Monday, 31 December 2007
BONNES FETES DE FIN D'ANNEE
DE LA PART DE MARINA FEDIER, CLAUDE MEDIAVILLA ET BRUNO LUSSATO
Le nouvel an à Paris est digne des autres jours quand on ne vit pas dans un hôtel particulier. Les voisins du dessus qui pendant deux mois ont passé la chignole pour s'agrandir, prolongent le vacarme par l'ivrognerie et des disputes continuelles, ceux du dessous dont les gosses ne connaissent pas l'urbanité des heures de la nuit sont partis en vacances avec leurs parents à Saint Moritz,laissant derrière eux un affreux cabot qui n'arrète pas d'aboyer. On ne peut rien faire car la police ne peut intervenir. La procédure consiste à remplir une plainte, après quoi les juges statueront : ou les dommages affectent les humains et la plainte sera classée, même s'il s'ensuit des dépressions profondes, où on peut prouver que les aboiements sont dus à une maltraitance ou un inconfort des pauvres toutous, et les différentes associations de protection des animaux sauront intervenir pour faire cesser le trouble; toute tentative d'appel à la compassion pour les malades et les faibles, se soldent par des ricanements chez le jeune couple d'avocats qui occupe le dessous, et par de nouveaux hurlements chez les ivrognes. Ceux-là n'en sont pas à leur coup d'essai. En s'endormant cigarette au bec, le patron des lieux a mis le feu à tout l'immeuble qui est resté sinistré pendant deux ans.
En fait on décèle une source unique à ces dysfonctions : l'absence totale de civilité, de politesse, d'urbanité, de savoir-vivre des jeunes et des moins jeunes, bobos, gauchistes, cyniques, abrutis de tout poil. Une conbinaison entre Matrix et Médusa. Protéger les vieillards et prendre soin des attentes d'autrui sont d'autant plus dans les discours qu'ils désertent les pratiques. Un recours : fuir si on peut !
Chronique
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Sunday, 30 December 2007
Une trilogie initiatique
La Flûte Enchantée, (Mozart)
La Tempête, Shakespeare)
Le Deuxième Faust. (Goethe)
Ces trois chefs-d'oeuvre ont marqué durablement ma sensibilité pendant toute mon existence. Il m'a fallu une lente décantation pour en dégager les racines communes. Il serait beaucoup trop long pour n'en donner qu'un aperçu et une vie n'y suffirait pas. Pour épargner un laborieux travail d'approche à Alexandre et à ceux qui sont curieux d'en frôler la surface, je vais, au hasard, en évoquer quelques traits communs et les traces profondes qu'ils ont imprimé dans les tréfonds de mon inconscient. Je renverrai l'internaute aux très nombreux ouvrages et traductions. disponibles.. Nombreux, à l'exception de Faust I dont il n'existe aucune traduction potable bilingue autre que la prétentieuse adaptation de Malaplate (Flammarion).
La Flûte Enchantée
J'avais quinze ans lorsque j'assistai pour la première fois à Die Zauber Flöte à l'Opéra de Paris où elle faisait partie du répertoire. Le chef était Louis Forestier, qui tous les jours prenait son train à Asnières, pour aller au boulot (le chef de luxe était Georges Sebastian) la flûte c'était de la routine. Cela me permit de la voir vingt sept fois de suite.
La Reine de la Nuit était Mado Robin, et tout était chanté en français. Les décors dataient d'avant guerre et portaient de forts signe d'usure et des trous qui n'étaient en rien des étoiles. Mais pour l'enfant que j'étais, s'ouvrait devant moi un univers onirique de légende. J'adorais les transformations à vue, le feu, l'eau, le dragon en carton pâte, et par dessus tout le son du glockenspiel. Je crois même que c'est ce son argentin, ces clochettes adamantines qui expliquent ma fascination... Que je partageais avec Mozart lui même.
L'histoire est celle d'un basculement inattendu : la bonne devient la méchante, le méchant le bon etc. Il y avait de quoi se perdre.
