CHRONIQUE
CLÔTURES
Il est 4h et je ne puis dormir, l'anti-douleurs ayant été pris trop tard. J'ai donc travaillé au lieu de me retourner comme une crêpe. Et j'ai ainsi teminé l'énorme travail demandé par Socrate. Ce dernier m'a coupé les vivres brutalement sous le prétexte que mon plan n'était pas logique. J'ai fait de mon mieux et j'espère que cette fois-ci il l'acceptera, sauvant ainsi la deuxième fondation. Demain je mets le travail sous scellés après l'avoir photocopié et je le remets à son avocat qui doit le lui faire parvenir dans les meilleurs délais. Je tiens à signaler l'aide infatigable que m'a prodigué M***, le chauffeur bon à tout faire mis généreusement à ma disposition par Socrate.
J'ai également expédié les formalités de rejet de la statuette de céramique de Della Robbia mais je voudrais négocier une compensation, soit qu'on me la vente mais au prix d'un suiveur, soit qu'on me permette d'acquérir à un prix raisonnable un autre lot, ravalé, de la vente. Je lorgne tout particulièrement le Bouddha, sans provenance donc suspect, mais qui s'impose par sa beauté et son aura.
Enfin j'ai dû me débarrasser de formalités assommantes tels qu'un dégât des eaux occasionné par le voisin du premier étage, à mon musée de l'écriture, ou encore d'une maison à Divonne toute neuve et bien placée, présentant bien mais le contraire d'une maison Mingei! Elle ne cesse de causer des ennuis à tel point qu'on dit qu'elle est maudite. Faux luxe, architecture absurde, tout pour tromper.
Je pourrais continuer longtemps et tout le monde autour de moi se demande comment je puis mener de front toutes ces activités. Mais pas vous, mes chers internautes, vous savez que dors si peu et que la nuit est un espace propice au travail et aux lectures.
A ce propos j'ai terminé également STEPS. La fin est moins affreuse que ce qui la précède. Il y est question de l'amoureux d'une merveilleuse jeune fille pure et idéaliste. Après lui avoir donné sa foi et conquis son don de soi-même sans limites, il part un jour au petit matin, à l'issue d'une émouvante nuit d'amour en lui écrivant qu'ellle ne le reverrait plus. A ce mot sec et laconique, il lui laisse à titre de compensation de l'argent liquide et un petit pécule dans une banque locale. La fin est navrante, la jeune fille lui écrit une lettre d'adieu courte et déchirante et se suicide en se laissant glisser dans l'eau glacée de l'océan. On reconnaît l'insensibilité monstrueuse de l'homme qui s'exprime dans dans le roman, son indifférence et sa manière de traîter des êtres vivants comme des objets propres à être saccagés et vandalisés. Ou sont-ils plusieurs? Lénigme reste entière pour moi.
Il est maintenant 4h20 et j'espère trouver un sommeil réparateur.Je vous dis bonne nuit, en pensant à ceux qui comme moi ne peuvent trouver le sommeil.
Bruno Lussato