Bruno Lussato

Une maladie étrange

On comprendra mieux ma réaction en sachant que j'étais un catholique pratiquant et que le fait de manquer la messe du dimanche, à l'Église de la Madeleine, me dévorait de culpabilité pendant tout la semaine ! Il insista, répondant à mes objections : vous ne connaissez par l'Hébreu? - On vous l'apprendra. Vous ignorez tout de la Cabale? On vous initiera. Alors vous serez prêt à poursuivre la Voie.Il ne fit aucune allusion à un lien de parenté avec le grand homme. Cela ne vint que récemment.

J'étais malgré tout intrigué par la visite de Cohen, car il semblait sincère. Mais je n'eus guère le temps de penser à cela, car suite à un coup de sang  ( la rupture de ma fiancée, la veille de l'anniversaire de mes trente cinq ans, j'attrapai une hémophilie grave nommée maladie des plaquettes ou purpura thrombopénique idiopathique". Nous vivons en général avec 200 000 plaquettes et au dessous de huit mille plaquettes, on est en danger de mort. Après deux ans de cortisone à trop haute dose pour mon poids plume (une horreur comparable à une drogue dure) je  cessai de saigner, mais mes plaquettes étaient descendues au dessous du seuil de survie : cinq mille plaquettes. le professeur Jean Bernard qui me suivait avec sympathie et dévouement, décida d'éliminer la responsable : la rate. L'opération réussie mais le sang qu'on m'injectais était frelâté et les suites de cette contamination est responsable de mon état de santé actuel. Karma?

Je passai ma convalescence dans une pension de famille de Houlgate, à la fin d'un hiver venteux et glacé. Pendantl le jour j'arpentais les plages désertes  traversées par les hurlements de la mer en folie. Traversé, je l'étais aussi, et deux fois,  une fois par le souffle glacé, une autre par ces voix qui me murmuraient des choses étranges, comme venues d'ailleurs. bruissements, chuchotements, menaces. Le soir ces lambeaux oniriques se transformaient en petits poèmes, en récits en gestation. Mais l'essentiel, je ne l'écrivis pas. Ce dialogue avec moi-même, et ces voix venues du lointain je vais essayer de les transcrire pour vous.

Ruminations

Je me dis qu'après tout, une cabale est un décodage forcément tributaire des circonstances de l'époque qui la vit naître. C'est une interprétation géniale et sysnthétique de l'état de l'univers. Mais continuer à interprêter une vision désuète aujourd'hui., à quoi bonbr Si cabale il doit y avoir, il faut non s'inspirer de l'acquis, mais le créer (et non pas le recréer) à partir du vide fécond, celui du Tao.

Ce qui vint confirmer cette intuition fut ma familiarité avec L'Apocalypse de Jean,  et ses interprétations nombreuses, depuis les enluminures mozarabiques et  les tapisseries d'Angers, et les bois d'Albrecht Dürer jusqu'à l'oratorio effroyable composé par Adrian Leverkühn, personnage inventé par Thomas Mann dans Le Docteur Faustus  l'Apocalypsis cum figuris, ainsi se nommait, copie de la suite de des gravures de Dürer, le chef d'oœuvre de Thomas Mann.

Cependant la version prétendument authentique du texte n'est pas moins contestée...

D'après la thèse de Fomenko, se fondant sur la reconstitution de la carte du ciel décrite par Jean, on devrait la dater de 1594, époque de la découverte du Nouveau Monde. Dans ce théâtre terrorisant, je m'identitfiai au vieillard, au testis, témoin neutre et détaché du combat entre le bien et le mal, dans un univers dominé par le lucre et le sexe, ayant répudié tout sens des valeurs humaines. Monde de corruption, effondrement de notre identité, tumulte et panique des populations.

Non sans présompiton, je me résolus à réécrire l'Apocalypse, d'où le chapeau nommé L'Entretien, (dialogue entre les trois voix) et le grand titre : Apocalypsis cum Figuris. (Thomas Mann-Leverkühn).  Ce texte sacré, fruit d'un jaillissement constant provenant de la troisième voix, celle venue d'ailleurs, et dépassant la simple poésie, ne pouvait être montré, ni publié. Il se développa à l'insu de tous, dans l'ombre, pendant des décennies, jusqu'à ce qu'il soit découvert par Claude Médiavilla et adopté par l'équipe de Martine Cahane. Maisl l'obscurité persista car ce qu'ils admiraient était la forme et non la qualité du texte. Travail de dilettante ou inspiration géniale? Il n'y avait place pour aucune autre appréciation.

