Saturday, 11 August 2007
Projets épars
Suspension des livraisons de Nuits d’août
Ce feuilleton est tiré du volume XXV de l’Entretien(Codex éléphant) que j’ai emmené avec moi à Divonne- les-Bains. Mais la suite est calligraphiée dans les livres suivants restés à Paris. Il m’est donc impossible de poursuivre le récit. Je me propose cependant d’en livrer quelques commentaires à la fin de ce journal.
Chronique
Le vide. Mais un vide potentiellement riche de réflexions sur la réalité du réel. Les péripéties de la bourse, déstabilisée par la faillite de l’immobilier américain, pose avec acuité, une fois de plus, le problème des recommandations des experts financiers. Des parasites, comme les banquiers et les assureurs, nous explique Marianne, non sans quelques raisons. Les financiers nous expliquent que la situation économique est stable et saine, les entreprises engrangent les bénéfices, et la chute est limitée. Les seuls effets dit-on sont psychologiques, immatériels. Mais les sommes faramineuses versées pour juguler le désastre, n’ont rien de psychologique ni d’immatériel, et on nous explique que le resserrement du crédit, risque de toucher l’économie réelle, partout dans le monde. Même en Russie, les investissements sur Gazprom sont revus à la baisse.
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Douzième et dernière livraison
Séquence 229 de l'Entretien
Lars Hall à New York
Ils se rencontrèrent sous les vitraux médiévaux de la Pierpont Morgan Library. Valentin Ludell, un jeune étudiant en sciences politiques, à Columbia qui habitait au Plaza avec sa famille, l'y avait entraîné. Il était féru de manuscrits à peintures, et la Pierpont Library en présente des somptueux.
Lars aimait l'atmosphère sombre, néogothique, du palais édifié sur la fortune d'un barbare civilisé, celui qu’il ambitionnait d’être. A New York il avait pris conscience de ses lacunes et Valentin y était pour quelque chose : sa naïveté, sa fragilité, l'avaient ému. Blond, mince et pâle comme son père, il était de constitution frêle mais résistante. Mais en ce moment Lars ne songeait guère à Valentin. Il s’était évanoui de son champ de conscience, car Elle était là.
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Catastrophes
L'expression catastrophe dans la théorie éponyme n'est pas nécessairement liée à des événements terrifiants ni même négatifs. Elle est cependant associée à juste titre à des manifestations d'angoisse, de stupeur, de désorientation, et souvent de remise en cause. Au sens de Thom, une catastrophe est une discontinuité dans le déroulement d'un processus, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, ou encore un changement brutal de paradigme. Dans le billet de Marina Fédier qui précède ce journal, elle parle du basculement soudain d'un paquet d'ondes à des particules minuscules, ou encore elle pose la terrifiante enigme du passage de la physique normale à la fnatasmagorie quantique. Ce sont des catastrophes. Un Hai-ku japonais exprime mieux qu'une longue dissertation le caractère traumatisant d'une catastrophe :
Semailles et moissons
Le nuage qui ne bougeait jamais
n'est plus
Alors qu'une sécheresse jamais vue frappe les moissons et les semailles, que Vienne, Autriche connaît des pics inédits de chaleur alors que Berne est sous les eaux, cette citation est tout à fait à propos. Nous continuons à semer, à moissonner comme si le nuage qui ne bougeait jamais devait continuer à délivrer son ondée bienfaisante. Le mot "jamais", l'usage de l'imparfait, et le présent implacable qui conclut le haï-ku forment des oxymorons éloquents.
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Friday, 10 August 2007
Aliénation quantique, deuxième partie
Le but de ce blog est de lutter contre la désinformation, et de découvrir l’information qui se cache derrière l’information, celle de surface, que l’on trouve dans les publications officielles. La désinformation commence lorsqu’on cesse de séparer les faits des constructions auxquelles ils donnent lieu, et des interprétations plus ou moins influencées par nos croyances.
