Sunday, 4 March 2007
Campagne électorale. Qui sera le gagnant?
J'ai interrogé l'oracle (le logiciel " happyfuture" de la mère Arthur). Voici sa réponse, sybilline comme il se doit:
Si au deuxième tour S et B sont en compétition, c'est B qui gagne. Sinon, c'est S qui gagne.
Saturday, 3 March 2007
L'analyse de la Sonate Op. 111. Pièges et désinformation.
Cet article est destiné à compléter l'excellente déscription de la Sonate Op.111 de Beethoven, dans Wikipedia. Elle explore, ce qui est le propos du blog, les décalages flagrants entre la source (ici le manuscrit original, d'ailleurs respecté dans les éditions contemporaines, dites Urtext) et les interprétations. L'édition qui a servi de référence est celle d'Arthur Schanbel chez Curci à Milan. On se demande pourquoi de célèbres pianistes ont cru bon de substituer leur vision personnelle de l'oeuvre à la volonté clairement exprimée de l'auteur. La réponse à cette question dépasse donc la simple analyse de l'oeuvre. Dès à présent, pour épargner au non spécialiste, les détails souvent très techniques de notre investigation, tirons tout de suite des éléments de réponse.
1° . La divergence avec l'original est purement accidentelle : mauvaises éditions, oubli, routine, mimétisme par rapport aux autres interprétations. Il s'agit alors non pas d'une désinformation (qui obéit à une intention non avouée), mais d'une simple erreur. C'est le cas de certaines versions qui omettent une mesure lors de la reprise du 1er mouvement. Cependant ce n'est pas le cas de Georges Pludermacher, un des plus scrupuleux et talentueux interprètes, qui me déclarait "qu'il l'entendait ainsi".
2° . Nous touchons à la cause majeure des déformations : le sentiment intérieur du pianiste, la conception qu'il se fait de la sonate. Quelquefois, la vision est tellement magistrale, qu'on ne resiste pas à sa force d'évidence. Lorsque Backhaus interprète l'Op. 111, son autorité est telle qu'on croirait entendre Beethoven lui même au piano. Une telle passion, un tel naturel, emportent toute critique de détail. Cela explique sans doute, la réputation de sérieux un peu scolaire que Backhaus a pu susciter par rapport à Kempff, alors que ce dernier est beaucoup plus respectueux de la partition. Des deux, c'est Backhaus le plus subjectif, le plus passionné.
On peut justifier cette position, en se souvenant que Beethoven était sourd, et qu'il avait dit à MArie Bigot, à propos de l'Appassionata, qu'elle la jouait mieux que ce qu'il avait composé. Il est permis de penser, que le maître de Bonn aurait approuvé l'exécution de Backhaus, et qu'en l'entendant, il aurait apporté des retouches à la partition. Mais ceci est purement conjecturel.
3°) Il est cependant un cas où cette position est indéfendable : c'est lorsque la déviation, loin d'être une simple licence, qui ne dérangerait que les puristes, porte atteinte à la structure et à la cohérence de l'oeuvre. Ou encore, lorsqu'elle supprime des détails (pertes d'information) et ajoute un maniérisme qui en altère la compréhension (bruits et distorsions).
4°) On peut parler de désinformation au sens technique du terme, lorsque l'intention est patente, et obéit à une stratégie préméditée de conquête du public ou des critiques. C'est le plus fréquent des cas. On remarque en effet que les déviations vont toujours dans un sens unique : la banalisation, la suppression de tout ce qui peut déranger un public conservateur, notamment des contretemps rythmiques, des dissonances brutales, des accents placés là où on ne les attend pas. On peut ajouter à cela, l'escamotage des voix moyennes, la simplification des nuances et des variations de tempi.
Nous venons d'énumérer les pertes d'information, mais on peut également mentionner les bruits, où l'artiste ajoute des notations de son cru (Glenn Gould est un exemple de maniériste). Vladimir Horowitz, fait ainsi ressortir une polyphonie extraordinaire, toute une palette de nuances, des accents surprenants, qui ne sont pas tous dans la partition. Quelquefois, ces effets enrichissent l'oeuvre, quelquefois il la trahissent, toujours ils séduisent et fascinent.