Curieux, malgré que j'en aie, de connaître le jugement de quelques professionels je m'adressai à un prof de lettres de l'école alsacienne, et un metteur en scène.roumain de grand talent.  Tous furent furent désarçonnés  : "on n'a jamais vu rien de tel, on ne peut len changer une ligne, c'est une inspiration dense et originale, possédant son propre style". Et ils n'en voulurent savoir davantage. Il disparurent. Je me heurtai à ces réponses ambigües.Chaque fois que je désirais évaluer la valeur du texte, on me répondait qu'il était conforme à  ma personnalité. - Et tous les autres manuscrits? - Aussi !

Par la suite je découvris que les gens donnent rarement leur avis d'amateurs en ce qui concerne la qualité. (Axe de développement).

Martine Cahane s'enthousiasma pour ce manuscrit, le seul calligraphié depuis le Moyen Àge. De surcroît, alors que les moines enlumineurs ne faisaient que copier des textes étrangers, l'Entretien opérait une fusion créatrice entre la forme et le fond.

Mais tout entier hanté par mon obsession, je lui demandai de confier aux équipes compétentes de la Maison, l'étude du texte, qualité et style. La réponse fut sans ambiguïté: la qualité professionnelle du récit était hors question et ils étaient étonnés qu'à ce niveau de maîtrise on puisse la mettre en doute. Connaissant mon passé (j'étais membre du Conseil Scientifique de la BN) et mon cursus académique, ils ne comprenaient pas mes scrupules.

Ainsi rassuré j'allai de l'avant et meconcentrai sur des projets de fondation et des réflexions sur l'état désespéré qui se profile sur fond de banqueroute généralisée.

LES TROIS VOIX

Les voix sont les bruits et les messages étranges qui accompagnaient mes pas scandés et réguliers, sur la grève caillouteuse de la Manche.

Je classai le contenu de ces messages mystérieux en trois types de caractère distinct.

LA PREMIÈRE VOIX

 C'était la plus proche du rêve éveillé, une certaine latitude de discussion est possible, dialogue ininterrompu avec mon double.

LA DEUXIÈME VOIX

Il ne s'agit plus d'un rêve éveillé mais d'un rêve tout court, sans aucune possibilité de contrôle même partiel, de ceux affreusement déformés que Freud a décrit dans Psychopathologie de la vie quotidienne. On peut comparer ce type de mesages à ceux que notre inconscient nous adresse pendant que nous dormons, des lambeaux, des résidus de restes diurnes. En dépit de leur opacité, leur provenance est incontestable : le matériau provient de mon esprit.

LA TROISIÈME VOIX

Elle m'est totalement étrangère. Elle ressemble à un oracle ambigu mais qui une fois dévoilé révèle la présence d'un esprit étranger, dominateur, qui lutte pour prendre possession du mien et imposer sa volonté, Dieu  dominateur et dictatorial. Julian Jaynes (Op. Cité) parle de bicaméralisme et oppose l'Iliade et l'Odyssée.

DIALOGUES ET INTERFERENCES

LA PREMIÈRE VOIX

J'ai retrouvé un des premiers recueils rédigés où il y a amplement matière à exemple de dialogues.

Voici tout d'abord un extrait de ce qui caractérise la première voix.

 

 

HILARION : La question porte la réponse.

 

MOI : comme celle de Faust dictée par l'angoisse?

 

HILARION : comme toute question mal posée.

 

M. Et qui débouche sur d'autres questions.

 

H : Il n'y a jamais de réponse, mais seulement reformulation, variation d'un thème perpétuellement ouvert.

M . : La Foi fournit une réponse.

 

H : C'est pourquoi elle se situe en marge du système. Elle trouve des raisons là il n'y en n'a pas.

 

M : La raison de l'homme ?

 

H : La raison de Dieu. Dieu est la réponse dernière. Toute question est destruction. Qui s'en invente ne peut croire. Croire, c'est fermer le cycle.

