CHRONIQUE
Une visite à Genève
Mon ami S***, qui en mon absence prendra en vharge ce blog, et moi-même avons été à Genève voir Franck Baldacci un passionné de numismatique qui pendant deux ans de travail acharné a rassemblé les chefs d'œuvre en vente dans la vente du 2&3 décembre 2008. Nous avions vu le catalogue et voulions examiner les quatre pièces maîtresses de la vente. Ce qui m'attirait le moins était Hadrien. Claude Burgan m'avait affirmé avec bon sens, qu'à défaut de cette pièce, vendue à un prix exorbitant, on en trouverait celle d'un autre empereur tout aussi belle. Cette pièce avait déjà été mise en vente plusieurs fois, signe de spéculation mortifère, et qu'elle était parfaite, mais d'un prix ridicule, point de vue partaagé par mme Vinchon et par tous les numismates sérieux. Par acquis de conscience nous demandames à la voir. Ce fut un éblouissement ! Non seulement l'exemplaire était parfait, mais il s'en dégageait des ondes positives totalement insoupçonnables en voyant la photo. L'expression empreinte de bonté et de sagesse du vieil empereur était fascinante. M.Baldacci nous dit que certains amateurs étaient restés en arrêt devant ce momument pendant une demi fournée,fascinés, et je puis le comprendre. Nos yeux à S*** et à moi, ne pouvions détacher notre regard de cet homme qui semblait vivre. C'était la plus belle monnaie que nous eussions vu, mais plus que cela, un monument d'une portée universelle. Aucune autre pièce ne pouvait égaler une telle spiritualité. D'ailleurs sans loupe elle était encore plus impressionnante qu'avec une loupe, ce que nous avons constaté avec d'autres pièces très fortes.
Ci-dessus, Hadrien.
Après nous vimes la chouette en or. En dépit de son extrême rareté nous fumes moins impressionnés que par celle en argent.Celle-ci, comme Claude Brgan me le fit remarquer avait un défaut à l'avers: une double frappe :
Le détail ci-contre escamote la double frappe qui est bien visible à la vue, bien que peu gênante.En définitive, ce qui prime est largement l'état exceptionnel de fraîcheur de cet exemplaire; évalué à 20 000 € alors que la pièce rarissime en or, moins impressionnante est évaluée à plus de 400 000 €
Le revers a été utilisé pour illustrer le catalogue.
Comparez avec la version rarissime en or:
Un cas très interessant est celui du premier humain romain à être représenté sur une monnaie:
Il est décrit comme suit : Titus Quinctius Flamininus, 196 BC. La première monnaie antique à représenter un romain de son vivant. D'une extrême rareté, une monnaie spectatculaire et superbe. Provien de la coll. Nelson Bunker Hunt, Sotheby's New York 19.06.1990. 10 ex. connus à ce jour dont 4 dans des musées. Est. 200 000 FS
Voici à présent un autre de ces exemplaires vendu le 11 et 12 decembre 2006 chez Numismatica.
En voici la description: Romains une monnaie historique exceptionnelle tant par son importance historique que son état de conservation. Superbe exemplaire. Pour les Grecs comme pour les Romains, seuls les dieux pouvaient figurer sur les monnaies et ne pas respecter ce principe revenait à commettre un véritable sacrilège.10 exemplaires connus à ce jour dont six entre des mains privées. Cet exemplaire est indubitablement le plus beau de tous. En 1955 àl'occasikon de l'entrée de cette pièce dans les collectiopnsbritanniques,R.A.G.Carson déclara que c'était "l'une desplus notables acquisitions du Departementet certaienemtn la plus importante pièce ajoutée aux séries romaines". L'estimation de 250 000 FS fut pulvérisée : la pièce se vendit 460 000 FS ! Ce qui signifierait que les 200 000 FS de l'estimation est un point de départ ridiculement bas.
Un point me tracassait et je m'en voris à Baldacci : comment deux pièces peuvent être qualifiée de "plus beau", il faut donc en déduire que celle présentée à la vente du 2 decembre 2008 est inférieure à celle de deux ans auparavant.
