CHRONIQUE
Des valeurs et des prix
Je n'ai jamais eu la notion du sens, des prix, tu temps, de tout ce qui est chiffré, confusion mentale aggravée comme vous le savez par mes nombreuses anesthésies. Mais vous conviendrez avec moi que dans la conjecture spéculative dans laquelle une solide et valeureuse banque d'affaires, de la plus haute réputation (Lehmann Brothers) disparait en quelques jours il y a de quoi s'affoler.
NOTE À L'INTERNAUTE
Grâce aux efforts réunis de Sandrine et d'Emmanuel Dyan, on est arrivés je ne sais comment à vous placer une illustration sur le Blog à laquelle je tenais le plus : celle du jeune Lars Hall, dont vous verrez la reliure du livre, mais surtout le dessin pris voici cinquante ans. J'aurais bien aimé lui accoller son sosie s'il n'était interdit de citer des noms et de reproduire les photos. Il parait que la ressemblance est si frappante que je risque d'avoir des ennuis, car il se reconnaîtra. Heureusement le livre et la photo datant de 1962 le danger est écarté ! Je vous engage vivement à voir son portrait au début du billet. Il a la même importance que le "Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde. Reportez vous au billet du 15 septembre 2008, "continuer à lire".
En ce moment,ma soeur procède à la politique d'achat du Centre Interculturel d'Uccle, dit ici " grande fondation". La tâche doit se faire rencontrer les différents civilisations au niveau culturel le plus élevé. (On évite de toucher à Jeff Koonz). On y trouve en même temps des objets "habités" par un Dieu, et des chefs d-oeuvre d'artisanat. Parmi les contraintes on trouve les exigences suivantes :
1. Les objets doivent être de la plus haute qualité muséale de niveau américain. On sait en effet qu'en Europe il est interdit aux musées de vendre des pièces, ce qui limite les possibilités d'achat. Au contraire aux Etats Unis, il est permis aux grands musées de se défaire de leurs pièces moyennes, pour en acheter de meilleures, ou plus conforme à leur plan de recherche et leur orientation. Ce qui explique la plus haute qualité de bien des pièces, et l'accès à des pièces majeures;
2. Les objets ne doivent pas être anonymes, mais avoir une histoire à raconter, des caractéristiques exceptionnelles qui se prêtent à l'enseignement et à la pédagogie.
3. La nécessité de ne pas surpayer les oeuvres . Cette contrainte est la plus difficile à suivre. En effet dans le secteur des pièces muséales les marchands n'ont pas de problème pour vendre leurs pièces, mais au contraire pour se les procurer et de les remplacer. C'est particulièrement vérifié pour les boutiques exclusivement destinés à des musées où les marges de négociation, souvent pratiquement inexistente.
4.La nécessité de frapper très fort pour certains ensembles qui attirent les amateurs et le grand public. Un exemple en est des collections célèbres rapportées par des explorateurs connus. Une fondation comme celle d'UCCLE est vulnérable à deux points de vue : elle doit possèder tout son patrimoine et elle refuse d'organiser - comme Giannada" des prêts. Sa dimension est de taille limitée.
5. Une ouverture à un vaste public local (Bruxelles) mais débordant sa zone de rayonnement. Dès visiteurs venus d'autres régions européennes doivent pouvoir être attirées et on profiterait notamment de la place favorable de Bruxelles en tant que ville de culture et centre politique et administratif.
6. Il faut éviter une trop grande spécialisation des collections et des conférences, réunions et entités de recherches. Certains domaines peu connus tels que "le toit du monde" (Art chamatique de l'HIMALAYA.) et qui peuvent devenir des centres d'expérimentation et de recherche.
Les prix
J'ai eu l'idée d'accompagner MADAME FEDIER dans une partie de sa prospection des marchands et des ventes aux enchères. J'au pu ainsi, selon mon habitude, prendre du recul et me poser des questions relatives au rapport prix-qualité et des ordres de grandeur. Afin de complémenter la grande fondation, Myriam Mastroianni pour Andorre me donna l'idée de me concentrer sur les minuscules. Notamment pièces de monnaies, bibliographie, statuaire nouvelle calédonienne, ou nègre et livres d'heures.
Une des réflexions qui m'aida à cerner les ordres de grandeur de prix dont on aurait pu penser qu'il serait plus abordable pour les miniatures que pour les pièces majeures: la taille des pièces d'où l'idée de créer un musée de toutes petites pièces où - à prix égal on atteindrait une qualité digne des très grands musées; puis l'exploration de civilisations inconnues et peu àla mode. Citons de minuscules pièces du haut moyen âge ou de la statuaire nègre , et l'art des netzuke.Parmi les "exotiques" l'Art du toit du monde (l'Himalaya et le Népal) ou de l'Asinara (Sardaigne) sont des exemples. Or en comparant les prix, on retrouve à peu près les mêmes prix. Citons les décadrachme, les reliures de Jean Grolier, les livres d'heures médiévaux. Citons ainsi quelques psaultiers, des éditions rares de bibliophiles, des partitons musicales come celle de l'Art de la Fugue.