 

M : Les amasseurs de sommes défnitives étaient donc des croyants?

 

H: Ils croyaient à leur somme : Agrippa à la nécromancie, St Thomas d'Aquin à la théologie, Lulle à l'alchimie.

 

M : et Bach à la fugue.

 

H :En revanche, depuis que Galilée ouvrit le cycle, quel chercheur croit-il à sa science? Il contribue simplement à la faire; Née avant lui, elle lui survivra sans jamais s'achever. Le moyen de croire ce qui n'existe pas en totalité?

 

M : Mais au moins croit-t-on ce qui est acquis : la gravitation, la classification périodique des éléments...

H : Ce n'est pas croire, c'est constater.

-

Une objection se présente aussitôt. En quoi cet extrait diffère t-il de la méditation la plus banale?

C'est ainsi que l'on tombe dans le piège de l'écrit. En effet, cette conversation si rationnelle ne se présente pas ainsi. Ce sont des voix chuchotées comme dans un rêve éveillé sur lequel aucune intervention n'est possible. Parmi les voix entendues il y avait ainsi des bribes de conversations semblables, qui traversaient ce corps meurtri par les rafales violentes. C'est la mise en forme qui les fait apparaître ainsi. La forme tue toute atmosphère, tout mystère. On ne pourra jamais exprimer ce dialogue mystérieux qui s'impose malgré que l'on aie.

LA DEUXIÈME VOIX

Elle est mystérieuse, déformée, codée, son massage est ambigu comme les résidus diurnes d'un cauchemar.

LE PETIT CHAT HYDROPHOBE

Il zuse

il zuze

le p'tit chat hydrophobe

et zut

et zut,
les topinambours pleuvront.

On pourrait croire à une voix étrangère. Mais derrière cette apparence irrationnelle, le texte obéit à une logique que je ne puis désavouer. Le contexte : je me moque des snobs New-Yorkais qui adorent l'ésotérisme. Ce poème, ce n'est que du n'importe quoi, provocant et de  tout à la fois. style universitaire. Certes, il s''y mêle au poème un élément incompréhensible qui dépasse les raisons que je viens d'énoncer. Après tout cela eût pu être n'importe quoi. Mais là encore la raison en est que le topinambour, comme le rutabaga et le salsifi,sont des ersatz des périodes de guerre où j'étais bloqué à Tunis.

'LA TROISIÈME VOIX

Le style c'est l'homme, comme son écriture, alors que le contenu peut être copié, imité, la preuve se fait par l'impossibilité de trouvers des passages d'un style équivalent, car le contenu peut être imité. Par exemple on ne peut prouver qu'il est impossible de trouver un passage équivalent ailleurs. En revanche, si le son du texte résonne d'une manière particulière et étrangère au reste du recueil, on peut soupçonner une provenance extérieure En voici des exemples.

HYPPOLITE

SAIS-TU POURQUOI ON NE TROUVE PLUS DE CAROTTES AU MARCHE, ETC...

 

C'est le tout début de L'Entretien. Que viennent faire des carottes comme prologue? Je n'en n'en n'avais pas pas la moindre idée alors. Ce n'est que décennies après que je compris le sens du texte, profondément inséré dans la vue courante.

LETTRE DE L'ESPRIT A L'ÉGLISE D'OR
JE RECONNAIS QUE JAMAIS VOUS N'AVEZ PRIS PLAISIR A LA VIOLENCE QUE JE N'AIME PAS NON PLUS, ET QUE DANS LA LIMITE DE VOS APPÉTITS VOUS AVEZ RESPECTÉ CERTAINES DE MES LOIS. ...  MAIS JE N'APPRÉCIE PAS LA MÉFIANCE QUI VOUS FAIT FUIR CEUX QUI NE VOUS RESSEMBLENT PAS... JE N'AIME PAS NON PLUS VOTRE INDIFFÉRENCE A L'INJUSTICE, NI VOTRE LENTEUR A L'INDIGNATION LORSQU'ON PORTE ATTEINTE A VOS SERVITEURS. JE NE VOUS REPROCHE PAS VOTRE ATHEISME MAIS LA PROMPTITUDE A LAQUELLE VOUS VOUS RALLIEZ A MES ENNEMIS LORSQUE LE LUCRE VOUS Y POUSSE...

