Bouillon de culture
Sunday, 16 November 2008
CHRONIQUE
ii pour irremplaçabilité
Le cas de la numismatique
Claude Burgan m'a transmis le très luxueux catalogue de la vente qui aura lieu les 2 et 3 décembre à Genève à l'occasion des 20 ans de la maison de vente aux enchères où j'ai déjà acheté mon aréthuse.
On a une idée de la qualité des monnaies en contemplant la chouette athénienne de la couverture du catalogue. Je me limitai à sélectionner cinq pièces qui me semblèrent les plus dignes d'intérêt.
Le catalogue écrit : le plus bel exemplaire connu et l'une des monnaies grecques les plus importantes au monde. Minimes éraflures de surface, sinon Superbe exemplaire. Provenance Jameson, seuls quatre exemplaires connus. Trois sont conservés aux collections publiques de Londres, de Harvard et de d'Oxford. Cet exemplaire
est en mains privées et il est certainement le plus beau.
RRRR, est. 400 000 FS. (Il est probable qu'il dépassera les 400 000 €
Le catalogue affirme pour ce statère en or frappé en Grèce vers 196 BC (Titus Quinctius Falmininus) : La première monnaie antique à représenter un romain de son vivant. D'une extrême rareté. Une monnaie spectaculaire et superbe.
RRR, dix pièces connues dont quatre dans des musées. FS 200 000 .
Parisii, vers 100-50 av. JC. Un fleuron de l'art monétaire gaulois. D'une beauté exceptionnelle. Superbe exemplaire.
RRR : émission d'une dizaine d'exemplaires. FS 75 000
Hadrien 117-138. Sesterce attribué au "maître de l'Alphée".Rome 135-136 AC.
La plus belle monnaie romaine jamais frappée. Un portrait d'une force et d'une expression jamais égalée. Une monnaie parfaite: chef d'œuvre d'équilibre et d'esthétisme. Superbe exemplaire à patine verte.
RRRR seuls quatre connus dont un à Boston Museum of fine arts. Celui-ci de loin le plus beau. FS 400 000.
On admire ci-dessous le sens dramatique de la présentation de cette pièce et son identification à la statuaire.
Le total de l'estimation de ces cinq pièces dépasse les 10.000 FS et il est à parier qu'elles dépasseront largement cette somme. Les numismates professionnels consultés se sont vivement insurgés contre ce qu'ils nomment la spéculation amorcée par un groupe de commerçants à l'égard des russes. Ils trouvent ces prix totalement irréalistes selon leurs standards et ils ont parfaitement raison. On a connu cela du temps de la vente Peyrefitte, où une decadrachme d'Evainete passa de 15 000 francs à 35.000 f, pour bondir l'année d'après à un million sous l'impulstion des banques centrales. Aujourd'hui j'en ai acheté un meilleur exemplaire pour 75 000 €. La spéculation s'est révélée désastreuse. Le même phénomène risque de se produire quand on considère que la même pièce (Hadrien) est passée plusieurs fois en ventes publiques en deux ans et chaque fois en augmentation. Le mécanisme est connu.
J'ai demandé à des marchands numismates indignés par ces prix, de me montrer ce qu'ils avaient de mieux. L'un d'eux me sortit une monnaie gauloise, en excellent état, mais terne et bien moins belle que celle de la prochaine vente. Le prix était de 2 600 euros ! On remarque le même phénomène ailleurs : dès que l'on approche de l'exceptionnel en rareté, en qualité et en importance historique, les prix montent d'autant plus qu'ils sont plus élevés. En voici un exemple tiré de la vente de monnaies d'or romaines de l'UBS, le 22 janvier 2008 à Bâle.
Voici la comparaison entre les estimations et les prix réalisés pour les trois monnaies (Constantin ca 337/347 AC, pièce historiquement et esthétiquement peu intéressante). De haut en bas.
est. FS 15 000 réalisé FS 27 000 RRRRR unique, très beau.
est. FS 1500 réalisé FS 3 000
est. FS 1200 réalisé FS 2 600
Constance II 337-347 Antioche. Tres bel exemplaire avec son brillant d'origine. Est.FS 1000. Catalogue Numismatica ,décembre 2008, Genève.
Constantius 11 Augustus, SISCIA 337-340 Extremely fine. Cat. Numismatica Juillet 2008.. Est. FS 1800
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Sunday, 9 November 2008
CHRONIQUE
SURSIS
J'ai subi ma première opération avec anesthésie générale le 5 Novembre et non sans appréhension car je craignais les effets secondaires, et notamment l'amnésie qui m'empoisonne ma vie, due à une encéphalite grave qu'il a fallu traiter pendant l'année, quitte à laisser une tumeur cancéreuse à présent inaltérable. Je devais subir un traitement autrement lourd le 7, et la douleur est parait-il insupportable. Je serai donc hors d'état de fonctionner. Miraculeusement, je n'ai jamais été plus en forme que maintenant, comme si mon corps délivrait l'énergie de tout un mois en quelques jours. Je suis même de bonne humeur et je serais heureux si autour de moi je ne voyais pas souffrir sans pouvoir faire quoi que ce soit pour soulager leurs souffrance.
J'ai obtenu un sursis pour le traitement lourd parce que mon plus cher ami avait besoin de moi, et je m'étais fait le voeu de tout lui donner, y compris ma vie et ma santé (qui ne valent pas grand chose il est vrai!). J'ai trouvé autour de moi des trésors d'affection profonde et assidue d'amis que je ne connais que depuis trois ans au plus. Les anciens m'ont déçu ou délaissé, ne prenant même pas la peine de savoir quelle avait été l'issue de l'opération du 7. Elle n'eut pas lieu, mais ils n'en savaient rien.
N'écoutez pas les voix sussurantes et négatives qui vous soufflent "tu es naïf, tu fais confiance à des gens que tu ne connais que depuis un an, il faut du temps à l'amitié". Les donneurs de conseil ont beau avoir sous les yeux la démonstration de leur erreur, rien n'y fait tant un préjugé l'emporte sur le réalisme. Et puis ... ne pas faire confiance à quelqu'un qui vous manifeste une chaude affection, même si elle est rapide comme un coup de foudre, c'est pratique la pensée négative. Elle vous empêche de vous abandonner à l'autre, de le comprendre et par dessus tout de l'aimer. Car c'est toujours l'amour et la reconnaissance qui animent le moineau déplumé que je suis devenu. J'ai eu la preuve que mes nouveaux amis me sont restés attachés lorsqu'ils n'avaient plus besoin de moi... car c'est ainsi que tout contact s'est initié avec moi. Je rendais des services souvent important à mes nouveaux amis, et sans me faire payer. (J'ai déjà écrit un billet sur les relations conflictuelles entre l'amour et l'argent).
Cela dit, j'ai passé mon temps à me cultiver. Ainsi que je vous l'ai dit, outre la fondation qui se constitue à Bruxelles et qui aura le nom de ma soeur et le mien, je tisse en secret ma seconde fondation. Secret tout relatif puisque vous, mes chers internautes avez toujours été au courant de ce projet, mais l'audience d'un blog est limitée et confidentielle; le varme médiatique est tel aujourd'hui, qu'il faut dépenser des fortunes pour se faire entendre!
A propos de l'audience du blog, j'avoue que je n'ai pas osé regarder les statistiques de peur de recevoir un choc. Entre mes séjours à l'hôpital, les pannes de réseau (que Orange soit maudit !), le serveur qui modifie ses programmes, et mille autres raisons, mon blog a été lacunaire. Savez-vous ce qu'on ressent quand vous êtes obligé de recommencer deux, trois, quatre fois un texte que vous finissez par oublier. J'ai trouvé un moyen pour y rémédier. J'enregistre, puis je transfère dans le blog grand public. Si tout ou partie disparaissent inopinément , je transfère le blog de copie dans le blog d'enregistrement en appuyant sur "éditer". Mais tout à l'heure j'ai regardé à tout hasard les statistiques et j'ai eu un choc inverse Certains jours ont fait près de 10.00 entrées et aujourd'hui on a dépassé les 15.000 entrées. Ahurissant mais encourageant. Merci à tous pour votre assiduité et votre intérêt pour ce modeste travail d'apprenti. Le pauvre Sacha, devait prendre le relais du billet avant hier mais il s'est heurté aux anomalies du serveur.
J'ai avec Marina, couché sur Word le but de la première fondation qui porte nos deux noms grâce à la générosité de notre sponsor qui a tenu à ne pas pparaître publiquement et insisté pour que nous figurions comme initiateurs du projet. Elle m'a rédigé le même travail pour la seconde fondation, qui portera mon seul nom.
Ces deux fondations ont ceci de commun qu'elles comportent des lignes, comme par exemple le fil diachronique qui court des premières monnaies mésopotamiennes au système monétaire virtuel fondé sur le dollar à la dérive. Un autre exemple de ligne, est l'évolution de la pensée humaine de Homere à Einstein.
