita pas pour cela de divorcer du même coup de Rome tout en s’appropriant des biens du clergé.
En opposition radicale avec l’Eglise Orthodoxe, l’Eglise apostolique romaine, mit l’accent sur la crucifixion et le martyre, faisant de la souffrance elle-même une vertu salvatrice. Il s’ensuivit un culte morbide de l’autoflagellation, qui combinée à des soubassements sexuels à peine déguisés peut nous paraître aujourd’hui répugnant.
Néanmoins il faut prendre ces considérations avec prudence. Alfred de Vigny proclamait que les chants désespérés sont les chants les plus beaux. Il est certain que dans les grandes œuvres musicales, les moments les plus émouvants, sont les plus pathétiques, les plus dramatiques, les plus tragiques. La crucifixion, les persécutions, la terreur de là mort, portent au questionnement, et ce que l’on peut reprocher à l’orthodoxie post byzantine, est son manque d’expression, une certaine raideur, la suppression de l’individualité avec ses faiblesses.
Toutes ces réflexions vous permettront de comprendre que tout en étant orthodexe, je n’entends pas sacrifier le moins du monde ma foi de catholique, de protestant, et ni le messages mystérieux et visionnaires qui proviennent de l’influence de Moshe Hayyim Luzzatto, ce mystérieux ancêtre.
Toutefois il y a un autre facteur qui pesa dans ma détermination. Ce fut Mischa qui me le fit découvrir. Mischa n’est pas religieux et encore moins pratiquant, mais il fut touché par ma décision. Car pour lui elle exprimait mon désir d’appartenance à de que l’âme russe a de plus profond. Ceci d’autant plus que tout a été l’œuvre de Tatiana, sans laquelle jamais je n’aurais trouvé les contacts, l’énergie, l’organisation indispensables pour ce baptême. Plus que d’apprendre le Russe, devenir, à mon âge et affrontant des périls sérieux, orthodoxe est une preuve d’attachement pour le pays qui m’a donné les affections, l’amour, le plus profond que j’aie connu dans toute mon existence.
Bruno Lussato. Ce 20 juin à minuit.
Voir la couverture photo du baptême dans le corps du billet
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Wednesday, 17 June 2009
CHRONIQUE
24 heures de la vie à DEAUVILLE
Les dernières journées ont été ensoleillées et j'ai joui de chaque minute passées dans cette luxueuse et calme (en cette saison ) petite ville , conçue pour les riches parisiens venus un temps de Week-End, se purifier les poumons. Mon fils m'a acheté une joli studio avec un petit jardin donnant sur la piscine de la plus jolie résidence de Deauville, la rue des Villas.
Voici les roses de mon petit jardin, il y en a qui sont en train de pousser rouges frangées de jaune.
Luxe, calme et sérénité dans un coin de mon immense jardin.
Nous avons fait la connaissance d'un nageur consciencieux, qui s'est révélé le plus gentil de humains que nous connaissions. Son père a construit un ensemble d'entreprises performantes et très connues à Deauville, (Crozatier meubles etc.) .Un de ses enfants s'occupe du marketing, l'autre, Thomas de la gestion financière. Il habite au deuxième étage de la residence des villas, et nage tous les soirs et les week-ends dans la piscine. De l'avis unanime, c'est une famille très unie, très aimante et heureuse, et lui-même voit tous les week-ends sa copine, aussi gentille que lui. Alors que ses parents habitent à Touques, et de temps à autres viennent à Paris, dans leur appartement du Bd. Inkermann à Neuilly, lui habite à l'année dans ce grand appartement et prend ses repas dans les meilleurs restaurants de couscous, cuisine italienne ou cuisine bourgeoise familiale. Un regret. Il vient d'une famille où l'on ne se soucie guère de culture, et lui, il voudrait bien y accéder, mais ne sait pas par quel bout commencer. Je m'offre à l'aider. Mais c'est dur au début.
Il est agréable d'avoir un voisin aussi agréable, heureux en famille, l'antithèse des liaisons à base de sexe et de vilénies que décrit Kosinski dans Cockpit.
Nous voici dehors sur la terrasse du Normandy, plus chaleureux que le Royal, surtout de nuit.
Une robe hors de prix de Ralph Lauren, qui a attiré la convoitise de bien des clientes des palaces Deauvillais.
Voir la suite de la visite dans le corps du blog.
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CHRONIQUE
Le voyage de Tatiana au pays des mingei
Tatiana, en plus d'une amie très chère est désignée pour prendre la succession du Musée du Mingei (Western mingei-kan) le département le plus abouti de la Fondation Lussato-Fedier, à UCCLE (Bruxelles, Belgique).