 

VIENDRA LE JOUR OU LES MISSIONNAIRES DE DIAMANT ET LES BATAILLONS BARBARES SE LIGUERONT CONTRE VOUS. VOUS PERDREZ ALORS CORPS ET BIENS SANS POUR AUTANT SAUVEGARDER VOS ÂMES.

 En ce qui concerne le contenu, il m'est impossible de savoir d'où j'ai tiré les carottes. Mais c'est surtout le ton prophétique, évoquant un archétype qui nous frappe. Et un archétype qu'est-ce sinon un message universel, qui me dépasse et qui transcende espace et temps? Jaynes, encore lui, nous fournit l'explication : le bicaméralisme, la dissociation entre contenu et contenant.

 Je ne puis être absolument formel. Ces messages venus de je ne sais où, me sont aussi étrangers que le monolithe de l'Odyssée de l'Espace ( Stanley Kubrick) où les monstres de la série des films de terreur-fiction américains sont des Aliens (Geiger) (cf. Mario Varvoglis, IMI,  (Jean Staune, op cité). devaient l'être pour les humains qui les découvraient, avec stupéfaction : monument aux lignes froides minimales ressemblant à une sculpture de Mc Craken (parallépipèdes laqués), l'autre monstruosité gluante et molle aux formes organiques. On assiste dans ces films, à l'incompréhension fascinée et stupéfaite des hommes face à ces choses inimaginables. Si vous voulez ressentir cette impression, achetez ces incunables que sont le film de Stanley Kubrick et le premier  Alien.

Tout se passe donc comme si, à l'instar de ces monuments mystérieux, cette voix  paranormale venait d'un univers parallèle, d'une sphère étrangère du monde connu à l'instar des monolithes et des monstres organiques et pétrifiés. Elle dévoile tout un monde de vibrations qui baigne notre existence comme les ondes hertziennes qui encombrent notre espace proche des archétypes Jungiens. 

Dialogues et interférences.

Je trouvai pratique de choisir comme support, L'Entretien. On y trouve unesmélange, une variété, une confusion tout à fait conforme à celles des messages mystérieux. 

Il n'y avait pas que de la poésie, on y trouvait aussi des passages que je ne voulais pas écrire dont le poème d'ouverture, Prélude à l'Apocalypse donne une idée. En voici des stades successifs.

Invocation

L'océan aux nobles flots de nacre (Var. aux flots d'argent),

S'accorde aux nuages d'argent (var. de nacre)

Orgue de cristal

 ou mugissement furieux,

 le bruit me poursuit de la course (var. de la ronde) des vagues,

jamais apaisée, voraces d'elles mêmes

riches d'algues et de limon ....

Stade final

L'océan aux flots d'argent

s'accorde chantant aux nuages blancs.

Orgue de cristal tintant,

dragon liquide grondant,

le bruit me poursuit de la course des vagues,

riches d'algues et de plancton

(il n'ya pas de limon dans la mer, il est charrié par les rivières.Vinci se moquait de Botticcelli qui faisait pousser des roseaux au bord de la mer !)

Partie symetrique ajoutée tardivement

L'océan aux flots d'airain,

répond grondant au ciel éteint

orgue d'enfer tonnant

Dragon furieux hurlant,

le fracas m'assourdit de la fuite des vagues,

avides d'elles-mêmes,

chargées d'algues et de goémon

La Hantise

En apparence, quoi de plus normal qu'un poème longtemps corrigé et poli?

Or les apparences sont trompeuses, et nous sommes devant un cas patent de possession : le Dieu a imposé sa volonté. Réflechissons.

Nous savons tous que des vers se terminant par les mêmes syllabes, produisent un effet indésirable.

(Dans  

les sanglots longs

des violons de l'automne,

bercent mon coeur

d'une langueur monotone

(Verlaine, chanson d'Automne)

 

En dépit des HON HON, la répétition ne dure pas).

Mais dans le cas de  "Invocation",  le son produit est incongru. Tous les vers se terminent par AN, AN , AN, AN , AN. Cela évoque irresistiblement le HI-HAN de l'âne.

