Saturday, 23 May 2009Le journal du 22 mai 2009CHRONIQUE
Premiers balbutiements sur Apple Me voici à Deauville depuis hier. Le temps est radieux et je me remets, après la folie des grands restaurants à des mets plus simples, qui sont les bienvenus. Hier soir : jambon de Paris tranché très fin par le meilleur boucher de la ville balnéaire, des pommes de terre provenant d'un spécialiste de luxe, ruineux, en attendant d'aller aujourd'hui au marché. Des pommes de terre bien chaude que l'on trempe dans un peu de sel (sel de potassium dans mon cas) quoi de meilleur avec un oeuf à la coque bien frais et quelques petits poissons pêchés cette nuit et assaisonnés d'huile d'olive vierge pressée à froid? Non, mon horizon ne s'est pas limité à ces considérations gatronomiquement diététiques ! Ma nuit et une bonne partie de la journée d'hier m'ont permis de lire attentivement "pinball" de mon écrivain préféré : Jerzy Kozinski. Cet ouvrage, dont la première partie est ardue et la seconde concise et d'un simplicité kosinskienne, me fascine d'autant plus, qu'il traite de l'opposition entre le pop et la musique classique, la rigueur d'un certain Gerhard Osten qui considère Chopin comme un amateur et celle de son fils qui, en cachette et dans un incognito total pond des hits signé Goddard, qui sont les premiers du classement et le plus grand succès commercial. Le père Osten, croit que son fils est un professeur de littérature, et il est bien loin de se douter que caché dans un retraite de San Diego, il élabore éléctroniquement ses succès. Un des thèmes du livre, qui me touche personnellement, traite de l'amour infini que Jimmy Osten porte à son père Gerhard et dont celui-ci est bien loin de mesurer l'étendue. Gerhard est très fier de la maison "Etudes" qu'il dirige et qui est dévoué à la cause des jeunes compositeurs classiques. Ce qu'il ignore en revanche est que la firme qui le subventionne appartient à Goddard non fictif de son fils. Ce dernier, par pudeur lui laisse croire que cette subvention est due à son talent, qui d'ailleurs est réel. Mais la musique classique contemporaine ne se vend guère alors que le pop rapporte des tombereaux d'argent qui financent à l'insu du vieux sa firme ! Une des causes secondaires de l'admiration que Jimmy Osten porte à son père, est la fidélité que ce dernier porte au souvenir de sa chère épouse, une femme exceptionnelle, et sa rigueur morale et intellectuelle. Qu'on imagine son embarras et son chagrin, lorsque son modèle d'austère grandeur tombe amoureux d'un polonaise mi/russe, pulpeuse créature qui devine le sac d'agent à pomper. Elle lui fait croire qu'il est un excellent amant, au contraire de Goethe qui ne se remit pas du rejet, lorsqu'il avait 75 ans d"une jeune fille de 17 ans ! Il se tourna alors vers le second Faust, son chef-d'oeuvre. Avec la nouvelle pépée, rien de tel, et elle prend le vieillard par le sexe. Ce dernier l'épouse et explique à son fils qu'il a enfin trouvé le grand amour. Plus tard sa nouvelle femme le ruine en folles dépenses, et Gerhard Osten signifie à son fils , dont il ignore la seconde vie, qu'il ne pourra plus l'entretenir et qu'il laissera tous ses biens à la russo-polonaise. Un instant, Jimmy envisage de lui couper les vivres. Le voyant acculé à la banqueroute, la femme fuira celui qui n'est qu'un sac de ruine physique, ainsi son père lui reviendra plus sage et plus aimant. Puis il renonce à son projet de peur que Gerhard se suicide ou succombe à une crise cardiaque en apprenant la vérité. Il laisse faire. Dans mon entourage proche je connais ainsi un jeune homme d'une force et d'une intelligence exceptionnelle. Cet homme glacial, soutient les affaires de son père et les mène vers le succès, son père qu'il adore au delà de toute expression. J'ai vu son regard d'adoration lorsqu'il était en sa présence. Il rayonnait de bonheur, et il existait entre père et fils une complicité touchante, un engagement à toute épreuve. Et voilà que soudain le père succombe au charme d'une pulpeuse créature qui se fait mettre enceinte pour s'offrir le mariage de rêve. Elle, modeste secrétaire d'une obscure agence de voyage, la voici promue au rang de dame de la haute aristocratie des affaires ! Le jeune homme ne se plaignit pas, il ne montra en rien ses sentiments, mais mon coeur saigna pour lui, car bien qu'il ne m'aimât guère, je lui étais dévoué. Friday, 22 May 2009Le journal du 22 mai 2009CHRONIQUE Structure et émotion Ce billet traîte d'un débat qui nous a opposé Tatiana et Macha d'un côté, votre serviteur de l'autre. L'enjeu est banal : est-ce que ce qui faitla qualité d'une oeuvre est l'aura qui l'entoure et l'émotion qui en émane et qui nous saisit quel que soit notre niveau de connaissance, ou au contraire est-ce un édifice rigoureusement construit et logiquement organisé à partir d'axiomes de base, de règles de dérivation, et autres diableries mathématiques? Thursday, 21 May 2009Le journal du 21 mai 2009CHRONIQUE Le docteur Mabuse
Bien sûr, c'est une plaisanterie, je n'ai aucune envie de vous entretenir du Dr Jekyll et de Mr Hyde, des monstres de Karpates, des golems, des vampires ni de Frankenstein. La référence au Dr. Mabuse est une simple parabole.
Vous savez qu'on interna ce diabolique docteur afin de le mettre hors d'état de nuire. Il fut privé de tout contact. Il obtint cependant un épais journal de bord, lui aussi emprisonné sans aucun humain pour le lire, existence inconnue de tous, non avenue. Le bon Mabuse écrivait tous les jours la liste des crimes, des pirateries, des règlements de compte sanglants, des accidents mortels qui n'éxistaient que dans son imagination, puisqu'il était coupé du monde extérieur. Or tout ce qu'il écrivait survenait quelques heures après hors des murs de la prison, dans le monde courant et familier, et on en retrouvait l'intitulé dans la manchette des journaux. Cette interpénétration du réel et de l'irréel, est typique de l'Entretien, d'où la référence provocatrice du titre du présent billet.
Ce qui survint avec le jeune homme dont je tus toujours le nom et l'existence, faisant partie des grandes familles que je ne puis citer, reste comme une plaie brûlante dans les tréfonds de mon être. Il le savait fort bien, il connaissaît aussi combien j'avais besoin de son appui en cette nuit tombante, et il choisit ce moment pour - lui qui m'avait promis d'être près de moi quoi qu'il lui en coûte, - pour ne plus donner signe de vie en dépit de mes SMS désespérés. Mais reformulée par Macha cette petite tragédie, fait partie de L'Entretien, et plus précisément de la scène entre le Seigneur et l'Autre. Effectivement, comme le docteur Mabuse, je file un texte imaginaire, issu de ma fantaisie, et qui s'incarne par la suite dans la réalité de telle sorte, qu'on ne sait pas si c'est le texte qui anticipe la réalité, ou la réalité qui se conforme au texte !
On retrouve ainsi les théories de Rupert Sheldrake, et notamment son concept de champ morphogénétique. Il suffit pour lui qu'une forme soit suffisamment nouvelle, perturbante et signifiante, pour qu'en même temps, un peu partout dans le monde, des formes analogues apparaissent. Il donne comme exemple le cas de la surfusion et de la cristallisation des molécules organiques. Lorsqu'un nouveau composant a été synthétisé, molécule curative ou parfum, il ne peut être purifié que s'il est cristallisé. Partout dans le monde, des laboratoires ultra-spécialisés et concurrents, essaient les premiers d'aboutir à la cristallisation des nouvelles molécules qui se présentent comme des masses amorphes et impures. Et voici que par chance un de ces laboratoire réussit à faire cristalliser la molécule. Aussitôt, partout dans le monde les molécules cristallisent! On a émis toutes les hypothèses, y compris celle d'un germe cristallin qui aurait franchi les portes closes du labo d'origine, pour être transporté par un vent mauvais dans tous les laboratoires du monde. Il est inutile de vous dire que dans cette éventulalité on a scellé toutes les zones de dissémination possibles. Sans succès.
Ainsi s'expliquerait l'effet Mabuse. Lorsqu'un texte particulièrement puissant, original et d'une forme nouvelle, est créé , on peut le considérer comme un langage cristallisé. Il agit dans l'environnement à condition que celui-ci soit prêt à l'accueillir. Mais avec le temps la diffusion s'accroît et les différents auteurs s'accusent mutuellement de plagiat. Ce ne sont là, bien entendu, que des pistes de réflexion, y aurait-il quelque paramètre caché qui rendrait compte de ces étranges contaminations?
Sheldrake a donné des protocoles d'expérimentation très simples qui permettent de prouver ces phénomènes. Mais ses nombreux détracteurs se sont contentés de cracher des insultes et des remarques condescendantes, sans qu'aucun d'eux ne semble avoir essayé les protocoles. C'est une attitude fréquente on le sait, chez les pontifes et les mandarins. Moi-même du haut de ma chaire d'état, j'ai dû réagir de la même façon, en toute bonne foi.
Départ pour Deauville Je ne supporte plus la pollution de la Région Parisienne. Des ennuis de toute sortes que vous imaginez (Dont le vol de 40.000 euros par un employé de maison-chauffeur devenu mythomane au contact de Jacques Martin) et bien entendu la consultation avec le Professeur Pol relative à mes chances de survie, ont constamment différé ce départ.
