MASTERCLASS EN SÉMANTIQUE
Pour Alexandre
Nous disposons à présent de quoi continuer notre exploration du réseau psychologique. Nous pouvons dès à présent clarifier les points suivants :
1. Le système PSI est composé d'entités immatérielles, topologiquement ordonnées, : les représentations, r dont l'agrégat à un instant t donné se rassemble dans le champ de représentation R. Le champ de représentation R parcourt la ligne d'univers u et son intersection constitue le présent à l'instant t. Après un instant, R s'est modifié et donne naissance à une autre configuration R t2 etc... On peut donc dire que le mouvement auquel nous assistons dans notre conscient, provient de la translation de PSI le long de la ligne d'Univers. Il n'existe pas dans le monde matériel PHI qui est immobile par rapport à PSI.
2. Le système PSI est composé de représentations immatérielles, qualitatives, toutes différentes l'une de l'autre : les qualia regroupées en agrégats hiérarchisés depuis des psychèmes élémentaires (la plus petite unité discernable du monde psychique) jusquà des réseaux complexes de représentations et le champ R tout entier lui-même.
3. L'ergie et les échanges ergétiques
Nous rencontrons ici, la plus embarrassante des notions : l'énergie psychique (Jung), ou libido (Freud) ou cathéxis (cf. A Theory of Attention Cathexis, David Rapoport). Nous avons nié le caractère énergétique de particules immatérielles, et pourtant partout dans le système psychologique s'impose l'idée d'agrégats a forte énergie (lorsqu'on est sous la roulette du dentiste par exemple) et qui font disparaître des agrégats à faible énergie. (C'est le drive des béhavioristes, la neurine des réflexologues, les représentations fortes ou faibles des psychanalystes). Comment envisager un thêatre mental animé par des forces et des contreforces, comme par exemple les phénomènes de congruence (attraction) ou d'incongruence (rejet) et dépourvu d'énergie?
Nous avons trouvé la solution, en définissant la notion d'ergie indépendamment de toute référence à nul échange énergétique. On sait que le Champ R n'a pas une capacité limitée.Quelquefois il est saturé et tend à rejeter des psychèmes, d'autres il est en manque et tend à attirer des psychèmes. On appelle ergie la propriété d'une représentation dite forte, placée dans un champ R à l'équilibre, de devenir consciente au dépens d'une autre représentation qui sera chassée de R. (puisque la capacité de R n'est pas indéfiniment extensible). La notion d'ergie est donc un concept fondé sur une concurrence constante entre les représentations présentes dans R.
Dans la guerre des représentations pour atteindre le stade conscient (présence en R), celles à forte ergie tendent à dominer, à annihiler les représentations à faible ergie. Lorsque le champ R est sous-saturé, il tend à combler le manque de psychèmes en en attirant des psychèmes périphériques. Lorsqu'on se trouve dans une salle d'attente vide et ennuyeuse, le vol d'une mouche, à très faible ergie, sera consciente. Il suffit d'un seuil ergétique très faible pour admettre une représentation en R. c'est à dire que la moindre excitation PHI tendra à devenir consciente en PSI.
En revanche, lorsque nous sommes entraînés dans un tourbillon rapide d'évènements très prenants, les représentations auxiliaires, faibles, seront chassées de R. Par exemple lorsque nous vivons un accident de voiture, chaque détail de l'agrégat impressionnant de R est présent d'une manière claire, détaillée, les qualia sont colorées vivement, chaque instant est distinct, alors que le vol de la mouche disparaît, chassé par la concurrence des psychèmes "forts" de l'accident.
4. Opérations endo et exoergétique.
Ce surcroît d'ergie apparaît lors du couplage. C'est le cas des notions que nous avons l'habitude de voir toujours associées ensemble : deuil cruel, /, beauté radieuse, / Allah tout puissant etc... L'association tend à se consolider et à perdurer. au cours du temps. En revanche certaines notions sont difficiles à associer, elles sont incongruentes, il faut beaucoup d'éfforts à les "faire tenir ensemble". Elles tendent à se séparer irresistiblement et lorsqu'elles "explosent" en leurs constituants, elles dégagent de l'ergie (soulagement, euphorie, dynamique accrue du champ).