Les incunables
Une première source d'étonnement est le prix élevé des ouvrages possédéés par le grand humaniste Jean Grolier. Cet homme est le prototype ce qu nous attendons d'un "honnête homme. Financier et diplomate accompli, connu pour son intégrité, excellent diplomate et administrateur talentueux de l'etat français, il fut surtout un grand bibliophile et numismate.Sur les milliers de volumes de sa collection, il en subsiste aujourd'hui 500 qui font l'honneur d'une bibliothèque publique. Mais enfin, il n'en signa aucun, il se contenta de les commander, dotés d'exquises et parfaites couvertures à rinceaux, qui marquent l'apogée de la reliure. Les plus belles se vendent 450 euros et les moins cher 250 euros. Un libraire en propose trois (oui trois!) à la vente pour une dépense qui surpasse 1 million d'euros, à quoi on peut ajouter la magnifique reliure de Mayeu, un successeur très rare de Grolier.
Tous les antiquaires, quelle soit leur spécialité, s'extasient sur les Grolier, ajoutant à une réputation mythique. Je rèverais moi-même d'en acquérir les trois pour ma petite fondation. Il ne manque que les fonds.
Les prix sont légèrement inférieurs à ceux des plus beaux manuscrits à peinture (psaultiers, livres d'heures, traîtés) ce qui peut paraître déraisonnable car, enfin, ces manuscrits, d'une parfaite et quasi réalisation par des artisans imaginatifs, sont des uniques sur parchemin, aux miniatures et aux lettrines enchanteresses, et d'une grande valeur historique. Certes, la rareté en est bien moindre et elles n'ont pas cette réputation mystérieuse des Grolier.
Autres merveilles : des objets minuscules, de quelques centimètres, dignes des grands musées. Agrandis, ils sont à la fois minuscules et monumentaux. On trouve par exemples des fragments de chasses à reliques, emportés par les croisés, des tryptiques, des Christs en bronze émaillé, des vierges sévères d'une provenance très anciennes, dépassant l'imagerie et la copie. Mais le prix en est à peine inférieur lorsqu'elles sont destinées à des musées américains, à celui des statues superbes à destinées aux particuliers. Il convient d'ailleurs de se méfier des érudits qui ne savent pas déceler une polychromie trop vive et visiblement retouchée.
Nous pouvons étendre la palette de nos recherches et trouver de merveilleuses statuettes et totem, minuscules et monumentaux tout à la fois, esquimaux, nègres, japonais, etc. Tous atteignent des prix à peine inférieurs aux grandes pièces (de l'ordre des centaines d'euros).
Une exception : les deux plus belles pièces de l'antiquité signées par de grands sculpteurs et notamment par Einètos : les décadrames de Syracuse. En parfaite condition, ces pièces d'argent au haut relier, attteignirent des pièces de 500 000 euros sous l'influence des banques centrales, chassant les numismates. Aujourd'hui les prix sont descendus à 600 000 francs suisse au maximum ! Le rapport génie-prix est à son maximum. Mais les amateurs d'art ne voient pas en ces chefs d'oeuvres, des apogées de la création, mais comme de simple pièces de collection pour des maniaques numismates !
Il est donc certain qu'un musée composé de pièces minuscules, quel que soient leur génie et leur puissance, passera presque inaperçu. Frustrant ! A la limite il sera presque invisible, immatériel, conceptuel et aurait besoin de trouver un lieu adéquat, propre à la méditation et au recueillement. Là se conjuguerait spiritualité, transcendance et haute esthétique, sous le signe de la perfection, là se rejoindraient l'âme quasi chamatique des civilisations, en communion avec la nature et loin du spectaculaire médiatique. Là mon rêve se réaliserait ! En revanche des pièces muséales de maîtres de qualité inégale comme Poliakoff, atteignent le million d'euros. On retombe dans les grandes oeuvres de toutes les civilisations et de toutes les tailles, de 200 000 euros (pour les minuscules) à 1 000 000 d'euros pour les grandes pièces de n'importe quelle civilisation.
Tout ceci est dérisoire quand on compare ces prix aux dizaines de millions d'euros que font payer de jeunes artistes à la mode comme Jeff Koontz, ou autres fumistes, ou alors, de très grands génies comme Richard Serra, Peter Dog (le Van Gogh contemporain) ou Karl Richter.
Un jour, je détaillerai si cela vous intéresse les spectres des prix.Ah, une mention: ces sommes énormes ne valent que pour les pièces exceptionnelles, vous ne trouverez rien d'extraordinaire en Province, dans le choix moyen, ni les petites ventes.Si cela était, tout serait aspiré par les grands marchands? Et le médiocr,e ou ce qui n'est plus à la mode baisse de prix et en dix ans paravents, bouddhas, livres d'heures, meubles anglais anciens, art chrétien, ont cédé la place à l'art déco.
COMMENT SE FORMER? Au préalable rendez vous dans les librairies des musées spécialisés en arts premiers, arts décoratifs, arts de l'asie etc... On y trouve à un prix modique d'énormes volumes très lourds et très complets; destinés aux visiteurs grand public, ils sont généralement abordable et il vous faudre auelques moins pour les consuster. Après vous pourrez vous fier aux ventes et aux marchands ou plutôt, vous instruire à leur contact. Chez Passion rythme avec escroquerie, mais quelle importance? Exercez-vous à détecter les failles. L'un vous vend une majolique recollée sans vous le dire (c'est écrit en petits caractères au bas d'une notice technique), l'autre vous dissimule le fait que la source en est relativement récente et que l'original se trouve non loin de vous (au musée des médailles, par exemple, mal présenté, mais le meilleur du monde) etc....