J'essayai désespérément de m'évader de ces consonances asinines. En vain. Dans la reprise, je ne puis y parvenir, le HAN HAN fut remplacé pas un HEIN HEIN ! Plus je modifais, plus les HAN HAN s'affirmaient. Il devait il y avoir d'autres vers pour exprimer ce sentiment en évitant le HI-HAN du baudet ! Je ne pouvais y consentir car les diphtongues m'étaient comme imposées!  C'est contre cette répétition qui me hérisse le poil que je me sentis incapable de lutter, et c'est en elle que réside le caractère "étranger" de ces sons. Le Dieu a dominé.

Période de latence

Pendant la période qui sépara mon atteinte de purpura et mes 71 ans, j'aus un répit relatif, ma vie étant consacrée  : 1. à mes clients qui me procuraient une existence aisée et sans nuages, 2. à ma fondation des Mesnuls et des Capucins, 3, à la partie secrète où le manuscrit à peinture poussait à l'ombre selon son rythme propre,3,à l'approfondissement du piano et des oeuvres médicales et picturales. Entree Marina et moi, nous couvrimes un réseau de rencontres de haut niveau : Lichenstein, Bacon, Matta, Soulages, Moore , Hans Richter, etc. Du mien,en tant que conseil d'Aimé Maeght pendant quelques années, Hartung, Poliakoff, Tàpiès,Miro, Zao Wou-ki, puis parmi les compositeurs et les musiciens, , Boulez et Dutilleux, René Leibowitz, Kirsten Flagstad, Martha Mödl, Elsa Cavelti, et j'en oublie...J'eus l'honneur de recevoir aux Capucins des personnalités comme Karl Pribram, Sir John Eccles, Sheldrake et d'Espagnat.

Pendant ce temps, je m'apauvrissais insensiblesment : deux holds up, descambriolages, le dépouillement de mes biens par Gérard Mulliez, qui se repentit mais ne me rendit pas l'argent, Owen Jones, qui contribua à démolir les Capucins, qu'il finit par racheter, au rabais  (c'est aujourd'hui, le siège de l'Institut de formation culturel de l'Oréal) ,la vie digne de Gatzby le magnifique aux Capucins où je tenais porte ouverte, et qui réunissait des chefs d'entreprise comme François Dalle ou Jean-René Fourtou., Didier Deconinck et son père, Alain Gomez, des politiciens comme Danièle Mitterand ou Mme Giscard d'Estaing,

J'étais d'une arrogance, d'une agressivité et d'un égoïsme insupportables, et tout était centré sur ma personne. Ce fut aussi la période d'intense création scientifique où grâce à Jean Schéré je fus introduit à Philadelphie. J'adorais l'Amérique en particulier New-York. Le Plaza était une seconde maison. Mais j'avais de grandes affinités avec le Japon; Que de vanité dans tout cela!

Déclin exponentiel

Cela débuta avec mon virus qui se manifesta et je dus prendre l'interféron, suivi par un cancer à la prostate, suite à un faux diagnostic. Ce fut à l'âge de soixante dix ans, que les impars se multiplièrent. Le pic fut en Septembre 2007 ou tout me tomba sur la tête : vols, fisc, prud'hommes sans fin, et pour couronner le tout trois épisodes où je faillis mourir à plusieurs reprises. On me donnait de trois mois à quatre ans de survie et je me retrouvai totalement seul, cloué au lit, sans aucune autre aide que de bonnes paroles occasionnelles de la part de jeunes que j'avais lancé et aidé, et dont les affaires marchaient trop bien pour qu'ils aient le temps de me voir. Le nadir,je l'ai vécu pendant cette période et il c'est cette semaine qu'il a atteint le point de souffrance exrême.

Compensations inattendues

Elles parvinrent de  Russie et de grandes familles de niveau mondial. Cela fut très gratifiant, mais je commis le geste insensé de ne point me faire payer, ce qui aggrava ma situation financière. Mes collègues hochaient la tête sans comprendre. Pour eux, tout était réduit à l'argent, alors que pour moin c'était de foi et d'affection qu'il s'agissait.

Lorsqu'on a devant soi un span de vie limité, la mort et la déception, la solitude, comme horizon,vous n'avez pas le choix. Je passai par des remaniements profonds de ma personnalité et je commençais à m'interesser à Luzzatto (Cela se prononce : Lussato à Gênes) .

