CHRONIQUE
Convalescence?
Nul ne peut sortir indemne des multiples chocs que j'ai subi depuis quelques jours. La question se pose pour moi : que vais-je devenir? Entrè-je dans une période de convalescence où je pourrai en paix panser mes blessures ou d'autres épreuves m'attendent-elles? Si cela ne dépendait que de moi, je crois que j'ai suffisamment d'énergie pour rebondir, mais je ne puis contrôler les évènements en ces temps de folie, ni mon propre corps qui suit son destin.
Je n'ai pas le choix. Dans tous les cas j'ai mon cher S*** qui prendra la relève de ce blog, et ce billet est dédié à ses paraboles.
Je viens de consulter les statistiques. Qual encouragement ! Celles des trois derniers mois indiquent une forte progression : 16.758, 17 495, 23 416 visites. Encore qu'il faille considérer ces chiffres avec suspicion, comme à toutes les statistiques. Le temps d'achever ce billet, le nombre de visiteurs a atteint 28.000 entrées tout rond ! Et puis, ce qui compte pour moi, c'est ces billets sont un lien entre S*** et moi, et nos amis, nos relations, nos sympathisants anonymes comme Herbe et Poil à Gratter, connivence qui se fait par le haut.
Pour le décodage des paraboles se reporter au corps du billet.
PARABOLES
Le fermier et ses quatre fils.
S*** a raison. Je vois tous les jours des entreprises où on cultive l'immobilité. Chacun se cramponne à son poste et on évite par peur des prud'hommes et des indemnités à payer, de licencier. Il n'est d'autre ressource que de rendre la vie insupportable aux canards boîteux, les empêcheurs de tourner en rond, les créateurs fourmillant d'idées originales. Ceux-là finissent par partir d'eux mêmes, dégoûtés et découragés. Du coup les indisciplinés deviennent intrigants,les créateurs des "créatifs" , les commerçants, des spécialistes en merchandising. Dans le long terme l'entreprise finit par pourrir du dedans. On réduit la voilure, jusqu'à faire faillite et vivre aux crochets de la communauté. Pendant ce temps, ceux que l'on a contraint à partir, se débattent dans le vaste monde, sans cocon et sans filet affrontant tous les périls et se forgeant une solide expérience d'entrepreneur. Les qualités qui les ont poussé à s'arracher de la matrice étouffante de la bureaucratie centralisée, sont les mêmes que celles que recherchent les nations fondées sur la méritocratie et le courage, et où ils prospèrent.
J'ai beaucoup de respect pour mon fils. Il travaillait très dur pour atteindre le poste de sénior VP chez Lehmann Brothers, et s'adapta très bien au règles de mabanque.Il était l'homme de l'organisation. Il ne choisit pas de la quitter, ce qu'il eût dû faire comme je le lui conseillais. Jusqu'au derniers jours il crût dans la perennité de son organisation. Ce fut la faillite de la plus prospère des banques d'affaires qui le chassa du cocon, et il se trouva, bien malgré lui, dépourvu de tout, sans protection aucune, dans le vaste monde. Au lieu de chercher un fromage où s'installer comme un rat paresseux, il élargit son horizon et apprit à se battre, avec comme but d'être son propre maître. Grâce à ses relations et ses compétences il eût la chance de rencontrer un ami, qui l'aida à bâtir sa propre entreprise. Aujourd'hui, il en vient à remercier le sort adverse qui l'arracha malgrè lui à l'immobilisme.
J'ai reçu cette semaine le président d'un grand groupe textile que j'ai eu pendant trois ans comme disciple. Dès l'obtention de son titre, il observa et ne bougea pas jusqu'à ce que les circonstances soient propices. Aujourd'hui, il dévoile son génie. Il combattra l'immobilisme, les certitudes, les rentes de situation, laissant grâce à la flexibilité acquise toutes les opportunités ouvertes. Il plongera dans la situation du gars qui fut chassé et s'en alla dans le vaste monde, les dirigeants de son groupe.
L'atbre feuillu.
Sans le savoir, S*** paraphrase les remarques du bon jardinier de Kosinsky, (Being there) porté à l'écran avec Peter Sellers dans le rôle titre. et disponible en DVD blue ray. Cet homme ne sait ni lire, ni écrire. Il ne connaît que le jardinage. Monté par un concours de circonstances hilarantes jusqu'à l'intimité du Président des Etats-Unis, qui le prend comme tous pour un génie, il déclare :
Il y a l'hiver, puis le printemps, puis l'éta et l'automne, puis de nouveau l'hiver. Lorsque les racines sont saines, l'arbre refleurira, en dépit de son apparence misérable en hiver.
Le président interprète à sa façon cette constatation terre à terre, prenant les Etats-Unis pour un jardin, les racines saines, à la vigueur des citoyens, l'hiver aux temps difficile de la récession qui précède la renaissance lors des jours meilleurs. Il reprend cette parabole dans son discours de jour de l'An et remporte un succès sans précédent.
La parabole que nous propose S*** va cependant plus loin cari il évoque le vent et le temps qui ont chassé la terre. C'est à dire notre civilisation ouverte à la barbarie, à l'inculture et à la deshumanisation. Le temps sans cesse accéléré qui ne laisse à personne le temps de réfléchir. Les cycles longs de la nature sont sacrifiés aux cycles courts de la technolologie triomphante.