Le pari initial était de devenir le premier musée du Mingei au monde, hors Japon. Or pour cela, il nous fallait devancer la collection Montgomery, que ce collectionneur un peu marchand mit trente ans à rassembler et qu’il met en vente pour la coquette somme de 1,5 millions de dollars. Outre le fait que je n’aime pas la composition de cette collection, bien qu’elle soit publiée dans de magnifiques livres et catalogues et présente dans tous les ouvrages qui parlent du sujet, je lui reproche de ne s’être transformée en ensemble muséal que récemment. Mais elle conserve les traces de son origine : une collection, pas un musée. Cela est dû me paraît-il, à l’absence des critères qui font la différence :
Une collection est rassemblée pour le collectionneur, et obéit à se goûts. Ce n’est que lorsque la croissance ininterrompue porte l’amateur à un degré de complétude tel, que tous y trouvent leur compte. C’est ainsi que Montgomery privilégie les poteries magnifiques d’époque Edo, principalement des assiettes très variées et d’une beauté de décor remarquable. Cet ensemble est imbattable et c’est lui qui apparaît dans les ouvrages et font la renommée de la collection. Les textiles en coton (vêtements en cuir et surtout en coton imprimé en stencil.) sont sur- représentés. En revanche il est difficile d’y retrouver des oribe ou de simples objet faits « par le peuple et pour le peuple.
Une collection est rassemblée pour le collectionneur, et obéit à ses goûts. Ce n’est que lorsque la croissance ininterrompue porte l’amateur à un degré de complétude tel, que tous y trouvent leur compte ce qui est la marque d’un musée ouvert. C’est ainsi que Montgomery privilégie les poteries magnifiques d’époque Edo, principalement des assiettes très variées et d’une beauté de décor remarquable. Cet ensemble est imbattable et c’est lui qui apparaît dans les ouvrages et font la renommée de la collection. Les textiles en coton (vêtements en cuir et surtout en coton imprimé en stencil.) sont sur-représentés. En revanche il est difficile d’y retrouver des oribe ou de simples objets faits « par le peuple et pour le peuple
Un musée au contraire doit être édifié non pas sur les goûts du conservateur ou du fondateur, ni son agrément personnel, avec en vue le public, et autant que possible le plus varié possible, comprenant aussi bien les experts les plus érudits que les profanes qu’un hasard a amené dans le musée et qui éprouvent une lueur, une étincelle, une révélation, qui les incite à se cultiver, à aller plus loin dans la connaissance. Cela peut même aller jusqu’à un véritable choc qui aboutisse au discernement. D’après Socrate, il est important de distinguer le bon du moins bon et le moins bon du mauvais. Bien qu’en matière d’Art et d’Artisanat, ce tri soit forcément subjectif, on aboutit souvent à une concordance pour les œuvres anciennes qui ont subi l’épreuve du temps et décanté l’éternel de la mode.
Je répéterai inlassablement les paroles d’André Nakov : un musée c’est une grange peinte en blanc contenant une vingtaine de chefs d’œuvre absolus. La quantité et le fatras sont en effet ennemis de la qualité. Le plus beau musée d’Art chinois du monde est le musée du Palais de Formose (aujourd’hui Taiwan). La grande salle des peintures comprend tout au plus vingt pièces sublimes. Le fonds immense est ainsi montré par rotation, ce qui préserve les œuvres de la lumière toujours néfaste, et incite le public à revenir. Il faut de ce point de vue ranger à part les musées documentaires qui doivent tout montrer. C’était le cas de mon musée du stylo. Il montrait tout, y compris de véritables monstruosités, afin de faire ressortir les évolutions, les périodes creuses comme les âges d’or. J’avoue néanmoins que lorsqu’on me vola la presque totalité de cette collection à vocation encyclopédique, je poussai un soupir de soulagement. J’avais honte en effet de montrer la majorité des pièces, faites pour flatter le goût dépravé de milliardaires sans culture.
Une règle impérative d’un musée et de ne pas admettre des spécimens tels qu’il puisse en exister ailleurs de meilleurs. Les pièces exposées doivent porter témoignage d’un style, d’un genre, d’une époque. Seul le sublime, l’incomparable peut créer un choc. Qu’on ne croie pas que noyer une œuvre géniale au milieu d’autres médiocres permette par effet de contraste de faire ressortir sa supériorité. Ce n’est pas faux et je me souviens qu’au Palais des Papes d’Avignon on était envahi par une masse d’œuvres d’une honnête facture. Et dans toute cette masse anonyme et ennuyeuse, une seule peinture faisait oublier le reste, une seule était dotée de cette magie indicible qui emplis d’une admiration stupéfaite le spectateur heureux, puits sans fond de sensations fortes et subtiles. C’était un Botticelli, une vierge à l’enfant.
Le Musée Jacquemart-André a la spécialité de montrer l’art d’une époque, mais le manque de fonds ne lui permet pas d’avoir deux ou trois pièces géniales. Mais bien souvent, noyées dans le tout venant, on peut passer à côté. Il faut alors écouter Picasso.