C'est notamment le cas des oxymorons : une clarté / assourdissante, chant nazi / entraînant et enthousiasmant, massacre sanglant et / parfaitement réussi. Evidemment la nature endo ou exoergétique des échanges dépend de la structure particulière du système de représentations. Egorger une famille peut être un couplage exoergétique pour le jeune erdogan et ses amis, qui viennent de commettre une torture à la scie et à la machette sur de simples soupçons, c'est à dire producteur de joie et d'euphorie. Il peut être fortement endoergétique pour bien de nos compatriotes, qui auront beaucoup de mal à "avaler" la couleuvre.
L'agrégation entre deux représentations donne une nouvelle représentation composite r1 + r2 = r3. L'opération peut au contraire se faire très facilement et dégager de l'ergie. Elle est alors exoergétique. C'est alors le contraire qui se produit : beaucoup d'efforts sont nécessaires pour en séparer les membres. Par exemple geste/ héroïque , crime/ odieux, lâche /assassinat
5. Dans le système PSI coexistent ainsi des réseaux disparates de représentations liées par des échanges ergétiques tantôt fortement associées par
des liens de congruence endoergétiques (Allah est grand, les hommes sont
égaux) tantôt fortement exoergétiques (Allah est un mécréant, les races sont inégales).
Les poles sémantiques
Nous voici parvenus à la dernière phase de notre parcours, celle qui ouvre les portes de l'intoxication.
LA MÉTAPHORE ONDULATOIRE
Tout système sémantique PHI, se présente comme une nébuleuse de représentations corrélées et unies par des noyaux de congruence ou de répulsion. Dans certaines de ces configurations, certaines régions sont fortement connexes; c'est à dire que leurs représentations sont comme soudées par des réseaux à forte congruence et très forte ergie. Cette concentration d'ergie polarise toute la région environnante et exerce une attraction et une distorsion dans tous les axes sémantiques.
Dans la métaphore ondulatoire, on peut se représenter ces concentrations fortement ergétiques comme des aimants très puissants qui déforment l'espace environnement et qui se manifestent par le spectre de la limaille de fer. On peut aussi les comparer à la déformation de l'espace sous l'influence des astres avoisinants de forte énergie. La position de chaque grain de limaille de fer du spectre magnétique, est déterminée par des ondes qui se propagent dans tout le système PSI.
On peut ainsi postuler qu'à chaque fois apparaît une forte concentration de croyances (zones à forte ergie) tout l'espace sémantique est perturbé. Et c'est ce qui se produit de fait. Le fanatisme peut se décrire comme une concentration à très forte ergie d'une zone locale PSI et tous les les axes incongruents à cette zone, subiront une distorsion de l'espace.
L'EFFET SHELDRAKE
Dans son ouvrage très contesté et innovateur sur les Champs morphogénétiques, le biologiste émet l'hypothèse d'ondes continues qui parcourent le monde, sous l'influence d'ondes de formes. Il a mis au point des expériences très simples qui permettent d'en détecter les effets.
Ainsi, aux Capucins, il nous fit une démonstration très impressionnante de l'influence d'un maître sur son chien, effectuée en colaboration avec la télévision autrichienne.
On projeta sur un double écran portant les minutes et les heures, dux images séparées. D'une part on restait dans le logement du maître où un chien (entraîné faut-il le dire) se tenait bien tranquille. d'autre part on suivait par une caméra mobile le parcours du maître dans une premenade dans le parc.
Au bout d'un certain temps, le maître, obéissant à un ordre aléatoire décidait de rentrer. Au même moment, le chien frémissait et donnait des signes d'excitation puis de jubilation, comme s'il savait que la décision de rebrousser chemin avait été prise. Et tout ceci bien avant qu'on put imaginer une quelconque connexion physique.
Sheldrake conçut ainsi une série d'expériences simples, faciles à réaliser et à observer, et qui lui permirent de postuler l'existence de champs morphogénétiques émis par des sources puissantes.
Tout commença par l'énigme des cristallisations spontanées. On sait par exemple qu'il est souvent très difficile de synthétiser de nouvelles molécules sous leur forme cristallisée. Mais dès qu'un laboratoire y est parvenu, partout dans le monde, les solutions cristallisent. On chercha toutes sortes d'explications, par exemple la diffusion de particules cristallisées par le vent à travers des parois non étanches du premier labo. Mais aucune ne tint. On dut convenir que dès qu'une forme apparaît, elle se trasmet à tous les autres labos, comme si elle propageait des ondes de formes.