Aujourd'hui j'ai été avec Marina me promener au jardin de Bagatelle. L'entrée était gratuite car il n'y avait pas d'expositions en cours. Et pourtant nous avons cu les pivoines les plus magnifiques qu'on puisse imaginer, et même dépassant l'imagination, en union et en contraste de couleurs. Plus loin une exposition d'Iris nous jouait un concert en mode mineur, où les mauves puissants alternaient avec les violets pâles quelquefois ponctués de touches en mode majeur :jaunes ou orangé.
En dépit de ce festival pour les yeux, nous nous trainions lamentablement, plus crevés que jamais. C'est, nous le savons, dû à la chape de plomb qui vient de s'abattre avec la chaleur réverbérante, aggravée par la pollution, sur le bassin de l'Ile de France. Pour récupérer, rien ne vaut l'air vivifiant de la Manche. J'amènerai avec moi mon Apple dans l'espoir que je saurais le faire marcher, et le gros traité de calligraphie de Mediavilla. Au retour je voudrais attaquer le secont volumes de mes morceaux choisis.
INITIATION A LA MUSIQUE Je suis profondément ecoeuré. J'ai pris une heure trente sur mon sommeil pour affiner et simplifier mes recommandations, et d'un coup voici que ma page web expire, annulant tous les passages sauvegardés. Je m'en vais me coucher car je devrais partir tôt pour Deauville demain - sauf catastrophe - mais peut-être au milieu de la nuit j'écrirai sur Word, mes conseils sur le Package culturel. Bonne Nuit ! Bruno Lussato. Continuer à lire "Le journal du 21 mai 2009" Tuesday, 19 May 2009Le journal du 20 mai 2009
Épreuve
A dix huit heures j'ai rendez-vous avec le Professeur Pol au sujet de la conduite à adopter pour ma survie. Où son équipe et le radiologue ont trouvé une solution, et tous les espoirs à me sont permis, où ils n'en trouvent aucune ce qui équivaut à une condamnation à relativement court terme. Cet Rendez-vous est une épreuve dans les deux sens du terme. D'une part ma force de caractère est mise à l'épreuve. D'autre part c'est une épreuve douloureuse précédée par une angoisse que je ne ressens pas mais qui couve dans les soubassements de mon psychisme, sourde et lancinante.
Ce qui m'a toujours soutenu, est l'amour que me portent des personnalités très différentes mais dignes d'estime, voire d'admiration. Je ne puis vous faire connaître les principaux : Socrate Papadopoulos, Olaf Olafson, ou LH III car ils insistent pour rester dans l'ombre. Mais il y en a tant d'autres que je voudrais vous présenter et qui font partie de ma tribu ! A commencer par mon fils biologique qui face à mon drame a donné les preuves de l'attachement filial le plus touchant. Et ma chère Sandrine, et S*** mon successeur au blog. Arnaud Mulliez, le fils du fondateur d'Auchan, malgré des divergences professionnelles, a été le plus affectueux, le plus sincère des soutiens. Henri Mathias s'est toujours préoccupé de mon sort, et Vianney Mulliez m'a toujours défendu et protégé. Ma véritable famille se trouve à Lille parmi eux, leurs épouses courageuses et aimantes et les enfants dont mon petit-fils adoptif : Alexandre Mulliez.
Je citerai aussi Sergei Pugachev, et ses enfants Victor et Alexandre, qui m'a accueilli comme membre de sa famille et Tatiana, mon ange gardien, n'hésitant pas à faire le voyage de Moscou pour me soutenir moralement. Elle est aussi le futur conservateur du musée du Mingei.
Un grand encouragement est l'estime que m'ont porté des génies. Ils ne m'ont jamais fait défaut. Avant c'était Miro et Tàpies, Hartung et Salvador Dali. Aujourd'hui, Bob Wilson, Bill Viola, Gergiev, Henri Dutilleux et quelques autres ont pris la relève. J'espère les réunir dans un album de famille, avec leur autorisation bien entendu. Une seule déception, tellement cruelle que je ne veux mais ne puis l'évoquer, m'a profondément troublé. Celui qui en est la cause est évidemment exclu de l'album des êtres chers et respectés. Je n'ai garde non plus d'oublier mon chauffeur Michel Ferreira, avide de culture, excellant en un nombre de domaines et très apprécié par Henri Dutilleux. Sans lui, j'aurais erré comme une âme en peine.
Voici donc, mes chers internautes mes projets. Le mammouth que constitue le blog a déjà trouvé preneur, et j'espère qu'on pourra le consulter à la Bibliothèque Nationale dans la grande salle des usuels.
Bruno Lussato, 1h15.
