CHRONIQUE
Controverses sur fond de catastrophe
Je continue mon investigation sur les trois possibilités.
1. L'hypothèse minimaliste.
Il y aura une récession gravissime dont les gens redoutent les effets, qui ne seront pas pires que celui de la dépression qui a suivi l'écroulement du nazisme et où on chargeait des tombereaux de billets sans valeur. A une nuance près : la crise de l'Allemagne était locale, les alliés prétèrent main-forte, et surtout les allemands ruinés étaient prêts à s'expatrier. Aujourd'hui, la récession étant planétaire, grâce aux effets systémiques de la globalisation, il n'y a plus de sanctuaire, nul n'est plus à l'abri, si on excepte les pays non touchés par la spéculation et très riches en ressources réelles : la Russie, L'inde, Costa Rica les puissances du Golfe. Où voulez-vous donc émigrer? Où les victimes de l'illusion américaine vont-ils donc se réemployer? Le grand public est inquiet mais loin de se douter des conséquences de cette très grave récession.
Cette hypothèse alarmante fait l'unanimité des spécialistes, mais le public est simplement perturbé. Jusqu'ici la Banque Centrale, responsable perséverait dans l'erreur et en atténuait les effets. Le coup de tonnerre éclata aujourd'hui à la stupéfaction générale. La Banque Centrale en la personne de son président, mit en garde le public contre le danger gravissime qui nous attend, désavouant ainsi la certiitude affichee d'un contrôle de la situation.
C'est le point de vue général (pour ceux qui se préoccupent d'autre chose que la défense de leur pouvoir d'achat à court terme. C'est aussi celui de M.Bronstein avec qui je viens de déjeuner tout à l'heure et qui pense que l'Amérique placée devant un danger mortel fera l'impossible et le nécessaire pour injecter de l'argent dans un système pourri, pour contrôler la situation d'une manière réaliste et sauver le système bancaire.
Il existe deux voies de s'enrichir : celle qui consiste à créer des richesses réelles, comme des industries bien gérées et en expansion, animées par un pesonnel dur au travail et aimant leur entreprise. (On trouve cela en Allemagne, d'où sa prospérité). Une autre est de ne pas travailler, est de spéculer. (Cas des Hedge Funds) et en projetant des années de succès passés dans le futur. C'est ce que l'on appelle regarder le futur dans le rétroviseur. Les modèles statistiques innombrables édités par les cabinets les plus prestigieux, prouvent que le risque devrait être de moins que 1/1000. Certes, tous savent qu'une récession grave est inéluctable, voire un effondrement, mais pour eux les systèmes financier et monétaire resteront indemnes. Et puis le monde est riche, en particulier l'Europe (sauf la France) qui a considérablement évolué et a un niveau bien supérieur à l'Amérique de Bush. Les Américains ont malheureusement perdu l'habitude de travailler réellement et il leur sera difficile de changer. Le monde monétaire et financier est devenu, on le répète, un immense Hedge Fund planétaire.
Le second point de vue peut se nommer le scénario première catastrophe, qui déclencherait avant les vacances, voire dans quelques mois. C'est celui des géopoliticiens et d'un grand nombre de technologues informaticiens qui risquent de tout perdre.
Je suis moi-même dans le camp, aujourd'hui disparu des organisateurs (Efficency work), détruit par les informaticiens. C'est le seul qui permettrait le retour graduel à la normale en empêchant qu'on crée autre chose que des richesses concrètes, qui aient du sens pour les travailleurs à tous les niveaux de la hiérarchie et qui ne les distrayent pas pas des tâches réellement productives au profit de la paperasse, des appels d'informations technocatiques innombrables, tout cela pour alimenter des modèles malades, coupés de la réalité, des ordinateurs insatiables, et pis que tout des réunions interminables et redondantes de Conseils d'Administration et autres rites obligés. Ceux qui siègent autour des tapis verts et des tables d'acajou victoriennes , pour plaire aux actionnaires ou pour toucher des jetons de présence, ne comptent pas parmi les partisans de la simplification. Il agissent comme si leur temps était gratuit. Il en est même pour adorer ces rites.