On fit des expériences qui montrèrent que l'effet de propagation est d'autant plus fort que la forme se répète un plus grand nombre de fois et qu'elle est plus chargée sémantiquement d'ergie. Ainsi on montra à des esquimaux deux textes en hébreu et on leur demanda de deviner lequel était le plus attractif. Celui choisi en majorité était Baroukh, Attaï, Adonaï ... répété depuis des millénaires par des millions de croyants. Le second, une publicité de Coca-Cola, n'avait qu'un faible impact. Sheldrake en déduisit que plus une forme se répète, plus elle creuse un sillon qui va accroître les aspérités qui favoriseront le passage de l'information selon ce parcours précis.
LA THÉORIE DE JULIAN JAYNES. e
On retrouve dans cette approche - uniquement réductionniste - les idées courantes aux Etats-Unis sur le Yin et le Yang. Lawrence, de l'Université Drexel, l'Université voisine, était enthousiasmé par une publicité de Honda. Dans la page de gauche il était mentionné tous les détails techniques en langage quantitatif formalisé : vitesse max, consommation au cent km, vitesse d'embryage etc. Dans la page de droite au contraire, la voiture devenait vamp, tigre dechaîné, symbole de sexe et de pouvoir. Yin.' que le corps calleux qui sépare lesJulian Jaynes a montré de son côté (The Origins of Counscuousness in the Breackdown of the Bicameral Mind, Boston, Houghton-Mifflin, 1976) in (Atlas de notre cerveau, Maps of the Mind, Charles Hampden-Turner, les éditions d'Organisation). que les systèmes PSI fonctionnent selon deux modes : un mode polarisé Yin, édictant des ordres et des jugements, sans passer par des raisonnements, un mode raisonnant, Yang constitué par un système de syllogismes. Il soutint que le cerveau gauche est le siège du mode Yang, et le gauche du mode Yang, et que chez un individu normal les deux cerveaux interagissent. Mais en étudiant de près la littérature grecque et en particulier en comparant l'Iliade et l'Odyssée, il remarqua un phénomène très curieux. Dans l'Iliade, on ne discute pas avec les ordres du cerveau droit, qui tombent comme un couperet et commandent tout le système PSI. En quelque sorte, ils le polarisent dans sa totalité. Ainsi par exemple, Agamemnon égorgeant sa propre fille pour que le vent se remette à souffler, ne porte aucun jugement sur l'ordre donné par les dieux. Il est sacré et échappe à tout raisonnement, il est de la nature du postulat, de la polarité de tout PSI. C'est le cas lorsqu'Allah commande aux Kamikase. On ne discute pas avec la vérité révélée. que l' épaisseur du corps calleux sépare de l'hémisphère rationnel YANG. . Dans l'Orestie en revanche, Ulysse essaye de discuter cette vérité et de s'en évader en faisant intervenir des raisonnements d'ordre pratique ou rationnels. On pourrait formuler ceci en estimant qu'Ulysse effectue une réduction du paquet d'ondes en une myriade représentations concrètes, ciblées dans le temps et l'espace: le pôle sémantique devient réseau.Jaynes situe la bicaméralité de l'homme avant 9000 ans av.JC. Ce n'est quavec l'Orestie que mille ans plus tard, l'épasseur du corps calleux s'amenuise et permet de mettre fin à la bi-caméralité.
C'est le mérite de Jaynes d'avoir noté remarqué que dans le premiers cas, une séparation épaisse existe entre l'hémisphère gauche et droit, provoquant une séparation étanche entre les Dieux Yin et les pratiques et les réseaux du système de raisonnement Yang. (Cf. le billet record de Marina Fédier : le Yin et le Yang, qui a franchi la barre des 50 000 visiteurs).
Alors que les pôles sémantiques sont des concentrations de masses de ergétiques très denses et échappant à toute réflexion, modifiant tout l'espace sémantique environnant (espace générateur de jugement) les noeuds sémantiques, sont des réseaux organisés et dépendant des poles sémantiques.
Voici un exemple de pôles liés par des réseaux qui en dépendent :
POSTULAT : les hommes sont bêtes, malhonnêtes et paresseux (dit classique). