Tuesday, 25 December 2007
Dans le billet qui suit j'essaie de fusionner, ces vagues de subjectivité qui créent un authentique rapport à l'autres, et des informations factuelles, ou du moins, porteuses d'enseignement. Le pivot qui permet le passage est la métaphore. Mais il faut savoir la déchiffrer.
Le billet que je reproduit ici, provient d'un texte parmi ceux issus de ma solitude à Recloses et que j'ai évoqué dans le billet précedent. A première vue il s'agit d'un poème en prose, mais décodé il revêt un sens tout nouveau, : une boucle en train de se clôturer au bout des qualques décennies. Il fait partie d'un recueil qui s'appelle : Hors de sentiers battus, qui a précédé largement l'Entretien. Le texte original est accompagné par des aquarelles de lavis rose et violet. Terminé le 5 octobre 1963 à minuit, il constitue le quarantième recueil de la série.
Il évoque la veillée de Noël solitaire, à l'auberge de la Glandée. Il y en aeu beaucoup de plus. Vous constaterez la similitude avec l'esprit du blog.
Sunday, 23 December 2007
Emplettes de Noël
Mes chers internautes,
en dépit de vos festives occupations, choix d'un arbre équilibré, des boules multicolores, des petits cadeaux enveloppés dans du papier mordoré ou éclatant, (y compris la saucisse pour le chien !), sans compter les victuailles : foie gras, champagne, bûche, marrons glacés, en dépit donc de ces moments affairés et heureux ( et des petits conflits qu'ils accompagnent : huitres ou caviar?), plus de six cent d'entre vous ont trouvé un petit moment pour faire un coucou dans ce blog. Il faut dire que vous n'avez guère été gâté tous ces temps-ci, où, je l'avoue je n'étais pas au meilleur de ma forme ! Mais je vais dorénavant essayer toute allusion trop directe à mon insignifiante personne qu'elle soit Dinosaure, Moineau,Monsignor Lussato ou le Rabbi Mardochée Luzzatto (qu'est-ce qui m'empèche de choisir ce délicieux prénom : Mardochée? Je gagnerais peut être le respect de Monsieur Méduso, qui préfèrerait peut-être en ce qui me concerne Mcchabée?
Je me permettrai cependant d'évoquer quelques souvenirs de Noël, fête que j'aime passionnément sans avoir toujours pu en profiter.
Lors de mon enfance, les restrictions de guerre avaient limité les cadeaux. Pas d'arbre de Noël mais il y avait "la Beffana", le huit (l'épiphanie) et on trouvait toujours le matin dans les bas de maman d'inattendus petits cadeaux, tellement minuscules qu'ils ne laissèrent aucune trace dans ma mémoire ni celle de ma soeur. Sans doute, une bobine de laine et des aiguilles à tricoter, ou un petit journal illustré "d'avant-guerre" (le pays de cocagne, le temps heureux). Et il y avait la crèche. J'étais fou des crèches. J'en fabriquais, j'allais les admirer à la Cathédrale, et quelle belle musique dorée !
Mon fils bénéficia d'un tout autre traitement. En Allemagne, c'était l'abondance, et Pierre, était l'idole de ses grands parents. Les paquêts envahissaient tout le salon (dont la saucisse pour Bautzi, le teckel hargneux et l'os à ronger). On mettait le Messie de Haendel et le lendemain à la Cathédrale de Lebach, on donnait des messes superbes, avec les meilleurs violonistes dun coin, des chanteurs et des chanteuses qui s'étaient préparés pendant des mois... Ah, Noël en Allemagne !
Avant de me marier, j'allais à Saint Germain l'Auxerrois, cette merveille qui répond à la colonnade du Louvre. Ou encore, à l'Aglise américaine, Av.Georges V. Je vous la recommande si vous voulez retrouver la convivialité des cérémonies allemandes, sans la raideur ni la lourdeur. Le Noël prochain allez à minuit à cette église oecuménique. Cela ne vous empêchera pas d'assister le lendemain à un rite catholique classique.
