Musique et drame
Sunday, 30 December 2007
Une trilogie initiatique
La Flûte Enchantée, (Mozart)
La Tempête, Shakespeare)
Le Deuxième Faust. (Goethe)
Ces trois chefs-d'oeuvre ont marqué durablement ma sensibilité pendant toute mon existence. Il m'a fallu une lente décantation pour en dégager les racines communes. Il serait beaucoup trop long pour n'en donner qu'un aperçu et une vie n'y suffirait pas. Pour épargner un laborieux travail d'approche à Alexandre et à ceux qui sont curieux d'en frôler la surface, je vais, au hasard, en évoquer quelques traits communs et les traces profondes qu'ils ont imprimé dans les tréfonds de mon inconscient. Je renverrai l'internaute aux très nombreux ouvrages et traductions. disponibles.. Nombreux, à l'exception de Faust I dont il n'existe aucune traduction potable bilingue autre que la prétentieuse adaptation de Malaplate (Flammarion).
La Flûte Enchantée
J'avais quinze ans lorsque j'assistai pour la première fois à Die Zauber Flöte à l'Opéra de Paris où elle faisait partie du répertoire. Le chef était Louis Forestier, qui tous les jours prenait son train à Asnières, pour aller au boulot (le chef de luxe était Georges Sebastian) la flûte c'était de la routine. Cela me permit de la voir vingt sept fois de suite.
La Reine de la Nuit était Mado Robin, et tout était chanté en français. Les décors dataient d'avant guerre et portaient de forts signe d'usure et des trous qui n'étaient en rien des étoiles. Mais pour l'enfant que j'étais, s'ouvrait devant moi un univers onirique de légende. J'adorais les transformations à vue, le feu, l'eau, le dragon en carton pâte, et par dessus tout le son du glockenspiel. Je crois même que c'est ce son argentin, ces clochettes adamantines qui expliquent ma fascination... Que je partageais avec Mozart lui même.
L'histoire est celle d'un basculement inattendu : la bonne devient la méchante, le méchant le bon etc. Il y avait de quoi se perdre.
LE PREMIER BASCULEMENT
Un prince japonais est attaqué par un méchant dragon qui fait hurler de rire tous les enfants de quatre ans. Les psy disent que ce sont les démons refoulés de notre inconscient. Trois dames en noir sauvent le héros, Tamino et le présentent à la gentille reine de la Nuit dont le méchant monstre Sarastro a kidnappé la ravissante fille : Pamina. Tamino contemple le portrait de la jeune fille, blonde et rose (dans les versions médusa, elle est noire et métisse), et tombe instantanément amoureux. Il jure de la délivrer.
La dolente Reine de la Nuit, se réveille et d'un air conquérant, déclare la guerre au monstre Sarastro, Tamino le vaincra et se mariera avec Pamina.
Tamino a une doublure : l'homme oiseau Papageno qui fait commerce d'oiseaux. Tamino est un homme d'idéal, prêt à mettre en jeu sa vie pour une noble cause. Papageno, hâbleur et menteur, aime la boustifaille, les filles et voudrait bine trouver sa femme-oiseau idéale Papagena. Les trois dames en noir lui remettent deux talismans : une flûte enchantée pour Tamino, symbole de la musique (celle de Mozart, bien entendu, pas celle des Rolling Stones!),le fameux carillon pour Papageno. Trois jeunes génies portant une plume d'oie montrent le chemin. Pour la petite histoire, notons qu'autant Mozart aimait les clochettes, autant il détestait la flûte!
LA TRANSITION
Le méchant Monostatos, noir libidineux (évidemment censuré par Médusa qui en fait un blanc. C'est Pamina la blonde qui vire au noir) essaie de violer la fille.. (Censuré) Ceci est conforme au récit de la Reine de la Nuit. Un serviteur d'un monstre (Monostatos) est un monstre lui même. La fille est sauvée par Papagena qui insiste dans le politiquement incorrect : elle a les cheveux blonds, les yeux bleus, les lèvres roses, le teint de pêche. Le texte est carrément désinformé par le libréttiste Médusa : on insiste : les yeux sont devenus marrons. Les fugitifs se sauvent, ils fuient le méchant Zarastro. De son côté Tamina arrive à trois pyramides et interroge.
