Wednesday, 17 October 2007
Mahler, le Chant de la Terre
La trilogie de Li-Tai-Po, suite.
Note . La traduction de Hans Bechtle est en vert, l'original de Li-Tai-Po traduit par Franz Toussaint est en violet.
Le troisième mouvement du Chant de la Terre. Première partie de la trilogie.
De la Jeunesse.
(D'après Li-Tai-Po)
Au milieu d'un petit étang
se trouve un pavillon de verte
et blanche porcelaine.
Au milieu du lac, s'élève un pavillon de porcelaine blanche
Comme le dos d'un tigre,
se tend un pont de jade
vers le pavillon
Pour y arriver, il faut franchir un petit pont de jade
qui a la courbe d'un tigre à l'affut
Dans la maisonnette s'assoient des amis
Dans ce minuscule palais, des amis se réunissent.
bien habillés, ils boivent, papotent,
certains écrivent des vers
Ils causent, ils boivent.
Leurs manches de soie glissent
en arrière, leurs bonnets de soie
joyeusement rejetés sur la nuque.
2. Certains les manches retroussées; la calotte enfoncée jusqu'aux yeux, écrivent des vers.
Tout se reflète sur la calme surface
du petit étang., merveilleusement
comme dans l'image d'in miroir.
1. Sur l'eau verte, ils regardent onduler les reflets des pivoines qui ornent la balustrade de la terrasse.
Tout se tient sur la tête
sur le pavillon de verte
et de blanche porcelaine
Comme une demi-lune se tient le pont
arche renversée.
L'arc du pont ressemble au croissant de la lune.
Les reflets des pivoines ressemblentà des jeunes filles qui dansent.
Des amis
bien habillés, boivent, papotent
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Chronique
Le petit noyau de commentaires commis par les trublions de service : Vincent, Poil à Gratter, Alexandre de Lisle, et bien d'autres, me réjouit au plus au point. En dépit des fautes de français (voir mes remarques su l'influence destructurante de l'écriture sur ordinateur), les questions soulevées sont intelligentes, et bien souvent embarrassantes, toujours perturbantes. Elles décapent les idées les plus solidement reçues. Je me permets de vous conseiller de lire cet échange, mes commentaires sont partie du blog à égalité avec des billets plus ambitieux. Remercions ceux qui osent ou prennent la peine de répondre, ils disent tout haut ce que d'autres pensent plus bas.
Si Poutine n'existait pas, il faudrait l'inventer !
Il est raide, macho, dictatorial, retors, de mauvaise foi, grossier, brutal, mégalomane, et pourtant je ne le trouve pas antipathique. La raison, je ne la connais pas, c'est purement instinctif. C'est un personnage qui s'est trouvé là par hasard et qui a occupé une chaise vide, d'où il est difficile de le déboulonner.
J'ai des amis russes, qui l'ont bien connu du temps de Eltsine. C'était un homme tout à fait falot, un homme d'administration, sans vision ni réelle vision. Nul n'aurait pu imaginer une telle ascension. Aujourd'hui, certains, sans plaisanter, affirment qu'il est l'homme le plus puissant du monde à cause des énormes réserves énergétiques de la Russie, et de sa prise en main durable sur le système. Il n'est redevable qu'à lui-même de ses décisions, même si elles sont inspirées par les circonstances.
Poutine, faut-il le répéter, n'a pas de stratégie, pas de vision long terme. Ce n'est pa là un défaut par les temps qui courent, bien au contraire. Il sème désordre, provocations et contradictions pour sonder l'Occident et laisse toutes le options ouvertes sans jamais s'engager vraiment pour aucune. Notamment à propos de l'Iran, nulle conviction derrière ses proclamations. Mais il y a 25 millions de musulmans en Russie, et l'Iran est proche. Et puis, n'oublions pas que Poutine est avant tout un homme d'affaires mesurant l'intérêt de ses alliances, à l'aune de l'intérêt économique court terme. Il lance une bombette sémantique et attend les commentaires et les retombées (nécessairement verbales)..
Paradoxe : Pour faire court et provocateur, les Russes adorent les Allemands et détestent les Français. Poutine adore Sarkozy et ne peut pas blairer Merckel. .Il y a un peu de vrai dans cette boutade. Il est vrai que Nicolas Sarkozy a bien des points communs avec son homologue russe, et n'aime guère le pharisaïsme. Quant à l'Iran... bah. attendons de voir les retombées de toute cette gesticulation. Les médias sont contents, et les gens bien informés,de la concierge au soviétologue, se donnent des airs d'importance en prédisant l'avenir dans le rétroviseur.