Dernière minute : je remercie Herbe (le plus fidèle) de son encouragement et de sa suggestion pour le livre d'or familial. J'espère pouvoir la mettre en pratique.
Mon e-mail reçoit de nombreux messages d'encouragement et un vif intérêt porté à "l'album de famille". Vous le trouverez dans le corps du blog. Aujourd'hui, pour me remettre du choc de la consultation avec le Prof.Stanislas Pol, Tatiana nous invita son amie Macha, Marina et Sandrine chez Lasserre. Marina connaissait bien ce restaurant où Salvador qui y avait sa table réservée, l'invita maintes fois. Elle en avait gardé un souvenir agréable. Ce ne fut pas mon car voici des décennies j'y invitai le ministre du commerce Thomas Drumm. Les coques n'étaient sans doute pas fraîche ou contaminées,je ne sais...Nous fumes tous malades.
Entre Macha et Tatiana
Marina,Sandrine,moi et Macha
Marina Bruno
Entre Macha et Tatiana
MOSHE HAYYM LUZZATTO Aujourd'hui c'est d'après Me Daninos l'anniversaire de la mort de mon probable ancêtre. Je lui rends l'hommage dû à un génie éclairé doté d'une vision aiguë du monde et le plus grand connaisseur de ses structures profondes, formalisées en un cristal nommé cabale. Pourtant la biographie officielle indique que né à Padoue en 1704, condamné par un tribunal , rabbinique à Francfort. Il se rendit en 1743 en Terre Sainte, mais mourut de la peste avant d'y arriver, en 1746.
La tombe de Moïse Hayym Luzzatto sur la colline dénudée donnant sur le lac de Tibériade. Seul admis dans la colline avec une autre gloire prophétique, Akiva.
La tombe de Luzzatto la dépasse en grandeur et en majesté.
Si les écrits de Luzzatto me sont étrangers, sa vie en revanche est voisine de mon parcours. Précoce et chassé par l'orthodoxie rabbinique,il fut un éternel persécuté, ne voulut jamais renoncer à sa vision et tomba malade. Tant il est vrai que le don de prophétie se paye lourdement pas la maladie.
Ce soir à table j'eus une conversation très éclairante avec Macha, une femme d'une haute spiritualité et ma chère Tatiana, qui nous invita tous pour me faire oublier mon pénible entretien avec le Professeur Pol. Celui-ci que j'admire au delà de tous pas sa profonde humanité, et qui me suit depuis plus de douze ans, a accepté de figurer dans l'album de famille du blog et m'enverra un de ces jours une photo.
Au cours de cet échange, je m'aperçus avec stupéfaction que je m'étais lourdement trompé sur la signification de l'Entretien et de ses relations avec mon existence. En effet la clé de voute qui soutient tout l'édifice est à prendre au sens littéral du terme. Une séquence fondatrice très brève. Viendrait-elle à manquer, la signification intégratrice ultime de tous les sub-systèmes disparait et l'anarchie s'installe. Elle a un versant réel et un versant littéraire. Le versant réel : mon attraction invincible pour un jeune homme de haute descendance et puissant, en dépit de son attitude cruelle voire même sadique envers moi. Il était doté de toutes les qualités qui assurent la domination et le succès. Travailleur infatigable doté d'une intelligence presque surnaturelle, il pouvait inspirer la terreur aussi bien que la fascination paralysante, mais aussi, quand il le voulait, il savait transformer sa physionomie et prendre l'apparence d'un doux jeune homme, à peine sorti de l'adolescence et aussi naïf que humble. Il attirait alors ses victimes, les puissants désireux et flattés de venir en aide à un protégé aussi doué et aussi docile.