Quant à moi, je ne suis pas objectif. J'ai dû renoncer à tous mes postes d'administrateur, car je parviens pas à rester évéillé plus d'une dizaine de minutes pendant ces cérémonies ! C'est une véritable maladie, ou peut-être une allergie? Bruno R. qui est venu à contre-coeur me rendre visite, grand patron d'une banque privée réputée, et grand officier de la légion d'hommeur, est le prototype de ceux qui président ces cénacles. Grand, large, majestueux, dédaigneux et sûr de lui, son visage rappelle un bifteck un peu cru !
Je le répète, pour les tenants du scénario catastrophe, il ne s'agit pas d'inquiétude, ni d'incertitude,mais d'inéluctabilité. Vous vous en doutez, Bruno R. récuse vigoureusement ce scénario.
Ce qui sépare organisateurs et informaticiens
La différence peut se réduire aux slogans suivants :
Les organisateurs : ce qui n'existe pas ne mange pas de pain, et ne tombe pas en panne. Supprimons toutes les tâches inutiles.
Les informaticiens : vous êtes bien gentil, mais avec quoi allons-nous vivre? Plus c'est compliqué, plus ça a de bugs, de pannes, de manipulations sophistiquées, plus on a besoin de nous et sous l'urgence, on ne fait pas attention à la dépense. On se trourne alors vers des bricoleurs qui n'offrent aucune garantie de compétence, ou des cabinets très onéreux, mais renommés et souvent encore
plus incompétents.
2 L'Hypothèse de la première catastrophe mondiale.
Le nuage qui ne bougeait jamais n'est plus
(Haï ku japonais, Basho)
Le battement d'une aile de libellule en Australie, peut provoquer un cyclone en Floride (René Thom, Théorie des catastrophes).Une goutte d'eau dans un vase rempli à raz bord, ne produit rien de particulier, une autre et une autre non plus. et puis à l'improviste, le vase déborde. Une rupture s'est produite, imprévisible dans le temps : c'est une catastrophe, une discontinuité brutale. (Thom cf ci-dessus)
Les Etats-Unis ne pourront pas maîtriser la situation. Tout le système financier et monétaire, création éminemment artificielle et manipulée s'effondre. Le papier n'a plus de valeur : actions, argent liquide, valeurs sûres, placement de bons père de famille, billets de banque, etc... Le système financier, gloire de l'Occident aura été détruit par les erreurs idéologiques de la Banque Centrale, et le laxisme est devenu partie intégrante de la liberté revendiquée par les libéraux.
Trop tard; certes, mais que va-t-il rester de ces montagnes de papier sans valeur?
Les richesses à valeur indispensable et réelles: les fermes (il faut bien manger), les emplacements exceptionnels et rares dans l'immobilier, les tableaux, la numismatique de très haut niveau, et, bien entendu l'or métal : lingots et barres, le platine, le pétrole. Mais le meilleur investissement demeure la pièce d'or : napoléon en France, 5 pesos à l'étranger. L'avantage des pièces, est leur facilité d'écoulement en cas de catastrophe, on peut en vendre pour survivre une à la fois, sans difficultés.
Dans ce cas la panique, le chômage, le désespoir, les flux migratoires, les idéologies du sens et de la transcendance vont dominer, l'islamisme pour commencer qui ne cessera de progresser, car il procure un sentiment d'appartenance à une communauté, qui avait fait défaut avec la recherche exclusive de l'enrichissement, et l'évacuation de la religion et de la haute culture. On peut ajouter la Russie et l'Inde. On vous laisse le soin d'imaginer les conséquences. Vous n'y parviendrez pas aisément tant que vous êtes habitués au bon vieux système. Pour nous c'est l'Apocalypse.
Les conséquences des conséquences, la deuxième catastrophe
Prévue trois ans après la première, elle en portera les conséquences humaines, économiques et sociales qui auront conduit à un monde de violence, de destruction, de haine et de violence, où n'importe quoi pourra se produire. C'est l'aboutissement ultime des erreurs accumulées par un système monétaire et financiers totalement coupé de la réalité. Il faut désormais assumer. En aurons-nous les moyens ?
DISCUSSION
Lorsqu'on cherche de la bibliographie, des sources sérieuses, des travaux d'universitaires respectés, on ne trouve rien. Seulement des opinions de journalistes ou de vulgarisateurs. Les banquiers, nombreux, qui connaissent la situation, vous la disent sous l'anonymat et n'ont aucune envie de compromettre leur carrière.
