Bouillon de culture
Sunday, 14 June 2009
CHRONIQUE
La Joconde et la machine à laver
Je me trouvais à l'aréoport de Pise, prêt à m'envoler pour Paris, après un magnifique périple qui me transporta (dans tous les sens du terme) du Collegio Del Cambio de Pérugia, des 35 églises de Todi, à l'étrange place en demi-lune concave où se tient, à Sienne, le Paglio, et dans la même ville, le Duomo, zébré de marbre noir et blanc qui servit d'inspiration à Parsifal, l'oeuvre ultime de Wagner, et à Pise, outre la tour penchée, le Battistero et le Duomo aux impressionnantes mosaïques byzantines. L'entrée de l'Eglise est payante, et elle est remplies de machines à sous qui délivrent des conférences, des cartes postales ou autres biens de consommation.
Assise sur le banc à côté de moi et de Marina qui était du voyage, feuilletait distraitement un guide des propriétés en vente ; une grande femme blonde, aux yeux d’un bleu dur, et à la mâchoire forte et molle tout à la fois. Elle surveillait du coin de l’œil ses deux mioches, deux turbulents enfants d’une dizaine d’année, qui jouaient à s’étriper ou à se mitrailler : pan ! pan !. Ma sœur, liante comme de coutume s’adressa à elle :
- Vous venez de visiter l’Italie, madame. ? La toscane, l’Ombrie ?`
- Vous préférez Detroit à l’Italie ?
- Cent fois ; ça me manque les centres commerciaux, les big bonanza, les autoroutes larges et les parkings ; Et notre cuisine, nos Hot Dogs,
Ceci n’est peut-être pas du mot à mot, mais l’esprit y était. Je me souviens de l’air beat avec lequel notre béotienne prononçait le mot « big Bonanza », ce sont je crois des points qu’on collectionne lorsqu’on achète assez de marchandise, et puis il y a les promotions, les soldes… enfin c’est le pied, quoi
Lorsque je compare ces magnifiques réalisations des temps passés, avec la monotonie la banalité ou, pour les meilleures d’entre elles, je ne sais quoi de glacé et de prétentieux,
On me répond : on ne peut tout avoir : notre siècle a placé ailleurs ses priorités et elles sont bien plus importantes : nous avons sauvé des vies humaines grâce aux antibiotiques, on a libéré la femme du funeste Kinder,Kirche, Küche grâce à la pilule et l’avortement légal, et n’oublions pas la machine à laver qui évite l’esclavage des grands récipients bouillants concoctant la lessive, puis du « bleu » lapis, pour terminer par les séchage sur un pré un jour de plein soleil. Et l’auto ? Et la télévision ? Bill Gates a montré qu’avec une matrice de 100 écrans à plasma reliés aux cent plus prestigieux musées du monde ,z-et des images qui défilent pendant 15 secondes chacune, un chercheur ou un artiste peuvent accéder à plus d’informations en une heure, qu’un humaniste que vous admirez tant pendant toute sa vie ! Et grâce à l’internet, vous pouvez avoir le choix entre des millions de morceaux de musique. Plus que tous les compositeurs et musiciens de jadis réunis, et pendant toute leur vie ! Donc la culture elle même y gagne et on peut faire mieux que la Joconde. Par dessus le marché, la vision de la Joconde n’est plus passive : grâce aux logiciels appropriés, vous pouvez devenir co-créateurs en changeant les couleurs, en combinant ses trait avec ceux de Mao ou de Hitler.
Autre argument choc. Ces villes d’art ont subi la sélection naturelle qui fait que seuls les chefs d’œuvre subsistent. Le temps a fait son œuvre et l’image en est faussé, embellie.
Quoi qu’on pense de ces prises de position hélas fréquente, le débat qu’elle suscitent masque l’essentiel ; qu’est-ce qui nous oblige à choisir ? En quoi le fait de créer la Joconde entraine-t-il l’impossibilité de construire une machine à laver, ou de faire de la recherche biologique ? Quant à l’argument de la sélection naturelle, il est falsifié par l’exemple de nombreuses petites villes comme Riequewir, qui sont restées sans le moindre changement.. Ce qui était naguère habité par des servantes ou des palefreniers, et aujourd’hui la résidence de la upper class !