LE SECOND BASCULEMENT
A la suite de sa quête auprès des prêtres des Pyramides, Tamino a une révélation : Zarastro est le sage, le vertueux, c'est la Reine de la Nuit qui personnifie le mal et manipule Tamino pour s'emparer de sa fille. L'ambiguïté atteint son comble, quand Pamina intercède auprès de Zarastro en faveur de sa mère "Elle est quand même ma mère! " "Ce n'est qu'une femme" déclare préemptoire Zarastro. Le politiquement incorrect s'aggrave, voici promu un sage sexiste!
LA VOIE MAÇONNIQUE
Jacques Chailley a accumulé les arguments et les détails les plus infimes, pour démontrer que la Flûte est un Opéra Maçonnique dans toute sa rigueur. Ce travail laborieux est contesté par des experts, mais nul ne met en doute la nature maçonnique de l'oeuvre. (On sait que Mozart était franc-maçon). D'ailleurs ce que l'on critique n'est pas le décodage maçonnique mais le fait de tout réduire à cet angle unique. Non seulement le scénario est maçonnique mais toute la musique porte l'empreinte symbolique non déguisé du rituel. Par exemple la suite de trois accords ne s'explique pas sans ce décodage.
Tout le scénario jusqu'à la fin montre les épreuves subies pour mériter le couple idéal, celui-ci seul pouvant porter la sagesse et digne de regner. Mais à côté de cet apologie du couple on trouve bien des propos racistes et misogynes candidats à la censure.
LE YIN ET LE YANG
L'opposition du noir (la Reine de la Nuit, Monostatos, la nuit et les ténèbres) et du jaune solaire éclatant (Sarastro) baigne toute l'oeuvre, mais elle n'établit aucune transcendance du mal. Le mal est le mal, c'est la barbarie, l'ignorance, et il s'oppose aux lumières et à la science.
La Tempête. (à suivre).
Beethoven et le jeune Breuning
Introduction
Les années 1817 furent une épouvantable épreuve pour le pauvre Beethoven, à ce point qu'après d'une période d'une exceptionnelle fécondité, quelques pièces arides virent le jour. On peut y adjoindre deux fruits vénéneux et monstrueux: les sonates Hammerklavier Op.101 et Op. 106 bien décriées. La vie sentimentale était un désastre, après le suicide manqué de son trop aimé neveu, et les attaques de son ennemie "la Reine de la Nuit". Mais il y avait aussi les ennuis domestiques : impossibilité de trouver un domestique, un logement, un soutien. La solitude ponctué par la souffrance qui déboucha sur une double pneumonie. La surdité totale aggravait le sentiment de solitude extrême. Enfermé dans cet univers imaginaire les structures se développaient comme des arborescences autonomes dans l'air raréfié de son esprit. Il en vint pour assurer sa survie, à vendre à ses amis de Londres, des oeuvres encore inexistantes, dont la Xème Symphonie qu'il jouait quotidiennement et dont il subsiste des esquisses; mais qu'il n'eut pas la force de mettre au clair. Les londoniens généreux feignirent de croire aux livraisons fantômes et firent la quête pour subventionner son opération. Mais cela aggrava les angoisses du compositeur. "Si je survis à l'opératio, d'où vais-je tirer mes moyens de subsistance? se disait-il ? C'est qu'il n'était plus à la Mode à Vienne. Goethe ne voulait pas de son accompagnement qu'il destinait à Mozart. Mais celui-ci était mort et ce fut Rossini qui le supplanta dans le coeur des Viennois. Tous ses amis étaient morts ou dipersés. Un jour Hummel (un compositeur très réputé de l'époque, auteur des pièces très brillantes) vint en pélerinage pour le revoir, en dépit de sa chaise roulante. Lorsqu'il le rencontra il éclata en sanglots, ne pouvant que répéter: Ach! le pauvre homme! Ach, le pauvre homme !.