Un bon tableau exposé au milieux de mauvais, devient moins bon. Un tableau médiocre, entouré de tableaux de haute qualité, devient meilleur
J’ai toujours pensé que les musées contemporains ont pour origine des collections très exigeantes issues de l’enthousiasme et les fonds de mécènes éclairés et la coopération d’un seul marchand de référence, par catégorie. Les grands marchands, sont les meilleurs initiateurs à condition qu’ils se sentent les seuls à intervenir. Ils assurent alors la responsabilité de leur choix et en même temps forment le goût de leurs clients les plus fidèles. Ainsi Heinz Berggruen, Daniel-Henri Kahnweiler, Ambroise Vollard ont formé des générations de grands collectionneurs. Plus près de nous la célèbre collection Yves St. Laurent, Pierre Bergé a été édifiée avec la complicité par quelques grands marchands. Alain Tarica a été un de ceux-là, dont la probité et la compétence atteignent un sommet. Lorsque nos collectionneurs se sont passés de ces guides sûrs, se fiant à leur instinct, ils ont acheté des faux et des médiocrités, comme le faux Della Robbia, que j’ai eu l’imprudence d’acheter (et qui m’a été repris) sans tenir compte de la provenance.
Les marchands d’un niveau mondial, ont une réputation à défendre et leurs prix sont raisonnables lorsqu’ils savent qu’ils seront intégrés à l’existence d’un grand ensemble muséal. Ce sont eux qui constituent la base des achats des grands musées comme le Metropolitan ou la Fondation Getty. Lorsque ces musées achètent aux enchères ou dans des successions, ils se font toujours assister ou représenter par leur marchand de référence. Par exemple, ma collection de partitions musicales était édifiée par Albi Rosenthal et lorsqu’il y eut conflit d’intérêts avec la Pierpont-Morgan Library, il refusa de m’assister et me le dit honnêtement.
Pour la collection wagnérienne, ce fut Hans Schneider de Tutzing, qui était le plus cher et le plus compétent, dénigré par les autres plus accessibles. Ce fut pourtant lui qui me procura les pièces les plus importantes est m’apprit tous les secrets de la bibliophilie musicale. C’était une sorte de Tenscher, le plus cher aussi, par rapport à d’autres rivaux, doté d’un fort égo, entouré d’un respect général un peu intimidé.
Un exemple de probité est donné par le spécialiste français du Mingei, Philippe Boudin. Alors que nous consentîmes, mon mécène et moi-même à acheter des pièces fort chères, il renonça à nous les proposer après mûre réflexion. On peut avoir mieux, me dit-il. Il faut attendre.
Il est des cas où un collectionneur peut surclasser n’importe quel expert. C’est ainsi que Ludwig, jadis spécialisé dans l’art médiéval moyenâgeux allemand, revendit ses parts dans une firme allemande de chocolats pour se consacrer uniquement à la fondation de son musée. Il alla directement à la source, connut intimement tous les artistes les plus représentatifs, comme Rauschenberg ou Rothko, et en obtint d’immenses concessions car ils comprirent qu’ils allaient coopérer au musée d’Art contemporain le plus important au monde. Et ce fur le cas.
De même, comment voulez vous demander son avis à n’importe quel expert, sur un manuscrit à peintures médiéval, ou une première édition comme la Bible de Gutenberg, alors que les marchands comme Tenscher ou Clavreuil, ce dernier représentant la troisième génération d’une dynastie connue de grands libraires, dominent de très loin la connaissance de leur domaine ?
Voici mes chers internautes, la problématique à laquelle je suis confronté. J’ai le bonheur d’être suivi par le patron de la fondation de UCCLE, mais Socrate Papadopoulos, et Alexandre Pugachev, de leur propre chef, cherchent des experts, essayent, alors qu’ils n’ont ni le temps ni la compétence, d’acheter en faisant des affaires, sans me faire confiance… Sans réfléchir que j’ai toujours édifié des ensembles premiers ou second au niveau mondial… Mes proches en sont indignés et désolés. Et encore trop heureux qu’il ne me soupçonnent pas de poursuivre des buts indélicats !
L’aube est là et je me trouve à Deauville. Les nouvelles de ma petite personne, vous les trouverez dans le corps du blog, sous la rubrique : « A bâtons rompus »
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Sunday, 14 June 2009
CHRONIQUE
La Joconde et la machine à laver
Je me trouvais à l'aréoport de Pise, prêt à m'envoler pour Paris, après un magnifique périple qui me transporta (dans tous les sens du terme) du Collegio Del Cambio de Pérugia, des 35 églises de Todi, à l'étrange place en demi-lune concave où se tient, à Sienne, le Paglio, et dans la même ville, le Duomo, zébré de marbre noir et blanc qui servit d'inspiration à Parsifal, l'oeuvre ultime de Wagner, et à Pise, outre la tour penchée, le Battistero et le Duomo aux impressionnantes mosaïques byzantines. L'entrée de l'Eglise est payante, et elle est remplies de machines à sous qui délivrent des conférences, des cartes postales ou autres biens de consommation.