Mais la plupart du temps, je me promenais dans la solitude de la Forêt de Recloses. Les pins et les bouleaux vibrent de l'hymne du vent dans les arbres, tout autre chose que la sinistre fréquentation de la grève désolée de l'océan désert. Des rouleaux éteints, animés par la bise, émanaient ces spectres apocalyptiques qui donnaèrent naissance à l'Entretien. Du calme majestueux des bois déserts de Nemours, des rochers des gorges de Franchard et du Loup, surgissait une présence apaisante, pleine de messages du lointain, émanant de voix familières, autant de bouteilles à la mer. Le soir, après une journée gélée, je me retrouvais dans la vieille salle de l'Auberge de la Glandée à Recloses au tour d'une bonne soupe. Et je jetais des notes de solitudes et de nostalgie, certes, mais heureuses, imprégnées par Celui qui ce soir nous apportera la bonne nouvelle.
Aujourd'hui, le temps de Recloses et de la Forêt mystérieuse parsemée de rochers est fini. Et je me retrouve errer dans un autre espace, tout aussi habité, celui que est le votre aujourd'hui. J'espère que même les agnostiques, les sceptiques, les adversaires de nos rites judéo-chrétiens, ceux qui viennent des déserts et des terres saintes, j'espère que même eux, en me lisant, trouveront au fond d'eux mêmes comme un timide écho, une résonance de ces paroles éparses. Elles ne viennent -vous le savez- ni d'un bigot, ni d'un dogmatique. Quant aux autres, les croyants, ceux qui bénéficient de la foi du charbonnier, qu'ont-ils besoin de mes exhortations? Ils sont dèjà riches de leur convictions, dans l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine.
!
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Les planètes
Par Marina Fédier
Planètes intérieures
Planètes extérieures
Planètes lointaines
Nous allons à présent étudier les planètes du système solaire. Chacune occupe une fonction particulière qui sera étudiée en fonction du signe et de la maison où elle se situe.
On peut aussi d'une manière inorthodoxe se représenter les planètes comme les dix aiguilles d'une montre dotée d'un double cadran concentrique et pivotant. Chaque aiguille va indiquer un symbole en fonction des cadrans vers lesquels elle pointe.
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Saturday, 22 December 2007
Rückblick
Enfin, Bonnet s'est décidé! Il nous a adressé de New York une description de la rétrospective d'un des vingt cinq peintres que NewWave a sélectionné. J'avais déjà cité une de ces plaisanteries (jokes) de très mauvais gôut censées pour Prince de symboliser la sous-culture américaine:
Le docteur : mon cher ami j'ai à la fois une mauvaise nouvelle et une bonne nouvelle à vous annoncer.
...?
La mauvaise nouvelle : votre mal est incurable et vous n'en avez que pour trois mois à vivre.
... !
La bonne nouvelle : j'ai eu une liaison cette nuit avec ma secrétaire.
La série de ces "jokes" ouvrent au Guggenheim Museum une vaste rétrospective de ce pourfendeur non agressif des stéréotypes de la culture et de la Culture de son pays. Il reproduit en les soumettant à une forte distorsion des images banales et parties de l'imaginaire américain. La distorsion et la désinformation frisent évidemment la parodie, mais sont plus subtiles par leur procédé oblique, impressionnant (les nurses ensanglantées) ou atroce (les jokes). Fort heureusement mon critique, Monsieur Méduso, qui trouvait nulle ma revue des épouses de président, et se réjouissait de l'absence de commentaires, n'aura jamais songé à réfléchir sur l'Art de Prince. Si c'était le cas, il jetterait sans doute toute la production avec dédain. Voici son appréciation sur ces jokes :
Les thuriféraires habituels de Monseigneur Lussato n'ont même pas jugé bon de poster un commentaire sur un billet aussi insignifiant. Comme quoi, tous les espoirs sont encore permis.
Cela dit, on ne peut que comprendre ceux qui pensent que cet art est de la fumisterie. Une plaisanterie gribouillée sur un papier froissé, peut-elle se comparer avec les merveilles de subtilité, l'abnégation du peintre, la critique à laquelle est soumise chaque cm2.
Ceux qui ricanent, qu'ils aillent au Marmottan. Ils verront coexister des miniatures médiévales sans génie, mais d'une conception et une exécution miraculeuse de proportions, et une peinture lachée, dont les traits sont maladroits, le rendu approximatif, le paysage grossièrement représenté, comme à la va-vite. Rien de comparable avec Jérôme et Bouguereau, maîtres pompiers. Alors?
Alors on est nuls. Non parce qu'on admire ou on rejette de confiance une pièce qu'on ne comprend pas, mais parce qu'on ne fait pas l'effort de percer l'énigme. Et pour cela il ne faut pas compter sur les pédagogues, pour qui la beauté d'un Klein ou d'un Buren sont tellement évidentes qu'ils ne se demandent pas si on n'y voit pas des sufaces toutes bleues ou des stores de magasin, ni pour les passéistes comme Obalk qui crient à la supercherie.
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Friday, 21 December 2007
Richard Prince
Guggenheim Museum, New York. Jusqu'au 9 janvier.
« Je viens de résoudre le problème de parking. J’ai acheté une voiture déjà garée » (« I just solved the parking problem. I bought a parked car »). Malicieuse, cette simple phrase griffonnée au crayon sur une petite toile blanche (Untitled (Joke), 1986) résume à merveille l’esprit qui se dégage de la première rétrospective consacrée à Richard Prince, organisée par le Guggenheim Museum, à New York.
Pensé par séries, qui chacune à leur manière soulignent avec justesse qualités et stéréotypes auxquels s’attaquent l’artiste, l’accrochage déployé dans la spirale et quelques galeries annexes donne l’ampleur nécessaire à une œuvre qui apparaît, depuis trente ans, d’une rigoureuse cohérence. Ce tant dans la constitution d’une immense banque d’image de la culture populaire américaine, rendue efficiente par le modus operandi que constitue l’appropriation, que par la manière dont sont pointées les contradictions inhérentes à cette culture même.
L’univers de Prince apparaît en effet telle une immense boîte à fantasmes, où une iconographie très marquée par la route, la sexualité et la publicité portraiture une Amérique oscillant entre finesse et grossièreté de traits. Une Amérique tout en proie à la question du désir, lancée dans une quête ininterrompue en vue de son accomplissement.
Untitled (Cowboy), 1980-84, Ektacolor photograph, edition of 2,
24 x 20 inches, © Richard Prince
Les Nurses, peintures initiées en 2002 reprenant des couvertures de romans de gare où des images d’infirmières se voient affublées de masques chirurgicaux ou maculées de traînées de peintures qui les rendent floues, sont à cet égard remarquables. Rendues plus inquiétantes que rassurantes elles incarnent, au même titre que les Girlfriends (1993) – des « bikeuses » souvent photographiées poitrine au vent dans des concentrations de motards – de parfaits archétypes sociaux et sexuels. Tout comme les Cowboys initiés en 1980. Des images évoquant les racines de la nation à travers l’idée de liberté individuelle, tout à fait reconnaissables comme provenant de publicités pour les cigarettes Marlboro… vantant le grand air et la liberté, ce qui ne manque pas de sel.
Nurse in Greenmeadow, 2002, Ink jet print and acrylic on canvas
78 x 58 inches, © Richard Prince
À la base de la pratique de Prince, l’appropriation d’images publicitaires sorties de leur cadre et transformées par leur nouveau contexte de présentation fournit une entrée en matière efficace à l’exposition. Avec ses travaux anciens traités en séries, telles des photos d’intérieurs bourgeois (Untitled (living rooms), 1977), de briquets ou stylos de luxe (Untitled (pen), 1977), ou des portraits de personnages très sûrs d’eux (Three women looking in the same direction, 1980), l’artiste use efficacement du mode répétitif pour imposer une corrélation entre fabrication de l’image et stéréotypes. Ce faisant, dès la fin des années 1970, il se posait en pointe des questionnements post-modernistes relatifs à la signature et à la légitimité auctoriale.