En fait le pauvre homme n'avait que peu de visiteurs. Le plus affectionné était un jeune de quinze ans, fils de Stefan von Breuning, qui avait pitié du vieil homme. Il venait le voir tous les jours muni souvent de confitures et d'une bonne bouteille de vin du Rhin. Stefan en dépit de son admiration pour le maître n'était pas trop enchanté de la nouvelle fréquentation de son fils, ce vieux, certes célèbre, mais peu joué, mal mis de sa personne, rude et excentrique. Ce n'était pas là un compagnon idéal pour un jeune homme de bonne famille. Mais Beethoven était si content, et des confitures, et de l'amitié de l'adolescent. Ce fut une petite lumière dans sa vie.
Lorsqu'on pense au combat titanique que l'immense génie livrait aux vieilles structures de la forme sonate, sa lutte indomptable pour ses visions déchirantes, où la souffrance se trasmuait en joie, ma gorge se serre. J'entends l'adagio del'Op.106, et surtout les esquisses de la Xeme Symphonie et le chant de désolation sur les malheurs du monde emplissent tout mon être.
Certes, j'ai joué toute ma vie durant l'Op.106, exploré dans les coins le labyrinthe, mais la clé se trouve là, cachée von Herzen zu Herzen.
Saturday, 15 December 2007
La France honore Bill Viola.
Ci-contre, Bill Viola, Kira Perov, Bruno Lussato, Marina Fédier, Sergei Pugachev.
C'est une de mes obsessions. Ma conviction est que c'est le Président de la France, représentant le pays tout entier, qui doit honorer les plus grands génies du temps. La France a toujours été un véhicule de culture et de raffinement, et récompenser officiellement les grands artistes, peut susciter par mimétisme des vocations à tous les niveaux de la population et des jeunes. Malheureusement les honneurs étant réservés aux foot-balleurs ou aux débiles incapables de chanter sans micros, on ne voit que trop les résultats. Le mimétisme joue à contre-culture.
Mais le Président idéal qui voudrait retourner le situation, devrait proposer que l'on récompense et qu'on donne en exemple les grands génies de notre temps, ceux dont les oeuvres seront encore exemples du patrimoine mondial dans les dictionnaires futurs, alors qu'on aura oublié les oeuvres inquafiables qui entraînent l'audimat. Mais quel courage pour le chef de l'Etat que d'accepter de sacrifier sa popularité en promouvant ces grands hommes ignorés par le brouillon de culture populaire! Il sera taxé d'élitiste, s'il le fait, de plouc s'il ne le fait pas.
C'est pourquoi en accord amical avec des proches de Nicolas Sarkozy je me suis mis à la recherche d'artistes incontestés par leurs pairs. Le projet Newwave (Elkann, Bonnet, Marina Fédier) a servi de support par sa solidité théorique qui rejette les phénomènes de mode et de snobisme. On ainsi filtré parmi les artistes majeurs qui font l'Art de demain, Bill Viola, Richard Serra, Matthew Barney, Bruce Neuman et Daniel Richter. Malheureusement il est trs difficile de les atteindre, et ils sont peu enclins à perdre du temps dans un pays d'ignorance et declin.
Je me suis mis en chasse et le plus respecté d'entre eux a finalement accepté de faire un crochet de la côte Ouest et pour atteindre Madagascar. La date définie a été le 15 et j'ai dû me livrer à des trésors de persuasion pour que tous les horaires soient maintenus, menaçant de me faire hara-kiri. Heureusement, j'avais le soutien convaincu de Claude Guéant, serviteur de l'Etat unanimement respecté et humaniste de grande culture, et de Cédric Goubet, chef de cabinet du président. On ne peut apprécier cet acte fort, si l'on oublie que "Force de la Terre" auquel appartient Nicolas Sarkozy, a toutes les qualités qui font la prospérité d'un pays, mais qui par son indifférence à la culture des cimes, s'attire le mépris et les moqueries d'un establisment culturel arrogant et hagneux. Le président essayera je l'espère à contnuer dans cette voe : rapprocher de notre nation autrefois protectrice de arts, des artistes et des compositeurs qui assurèrent notre gloire.