Avec moi il ne feignait guère et il ne me cacha nullement son indifférence à mon égard. Il appréciait cependant mes apports en tant que professeur et qu'artisan de son pouvoir. Je le défendis toujours, et toujours, malgré que j'en aie, je me laissai prendre aux pièges qu'il me tendait. Son père, homme chaleureux et généreux, se plaignit à moi de sa froideur de glace. Que peut-on faire pour le rendre un peu humain? m'interrogeait-il inlassablement. A vrai dire il le craignait un peu sans se l'avouer, il n'avait aucune prise sur lui car le garçon s'était rendu indispensable dans ses affaires et il ne voulait pas l'indisposer. - Je lui répondis : comment voulez vous que je donne un coeur à qui ne l'a pas? - On doit pourtant faire quelque chose, insista le père. J'eus alors une idée. Les grands génies littéraires et les grands musiciens, sont gens de grande sensibilité et haute moralité. Peut-être constitueraient-ils une passerelle vers une prise de conscience. - Bravo ! Alors je vous prie cultivez-le au maximum ! - C'est ce que je fis. Et j'eus la satisfaction de constater une amélioration à mon égard. Il se rapprocha de moi, me manifestant même une tendresse touchante. J'avertis son père : il est en train de changer, et il a pour moi des sentiments d'affection forte qui montrent qu'il prend conscience de l'immense affection que je lui porte. Le père hocha la tête, guère convaincu. Et de fait, à ces accès de douceur et de séduction, succédaient immanquablement des comportements humiliants et dévastateurs. Cette succession de chaud et de froid était perturbante et finit par me démolir. Il me provoqua en me disant qu'à ma place il aurait rompu avec lui et que j'avais trop de patience. J'essayai de comprendre ses motivations, mais il me répondit : je n'y peux rien, c'est en moi, je ne sais pas ce qui se passe en moi. Je n'y peux rien. Je m'en voulais à mort de continuer à l'aider, à le prendre au sérieux, et à souffrir jusqu'à en pleurer de désolation et de déception. Son père le défendait dorénavant, en me disant : il est si jeune. Il mûrira et d'ailleurs lorsqu'il parle de vous c'est vac laplus grande admiration et la plus profonde affection. Ne l'abandonnez pas, il a besoin de vous. Et de fait chaque fois que je décidai de rompre, je le vis revenir à moi comme si rien n'était, plein de sollicitude et d'affection.
Ce n'est qu'au cours du dîner de ce soir, qu'en expliquant à Macha qui s'est offerte généreusement de traduire en russe mes morceaux choisis la structure de l'Entretien, en lui dessinant les nombreux diagrammes qui sillonnent l'oeuvre comme des veines de dragon, qu'elle me mit sur la voie. La réponse ultime, la clé de voûte était la séquence 200, intitulée "Dialogue au Sommet". Si cela vous intéresse, je la publierai dans le prochain billet, car ilest déjà 2h05 et j'ai encore du travail pour retrouver mes images pour l'album de famille, qui se cachent Dieu sait où.
Vos commentaires seront les bienvenus. Votre Bruno Lussato. Continuer à lire "Le journal du 20 mai 2009"
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Le journal du 19 mai 2009CHRONIQUE Au fil des heures
UNE VIE DE CHIEN
Le temps se rétrécit. La seule manière de l'élargir est l'action. Vous vous souvenez sans doute de l'expression "une vie de chien"? C'est un informaticien sur les nerfs qui la répétait inlassablement.MAis cet esprit chagrin eût dû l'analyser correctement. En effet la vie d'un chien dépasse rarement les quinze ans, ce qui correspond à un sixième de la notre. Acceptons les conséquences de cette observation anodine. Elle signifie que pendant le même laps de temps d'horloge, ce qui pour nous est une heure, pour le chien est une demi-journée.
C'est que, comme l'a montré Paul Fraisse dans sa Psychologie du temps (PUF) le temps psychologique, le seul qui importe pour nous, ne se mesure ni au sablier, ni au chronomètre de précision. Il dépend du nombre d'évènements marquants écoulés. Par exemple vous voilà en train de vous bronzer au soleil, dans une douce béatitude, entre torpeur et rèverie diffuse. Ainsi s'écoule l'après midi dans les tropiques, jusqu'à ce que la nuit s'abatte à six heures, comme un couperet. Si le lendemain, ou un an après vous essayez de mesurer le temps écoulé, vous vous direz que c'est un agréable ... moment ! Un moment, c'est un instant, c'est du temps bradé. Les expressions populaires : "tuer le temps" ou "le jour le plus long", montrent le fossé qui sépare le temps de vie du temps d'horloge.
Prenons un exemple familier. Vous avez choisi un nouveau paradis de vacances, le Club Méditerranée à la Martinique ou un séjour de rève à prix réduit à Miami. Les deux premiers jours semblent durer une semaine, puis le temps file de plus en plus vite, et puis sans que vous sachiez comment, les vacances sont déjà finies. Cet effet est dû à la nouveauté du premier contact. Tout est nouveau, étonnant, mais après cela devient machinal et ne laisse plus de traces dans la mémoire..
LE MOINEAU DÉPLUMÉ La leçon à tirer de ces cas familiers, est qu'il faut que chaque heure se présente comme une journée miniature, pleine d'une nouveauté saisissante et irriguant une mini aventure. Je me souviens encore - et vous aussi peut-être car je l'ai noté alors dans un billet - de ce moment privilégié où totalement amnésique, je me promenais sous un beau soleil, gai comme un pinson, aux abords du Nom de la Rose, le célèbre fleuriste. En cheminant vers mon domicile, je vis un moineau déplumé qui trottinait gaiement et je le suivis. Il traversa l'avenue Georges V et se mit à fouiller, heureux, dans les poubelles d'Hédiard. L'esprit du moineau entra en moi, j'étais devenu moineau déplumé. Cette extraordinaire aventure, la banalité même pour un bien portant assailli par mille préoccupations, ne dura qu'une heure, mais une heure d'éternité.