Hier j’ai admiré une exposition de voitures anciennes Citroën. Les calandres anciennes, étaient laides et majestueuses, elles avaient de la classe. Mais une voiture apparut, unique dans son design, géniale comme une sculpture de Brancusi (toutes proportions gardées) ; bref, un objet d’art. Vous avez peut—être oublié la DS19 (et la DS21). Je le disais qu’est-ce qui s’oppose à ce qu’on dote ce chef d’œuvre des quelques vrais progrès de la technologie : le GPS, l’appuie tête, l’air conditionné, la faible consommation,
Malheureusement les voitures se sont entièrement banalisée, avec une exception miraculeuse : la Rolls Royce berline. Cette banalisation est due à un génie de l’architecture : Colani. Ce novateur suisse, oeuvrant au Japon décida d’éliminer toutes les duretés géométriques. Il avait remarqué que ces formes anguleuses n’existent pas dans la nature. Il prôna alors des objets ronds, sans aspérités. Tous se gaussaient de lui, jusqu’à ce qu’il put trouver un appui en la maison d’appareils photos, Canon.
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Thursday, 11 June 2009
CHRONIQUE
LE RAT ET LE NAVIRE
On ne peut faire crédit au capitaine dont le vaisseau est en train de sombrer.
Hier ce fut une journée noire pour moi, je connus, ce qui ne m'est pas coutumier, un effondrement total. Les digues ayant cédé, les larmes succédèrent aux larmes, pour adopter la frappante expression de Goethe dans son admirable dédicace de Faust II.
Nul doute que la trahison du jeune homme provoqua en moi un tel effondrement. Tous mes amis - qui connaissent son identité - ont été indignés et m'ont pressé de lâcher prise. De l'ignorer dorénavant. Il ne mérite pas, disent-il et ils ont raison, que je souffre ainsi à cause de lui. J'avoue que mon estime pour lui, qui jusqu'ici était dissociée de son comportement envers moi, s'est évaporée et qu'il m'apparaît actuellement comme un gamin égoïste, sans classe ni manières, un fils à papa qui se fait la grosse tête, ce que son propre père dit avec élégance : " il vous aime beaucoup, mais il est jeune. Il a besoin de mûrir"
Mais on ne se refait pas ! De ma vie, je n'ai jamais lâché prise. Comme un chien accroché à son os, je n'ai jamais abandonné une lutte, je me suis toujours battu jusqu'à l'extrême limite de mes forces, et quelques fois ... au delà !
Je viens d'apprendre que le jeune homme se trouvait hier à Paris, et qu'il est encore présent aujourd'hui dans la capitale. Je lui ai adressé un SMS d'urgence où je fais allusion aux désagréments divers qu'entraîne son hostilité; à la fois pour lui et pour sa famille. Certes, je lutterai aussi pour les atténuer, par égard pour son père et de sa famille qui est aussi la mienne.
Mais mon sang n'a fait qu'un tour devant tant d'affronts. Puis je me suis souvenu des propos que j'ai mis dans sa bouche, hier, par jeu.
Ils contiennent hélas une bonne part de réalité. Je me sens, je me vois, je me considère comme vivant encore jusqu'à cent ans ce qui eût été le cas sans la fatalité qui me poussa à me faire opérer le jour de la grève du sang. la chance, nous la rencontrons bien souvent dans nos échecs. Echec d'obtenir une place de retour dans l'Airbus fatal, échec bienvenu si j'avais attendu la fin de la grève pour me faire opérer. Or, les dés étant jetés, il faut me voir avec les yeux des autres. Si j'excepte ceux qui m'aiment : les gens de Lille, Sandrine, Tatiana, Olaf et Socrate, sans compter évidemment ma propre soeur, pour le reste il n'y a que des rapports d'intérêt. et quel intérêt que peut présenter un vieillard malade, condamné à brève échéance, un mort en puissance?