La bibliothèque (suite)
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La civilisation de la panne
Il est rare que me production quotidienne soit aussi basse et mon journal en retard. La raison en est que subitement deux fichiers se sont altérés : mon répertoire et mon agenda. J'ai perdu d'un coup toute ma mémoire relativement récente (je ne sauvegarde pas depuis deux mois). Le responsable est ma carte flash dont on me disait qu'elle était indestructible et éternelle. C'est vrai. Mais à condition de ne pas s'en servir.
Par ailleurs mon vieux Sony, le meilleur, le plus puissant, voici quatre ans, menace aussi de me lâcher, et le nouveau n'est pas encore sorti. Il chauffe, il est désespérément lent, et il émet des bruits inquiétants qui ne laissent présager rien de bon. Me voici donc dans un état de "suspended terror" , cette technique qui permet à Poutine de bien tenir ses troupes. Ici ce n'est pas Poutine, mais les fabricants informatiques.
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Tuesday, 16 October 2007
A propos du second Faust
Infidélités incompréhensibles
Les traductions présentent par définition tous les modes de désinformation, généralement dans le sens le plus anodin car il est pratiquement impossible de trouver un équivalent d'une langue dans l'autre, lorsqu'il ne s'agit pas d'un mode d'emploi d'appareils ménagers ou de dépèches de l'AFP. Cependant il est de nombreux cas où le mot est plus juste et plus fort que la traduction. Il suffirait alors au traducteur de se livrer à une banale transcription. C'est justement ce qui irrite ces messieurs. Si tous pratiquaient l'évidence, ils parviendraient au même résultat, et adieux droits d'auteurs ! Je donne ci-dessous un extrait de Minuit une des scènes les plus angoissantes du chef d'oeuvre de Goethe en mettant en regard le mot à mot, l'excellente traduction de Henri Lichtenberger (Edition Montaigne, réédition Aubier) et l'infecte transcription de Jean Malaparte chez Flammarion, la seule disponible. Dans l'ordre on trouvera l'original, le mot à mot, la traduction Lichtenberger, puis Malaplate.
CODE : En noir gras, l'original allemand. En rouge, le mot-à-mot français. En noir maigre, la traduction Lichtenberger. En brun, la traduction Malaparte.
Mitternacht
Minuit
Vier graue Weiber treten auf
Quatre femmes grises entrent
Quatre femmes grises s'avancent
Entrent quatre femmes vêtues de gris
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Nouvelles du blog
Statistiques.
Généralement j'en rends compte tous les mois, mais l'accélération est telle que je me permets de vous citer deux nombres. Le nombre de visiteurs de la quinzaine écoulée dépasse l'avant dernier record mensuel du mois d'août, et plus de vingt fois le chiffre initial de Février. Le nombre de visiteurs du billet "le Yin et le Yang" de Marina Fédier, a dépassé aujourd'hui les 20000 visiteurs.
La Bibliothèque
J'ai manqué à mes devoirs envers ceux qui me conseillaient sur le choix de livres à acheter. Voici donc quelques recommandations assez peu politiquement correctes, mais que je crois précieuses pour vous et votre famille. Il vous faudra abandonner tous vos préjugés, mais après tout, le blog est là pour vous y inciter, non?
1. Tout d'abord le choix du meuble. Il doit trôner dans le living room, ou, si vous avez cette chance (ou si vous habitez une vieille maison), n'hésitez pas à lui consacrer une pièce, même exiguë. Deux bons fauteuils en cuir un peu avachis, une lampe verte de bibliothèque et le maximum de rangement pour les livres.
2. Evitez comme la peste le bois blanc, le plastique, le métal. Le bois massif est naturel, culturel. Au pire vous trouverez des éléments amovibles chez IKEA, au mieux, chez un brocanteur, une bonne vieille bibliothèque Louis Philipparde aux rideaux verts. Prenez soin d'avoir des éléments vitrés. La poussière est la pire ennemie des livres.
3. Vous devez différenciez trois sections : 1. les classiques, qui prendront place dans la bibliothèque fin de siècle, 2. Les albums et éditions brochées, 3. Les disques et les vidéos.