Je nouai des liens d'amitiés très profonds avec deux familles russes et un client de LIlle., basés sur ce que j'ai nommé les  quatre covenants :

1.Confiance absolue, 2.Respect, 3, Précision dans les rendez-vous espacés d =e trois semaines, 4 , eternité. Un covenant ne peut être rompu que par la mort de l'autre.

.C'était le prix à payer pour mon désinteressement absolu. Je dois avouer que cela fonctionna merveilleusement bien. Mes relations et mes amis riaient de ma naïveté. Comment peux-tu croire à la fidélité de gens que tu ne connais que depuis quelques mois? Toi qui a été sans cesse trahi (A l'exception de mes amis du Nord, que je connais depuis plus d'un quart de siècle.  Ils ont sans doute raison, mais  je garde la foi du charbonnier.

Tout cela  ébranla mon équilibre et ma vision de la vie. La Flûte Enchantée de Mozart joua un rôle majeur dans cette transformation et, vous le savez, je m'appliquai à détrure mon ego, passant de l'image du génial professeur à celui de moineau déplumé, et de vieillard à la retraite ayant tout oublié, pas grand chose,en somme. Et cela n'est pas de la pose croyez-moi !

J'en revins à nouveau à mon prétendu ancêtre le cabaliste. .Je lus La Voie des Justes, et je compris que mon intuition était juste. Je me révulsai à la lecture d'un texte redondant, assénant des vérités premières et des truismes. Je ne pouvais être ni l'ancêtre, ni le suiveur de cet homme-là. Cohen avait tout faux!

La découverte de Luzzatto. Je change d'avis !

Cest alors que j'ai reçus une biographie de Luzzatto à la suite d'un nouvel épisode. On m'adressa la biographie du grand homme et cette fois, je me reconnus en lui, je n'étais que l'ombre modeste, le négatif, de ce génie qui commença sa carrière à l'âge de quatorze ans. (Cf. L'adolescent de Padoue, Mosché Haim Luzzatto (1707-1746), par Joëlle Hansel in L'Arche N° 592, Septembre 2007 ( le début de mon tunnel.

Il sut "nager vaillamment dans la mer du Talmud" et plonger dans les profondeurs de la cabale".

En juillet 1730, il doit prêter serment de renoncer des formules cabalistiques.

Et si Cohen avait raison?

Au delà de mes affinités avec  le cabaliste, mon parcours présente de curieuses correspondances avec le sien. Si nous admettons que l' Entretien est une version moderne dela cabale, en ce qu'il met à nu les structures géométriques de notre temps, il apparaît avec du recul, que tout mon destin depuis Septembre me rapprocha beaucoup du mode de pensée iconoclaste,novateur et violemment condamné. Ce ne fut que plus tard qu'il fut reconnu. Certes on n'utilise plus la force pour se débarrasser d'un auteur, une simple mise sous le boisseau y suffit aisément, surtout en France pays de la malveillance.  Qu'on se souvienne de mes "croisades" pour la microinformatique, pour le vidéo disque et le CD numérique, pour un monde à l'échelle humaine, pour les moyens écologiques et novateurs proches du troc et de l'équilibre de Eugène Onéguine. Sans mes malheurs, conséquence à très long terme d'un parcours initié quelques jours après la visite du rabbin et venus à maturité, je serais resté fermé, égoïste, amer.

L'Entretien est mort, vive l'Entretien !

Depuis des années je compris que cette oeuvre est en réalité une installation pour vidéo interactive et lancée sur l'Intrernet ! Mais c'est un travail immense et ardu, et le projet est utopique. En attendant je m'essaie à contrôler le Blog, qui préfigure la version électronique. C'est d'ailleurs la raiison pour laquelle Le Saint Père ne peut que soutenir ce projet, ainsi que le Président de la République, ou ... José Bovet !

En attendant , les volumes de l'album sur papeir ont tari. A la place est né le blog.

En février  107, je  testai des séquences de l'oeuvre,dans le blog que je venais de crééer avec Dyan. Le résultat fut plus qu'encourageant. 

_{Ainsi, les seuls qui aient connaissance de ce texte, à l'exception des spécialistes de la BN, c'est vous, mes chers internautes. Qui l 'eût cru?}