LE CHAT DE SARLAT Je me trouvais à Sarlat, au moment de ma convalescence (on venait d'enlever ma rate) et j'errais au hasard dans les vieilles rues parsemées de grosses pierres calcinées par un soleil de Printemps déjà très chaud. Je grimpai dans une ruelle en escalier qui aboutissait à une plateforme limitée par de vieilles murailles. Et tout au bord de l'escalier dormait un chat de gouttière. Il était visiblement béat, ventre offert aux doux rayons réconfortants. Je croyais même entendre son ronronnement satisfait. En m'entendant m'approcher il ne bougea pas mais tourna sa tête vers moi. Il était aveugle. Ses prunelles n'étaient que globes morts dénués d'iris et blanchâtres. Je fus saisi d'une immense pitié pour cette bête heureuse. Elle m'évoquait ma pauvre tante Renée, la complice de mon adolescence ,aveugle et pourtant d'humeur égale et souriante. Face à de tels malheurs, a-t-on le courage de se plaindre?
La vue est de tous les sens le plus précieux à mon avis. La surdité sépare des autres, Beethoven en savait quelque chose, mais il pouvait écrire ses partitions. Mais Bach devenu aveugle dût dicter l'Art de la Fugue et le dernier choral " Seigneur, je me présente devant ton Trône..." ou "Dans le désespoir le plus grand..." La vue autorise la lecture, l'imagination, le rêve, l'admiration pour les belles choses. Encore faut-il savoir transformer ,en images vivantes, en sons expressifs les caractères morts d'un livre. Mais songez que bien des lecteurs préfèrent un dialogue théâtral imprimé que son interprétation sur une scène de Théâtre. Cela a été mon cas. Point pour l'Avare, ou le malade Imaginaire qui ont trouvé leur interprètes définitifs, mais certainement les tragédies grecques ou dans la plupart des opéras de Wagner. Verdi est bien souvent trahi par le physique de ses interprètes, mais on ne peut lire Verdi, alors que la lecture de Wagner est hautement significative.
RETENIR LE TEMPS QUI FUIT L'écrit est fait pour cela. L'oral est évanescent, le texte fixe l'instant capté dans une lettre d'amour, dans un journal, dans un sermon. L'improvisation est certes figée mais on peut avec de l'imagination, la faire revivre.
Mon blog, mes chers internautes, et de plus en plus un journal souvent à la limite de l'intime. Mais ce journal est condamné à périr. En effet dans dix ans, dans vingt ans, dans cent ans, l'évolution des standards et des logiciels interdira la lecture de votre pensée à la merci des serveurs. Et qu'on nous objecte pas le palliatif des disques de sauvegarde. Eux aussi sont tributaires de l'évolution des standards et de leur incompatibilité. Ou alors, il faudrait tout repiquer d'un standard à l'autre avant que le plus ancien devienne inaccessibe. C'est d'ailleurs le cas des enregistrements. Ils sont tributaires de la possession de lecteurs de cylindres, de lecteurs de 78 tours, de 33 tours et demain sans doute de nos CD actuels. Seules des maisons de disques spécialisées peuvent - à grand peine - se les procurer.
LES ANNALES DU BLOG Que faire alors? Il faut imprimer sur papier, et autant que possible du papier durable, susceptible de conserver les textes pendant des siècles. Voyez les livres d'heures médiévaux, les plus anciennes calligraphies chinoises consacrée à la poésie et au sacré. C'est pourquoi Michel s'est attelé à la tâche ingrate d'imprimer tout le blog depuis son origine à la mi-février 2007. Cela donne d'enormes fascicules mensuels que je fais dupliquer recto-verso chez un photo shop. En un second temps, je relirai les billets pour détecter les erreurs de frappe ou de style et porter mes corrections. En un troisième temps, je corrigerai sur le blog, toutes les planches déféctueuses. J'obtiendrai alors une sorte d'encyclopédie à mettre entre toutes les mains.
Lire la suite dans le corps du billet. J'y introduis des compléments et des simplifications destinés à simplifier et à préciser, le passage sur la discothèque idéale. Sunday, 17 May 2009Le journal du 18 mai 2009CHRONIQUE Turbulences
Cet intitulé du nouveau billet, correspond bien aux temps que nous traversons. Nous sommes ballottés à droite et à gauche, en haut et en bas; comme dans cette poubelle volante qui desservait Mexico direction Acapulco. Les riches comme Frank Sinatra avaient leurs jets. Les autres prenaient un coucou de la compagnie Aeronaves, rebaptisée par les autochtones Mortuarios Aeronaves. Dès que nous arrivames à destination, les passagers remercièrent laSainte Vierge de la Variole de les avoir encore une fois protégés.
