CHRONIQUE
L'édification de l'abstraction monétaire
Vue par les grecs pendant la création de la monnaie de 600 à 350 av. Jésus Christ. Utilité, politique et esthétique...
Ce billet est rédigé sous l'influence toute puissante de mes contacts avec les numismates et leurs publication. Est considérée seulement la période de forte créativité, avant la déchéance des signes monétaires aboutissant à celle de l'argent scriptural qui nous occasionne tant de sueurs froides.
Il est avant tout indispensable de consulter des ouvrages de référence. On peut en acheter chez Vinchon,rue de Richelieu, boutique de numismatique, qui en outre recèle de véritables trésors. Le principal livre est déjà ancien :
Ancient Greek Coins
G.K.Jenkins
The world of numismatics. Office du Livre, Fribourg (Suisse) 1972
On trouve dans ce livre des notations intéressantes et qui ne manquent pas de sel :
Jamais l'attraction pour les monnaies anciennes - et en particulier des monnaies grecques - n'été supérieure qu'aujourd'hui. Cela est confirmé avec éloquence par les prix fantastiques atteints en salle des ventes. Ceci est dû, évidemment, partiellement à l'extrême rareté de certaines de ces pièces, qui dans quelques cas sont les uniques survivants d'une édition originale de plusieurs milliers. Mais un facteur encore plus important est que ces monnaies sont des objets de beauté à part entière; tout en ayant leur intérêt historique et suscitant la curiosité.
En fait, les prix d'alors étaient hors de proportions avec les sommes atteintes aujourd'hui par les spécimens exceptionnels, en dépit de leur très petite taille.Les côtes atteignent pour les belles pièces de 28.000 € (un des fameux decadrachmes d'Evainète, un spécimen passable) à 250.000 €. (Un décadrachme très rare de 279 AC, en mauvais état, usé).
Ci-dessus l'exemplaire Vinchon, au prix absurde de 250 000 €
L'ouvrage de Jenkins, reproduit un magnifique exemplaire, provenant du British Museum. On le comparera avec le Vinchon.
Ci-dessus, l'exemplaire reproduit dans le Jenkins
Les ouvrages de référence sont indispensables pour situer un exemplaire qui se dit exceptionnel. Par exemple Vinchon vend pour la modique somme de 250 000 € , une pièce d'une grande rareté et d'une extrême importance, mais défectueuse. L'examen et le toucher par un connaisseur
sont supérieurs, mais encore faut- il pouvoir se déplacer à Londres, en Suisse ou à New York.
Le clou de la prochaine vente aux aux enchères par exemple une magnifique tête de lion prétendûment fleur de coin, mais néanmoins le meilleur exemplaire connu. L'estimation est de 90 000 FS, et il sera intéressant de voir l'effet de l'effondrement boursier sur les pièces "insubstituables" convoitées par les grands musées.
Il m'a été pratiquement impossible d'accéder au conservateur qui délivre le droit de voir un tel trésor. Il faut remplir des paperasses complexes pour avoir le privilège de le voir (le conservateur, pas le trésor!).
Ne croyez pas qu'il en aille différemment dans des bibliothèques muséales comme celle de Guimet. Comme je demandai à la dame intitulée bibliothécaire où se trouvait le Ko-Ji-Ho-ten, l'ouvrage de référence le plus répandu chez n'importe quel amateur, elle me répondit : voyez les fichiers. Mais c'était impossible, l'ouvrage devait être classé selon des critères spéciaux que ne connaissait pas la dame, qui vraisemblablement n'avait pas entendu parler de l'ouvrage, pas plus que n'importe quel autre d'ailleurs!
Il me faut à ce propos revenir à l'intérêt de mes fondations. Aussi bien l'accès aux livres que celui aux objets, est très rapide et on fait tout pour guider les visiteurs. C'est ce que je suis parvenu à atteindre dans mes différents musées : celui de la photo, des stylos, de l'acoustique, les librairies japonaises ou les collections de partitions anciennes.
Ackoff en majesté
Ce matin, j'ai fait un saut à la BNF, sote Richelieu. Je voulais accéder à leurs Grolier, à leur fonds de Moinnaies et médailles, et à la salle où doit être entreposée l'entretien:la salle des manuscrits anciens. Tout a été un parcours du combattant. Un temps considérable pour obtenir une carte d'accès... pas aux oeuvres! Aux conservateurs susceptibles de me guider ou de me renseigner. Il m'a été impossible de trouver ma route. Enfin je trouve deux jeunes barbus bien sympathiques à qui je m'ouvris longuement, croyant parler à des aides conservateurs, car ils connaissaient parfaitement l'entretien et mes ouvrages. Ils étaient enfin au courant. Hélas je finis par apprendre que c'était d'anciens étudiants; et la salle de lecture en était truffée. Je repartis bredouille, dégoûté, après avoir discuté avec des préposés à la conservation, des conversations dignes d'Ionesco. Je me demandai quel accès pourra être réservé à mes dépôts : la paix des cimetières.
Au musée Guimet le classement de la bibliothèque est fait de telle sorte, qu'il est impossible pour moi comme pour la bibliothécaire de retrouver le moindre ouvrage important. Existe-t-il dans le fonds, ou a t-il été volé, perdu dans les réserves, oublié, que sais-je?
Prochain billet
Il développe le développement des monnaies comme une illustration "numismatique " de la catastrophe financière. Ceci est logique en dépit des apparences. Les monnaies représentent un lien entre la valeur plus ou moins physique et la valeur réelle; au 550 av.JC la pièce a une valeur concrête substituable au chameau, au tapis, au savant.Elle se charge par la suite d'un contenu additionnel esthétique ou politique, puis se dépouille par la frappe automatique, de toute valeur intrinsèque, puis par le décrochement avec l'étalon-or, le lien et rompu, le sugnifiant se développe en roue libre par rapport au signifié, puis finit par n'avoir aucune valeur que la confiance, la peur ou la menace. On en est là avec la monnaie électronique où le substrat est non pas dévalué mais anéanti.