Bill Viola, sa femme et collaboratrice Kira Perov, et leur deux gosses ont été accueilli avec tous les honneurs et ont même reçu en cadeau une vénérable bouteilles d'un cru exceptionnel de l'ELysée. Un même cadeau avait été offert à Poutine pour son anniversaire, par un chef d'Etat Poutine et s'est perdu en cours de route! Le menu était d'un raffinement extrême bien que léger faisait honneur à un des artisanats majeurs de notre pays. Et quels vins! Je vous donne une recette : le beurre Verneuil, utilisé dans le menu, le goût de vrai beurre que je croyais avoir oublié depuis mon enfance.
Aucun formalisme, pas de snobisme dans cette journée qui s'est terminée chez moi en présence d'un des convives qui désirait connaître l'artiste.
En Novembre, on donnera Tristan à l'Opera dans la fantasmagorie de Viola et je crois bien que tout le staff suivra Nicolas Sarkozy à la représentation. Pourquoi pas vous? Pour les internautes qui sont vraiment accrochés j'ai envie de ménager un contact sympathique avec Bill Viola. Attention, anglais indispensable. Mais c'est sans doute un rêve utopique.
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Saturday, 8 December 2007
Une soirée avec un (vrai) connaisseur.
Le journaliste De Remigis, (Il Foglio) qui a déjà à plusieurs reprises interviewé Nicolas Sarkozy, et votre serviteur pour son blog, est un pianiste qui a dû abandonner la carrière pour des raisons bassement matérielles. Il se bat pour trouver un local à Rome où il puisse s'exercer sur son Yamaha. Naguère quand il jouait une ou deux heures de Bach ou de Chopin, les voisins venaient le complimenter. Aujourd'hui, leur successeurs, des jeunes rappeurs, le menacent de papier bleu. Le rap, la télé, la vidéo, c'est parmis, c'est de la culture populaire qui est un droit acquis. La musique classique c'est pour les riches et les élitistes, et on n'a pas à se plier à leurs caprices.
Je racontai à Remigis ma détestation pour le public des concerts, ces gens qui vont aux antipodes pour écouter leur idole : Gergiev ou autrefois, Karajan. Un de ceux-ci, Eusébe Tartefine me dit qu'il n'avait pas eu le temps de voir l'émission d'Arte sur Tristan à l'exception du troisième acte qui était bon. Il assistait en effet à un concert d'une jeune violoniste à la mode qui devait jouer un florilège exquis. Je me souvins des heures pendant lesquelles je pleurai toutes le larmes de mon corps, où j'eus le sentiment d'un insondable mystère qui provenait de la prise en masse de tous les facteurs que Wagner avait pesés à la nanoseconde. L'émotion provenant de la tragédienne Waltraud Meyer, et du langage des corps de Chéreau aurait frisé la grandiloquence et le sentimentalisme, n'était la richesse de la composition et la structure musicale fortement intégrée. Mais en entendant juxtaposés ces morceaux instrumentaux de concert voués à la délectation, comme préparation au plus sublime des monuments du XIXe siècle, on ruinait irrémédiablement les liens les plus raffinés de la toile intégrée.
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Deux conceptions divergentes Viola - Chéreau
J'ai toujours observé la plus grande parcimonie dans le choix de mes concerts et mes opéras, afin de garder toujours en mémoire les grandes voix et l'emprise des chefs, et je ne le regrette pas. L'exploration d'une oeuvre comme Tristan ne peut se passer d'une étude très détaillée de la partition d'orchestre, et la représentation est la récompense de celui qui a pris la peine de jouer la transcription de paino. (Dans ce cas, celle de Hans de Bulow).
Les représentations que je garde ainsi vivaces sont celles de Kirsten-Flagstad, Max Lorenz, au pupitre, Georges Sebastian, de Kna, avec Martha Mödl ou Astrid Varnay, puis Carlos Keiber-Ponnelle et Ligendsa. Les autres ne pouvaient se comparer. Et puis, j'ai vu la version de Bill Viola, et cela été un véritable choc. J'ai écrit dans ce blog, qu'on ne peut en aucun cas la considérer comme une représentation d'une oeuvre de Wagner mais comme un création originale à mi-chemin entre la plus haute création de notre plus grand vidéaste, Viola et le monstre qui devait révolutionner l'histoire de la musique.
J'ai failli manquer sur Arte la représentation de Tristan pour l'ouverture de la Scala, avec Baremboïm, Waltraud Meyer et ... Patrice Chéreau.