En fait, et tout simplement, on a l'impression que les économistes, techniciens, informaticiens, électroniciens, bureaucrates à la tête des décisions majeures qui pour nous protéger des renards, nous mettent en cage, que tous ces hommes hyper-compétents, marchent sur la tête. Et plus il font d'erreurs, plus la soumission des victimes, et le sentiment de leur impunité, les incitent à perséverer et à aggraver leur mépris du bon sens et de la logique la plus élémentaire. Et ne parlons pas de leur empathie à l'égard du public, dont ils se soucient comme de l'an quarante.
Ce billet essaie de vous décrire ces derniers jours passés, émaillés, d'illustrations confirmant cette folie des gens, qui nous gouvernent.
ASCENSEUR Nous avions des ascenseurs qui marchaient tant bien que mal. On nous les a fait remplacer par d'autres très complexes, aux nouvelles normes. Notamment, les caractères sont en braille pour les non-voyants et ils parlent, ils parlent. Des caractères fluorescents sont conçus pour les mal-entendants. Les portes sont hermétiquement bloqués en cas de panne, et nul ne peut y toucher, ni la concierge, ni quiconque. Il faut que ce soit le constructeur lui-même qui doit venir, généralement au bout de trente à quarante minutes, une éternité pour un claustrophobe, un cardiaque, un bébé (ou un adulte !) qui veut faire ses besoins. Pire nos ascenseurs aux nouvelles normes sont constamment en panne. Celui de droite est hors service depuis une semaine. Les réparateurs sont venus, sont partis, et l'ascenseur est aussitôt retombé en panne. Excédés les agents techniques ont l'air d'avoir abandonné la partie.
Boulevard Suchet, dans les immeubles Walther, ils ont toujours de vieux ascenseur à grillage, un peu poussifs mais jamais tombés en panne depuis bien avant la guerre. Si cela devait arriver, tous ceux qui montent les escaliers vous voient et la concierge vous libère aussitôt. Par ailleurs vous avez de l'air pour respirer et vous ne vous sentez pas enfermés dans un coffre fort ! Combien de temps tiendra-t-on banque contre l'administration?
Par ailleurs dans nos ascenseurs, ils ont traduit une innovation : il est impossible, quand vous êtes à l'étage, de savoir si et quand, la cabine arrive, ou si elle est arrivée. Un truc consiste à tendre l'oreille et essayer de détecter le son de la voix des cabines. Si on l'entend, c'est qu'il y a des chances que la cabine approche.
Bon. Il y a les syndics et les co-propriétaires passent le temps à protester, mais ces gens là, encore des bureaucrates, ne pensent qu'à leurs loisirs, et sont fatigués de travailler. La plupart du temps il ne répondent même pas. Cela ne sert à rien d'en changer, tous les mêmes parait-il.
J'interroge notre ami S*** mon successeur à la tête du blog : est-ce que cet exemple navrant ne pourrait pas constituer une métaphore pour - disons - l'ascenseur social - toujours en panne?
MERCEDES
J'ai une petite Mercédès que j'ai acheté voici dix ans en seconde main. Elle commence souffre de rhumatismes divers et vient le moment où je devrai la remplacer. Je comptais en acheter - toujours d'occasion - l'équivalent plus récent, mais tous m'en ont dissuadé : j'aurais les pire problèmes dûs à la fragilité et au manque de fiabilité de l'électronique. Celle-ci est excessivement compliquée car il faut suivre le progrès : GPS intégré, mémoire pour la position des sièges, et mille autres fonctions dont on ne se sert pas, comme de choisir la musique qu'elle doit donner comme fond sonore et la programmation de l'air programmé en fonction de paramètres multiples que vous devez définir sur le tableau de bord. J'en sais quelque chose, car je dois à la générosité de Socrate Papadopoulos, d'avoir à ma disposition une magnifique limousine toute neuve, ultra perfectionnée avec télévision pour chaque siège arrière, et une Hi Fi merveilleuse. Le tout conduit par le plus expérimenté des chauffeurs. Hé bien, elle est souvent tombée en panne à cause de l'électronique trop sophistiquée et non fiable. En définitive on m'a conseillé une voiture entièrement fabriquée au Japon comme la Lexus, ou une Toyota. L'amour du travail et la relative rusticité de l'équipement électronique, assure l'extraordinaire robustesse de ces voitures. Il suffit de parcourir le pays, pour comprendre ce qui le sépare de notre Occident ou de la Chine.