En ce qui concerne les faits relatifs à la mécanique quantique, ils sont les suivants :
1. Il n’existe pas d’observation neutre. Le fait d’observer un phénomène le modifie.
2. On ne peut rien affirmer de sûr à propos d’une particule élémentaire car l’incertitude contamine toute information à son sujet.
3. Si l’on appelle un objet, un corps matériel, identifiable, animé ou pas, doté de propriétés « normales » qui en fonde le caractère solide et concret, les constituants fondamentaux d’un tel objet ne se comportent pas comme des objets de plus petite taille, on ne peut pas les considérer comme des objets.
4. Soit entre deux entités situées dans des régions distantes de l’univers, communiquent et interagissent entre elles sans énergie, donc sans matière, soit la réalité ultime (au niveau du constituant le plus élémentaire) se situe ailleurs que dans l’espace-temps.
Comment essayer d’interpréter des faits aussi incompréhensibles ? C'est-à-dire quelle idée se faire du réel lorsque l’abstraction et la contradiction troublent notre bon sens ?
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Thursday, 9 August 2007
Aliénation quantique. Première partie
On s'est dèjà penché plusieurs fois dans ce blog sur les paradoxes entraînés par la physique quantique, notamment à propos du poisson soluble, du chat de Schrödinger et de la non-séparabilité. Je désire revenir sur ces notions en les revisitant dans l’optique des changements de paradigmes propres au XXIe siècle et de leur signification (s’il elle existe) qu’elle revêt pour notre compréhension du monde .
Un changement de paradigme non assimilé.Une première remarque est que plus d’un siècle après, le changement de paradigme induit par la révolution quantique n’a toujours pas été digéré. On continue de faire, de vivre, de penser, comme s’il appartenait à un monde à part, disjoint du réel, en quelque sorte, aliéné. Cela nous rassure, car si ce n’est pas le théoricien quantique qui est aliéné, et que ses concepts traduisent bien le réel, c’est que c’est nous qui le sommes ! Quelle que soit la manière dont en l’envisage, on retombe toujours sur une aliénation quantique. D’ailleurs Niels Bohr exprimait bien ce sentiment quand il déclarait :
Quiconque n’est pas choqué par la mécanique quantique quand il la découvre, ne l’a certainement pas comprise.
En ce qui me concerne la réciproque n’est malheureusement pas vraie, puisque je suis choquée par les implications de la révolution quantique, sans pour autant comprendre la théorie qui la sous-tend. C’est pourquoi je vais m’efforcer d’un peu mieux saisir à quoi pourraient correspondre les concepts quantiques dans mon propos essentiellement tourné vers le sens de notre existence et la quête d’une spiritualité en accord avec le siècle qui commence.
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Repli et retrouvailles
Il continue de pleuvoir. En quelques jours il s’est produit une chute de température de près de vingt degrés, et le château est chauffé. Berne est sinistré, les inondations entravent toute circulation. Mon projet de visite à la fondation Klee, sans cesse différé, est une fois de plus compromis. Mais paradoxalement je me sens plus en forme par ce temps exécrable que dans la moiteur un peu étouffante du beau temps de la semaine dernière. Question de pression sans doute.
Mes collègues sont indifférents au temps, et se perdent dans des discussions passionnées sur des points qui me semblent purement académiques. La géopolitique fait en ce moment bon ménage avec la physique quantique et Marina Fédier en a profité pour écrire un billet sur les relations entre les nouveaux paradigmes de la science (ils n’ont qu’un siècle !) et ce que le XXIe siècle nous prépare pour le meilleur ou pour le pire.
Une des discussions concerne le programme de l’année prochaine et surtout la langue adoptée pour nos rapports. Jusqu’ici j’avais imposé le français, car c’est ma langue véhiculaire par excellence et mon point de vue a prévalu, un de mes collègues étant genevois, deux autres canadiens et le dernier, américain, comprend le français. Mais le souci d’alignement aux normes internationales prévaut, et il est possible que d’ici le mois d’août prochain, ce blog sera au moins en partie rédigé en anglais.
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