S'il est un metteur en scène que j'admire profondément c'est bien Chéreau que François Regnault son dramaturge m'a fait apprécier, et dont le Ring reste pour moi "le plus beau spectacle du monde". Ma soeur m'a tiré de mon ordinateur pour me signaler la retransmission et elle-même a été émue par la direction de Baremboïm et la mise en scène de Chéreau. Sans elle j'aurai manqué, outre le premier acte, les actes II et III.
La comparaison entre la création géniale de Viola (avec Gergiev au pupitre, et qu'on aura la chance de revoir en 2008 à Paris) et la recréation de Chéreau, était passionnante. Après voir entendu et vu avec la plus grande intensité, ces monuments dramatiques, ma religion est faite : c'est Wagner qui l'emporte. Wagner, décodé par Patrice Chéreau, bien entendu. Baremboïm était tellement plongé dans la partition que les applaudissements, lui ont arraché une rapide grimace d'agacement, vitre réprimée. Chéreau qu'on a interviewé était lugubre. On a l'impression que cet homme ne peut sourire. Pourquoi? Parce qu'il ne considère pas son travail sur les corps, comme quelque chose de futile. Parce qu'avec le déroulement du spectacle c'est un peu de sa vie qui s'écoule.
Par exemple à la fin, lors de la mort d'amour, Isolde dont la pureté du profil, l'intensité tragique et souriante de l'expression, et les pianissimi déchirants qu'elle émet nous ménage une surprise. Un filet de sang s'écoule du front, comme un accident crânien et finit par couler et ensenglanter toute la moitié du visage, toujours souriant, transfiguré. A côté l'oeuvre de Viola semble abstraite. Les amants rejoignent le cosmos, ils perdent leur matérialité et cette vision est à l'unisson des associations mystiques du poème qui prennent tout leur sens.
Alors que l'interprétation de Bill Viola exige une exégèse poussée du poème, et une sensibilité à l'art contemporain, celle de Chéreau exerce un effet immédiat, irresistible, résistant à toute explication : elle est là, sans le moindre arbitraire, la moindre licence, le moindre chi-chi. Cette simplicité est magnifiée par le jeu d'acteurs dignes des vidéos religieuses de Bill Viola, par un jeu de noirs et blancs dignes d'une tragédie grecque... mais ce qui emporte tout, est la passion des acteurs, invisibles chez Viola.
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Tuesday, 4 December 2007
Alfred Cortot, musicien démodé
Cette affirmation peut surprendre étant donnée la célébrité de celui qui a été considéré comme le plus grand interprète de Chopin. Mais comme avec Arturo Toscanini et, jadis Wilhelm Backhaus, tout en feignant de louer ses qualités, on ne cessait de lui chercher toutes sortes de poux dans les doigts, pour avoir l'excuse de lui préferer, qui Samson François, qui Arthur Rubinstein ou d'autres qui ne lui arrivent pas à la cheville.
La quintessence de l'art de Cortot vous le trouverez dans deux interprétations irremplaçables : les Etudes et les Préludes. Contrairement au politiquement correct qui préfère toujours les disques les plus anciens, (1932 par exemple), je donne la préférence qu contraire aux derniers, édité au lendemain de la guerre chez His Master's Voice. Je vous exhorte à commander les Préludes Op.28 (1943, RCA Victor, EMI records.) et l'édition de travail parue en 1957 aux éditions Salabert, mais qui est inusable et toujours potassée par tous les étudiants de conservatoire. Avant de vous expliquer pourquoi ces Préludes et l'édition de travail sont un des documents les plus précieux,, même pour de non-musiciens voulant progresser il faut vous assener le tombereau d'injures déversés par les critiques musicaux, sur le plus illustre des pianistes, triste privilège partagé avec Wilhelm Backhaus, traité on le sait par Clarendon, (alias Gavoty) et par d'autres cuistres prétentieux, de maître d'école besogneux. Ce dernier, offensé, ne remit jamais les pieds en France en soliste. Ce qui est assez piquant, est que l'ostracisme qui a frappé Cortot est dû à des raisons diamétralement opposées à celui qui frappe Toscanino et Backhaus. Voici donc les lieux communs anti-Cortot.
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