LES RUSSES J'ai quelques amis russes, que j'apprécie pour leur chaleur et leur générosité de coeur et d'esprit, bine qu'ils soient aussi durs en affaire que n'importe quel occidental. Pour le reste, ils ne sont ni plus ni moins fiables qu'un belge ou un libanais. (Je ne parle pas des allemands qui sont d'une correction formelle à toute épreuve). Un certain nombre d'entre eux sont toujours passionnés de culture et la pratiquent d'une manière approfondie. La majorité, certes, est composés de nouveaux riches dotés d'un goût infect, et tombant dans le tape à l'oeil. Mais n'en est-il pas de même pour bien des Américains, des Français, des Allemands? Même ceux qui se croient cultivés ne sont que des ignorants. Leur culture, c'est du plaqué or.
Il se trouve que parmi eux, j'en connais un, charmant, de grande classe, fidèle, généreux, qui souffre d'un handicap grave. Il oublie tous ses rendez-vous et agit comme si tous étaient à sa disposition. Je me souviens qu'un jour Sarkozy alors ministre de l'intérieur l'avait invité officiellement à dix heures. Toute la garde était prévue pour lui rendre les honneurs. Mais notre homme dormait! Impossible de le réveiller. On finit par le décider de se rendre, deux heures en retard, à la cérémonie qui lui était réservée. Mais l'envergure d'un grand Seigneur et le charme d'un slave, ont fait qu'on lui pardonne instantanément.
Lorsque j'en parle, on me dit " c'est normal, c'est un Russe ! On ne peut pas se fier à ces gens-là. Un jour ils vous adorent, le suivant ils vous tournent le dos pour une raison impénétrable. Ils ne sont pas comme nous et vous avez tort de les prendre au sérieux. "
Que voulez-vous répondre à cela. Si ce n'est qu'il s'agit dans ce cas d'une pathologie rare aussi bien chez les Russes que chez les Turcs, ou les Américains ! Après tout un occidental comme LH III n'est pas plus fiable que ce Russe, avec une rigueur froide en plus. Il me fait tourner en bourrique et contribueà aggraver les turbulences de mon existence, sans complexe, etsans conscience. Mais il est occidental et on lui pardonne !
LES FRANÇAIS Je devais me rendre à Deauville pour prendre quelques jours de repos. Mais mon employé de maison-chauffeur, celui qui m'a volé près de 50 000 euros, et à qui j'ai proposé de passer l'éponge à condition qu'il nous serve correctement, s'est fait porté absent au dernier moment pour dépression nerveuse. C'est une dame qui n'a pas voulu décliner son identité ni laisser son N° de téléphone, qui nous a téléphoné tout à l'heure pour m'annoncer qu'il était à l'hôpital F***. On me téléphonera en temps utile. Inutile de préciser que tout ceci n'existe que dans son imagination.
En attendant, je cherche désespérément quitte à le surpayer, quelqu'un pour le remplacer. Sans succès.
LH III Il fallait bien qu'il prenne sa place dans le cycle des turbulence, lui qui n'arrête pas de jouer au chat et à la souris avec moi. Je suis malheuresement sous sa dépendance matérielle,comptant sur lui pour assurer la succession de la troisième fondation, la fondation parisienne. Lorsqu'il daigne me téléphoner - un scoop - il est d'une telle candeur, d'une telle force de conviction, d'une telle affection, que je gobe toutes ses promesses. Mais ce qu'il promet il ne le tient jamais, sans que je puisse intervenir pour lui expliquer qu'on joue contre la montre et que si jusqu'ici , pris par une fascination irrationnelle je tombais toujours dans ses rêts, aujourd'hui, avec les pauvres heures qui me sont comptées et qui fuient de plus en plus vite, je ne puis plus me permettre ce luxe. Il se débarrassera de moi, comme il l'a fait pour ses demi-frères et sa demi-soeur, sa première femme Vera, la maîtresse Christine Ludell et de Valentin son meilleur ami. Il émane de lui une zone de turbulence qui vient s'ajouter aux autres qui m'assaillent, comme les flots furieux sapent la falaise. Celle-ci tient bon, puis se fissure et finit par s'écrouler.
UN HAÏKAÏ
À l'est hier à l'ouest aujourd'hui un éclair Enamoto Kikaku1661-1707
Ce disciple favori de Bashô m'a été signalé par Sandrine. Il enferme de manière lapidaire toutes les angoisses relatives à la fuite du temps,à l'accélération des transports qui relient ou séparent les continents, de la fragilité des alliances.
VALERY GERGIEV Il est le prototype du Russe tel que le voient les gens qui disent "un Russe, aujourd'hui la passion, demain l'indifférence, un éclair". Sa vie est une perpetuelle turbulence qui se transmet de proche en proche. Mais elle est compensée par des dons qui le rendent inimitable : une énergie, une passion, une vie qu'il imprime à ses interprétations qui se mettent à vivre et se transforment en évènements musicaux. Cela fait de lui un des tout premiers chefs du monde. Si cela vous intéresse, vous trouverez dans le corps du billet un reportage sur son dernier concert, et nos projets communs. Continuer à lire "Le journal du 18 mai 2009"
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