LE PREMIER BASCULEMENT
Un prince japonais est attaqué par un méchant dragon qui fait hurler de rire tous les enfants de quatre ans. Les psy disent que ce sont les démons refoulés de notre inconscient. Trois dames en noir sauvent le héros, Tamino et le présentent à la gentille reine de la Nuit dont le méchant monstre Sarastro a kidnappé la ravissante fille : Pamina. Tamino contemple le portrait de la jeune fille, blonde et rose (dans les versions médusa, elle est noire et métisse), et tombe instantanément amoureux. Il jure de la délivrer.
La dolente Reine de la Nuit, se réveille et d'un air conquérant, déclare la guerre au monstre Sarastro, Tamino le vaincra et se mariera avec Pamina.
Tamino a une doublure : l'homme oiseau Papageno qui fait commerce d'oiseaux. Tamino est un homme d'idéal, prêt à mettre en jeu sa vie pour une noble cause. Papageno, hâbleur et menteur, aime la boustifaille, les filles et voudrait bine trouver sa femme-oiseau idéale Papagena. Les trois dames en noir lui remettent deux talismans : une flûte enchantée pour Tamino, symbole de la musique (celle de Mozart, bien entendu, pas celle des Rolling Stones!),le fameux carillon pour Papageno. Trois jeunes génies portant une plume d'oie montrent le chemin. Pour la petite histoire, notons qu'autant Mozart aimait les clochettes, autant il détestait la flûte!
LA TRANSITION
Le méchant Monostatos, noir libidineux (évidemment censuré par Médusa qui en fait un blanc. C'est Pamina la blonde qui vire au noir) essaie de violer la fille.. (Censuré) Ceci est conforme au récit de la Reine de la Nuit. Un serviteur d'un monstre (Monostatos) est un monstre lui même. La fille est sauvée par Papagena qui insiste dans le politiquement incorrect : elle a les cheveux blonds, les yeux bleus, les lèvres roses, le teint de pêche. Le texte est carrément désinformé par le libréttiste Médusa : on insiste : les yeux sont devenus marrons. Les fugitifs se sauvent, ils fuient le méchant Zarastro. De son côté Tamina arrive à trois pyramides et interroge.
LE SECOND BASCULEMENT
A la suite de sa quête auprès des prêtres des Pyramides, Tamino a une révélation : Zarastro est le sage, le vertueux, c'est la Reine de la Nuit qui personnifie le mal et manipule Tamino pour s'emparer de sa fille. L'ambiguïté atteint son comble, quand Pamina intercède auprès de Zarastro en faveur de sa mère "Elle est quand même ma mère! " "Ce n'est qu'une femme" déclare préemptoire Zarastro. Le politiquement incorrect s'aggrave, voici promu un sage sexiste!
LA VOIE MAÇONNIQUE
Jacques Chailley a accumulé les arguments et les détails les plus infimes, pour démontrer que la Flûte est un Opéra Maçonnique dans toute sa rigueur. Ce travail laborieux est contesté par des experts, mais nul ne met en doute la nature maçonnique de l'oeuvre. (On sait que Mozart était franc-maçon). D'ailleurs ce que l'on critique n'est pas le décodage maçonnique mais le fait de tout réduire à cet angle unique. Non seulement le scénario est maçonnique mais toute la musique porte l'empreinte symbolique non déguisé du rituel. Par exemple la suite de trois accords ne s'explique pas sans ce décodage.
Tout le scénario jusqu'à la fin montre les épreuves subies pour mériter le couple idéal, celui-ci seul pouvant porter la sagesse et digne de regner. Mais à côté de cet apologie du couple on trouve bien des propos racistes et misogynes candidats à la censure.
LE YIN ET LE YANG
L'opposition du noir (la Reine de la Nuit, Monostatos, la nuit et les ténèbres) et du jaune solaire éclatant (Sarastro) baigne toute l'oeuvre, mais elle n'établit aucune transcendance du mal. Le mal est le mal, c'est la barbarie, l'ignorance, et il s'oppose aux lumières et à la science.
La Tempête. (à suivre).