5°) Il faut se garder de l'obsession de la trahison musicale. La plupart des oeuvres sont parfaitement exécutées et d'ailleurs ne diffèrent que par des détails minimes qui font les délices des mélomanes et des critiques, pour qui la musique réside dans la délectation des comparaisons. Des sonates comme la Waldstein, des symphonies comme la Pastorale ne posent pas de problèmes de compréhension pour le professionnel et même pour le grand public averti. Il en est tout autrement pour des oeuvres d'une grande complexité, qui font éclater les cadres conventionnels par leut subjectivité, ou par leur originalité. La Sonate Op 106 est un exemple d'oeuvre injouable (Notamment les dernières mesures sont purement conceptuelles et bien qu'Arthur Schnabel indique la manière de les interpréter, il en est parfaitement incapable dans ses enregistrements, comme d'ailleurs tous ses collègues, à ma connaissance du moins). Dans la Sonate Op 111, on a au moins un cas de musique non seulement injouable, mais inconcevable : ce sont les mesures notées (a) dans l'édition commentée d'Arthur Schnabel. L'artiste écrit : La division entre groupes de longueur variable sont conformes au manuscrit ! (Point d'exclamation de l'artiste).
Le but de cette analyse et de faire ressortir ces différentes déviations et d'en discuter, la nature, le sens et la portée. Elle nous amènera à approfondir notre décodage de l'oeuvre et de nous approcher du coeur de la création.
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Le net sans images
J'ai commencé à rédiger mes reflexions sur l'Art Contemporain, en essayant de me mettre à la place du public cultivé et non spécialisé. Or, je me suis tout de suite trouvé confronté à un handicap qui me semble inhérent à l'Internet. Il est difficile pour ne pas dire impossible, de décoder une oeuvre visuelle, sans illustration. D'ailleurs tous les livres, toutes les revues sur l'Art, sont abondamment fournies en reproductions de qualité inégale, au point que certaines publications sont des images accompagnée d'un texte succinct. Cela ne vaut pas les originaux certes, mais on a au moins une vague idée de ce dont on parle. Mais lorsque j'ai voulu en faire de même, un scrupule m'a saisi : quid des autorisations? Logiquement on devrait passer outre, et c'est ce que m'ont affirmé quelques blogueurs. En effet le but est pédagogique et non commercial, et puis en cas de contestation, il est toujours possible de supprimer l'image incriminée ou de payer les droits correspondants. Un autre spécialiste m'a déclaré en substance " ne demandez-rien et allez-y ! Autrement vous irez droit à un refus." Par acquis de conscience j'ai consulté les sites sur l'art contemporain, et bien entendu l'incontournable Wikipedia. La réponse était claire : pas une image. Du texte, souvent bien rédigé et pertinent, mais du texte seul. Le lecteur doit se reporter à la bibliographie, ou se rendre dans la librairie d'un musée, à moins qu'il soit en mesure de se remémorer les oeuvres de Richard Prince ou de Jeff Koontz. C'est à dire un public spécialisé. C'est d'ailleurs vrai pour des oeuvres du XXe siècle, de Picasso à Basquiat. On peut dans certains cas trouver les sites d'artistes comme Bill Viola, mais l'iconographie est donnée en vrac et elle est réduite à sa plus simple expression.
Je me suis adressé aux Galeries, et je suis tombé sur des secrétaires qui m'ont fait la réponse rituelle " envoyez un e-mail à notre directrice, en lui exposant exactement votre projet, la liste des oeuvres etc..." Celle-ci s'adressera à l'avocat de l'artiste et nous voici dans le carrousel infernal.
J'ai vécu cela voici quelques décénnies à propos d'une vidéocassette sur le Ring, publiée par Philips-Polygram et aujourd'hui par la Mithec (Voyage au coeur du Ring, Mithec video classics, 2001). Il nous a fallu des démarches épuisantes pour obtenir du Festival de Bayreuth... une minute de musique! Les autres enregistrements, y compris celui de Solti, étaient inaccessibles finacièrement, demandant des fortunes par minute. Et encore fallait-il demander l'autorisation à tous les chanteurs et chacun des musiciens de l'orchestre, dont la plupart étaient en Australie, au Japon, ou à Tombouctou! Le paradoxe c'est qu'ils étaient édités par Polygram! Comment voulez vous expliquer les leitmotive à des sourds? Et tout le monde ne sait pas lire une partition. Enfin, on trouva une solution bancale: un enregistrement d'extraits d'où je pus extraire quelques bribes de musique, les leitmotive manquants étant ajoutés grâce à la précieuse collaboration de Jeffrey Tate et de l'Orchestre National de France. Or, quelle fut pas ma suprise, de voir en vente, aux Etats Unis, une explication commentée de l'oeuvre, avec les quinze heures de musique exécutée par Solti? Il est évident que la petite maison de production qui avait réalisé l'excellent montage pédagogique, n'avait pas les moyens de se payer dix minutes de musique, au tarif imposé à Polygram et à moi-même. Le cas n'était pas isolé, et Druillet, dans un jeu vidéo sur le Ring, obtint également tous les droits. Fort heureusement on trouce à présent des enregistrements tombés dans le domaine public, et s'ils laissent à désirer techniquement, musicalement ils surclassent toute la production postérieure.