Baldacci semblait embarrassé : il expliqua, un peu confusément que l'expression de la pièce présentée était plus douce, plus ronde que la précédente, plus agressive. Et vous, chers internautes, qu'en pensez vous. Il reste que les deux sont splendide et d'une importance historique qui va avec l'évolution. Titus avait en effet conquis les faveurs des Grecs d'Europe en leur donnanty la liberté au lendemain de la défaite macédonienne sur les Cynocéphales. C'est pour honorer leur bienfaiteur que les,Grecs émirent ces magnifiques statères en or.
Mais ce qui nous frappa au plus haut point et qui ne ressort pas du tout dans les reproductions, ce fut les pièces archaïques de Macédoine tel ce tétradrachme d'argent vers 500 BC où on voit un lion attaquer un taureau qui s'affaisse est probablement la pièce la plus ancienne d'Acanthe, dotée d'un haut relief. Un chef d'oeuvre de finesse et de brutalité.'Un superbe exemplaire à patine de médailler. FS 75 000.
Ci-dessus, on reconnaît la force des monnaies archaïque qui apparaît avec plus de force dans l'attaque du taureau par le lion.
L'impression produite par cette minuscule monnaie est indescriptible. Par quel miracle peut-elle nous impressionner comme s'il s'agissait d'une statue de génie? Le très haut relief et la patine jouent sans doute leur rôle et l'état de conservation aussi, qui respecte tous les détails. Mais ceci n'explique pas tout. Voyez par exemple ci dessous ce homme à tête de loup, un statère delectrum de Cysique, vers 500-475 BC, " une création époustouflante, entre le monstrueux et l'harmonieux. Superbe exemplaire de cette monnaie exceptionnelle". FS 100 000.
Ici encore on perd l'effet extraordinaire que produit la pièce, même (et surtout) sans loupe. Mais voyons une pièce de la même provenance mais 50 ans plus tard:
Dans le catalogue elle est qualifiée de "composition pleine de finesse et d'élégance" et elle évaluée comme la précédente FS 100 000. Mais nous sentons qu'avec l'avènement de l'esthétisme qui trouvera son apogée avec Syracuse, on perd vitalité, puissance et émotion.
Pour terminer, voici un dinar de 862 - 866, de la plus grande rareté. Il s'agit de la première monnaie d'or frappée à la Mecque, évaluée 50 000 FS.
J'ai alors demandé si on ne pouvait pas trouver des pièces à un prix plus abordable, hors mode. On me montra une pièce datant de Charlemagne, un denier de Trévise très rare de 771 à 793, pour 10 000 FS.
Nous tombames en arrêt devant un ducat non daté de Fernand d'Aragon frappé à Naples, un très beau portrait (rnv. 1458-94).
Ainsi s'acheva notre visite. Le rêve serait devenu réalité peut-être en d'autres temps et même voici moins d'un an. Mais au fond, l'important c'est de se bercer d'illusions agréables, quand en même temps elles vous apportent de la connaissance et vous font aborder des territoires lointains et ignorés. J'espère que ces billets numismatiques vous ont interessés, et je vous avouerai que j'ai acheté un grand coffre numismatique, qui ne contiendra hélas, qu'une seule monnaire : ma chère aréthuse de Evainetos. Comme la nature,ainsi que les placards, ont horreur du vide, je trouverai bien quelque chose de très abordable à des bourses modestes et non deshonorant pour remplir ces jolis tiroirs garni de faux velours rouge et gainés de vrai cuir!
Dans le corps du billet, j'essaierai de comparer une magnifique tête de face proposée par Vinchon, à d'autres provenant de salles des ventes.
Bonne nuit,
Bruno Lussato.
A propos d'une monnaie de Rhodes
Mme Berthelot-Vinchon m'a proposé pour 38 000 € une tête de Rhodes qui d'après M.Burgan devrait appartenir à un tirage tardif. Mais cette tête me sembla fascinante, et c'est pourquoi je m'interessai à son statut.
Je suis revenu de Genève avec une cargaison de livres plus onéreux les uns que les autres, bibliographie oblige! Se trouvaient parmi eux un classique, le manuel de PR Franke et de M.Hirmer.
Mais je n'ai pas trouvé de réponses à la question: est-ce un modèle tardif?
Ces specimens datent de 408-475 (à gauche) 380-340 (à droite)
Tiré de Jenkins
Vente du 2 decembre 2008. Estimation FS 125 000
Vente du 2 Avril 2008. Ars Classica. Zürich.EST 20 000