CHRONIQUE
Ruptures
La journée de demain s'annonce agitée et pleine d'embûches. J'espère recevoir L.H. que j'enverrai voir Nolde, et peut-être, le soir, écouter le Chant de la Terre, ou les Gurre-Lieder.
MATIN
Semailles et moissons
le nuage qui ne bougeait jamais
n'est plus
LA SITUATION INTERNATIONALE
Le jour où les poules auront des dents...
Halte!
Les poules viennent d'avoir des dents. La preuve : on me demande de donner mon avis sur la situation internationale, d'intervenir dans des tractations financières, des négociations politiques ou diplomatiques, en bref de faire ce qui est totalement en dehors de mes goûts et de mes compétences.
En matière d'évaluation géofinancière, je ne fais que suivre les deux grands scénarios, éculés à force d'être répétés.
Le scénario de la récession sévère, tient compte de la destruction massive de biens et de richesses humaines, qui tôt où tard finissent par se convertir en prospérité financière. Les gens ont pris l'habitude de gagner de l'argent sans travailler, simplement en se crevant et en gaspillant leur vie pour éviter de bâtir. Ils sont capables de sacrifier vie de famille, culture, méditation, d'occuper vingt heures par jour à éviter de travailler pour jouir dans l'intervalle de quelques heures de jouissance fugace : se dorer au soleil, se doter de pectoraux et de barres de chocolat à l'abdomen, courir après une endurance factice, machinalement faire l'amour avec des filles et des garçons plus beaux et plus jeunes. Nous nous retrouvons ramenés dans l'univers stigmatisé par Nolde (cf. le dernier billet).
Comment voulez-vous que du néant sorte une richesse durable? L'énergie du vide est une hypothèse qui ne se vérifie guère dans notre pratique quotidienne. Nous avons vu qu'en place d'attachement aux covenants d'une grande firme, les dirigeants et leurs troupes ne cherchent que leur intérêt immédiat, érigeant l'infidélité en valeur cardinale. Faute de covenants, la firme en tant que système humain se dissout et n'est plus qu'un agrégat brownien d'intérêts conflictuels. L'entreprise cesse d'être la "coalition coopérative" chère à Chris Barnard et aux grands maîtres du management. Le poules, il leur pousse des dents de carnassier.
Il nous sera donné de vérifier par l'absurde, les sages préceptes de "l'efficiency work" qui visaient à faire plus avec moins, à supprimer les complications e les sources inutiles de dépenses. Aujourd'hui les complications sont devenues manière de gagner sa vie, les parasites qui en vivent, les imposent par la mode et la superficialité, aux dupes qui les adoptent, et qui au lieu de chasser les marchands du temple, les louent comme source de profits. Tout cela par un effet de rétroaction positive au niveau des particuliers (la complixation engendre la complexité) se traduit par des boucles de rétroaction négative mal réglée au niveau des états (des mesures brutales, venues mal à propos, et ne tenant aucun compte des phénomènes d'hystérésis).*
Bien. Mais il ne s'agit encore que du scénario inévitable, rationnel, contrôlable par des leaders charismatiques et providentiels. Ce qui est infiniment plus dangereux est le scénario catastrophe, celui qui tient compte de la rupture ultime, fille de la mondialisation et de la globalisation.
Rappelons nous que comme nous l'enseigne la Sémantique Générale de Hayakawa et de Korzybski, le mot n'est pas la chose, que le signifiant n'est pas le signifié et que depuis Law on sait bien que le papier monnaie ne représente qu'un torchon de papier qui ne vaut que s'il est fondé sur une réalité réelle, physique (l'or par exemple ou le pétrole) ou une réalité psychologique (celle qui nous berce d'espoirs fallacieux). La suppression des accords sur le volant or, due à la nécessité de financer la guerre du Viet-Nam, a remplacé la réalité physique d'une garantie matérielle et limitée, par une pseudoréalité psychologique fondée sur des mythes s'invincibilité (le "progrès", la puissance américaine, la compétence de nos argentiers, la validité des théories économétriques etc).
Or on a tellement abusé de cette tolérance à la réalité on a tellement tiré sur la corde, que la réalité physique se venge et nous retombe sur le crâne comme une volée de briques.
Le scénario de la récession tient compte du fait que lorsqu'on travaille mal ou pas du tout, on récolte la pauvreté. Mais il permet de supposer que si l'on se ressaisit, la prospérité perdue renaîtra.
Il en est tout autrement avec le scénario de la catastrophe.Il ne s'agit plus ici d'une déviation du sens, mais de la perte générale de sens. Les peuples et leurs élites vivent dans un état d'apesanteur morale et psychique qui justifie tous les fanatismes religieux, fondés sur le sens et l'appartenance communautaire. Le mot trop sollicité nous est donné en place de la chose. La chose , diluée, ne peut plus remplir son office de construction du monde, d'ordonnateur des richesses. Elle s'escamote et se cache.
Cela signifie que le divorce entre le mot (actions, obligation, papier monnaie, unités financières) et la chose (de quoi manger, se vêtir, respirer, circuler, vivre, en un mot) aboutit à la faillite du mot et le retour cruel de la chose dépourvue de mots. Le système financier ne peut plus fonctionner. De faillite en faillite, la réalité psychologique (perte de confiance) se cumule à la réalité physique (pénurie de biens), aboutissant à l'instauration d'une économie du troc. Le troc, c'est le mot récusé par la chose qui parle à elle-même.
Mais on imagine que ce heurt brutal ne peut que soulever des phénomènes de panique généralisée et de paradoxes insoutenables. C'est l'apocalypse, au sens précis du terme, car la globalisation a détruit les sanctuaires. Même la Russie, richissime en réalités physiques : gaz et matières premières, est touchée. Simultanément dans l'équation immobilier (la chose concrète, physique) / argent (la chose abstraite, volatile), les deux sont perdants. Il s'agit d'une situation paradoxale et les peuples comme les élites n'aiment guère les paradoxes.
En fait il se produira un processus que connaissent ceux qui ont vécu des guerres mondiales (ce qui a été mon cas). En un premier temps un désastre actuel est porteur de richesses potentielles proportionnées. Ceux qui survivront en sortiront considérablement renforcés. Pendant la guerre, Aimé Maeght a fait fortune grâce à sa femme, Guiguitte, marchande de poisson. En ces temps de marché noir, un dîner valait un Fernand Léger ! Mais une toile de Léger ne servait guère un estomac qui a faim!
Actuellement, les seuls biens qui aillent à contre-courant de la panique financière, sont les objets riches de sens, ainsi que le constate un article résent du NY times. Nolde se révèle ainsi avoir économiquement raison.
Voici encore une bonne raison de crééer une fondation spirituelle et culturelle. Ce qui est authentiquement précieux, résiste au temps et à la mode. Une reliure ayant appartenu à Grolier est convoitée depuis Louis XIV qui en a acheté à prix d'or et en a interdit la sortie de notre pays!
L'article de l'International Herald Tribune
Saturday-Sunday 27-28, 2008
A WAVE IF SANITY IN ASIAN MARKET
By Souren Mélikian
It is back to fundamentals across the whole breadth of the Asian Art Market. At a time when the world's financial systems wobbles on its foundations, the path taken by the art of the past centuries diverges spectacularly from that of the broader economy.*
In the contrast with the Dow Jones, prices did not go up and down like a yo yo during the auctions that went on through the week,begining September 15...