Projets épars
Suspension des livraisons de Nuits d’août
Ce feuilleton est tiré du volume XXV de l’Entretien(Codex éléphant) que j’ai emmené avec moi à Divonne- les-Bains. Mais la suite est calligraphiée dans les livres suivants restés à Paris. Il m’est donc impossible de poursuivre le récit. Je me propose cependant d’en livrer quelques commentaires à la fin de ce journal.
Chronique
Le vide. Mais un vide potentiellement riche de réflexions sur la réalité du réel. Les péripéties de la bourse, déstabilisée par la faillite de l’immobilier américain, pose avec acuité, une fois de plus, le problème des recommandations des experts financiers. Des parasites, comme les banquiers et les assureurs, nous explique Marianne, non sans quelques raisons. Les financiers nous expliquent que la situation économique est stable et saine, les entreprises engrangent les bénéfices, et la chute est limitée. Les seuls effets dit-on sont psychologiques, immatériels. Mais les sommes faramineuses versées pour juguler le désastre, n’ont rien de psychologique ni d’immatériel, et on nous explique que le resserrement du crédit, risque de toucher l’économie réelle, partout dans le monde. Même en Russie, les investissements sur Gazprom sont revus à la baisse.
LA climatologie n’est pas en reste. Le scandale des OGM aussi : deux visions de la réalité s’affrontent : les OGM permettent d’épargner les pesticides, disent les uns, ils sont cancérigènes, hurlent les autres. Propositions contradictoires.
Angela chez les pauvres
Nicolas Sarkozy continue de fasciner la galerie mondiale. Le voici devenu une star aux Etats-Unis, puis, le temps d’un voyage éclair, l’ami des catholiques ouverts et œcuméniques. Le parti socialiste, fasciné en est réduit à des critiques ridicules qui se retournent contre lui.
Les Allemands opposent à Nicolas Sarkozy, Angela Merkel qui achète les citrons et les oranges dans un hypermarché et passera ses vacances avec son époux, dans un logis des Dolomites, à 50 euros par nuit. Que voici un modèle à suivre ! Si Hollande n’aime pas les soi-disant riches, les Allemands aiment les soi-disant pauvres. En effet, Merkel fait des économies sur son traitement, encore qu’acheter des citrons dans un HM, est ruineux en frais de sécurisation. Le citron ainsi acquis, coûte si on l’y intègre les services d’ordre, le prix d’une grande boite de caviar. Quant au Président, il économise sur son traitement, car si Merkel se ruine en agrumes achetés au marché et en logis payés de sa poche, lui, Sarkozy, se fait entretenir par des amis privés. Quelle économie !
Les billets de Marina Fédier
Ils traitent de Physique quantique et profitent de la double expérience de Mme Fédier. Elle fréquente journellement des savants provenant de toutes les parties du monde, et elle revisite toutes les notions perturbantes de la physique quantique à la lumière du sens des messages du Christ.
Commentaires sur les Nuits d’août
L’intrigue fait le pont entre Saga (le fils et son père) et le duo entre Clara et Lasse. Deux solutions de continuité sont dues à l’absence de nombreuses séquences. La première lie la visite de Lars au mystérieux Necromonte, à son installation au Plaza à New York et à son amitié avec le jeune Valentin Ludell.
La seconde solution de continuité, s’inscrit entre la fuite mystérieuse de l’étrangère aux cheveux de lin, et le triste jour de l’an de Ludell, quinze ans après. Ludell s’est marié avec Christine, qui n’est autre que l’étrangère, et dont il a deux faux jumeaux, Richard et Alexandre. Sa femme vient de disparaître. Nouvelle solution de continuité. On retrouve Lars, marié à Vera Hartzmann. Des séquences restées manuscrites, racontent les péripéties de la mort de Vera et de Christine. Puis on renoue avec l’intrigue, dans « Saga », qui décrit l’amour paradoxal de Lasse avec Clara. La suite, troisième partie de l’odyssée de Lars Hall (avec sa jeunesse, et l’épisode de l’amour fou avec Clara) est centrée sur le fils monstrueux du couple. L’Entretien s’arrête là, inachevé, au bout de plus de quatre mille pages denses.
L’intrigue des Nuits d’août, que certains d’entre vous ont eu la patience de lire, est en fait un leurre. Le récit a plusieurs niveaux de signification, dont l’enveloppe est l’odyssée qui mène le jeune homme, du sud de la Suède, aux Etats-Unis. Mais dans les couches plus profondes on trouve une exploration très fouillée du personnage central de la Tétralogie de Wagner, ainsi qu’une illustration de la théorie de Minsky sur les personnalités multiples. Il y a également des références biographiques fortes. Lars n’est autre qu’un avatar contemporain de Siegfried, mais on peut l’interpréter aussi comme une véritable société de l’esprit, où coexistent harmonieusement des personnes diverses et attachantes. Il correspond aussi à un jeune homme que j’ai connu lors de ma jeunesse et qui m’a profondément marqué. Enfin, et surtout, le héros des Nuits d’Août et de Saga, est la parfaite inversion du personnage de Faust. Perverti par Mephisto-Necromonte, qui en fait un monstre pervers, il sera tenté par un envoyé de Dieu, subversion du bien, que l’on trouve aussi dans Le Paradis et la Péri de Schumann. Dieu a parié avec le diable, qu’il n’est d’être aussi mauvais qui ne puisse être sauvé. C’est le schéma fondateur principal de l’Entretien. Et notamment de la Saga du suédois.
Bill Viola et le Siegfried project
Je projette de rencontrer en Septembre, à Rotterdam, le plus grand des vidéastes : Bill Viola. Ce génie d’envergure mondiale a mis en scène Tristan et Isolde, donné triomphalement à Paris sous la direction de Valery Gergiev. Je profiterai des répétitions de cette évocation hallucinante du plus célèbre opéra du XIX e siècle pour proposer un « Siegfried Project » .Ce serait une série de douze séquences retraçant le parcours du héros, ressemblant beaucoup à Lars, et déjà beaucoup évoqué dans ce blog. Cela va de la naissance qui coûte sa vie à Sieglinde, sa mère, à son éducation par un intello intéressé et avide, les stades de son apprentissage sexuel et social, ses aventures amoureuses, jusqu’à sa mort déchirante. Jamais dans aucun opéra, dans aucun drame, on n’a autant fouillé la psychologie d’un personnage, jamais le lien qui relie le jeune Siegfried à son créateur n’a été aussi ambivalent et aussi passionné. Wagner appela Siegfried son fils unique et lui consacra une nostalgique élégie nommée Siegfried-Idyll. Le fils du compositeur, devait mourir d’une attaque pendant qu’il dirigeait la marche funèbre du héros qui porte son nom.
Une description du Siegfried Project, des commentaires sur les billets de Marina Fédier sur la physique quantique, et le journal en régime réduit, devraient suivre prochainement.