Assise sur le banc à côté de moi et de Marina qui était du voyage, feuilletait distraitement un guide des propriétés en vente ; une grande femme blonde, aux yeux d’un bleu dur, et à la mâchoire forte et molle tout à la fois. Elle surveillait du coin de l’œil ses deux mioches, deux turbulents enfants d’une dizaine d’année, qui jouaient à s’étriper ou à se mitrailler : pan ! pan !. Ma sœur, liante comme de coutume s’adressa à elle :
- Vous venez de visiter l’Italie, madame. ? La toscane, l’Ombrie ?`
- Vous préférez Detroit à l’Italie ?
- Cent fois ; ça me manque les centres commerciaux, les big bonanza, les autoroutes larges et les parkings ; Et notre cuisine, nos Hot Dogs,
Ceci n’est peut-être pas du mot à mot, mais l’esprit y était. Je me souviens de l’air beat avec lequel notre béotienne prononçait le mot « big Bonanza », ce sont je crois des points qu’on collectionne lorsqu’on achète assez de marchandise, et puis il y a les promotions, les soldes… enfin c’est le pied, quoi
Lorsque je compare ces magnifiques réalisations des temps passés, avec la monotonie la banalité ou, pour les meilleures d’entre elles, je ne sais quoi de glacé et de prétentieux,
On me répond : on ne peut tout avoir : notre siècle a placé ailleurs ses priorités et elles sont bien plus importantes : nous avons sauvé des vies humaines grâce aux antibiotiques, on a libéré la femme du funeste Kinder,Kirche, Küche grâce à la pilule et l’avortement légal, et n’oublions pas la machine à laver qui évite l’esclavage des grands récipients bouillants concoctant la lessive, puis du « bleu » lapis, pour terminer par les séchage sur un pré un jour de plein soleil. Et l’auto ? Et la télévision ? Bill Gates a montré qu’avec une matrice de 100 écrans à plasma reliés aux cent plus prestigieux musées du monde ,z-et des images qui défilent pendant 15 secondes chacune, un chercheur ou un artiste peuvent accéder à plus d’informations en une heure, qu’un humaniste que vous admirez tant pendant toute sa vie ! Et grâce à l’internet, vous pouvez avoir le choix entre des millions de morceaux de musique. Plus que tous les compositeurs et musiciens de jadis réunis, et pendant toute leur vie ! Donc la culture elle même y gagne et on peut faire mieux que la Joconde. Par dessus le marché, la vision de la Joconde n’est plus passive : grâce aux logiciels appropriés, vous pouvez devenir co-créateurs en changeant les couleurs, en combinant ses trait avec ceux de Mao ou de Hitler.
Autre argument choc. Ces villes d’art ont subi la sélection naturelle qui fait que seuls les chefs d’œuvre subsistent. Le temps a fait son œuvre et l’image en est faussé, embellie.
Quoi qu’on pense de ces prises de position hélas fréquente, le débat qu’elle suscitent masque l’essentiel ; qu’est-ce qui nous oblige à choisir ? En quoi le fait de créer la Joconde entraine-t-il l’impossibilité de construire une machine à laver, ou de faire de la recherche biologique ? Quant à l’argument de la sélection naturelle, il est falsifié par l’exemple de nombreuses petites villes comme Riequewir, qui sont restées sans le moindre changement.. Ce qui était naguère habité par des servantes ou des palefreniers, et aujourd’hui la résidence de la upper class !
Hier j’ai admiré une exposition de voitures anciennes Citroën. Les calandres anciennes, étaient laides et majestueuses, elles avaient de la classe. Mais une voiture apparut, unique dans son design, géniale comme une sculpture de Brancusi (toutes proportions gardées) ; bref, un objet d’art. Vous avez peut—être oublié la DS19 (et la DS21). Je le disais qu’est-ce qui s’oppose à ce qu’on dote ce chef d’œuvre des quelques vrais progrès de la technologie : le GPS, l’appuie tête, l’air conditionné, la faible consommation,
Malheureusement les voitures se sont entièrement banalisée, avec une exception miraculeuse : la Rolls Royce berline. Cette banalisation est due à un génie de l’architecture : Colani. Ce novateur suisse, oeuvrant au Japon décida d’éliminer toutes les duretés géométriques. Il avait remarqué que ces formes anguleuses n’existent pas dans la nature. Il prôna alors des objets ronds, sans aspérités. Tous se gaussaient de lui, jusqu’à ce qu’il put trouver un appui en la maison d’appareils photos, Canon.
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