Certaines de ces lignes se concentrent en des pôles. J'appelle ainsi des ensembles museaux pouvant sinon rivaliser avec les grands musées, du moins égaler en intérêt et accessibilité les grandes fondations comme la Getty Foundation.
Pour cela il est indispensable que Marina et moi, nous couvrions tout le champ des connaissances, de la numismatique à l'astronomie, de la littérature anglaise à la peinture chinoise et la poterie japonaise... Les meilleurs professeurs sont les marchands ou les sommités qui veulent bien vous accorder tout le temps nécessaire.
J'essayerai de partager avec vous les fruits de mon apprentissage et en attendant je vais me coucher, car il est près de quatre heures du matin.
Amicalement votre
Bruno Lussato
Sunday, 2 November 2008
CHRONIQUE
Visite à la Fiac
Nous avons été Marina et moi, à la FIAC et de justesse car nous ne savions pas que c'était le dernier jour. La queue était impressionnante, mais heureusement étant muni d'un papier médical, je pus passer immédiatement.
Je fus surpris par le changement d'ambiance et de participants par rapport aux Foires d'Art contemporain précédentes. Là où on voyait pompeusement trôner des Picasso, des Matisse ou des Léger, ce qui domina cette fois-ci c'était beaucoup de contemporains provenant de galeries de Londres et de New York qui donnaient un coup de jeune à cette terne institution. A coté des vénérables Basquiat aussi chers que nombreux, beaucoup de Tàpies généralement splendides, de Carl André, de Louise Bourgeois, de Buren, de Bustamante, de Tony Cragg, de Dubuffet, de Fontana, de Kounellis, de Lavier, de Mirò,de Paolini, de Picasso, de Michelangelo Pistoletto, de Lawrence Weiner etc...
J'ai vu beaucoup d'oeuvres de haute qualité :les Tàpies dont un grand tableau des , classique mais très puissant des années 50 , d'autres plus petits mais d'une matière magnifique. Il y en avait un grand sur des panneaux de carton, fort dans sa gestuelle, mais patissant de la comparaison avec des panneaux plus petits et antérieurs. Parmi les Pistoletto, il y en avait un très réussi représentant un grillage nous séparant du public dont le reflet inversé montrait bien l'incommunicabilité. Le format portrait permettait de se placer dans une pièce assez exiguë.
Les Basquiat écrasaient tout mais la sélection était biaisée par le souci des galeries orientée vers la novation. Le catalogue de l'exposition est un scandale. Les galeries au lieu d'illustrer leur stand par une oeuvre majeure essayaient de faire valoir les artistes inconnus de leur écurie. Malheureusement, ce qui aurait dû passer pour de l'innovation, de la création, n'était que synonymes, plates imitation des grands, prétention en un mot,fond de tiroir. Certes celane vaut pas pour Van de Weghe Fine Arts, galerie recemment fondée et implantée 1018 M&dison Avenue, à New York. Le fondateur n'a pris aucun risque, il n'y a que des artistes célèbres de Carl André à Tom Wesselman. Il figure dans le catalogue par un beau Hanson, "jeune acheteuse, 1972" qui montre une figure avachie de consommatrice. Un peu la préfiguration en négatif de la Société de consommation triomphante de Jeff Koons.
Nous avons trouvé dans cette foire un magnifique Pistoletto, un chef d'oeuvre de Tàapies, un tableau sur pin très mystérieux où on voit deux hommes qui se rencontrent devant une maison dont la porte entre-baillée laisse entrevoir une fillette, l'artiste est inconnu. Et il y a aussi la retrospective Atlan. Cet artiste, un petit maître, au niveau au dessous de Poliakoff, a un talent indéniable. Ses toiles inspirées des rythmes nègres : figures dansantes cernées de lourds contours noirs, ne sont pas à négliger.
Parmi les grands absents citons : Peter Doig, Jeff Koons (sans doute trop cher), Poliakoff, Klein, Gerhard Richter, Bruce Neumann, Bill Viola, Richard Serra, Ed Ruscha, (parmi eux se trouvent les cinq artistes vivants de taille historique). Sans compter Mc. Carthy et Matthew Barney. Pas un Saura, pas un Millares, pour ne citer que les espagnols de la mouvance de Tàpies, lui, bien représenté.
En dépit de tout cela il y a un fourmillement sympathique d'oeuvres pleines de dynamisme, notamment de magnifiques photographies, de jeunes italiens, mais peu de chinois. Les japonais avec Murakami se sont spécialisés dans le hideux style BD en pire. La cohue qui se pressait dans la vaste aire de la foire atteste l'existence d'amateurs cultivés. C'est réconfortant.
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