Certes, il ya les travaux de Hayek, des historiens, ceux de Samuel Hutchinson, mais ils ne parlent pas de catastrophe, il prévoient simplement les conséquences des événements comme asymptote des tendances mortifères qu'ils dénoncent. .
Dialogue avec H.Bronstein sur ce que laissent les civilisations pour la postérité.
B.L. Lorsqu'on lit les récits de voyages on constateque les guides proposent de revenir dans les villes pour admirer les nouveaux quartiers, les nouveaux monuments : un palais, une église, une cathédrale, une place, une fontaine, des tableaux de maître, un nouveau théâtre. Aujourd'hui ce ne sont que des vestiges, des souvenirs du passé que viennent visiter les touristes de masse, troupeau atone et abruti par un emploi du temps surchagé, étroirement enrégimenté, par les rangs sérrés du panurgisme.
H.B. Vous êtes injuste. Il y a tout autant de merveilles à admirer que la postérité retiendra : la Pyramide de Pei, les gratte-ciel de Potzenpark, des sites admirables comme les musées américains, les fondations culturelles, et bien d'autres.
B.L.La plupart du temps il s'agit de réalisations collectives et souvent froides et inhabitables. Visitez les quartiers du Marais, la vieille ville de Genève, pour ne pas parler des villes d'art comme Bourges, Perouse, Sienne, ou qui ont survécu à l'urbanisation contemporaine essentiellement fondée sur l'ego des architectes. Par exemple les maisons hausmaniennes, offrent une unité de styles admirable, même si elle est peu innovante. Voyez la place de l'Opéra et ses alentours, les quartiers du parc Monceau, pour ne pas mentionner les hôtels du VIIIe. .Par ailleurs toutes les classes de la société coexistaient dans les immeubles de rapport. A l'entresol travaillait la modeste ouvrière, à l'étage noble, les maïtres, au second étage, la moyenne bourgeoisie, au troisième la petite bourgeoisie, sous les combles, dépourvus de tout confort et peint en gris comme l'escalier de service qui y mènent, les domestiques. Tout ce monde se cotoyait, se saluait dans une mixité bienvenue. Ajourd'hui l'argent a opéré une ségrégation : à Neuilly les riches, au Sentier les commerçants juifs et le prêt à porter, à St Denis, la pègre et les bandes organisées, même dans des quartiers réussis comme les halles de Bercy, où il fait bon vivre, la ségrégation par l'argent est impitoyable. Rien qu'on ne puisse comparer à la Cathédrale de Chatres et son environnement.
H.B . Mais c'est que tout est rongé par la pollution.
B.L..Je ne vous le fais pas dire.C'est la conséquence du gaspillage irréfléchi de nos ressources durables, le mépris du passé et du futur, de l'intérêt exclusivement utilitaire. On peut en faire la preuve en visitant la Basilique de la Madeleine, à Vezlay. Cet endroit situé sur la route de St Jacques de Compostelle se trouve dans une immense région perdue, terre gauloise, à l'écart de tout moyen de transport. Vezelay est exempt de pollution, et la basilique montre une pierre blanche, à la texture très particulière et comme ayant été construite hier.
H.B. Mais on doit faire avec l'héritage du passé. Et puis il faut se méfier du bluff du futur. Voyez les prévisions sinistres du Club de Rome. On devait à l'en croire évoluer à la fin du siècle dans un monde digne du film Soleil Vert ( Green Soleyant, où pour que la population survive, au delà de soixante ans, les gens sont transformés à leur insu, en des tablettes vertes qui nourrissent la population. Au fond, en Russie après soixante ans on laisse mourir les gens : ils coûtent et ne rapportent plus.
Pour le Club de Rome e Aurelio Peccei, financé par Fiat, qui montrait ainsi son objectivité, la catastrophe aurait dû se produire il y a vingt ans.
B.L Qui pourrait le nier? Mais le Club de Rome était composé de gens malhonnêtes qui ont travesti les conventions de départ : les données scientifiques avancées ne reposaient sur rien. Cette fantasmagorie eut cependant le mérite de nous mettre en garde, de nous secouer et de fonder le mouvement écologique (et de populariser un terme qui aujourd'hui prend tout son sens. On aurait été peut-être bien avisés de l'écouter !
J'attends les réflexions que ce papier suscite chez H.B. Et les vôtres aussi, chers internautes.