En revenant l'art contemporain, il me semble que les artistes et les galeries, devraient avoir une politique libérale envers les sites sérieux à vocation pédagogique, comme Wikipedia, ou - bien entendu - mon blog! Refuser d'aménager la legislation en la matière, reviendrait à cantonner l'accès à l'approfondissement des oeuvres à ceux qui pourraient se déplacer dans des musées souvent lointains, (Le Moma, la Tate, Beaubourg) et faire l'acquisition de livres d'art très chers. La vente par e-mail ne résout pas la question, car non seulement l'effort financier est important, mais on ne peut feuilleter les ouvrages. S'il est un domaine où les artistes contemporains peuvent rencontrer un nouveau public, et soucieux d'aller plus loin que la visite superficielle des immenses galeries, c'est bien l'Internet.
Je continue mon investigation et vous tiendrai au courant. Je voudrais bien avoir vos commentaires et partager avec vous cette recherche. En attendant, vous trouverez le début de mon travail sur "Les artistes de l'Apocalypse", enquête et réflexions qui bénéficient de l'aide compétente de Frédéric Bonnet.
Ce critique est non seulement très averti de tout ce qui se passe dans le monde de l'art contemporain, mais il est également modeste, de bonne foi, imperméable aux modes et à l'autosuggestion, enfin ouvert au dialogue avec des profanes comme moi. Je lui ai proposé de lui ouvrir une rubrique sur mon blog, où il nous fera part de ses découvertes et de ses impressions, au contact des principales manifestations artistiques qui se tiennent en Europe et aux Etats-Unis. Nous avons un projet commun : identifier les vingt ou trente artistes reconnus mondialement, et analyser les causes de leurs succès, en explorant leur démarche à traver des oeuvres-clé. Ceci est réalisable dans une édition papier, mais pour l'instant, comme je l'écrivais, on doit se contenter d'un texte.
Thursday, 1 March 2007
La campagne présidentielle, le yin et les français
*** En consultant sur TF1, le carnet de la campagne de présidentielle, on remarque la prédominance du Yin dans la représentation des informations. Par exemple Sarkozy figure au chapitre "politique étrangère'", (alors que Segolène Royal sèche sur l'armement d'après les "coups de campagne"). Il a droit comme Le PEn à quatre photos, alors que Royal apparaît onze fois, et toujours avec le sourire. Les associations évoquées à son propos sont toujours des connotations élogieuses : "Royal face aux malentendants" où elle joue d'une manière un peu théâtrale sur la solidarité avec les "sourds" (terme politiquement incorrect) et où on exalte sa "bravitude".
Dans la rubrique "coups de campagne", Sarkozy n'est présent que quatre fois et en accusé, alors que Segolène ne récolte que des appréciatins élogieuses, à l'exception de son échec sur l'armement (Yang).
Mais le plus intéressant est le classement des "TOP 10". Royal figure en position 1, 3 et 8 ("Royal et un panéliste handicapé, la séquence sentimentale inlassablement répétée, extraite de l'emission de Poivre d'Arvor)). A l'exception du "droit de savoir" en position 10, tout le reste est de la distraction de masse d'un niveau culturellement médiocre (c'est un euphémisme), sous prétexte d'être populaire". (La caravane des enfoirés, 50 mn; inside, Sexy ou confessions intimes) ou encore sacrifiant au star system (Celine DIon, Melissa feat Akhenaton).
Cette "carotte" médiatique, illustre notre décodage de l'émission "J'ai une question...". On y perçoit clairement la fusion d'un sentimentalisme Yin, d'un spectacle de masse hérité des Etats-Unis et accommodé à la sauce Medusa française. Ségolène et Le Pen sont, dans un genre opposé (le bon et le méchant) des acteurs distrayants et emportant l'adhésion du grand public. Ils ne cessent de sourire (Royal parce que vous le valez bien, Le Pen, goguenard, très chansonnier). Sarkozy et Bayrou sont raisonnables, tristes, sérieux, pontifiants. Ils devraient prendre des leçons chez Jack Lang, qui, lui aussi, ne cesse de sourire.
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