CHRONIQUE
Qualité,simplicité,durabilité
A PROPOS DE LA CHAÎNE MARK LEVINSON HQD.
Ce fut une longue histoire de convoitise et d'admiration entre un système de Haute fidélité et moi.
Lorsque je mis au point l'auditorium des Mesnuls, ma première fondation, je me mis en quête du meilleur système de reproduction possible. Je fis tous les salons, rendis visite à tous les spécialistes, et je tombai d'un coup sur la perfection : la chaîne Hartley-Quad-Decca conçue et fabriquée par un fou de Jazz nommé Mark Levinson. Il imagina un système échappant aux lois de l'esthétique, de l'efficacité, de l'économie, n'obéissant qu'à un but ultime : reproduire à l'identique une formation de jazz de la plus haute qualité. Enthousiasmé par cet ensemble, je dus hélas abandonner tout espoir de l'acheter. Tout d'abord son volume était monstrueux et ne pouvait entrer nulle part, qu'on imagine six systèmes monophoniques indédépendants, l'un servant de gigantesques caissons de basses (les Hartley) et d'impressionnants haut-parleurs tels qu'il n'existent plus qu'à l'état de souvenir, de lourds et minuscules haut-paleurs à ruban Decca pour les extrêmes basses, et pour la plus grande partie du spectre audible, ce que Levinson jugeait comme les meilleurs hauts-parleurs : les QUAD, qui ressemblaient à d'affreux radiateurs de grande taille et de faible puissance sonore mais d'une fidélité et d'une finesse sonore hors pair. Pour les rendre audibles il fallut les doubler puis les flanquer à l'extrême basse et à l'extrême aigu par des HP très spécialisés. L'ensemble ne pouvait délivrer plus de 120 watts de puissance musicale, à une époque où le grand chic était de disposer de milliers de watts. Des transducteurs toujours allumés, des préamplis sous tension perpétuelle, harmonisaient la puissance de chaque groupe monophonique avec l'ensemble. Non seulement le prix était prohibitif, mais l'amplitude sonore limitée ne permettait pas d'animer de grands espaces, et de ce fait la chaîne occupait facilement le quart de l'espace total. En fait la puissance réelle était infiniment plus élevée que les 120 watts, mais transformée en chaleur évacuée par les ailerons des ventilateurs. Au bout de deux heures les amplis étaient devenus de véritables fournaises c'est alors qu'ils étaient en état de produire le son optimum! . Fasciné je dus abandonner l'idée de posséder le monstre et demandai à David Blecher, le marchand, de me donner quelque chose d'un peu apporchant. On essaya des dizaines de chaînes de haute technicité, herissées de voyants, de manettes, de boutons, de potentiomètres et autres contrôles. Mais aucun n'approchait de la qualité du HQD.Le préampli de contrôle de ce dernier était muni des réglages minimum: par d'aiguës ni de basses, tout juste l'arrêt-marche, le volume toujours arrêté à 12h, une fois pour toutes, et c'est tout! Le son qui sortait était celui de la source, sans réglage, sans artifice, sans distortion.
Une des caractéristiques de ce miracle acoustique est sa tolérance aux anciens enregistrements monophoniques, c'est ainsi que le Chant de la Terre que je viens d'écouter hier avec mon amie T*** sonnait aussi bien dans l'enregistrement de 1951 de Kathleen Ferrier,- Bruno Walter, que dans celui de Klemperer avec Christa Ludwig. Les moindres nuances, les moindres différences entre les conceptions étaient mises en évidence avec la plus impressionnante clarté.
Je finis par me décider pour une chaîne Technics de 1000 watts, et d'un ensemble de 6 énormes paravens Magneplanar, si ma mémoire est bonne. Merci à Poil à Gratter de m'avoir signaler la perte d'une bonne partie du billet. J'ajouterai, que je n'étais pas satisfait. Le son était agressif, peu naturel, avec un accent japonais prononcé!