Beethoven et le jeune Breuning
Introduction
Les années 1817 furent une épouvantable épreuve pour le pauvre Beethoven, à ce point qu'après d'une période d'une exceptionnelle fécondité, quelques pièces arides virent le jour. On peut y adjoindre deux fruits vénéneux et monstrueux: les sonates Hammerklavier Op.101 et Op. 106 bien décriées. La vie sentimentale était un désastre, après le suicide manqué de son trop aimé neveu, et les attaques de son ennemie "la Reine de la Nuit". Mais il y avait aussi les ennuis domestiques : impossibilité de trouver un domestique, un logement, un soutien. La solitude ponctué par la souffrance qui déboucha sur une double pneumonie. La surdité totale aggravait le sentiment de solitude extrême. Enfermé dans cet univers imaginaire les structures se développaient comme des arborescences autonomes dans l'air raréfié de son esprit. Il en vint pour assurer sa survie, à vendre à ses amis de Londres, des oeuvres encore inexistantes, dont la Xème Symphonie qu'il jouait quotidiennement et dont il subsiste des esquisses; mais qu'il n'eut pas la force de mettre au clair. Les londoniens généreux feignirent de croire aux livraisons fantômes et firent la quête pour subventionner son opération. Mais cela aggrava les angoisses du compositeur. "Si je survis à l'opératio, d'où vais-je tirer mes moyens de subsistance? se disait-il ? C'est qu'il n'était plus à la Mode à Vienne. Goethe ne voulait pas de son accompagnement qu'il destinait à Mozart. Mais celui-ci était mort et ce fut Rossini qui le supplanta dans le coeur des Viennois. Tous ses amis étaient morts ou dipersés. Un jour Hummel (un compositeur très réputé de l'époque, auteur des pièces très brillantes) vint en pélerinage pour le revoir, en dépit de sa chaise roulante. Lorsqu'il le rencontra il éclata en sanglots, ne pouvant que répéter: Ach! le pauvre homme! Ach, le pauvre homme !.
En fait le pauvre homme n'avait que peu de visiteurs. Le plus affectionné était un jeune de quinze ans, fils de Stefan von Breuning, qui avait pitié du vieil homme. Il venait le voir tous les jours muni souvent de confitures et d'une bonne bouteille de vin du Rhin. Stefan en dépit de son admiration pour le maître n'était pas trop enchanté de la nouvelle fréquentation de son fils, ce vieux, certes célèbre, mais peu joué, mal mis de sa personne, rude et excentrique. Ce n'était pas là un compagnon idéal pour un jeune homme de bonne famille. Mais Beethoven était si content, et des confitures, et de l'amitié de l'adolescent. Ce fut une petite lumière dans sa vie.
Lorsqu'on pense au combat titanique que l'immense génie livrait aux vieilles structures de la forme sonate, sa lutte indomptable pour ses visions déchirantes, où la souffrance se trasmuait en joie, ma gorge se serre. J'entends l'adagio del'Op.106, et surtout les esquisses de la Xeme Symphonie et le chant de désolation sur les malheurs du monde emplissent tout mon être.
Certes, j'ai joué toute ma vie durant l'Op.106, exploré dans les coins le labyrinthe, mais la clé se trouve là, cachée von Herzen zu Herzen.
Le Tapuscrit Grimm
A propos de la Justice et de la bureaucratie françaises,
vues par un allemand du XVIIIe siècle
Pour terminer l'année avec la finesse et la bonhomie qui caractérisent le compilateur de ces citations, florilège plus français que français et plus actuel que jamais. Un concentré de FORCE DE LA TERRE humaniste... comme Arnaud Gobet lui-même.
Quelque pressants que soient nos autres maux, le désordre et les abus ne paraissent nulle part plus grands que dans la partie de la legislation et de l'administration de la justice.
Pour que les lois soient connues, respectées, suivies, il faut qu'elles soient claires précises et en petit nombre. ... Peut-être faudrait-il que les affaires des particuliers ne soient point regardées comme objet de législation, et que leurs contestations soient jugées suivant le bon sens et la droite raison par une assemblée d'hommes vertueux et intègres; car il n'y a pas de cas, quelque compliqué qu'ils soit, qu'un homme de bien et de bon sens ne décide et ne démèle avec plus d'équité que le plus habile jurisconsulte.
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Saturday, 29 December 2007
Souvenirs de ma chaire.