La disparition de la main de l’artiste est également patente dans les Monochrome Jokes et les Hoods (blagues populaires inscrites sur des tableaux monochromes et capots de voitures moulés) produits à partir du milieu des années 1980, nombreux dans le parcours. Outre qu’ils témoignent d’une irrévérence avérée à l’endroit du Minimalisme et de l’art conceptuel, ces travaux le font en distillant dysfonctionnements et peurs sociales (anxiété sexuelle, questions de genre, ratés de l’éducation, problèmes familiaux…) avec une cruauté jouissive et d’autant plus succulente qu’elle n’est jamais gratuite mais toujours s’infiltre dans la faille avec une précision chirurgicale… Quand une Amérique conquérante rencontre une Amérique craintive.
Upstate, 1995-99, Ektacolor photograph, unique,
69 x 49 1/16 inches framed, © Richard Prince
Capable de s’attaquer à un maître comme De Kooning, dont il mêle dans des tableaux l’imagerie des Women à de vulgaires photos pornos (De Kooning Paintings, 2005-07), Prince fait également montre d’une profonde empathie pour les paysages et le mode de vie qu’il trouve dans son environnement immédiat (cabanes, paniers de baskets, bagnoles capot ouvert,…), dans le nord populaire de l’Etat de New York où il a élu domicile en 1995 (Untitled (Upstate), 1995-99). Empreints d’une certaine mélancolie, détachés de toute gouaille acerbe, ces clichés désignent un artiste fasciné par la culture… avec un grand et petit c. Cela rend son regard juste, et son art pertinent.
Une réponse de Bill Viola
A la suite de la journée du 15 Décembre à l'Elysée et chez moi. Il m'adressa la collection des DVD que j'avais prêtés à L'Elysée en rajoutant deux autres tirages très récents.
Cher Bruno
Quel jour spécial et merveilleux avons-nous passé tous ensemble hier! Nous étions si heureux de vous connaître vous et Marina et nous vous remercions de tout coeur d'être si généreux et passionnés pour l'Art et la Vie. Nous penserons à vous et nous vous souhaitons une rapide guérison et une pleine santé. Nous vous aimons tous deux
Bill Viola, Kira Perov, Blake et Andrei.
Toute la chaleur, la modestie et l'humanité de Viola et de sa femme et partenaire éclate dans ce petit mot et contraste avec tant de gloires médiatiques prétentieuses et méprisantes; glacées et mondaines. Même dans les salons dorés de l'Elysée, la famille Viola était parvenu à imprimer une ambiance conviviale et familiale. Plus de statut, plus de hiérarchie, plus de faux semblants, le maître dominait tout naturellement par son génie humain et spirituel. Nous nous sentions tous tout petits.
The Passing (le passage) est sans doute une des réalisations les plus célébrées de l'artiste. Elle peut paraître d'une dureté insoutenable car elle répond à des sentiments violents et antinomiques éprouvés par l'artiste au moment de la création. Un bébé qui nait pendant que sa mère adorée expirait, il pensa devenir fou, sa raison chancelait. Et il trouva sa voie en regardant sans ciller, sans détourner les yeux, sa mère en train de mourir, son cher visage, les associations de son enfance, et en même temps filmer la vie nouvelle, le miracle de la naissance qui seul permet la nécessaire catharsis. Ceci n'était posibble que par une maîtrise confondante, un contrôle total des images, une imagination et une création jailissante et un travail laborieux, minutieux, d'un sérieux comparable à celui des maîtres du passé.
J'avoue avoir vu sans plaisir "The Passing", c'est une expérience terriblement perturbatrice. Mais le premier choc passé, la terreur, la répulsion se transforme en pure et consolante beauté. Oui. Voyez "le Passage".
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