C'est un tigre édenté aux griffes émoussées. Il ne saurait faire de mal à personne, donc on peut le bafouer, l'ignorer, le moquer sans complexe. Lorsque j'étais jeune et férocement ambitieux, je disais cyniquement d'un vieil ennemi : patientes, tu as un avantage sur lui : dans quelques temps il cessera de te faire de l'ombre car le temps est ton allié : tu auras gagné parce que tu lui survivras ! Un corps en faillite c'est irrattrapable. Non. N'investissez pas sur moi. Antonio a pu retrouver une partie de ses bateaux, Olaf peut connaître à nouveau la fortune si la conjoncture s'oriente autrement...
Mais debout, lâche voyageur, tu es environné d'amour et de respect de ceux qui comptent en ce monde, tu ès en pleine forme physique, entouré et choyé, le printemps a fleuri pour toi, les pivoines de Bagatelle ont enchanté ton coeur, et tu voudrais abandonner la lutte? Sors dans la plus douce nuit de l'année, puise l'énergie vitale dans les esprits qui entrent en toi par le truchement de ton Steinway de concert, splendide cygne noir dont tu as tant rêvé pendant ta jeunesse. Ne permets à personne de douter de ta survie pendant des nombreuses années encore. Ce n'est pas mentir car pour toi une heure vaut une demi-journée de vivant.
Un de mes clients a tout pour être heureux, mais il m'a avoué que plutôt que le Paradis, ce sont les grises limbes du purgatoire qui l'habitent. Oui. Continue de te battre, de t'indigner, de souffrir par ceux que tu aimes, car c'est cela qu'être vivant.
Sunday, 7 June 2009
CHRONIQUE
COULEUVRES ET LAPINS
Ce Dimanche, je devais recevoir trois visites :
Alexandre Del Valle, un courageux et talentueux spécialiste de l'Islam passionné par l'équilibre des forces et des idéologies qui broient les populations,
Pierre Seznek un ambitieux qui cherche frénétiquement à étendre son réseau de relations en Russie et son amie. Sezneck chante magnifiquement et a le don rare d'attirer à lui les plus somptueuses - et admirables - créatures. Sa dernière amie allie une beauté éblouissante à une vive intelligence et un charme irrésistible. En définitive, elle s'est décommandée, puis hier au dernier moment cela a été le tour de Pierre lui-même. Des lapins...
Cette semaine, le jeune homme dont il a été beaucoup question, dans ces derniers billets, m'a posé, lui, des lapins téléphoniques. Cela va plus loin, d'ailleurs car il s'est froidement assuré que je ne pourrai me dégager de son emprise, en me tendant un piège, puis en me faisant avaler des couleuvres. J'en ai beaucoup souffert, et il le sait.
C'est la même attitude méprisante qui, par mimétisme sans doute, affecte mes relations avec une de ses employées les plus efficaces, que j'ai pourtant aidé de mon mieux auprès de son patron. J'avouerai que je n'en fais pas grand cas, car cela dissipe les illusions que je pouvais nourrir sur cette femme intelligente qui s'est révélée une arriviste au petit pied.
DERNIERE MINUTE
Alexandre del Valle n'est pas venu! L'erreur ne vient pas de lui, le pauvre, mais de Pierre Seznek, qui a omis de l'avertir qu'il ne pourrait pas le véhiculer dans sa voiture, et n'a pas non plus jugé bon de m'avertir. Enfin, il faut de tout pour faire un monde, et il faut se fier à l'infiabilité de certains individus. Comme le dit Brecht,
comme on fait son lit on se couche, si quelqu'un doit crever, c'est toi !
Marina et Jean-Marie, avaient préparé un succulent repas pour Del Valle et nous devrons le consommer demain, si nous sommes toujours à Deauville, car il est possible que je parte à Paris. C'est demain en effet que je saurai à quelle sauce je serai mangé et quand je serai opéré, si l'opération est possible. Ils se sont tous donné beaucoup de mal. Socrate voulait m'emmener en Israël où il connaît les meilleurs chirurgiens, mais ici, j'ai des attaches, je ne suis pas un numéro pour le Professeur Paul. Je me souviens que Sergei Pugatchev ne jurait que par un procédé censé vous guérir instantanément. Il suffisait d'appliquer le principe selon lequel une très forte fièvre tuait les virus. On vous portait le sang pendant quelques instants à une température non pas de 40° mais de 60°. Certes on avait de fortes chances d'y laisser la peau, mais avec la satisfaction de tuer cette saloperie de virus!