Les ailes de l'ingratitude
Cet ancien étudiant végétait, noyé dans la foule des mille élèves de ma chaire, laminé par des supérieurs bornés. A la fin de mon cours, il venait me voir et posait beaucoup de questions comme la plupart des étudiants. Mais ce qui 'interessait, c'était la culture. Il avait un besoin inépuisable de connaissances musicales, chorégraphiques, littéraires, picturales. Il ne cessait de tendre la main pour accéder aux ressorts cachés des chefs d'oeuvre. Comment résister? Je lui donnai pendant des mois des leçons particulières, étonné par sa passion. Sous l'influence de cette culture récemment acquise, d'autres aspects de sa personnalité se manifestèrent. Il devint un infatigable travailleur, rapide et enthousiaste. Il acquit un charisme exceptionnel et l'étude des opéras de Mozart et des drames de Sahakespeare, lui apprirent le travail d'horloger, la précision et la conscience professionnelle, le goût et le génie.
Tout ceci se refléta dans son activité professionnelle, il fut respecté des employés et se rendit indispensable à ses supérieurs. Il faut ajouter qu'il sortait d'une riche famille bourgeoise qui le méprisait comme un raté. Un jour, les ailes continuant à lui pousser,il fonda sa propre entreprise et gagna de l'argent. Je l'aidai de mon mieux à suivre cette ascension remarquable, très fier de cette succès story. Pendant toutes ces années, mon étudiant ne cessa de protester de sa fidélité indéfectible, et m'assura que lorsque le moment serait venu il serait aussi fidèle qu'un fils dont c'est le tour de prendre en charge des parents vieillissant dans le besoin. Ce qui m'était bien utile dans ma situation d'alors. Les grandes grèves paralysaient la capitale et je devais me déplacer dans des conditions dangereuses.
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Les monologues de l'interféron
Hé oui! Me voici à nouveau au poste. Le monstre du Loch Ness a sombré et il vient de ressurgir, mais ce n'est plus le même !
Vous avez peut être lu le titre d'une des pièces à succès mondiales quelque peu accrocheur : Les Monologues du vagin. Il vient d'etre pourvu d'une suite (si l'on ose dire) les monologues du pénis. Le plan est simple, des centaines d'hommes et de femmes, venant de milieux divers, laissent parler librement leur sexe. Et en se mettant à la place d'un vagin, on en découvre des choses, que la langue ni la plume n'osent dévoiler.
Le titre laisse supposer que le vagin a une personalité différente de celle qui s'exprime en langage litérraire. Cela va même au delà. Une même personne est ventriloque: elle pense de la main gauche, âgit de la main droite; mais que fait le vagin. Et si on lui donnait la parole.
Or, n'importe qui peut lire dans le copieux des contre-indications, que l'association antivirale Rabavirine, Interféron a la propriété de modifier le comportement du cerveau, : confusion, dépression, tendances suicidaires etc... En ce qui me concerne cela produirait plutôt l'effet inverse, mais quoi qu'il en soit, il ne sert de rien de cacher que le comportement subit des métamorphoses et
se garder de l'attribuer à un changement de personnalité. Notre moi profond continue à s'exprimer comme le passer, mais il est parasité par un discours qui ne nous appartient pas. D'où provient alors cette personnalté extérieure, que nous avons quelquefois du mal à intégrer? De l'Interféron qui tient à s'exprimer !.
Et que veut raconter l'interféron? Tout d'abord, comme le vagin, il veut parler, il parle, il emprunte par effraction la plume de l'auteur et lui imprime une affectivité, une spontanéité, une brutalité qui répugnent à la discrétion imposée à tout blog qui se respecte.
Puis, l'émotivité est multipliée à un point souvent douloureux. A l'écoute d'une symphonie, on rit, on pleure, on étouffe; on suffoque, et cela peut même troubler le plaisir ressenti.
Enfin, le rapport avec les êtres est profondément modifié. Ce que l'on recherche, c'est non point à apprendre les stratégies de l'adversaire, les tactiques pour le convaincre, les statégies pour gagner un contrat juteux. C'est de connaître profondément l'autre, essayer de savoir ce dont il a besoin sans le savoir, le faire évoluer vers un niveau supérieur de conscience, cela sans demander de rétribution, en tout désinteressement. Il faut être fous ou des dinosaures pour faire preuves d'une telle naïveté. C'est que, voyez vous, l'interféron est un peu fou et nous entraîne vers de voies inédites, "hors des sentiers battus".
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