4. N'achetez pas plus de livres que vous n'avez besoin, éviter l'entassement des jetables. Votre temps est plus précieux que la différence entre un relié et un jetable de poche. Se le livre mérite d'être évacué comme un déchet (les livres à feuilles collées) c'est qu'il était déjà un déchet. Pourquoi le lire?
5. N'attendez pas d'avoir le temps de lire un grand classique pour l'acheter. Un jour vous en aurez envie et vous ne le retrouverez pas. Ceci est particulièrement vrai pour des livres contemporains de haut niveau et de disques, à durée de vie limitée. Par exemple il est très difficile de se procurer les oeuvres d'Alfred Koestler, et la seule bonne version bilingue de Faust de Goethe (chez Aubier) est devenue introuvable. Il ne reste que celle, non bilingue et infecte d'un certain Malaplate. Essayez donc de vous procurer la Messe solennelle de Beethoven par Toscanini! Et pourtant Koestler, Goethe, Toscanini, ce n'est pas rien!
6. On pourra rétorquer qu'on trouvera toujours en livre de poche ou dans la Pléiade, n'importe quel grand classique, et on aura raison. Aussi ce n'est pas de cela que je parle.
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Monday, 15 October 2007
Le Chant de la Terre de Gustave Mahler
La trilogie de Li-Tai-Po (702-763)
Texte revu et corrigé .
Les mouvements 3, 4 et 5 forment un tryptique dont la partie centrale est une pièce nostalgique contrastant avec l'ironie des mouvements qui l'encadrent. Ce billet n'est pas consacré à l'analyse musicale de l'oeuvre, mais à sa structure sémantique et aux déformations qu'à subi le poème en passant de Toussaint à Bechtle avant d'être tranfiguré par l'art du dernier Mahler. On verra que Bechtle développe à partir de l'original de Li-Tai-Po les connotations personnelles qui attirèrent le musicien comme étant en accord avec ses émotions les plus douloureuses, les plus profondes. Ce qui frappe dans les trois oeuvres est une ironie, qui légère et teintée de mélancolie au départ, incisive, voire cruelle à la fin, laisse libre court dans la partie centrale à l'émotion la plus douloureuse. La musique suit, évidemment.
Note : le texte de Bechtle qui sert de support à Mahler est en vert, l'original de Li-Tai-Po traduit par Franz Toussaint, en violet. Comparez et communiquez-moi votre sentiment.
Le quatrième mouvement du Chant de la Terre. Partie centrale du scherzo.
De la Beauté
Sur les bords du Jo-Yeh
Introduction orchestrale
Des jeunes filles cueillent des fleurs,
cueillent des fleurs de lotus qu bord de l'eau.
Des jeunes filles cueillent des nénuphars
sur les bords du Jo-Yeh
Entre les buissons et les feuilles elles sont assises
elles assemblent des fleurs sur leur genoux, s'interpellent et se taquinent.
Parmi les bambous, elles s'interpellent et se cachent en riant.
Le soleil doré flotte autour de leur corps
les reflètent dans l'eau étincelante.
Le soleil reflète leurs formes élancées
leurs tendres yeux
et le Zephyr soulève et caresse le tissu
de leurs manches, répand le charme
de leur arôme à travers l'air.
L'eau réfléchit leurs belles robes
qui parfument la brise.
O vois, quels sont ces beaux garçons qui s'ébattent
là-bas, au bord de l'eau sur leurs fiers coursiers?
Au loin ils brillent come les rayons du soleil;
voici qu'à travers les branches des saules verts
arrive au galop leur jeune troupe!
Des cavaliers passent entre les saules de la rive...
Le cheval de l'un d'eux hennit joyeusement,
s'effraie et passe en coup de vent.
Un des chevaux hennit. Son maître regarde en vain de tous côtés
puis s'éloigne.
Interlude orchestral
Sur les fleurs, sur les herbes tressautent les sabots.
Ils piétinent en un tourbillon impétueux
les fleurs qui s'abattent.
Holà, quel remous agite sa crinière,
comme fument ses nasaux brûlants!
Le soleil d'or flotte autour de leurs corps,
les reflète dans l'eau étincelante.
Et la plus belle des jeunes filles
lui adresse de longs regards pleins de désir.
Sa fière attitude n'est qu'un semblant.
Dans l'étincelle de ses grands yeux,
dans la noirceur de son regard brûlant,
bat l'onde plaintive de l'exaltation de son coeur.
Une des jeunes filles laisse tomber ses nénuphars
et comprime son coeur qui bat à grands coups
Epilogue orchestral
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