J'en serai quitte pour aller au cinéma, ce qui m'arrive une fois par an ! Dans le corps du billet j'ai l'intention de transférer mes impressions sur Stefan Zweig, dont je viens de lire "Les vingt quatre heures de la vie d'une femme".
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Thursday, 4 June 2009
CHRONIQUE
Fragments épars
Je me débats encore avec mon Apple. J'ai demandé à Michel de se rendre chez Apple et de se faire expliquer les rudiments, ce qui est juste nécessaire pour consulter mon blog, l'éditer, contrôler la taille et la couleur des caractères, et diffuser sur le web. Je sais que c'est une tâche qu'il n'aime pas, aussi s'est-il contenté de téléphoner ) Apple qui lui a conseillé de se brancher sur la hot line, ou d'apporter l'ordinateur. Autre suggestion, due à Jacques Pozzetto: demandez au Syndicat d'initiative de Deauville, l'adresse d'un informaticien. Avec cela, me voici bien avancé. Je vais essayer à titre de test, d'enregistrer ces quelques lignes puis de revenir au weblog.
Apparemment cela a fonctionné. Pour combien de temps?
ALEXANDRE PUGACHEV
Les Echos ont mal orthographié son nom (devenu Pugatchev) Le fils de mon ami Sergei, et mon disciple préféré, a eu droit à une page entière des "Echos", où la photo le montre tout à fait à son avantage, c'est-à-dire tel qu'il est, contrairement à une affreuse photo parue dans le "Figaro".
Au fond il est possible que les deux images montrent des aspects antinomiques de son caractère. la dernière voit un être rougeaud, la figure carrée, la mâchoire lourde presque mussolinienne, le regard triomphaliste, et brutal, antipathique, presque stalinien. J'avoue ne pas avoir reconnu en lui le jeune homme que j'apprécie au point de lui donner une partie de mes biens culturels les plus précieux, qui se propose de prendre en charge la troisième fondation, lui-même avide de culture et de beauté. Alexandre est froid, voire glacial, gros travailleur, le sens de l'autorité, respecté des petits, de plain pied avec ceux de la base qui par leur travail font marcher l'entreprise, mais craint par les vizirs, les diplômés paresseux et condescendants.
Mais Alexandre n'a rien du bon jeune homme des "Echos". Certes il a la race d'un prince, qu'il tient de son père, que vous avez vu dans le blog (album de famille). Une élégance suprême, mais aussi une faculté étonnante de transformation. Caméléon, il peut revêtir la physionomie d'un jeune un peu timide, naïf, hésitant, modeste, au sourire désarmant. C'est cet aspect qu'il nous montre dans la photo des "echos" d'aujourd'hui. Il devait venir passer la journée avec moi à Deauville, mais il est resté chez lui, terrassé par la grippe, que j'espère non porcine, ni mexicaine, ni aviaire, ni A etc...
LA DISPARITION DE L'AIRBUS
Que voici un excellent cas de désinformation. La palme revient au journal "le Monde" qui est passé maître en la matière. Il annonce en page-titre un papier sur les différentes hypothèses possibles. Mais en fait il ne donne que les informations officielles les plus neutres, sans le moindre travail contradictoire. Néanmoins, même de la prose aseptisée du journal bien-pensant, on peut tirer des indices.
1. Au début on a invoqué la foudre comme cause de la catastrophe, alors que les officiels qui ont émis cette cause avec aplomb, savaient fort bien que même les éclairs les plus violents, ne sauraient affecter la sécurité d'un avion tel l'Airbus vraie cage de Faraday volante, la foudre est un phénomène routinier banal. Pourquoi donner au public comme raison la plus probable, la moins probable, si ce n'est pour distraire l'attention d'autres causes possibles?
Consulter la suite dans le corps du billet.
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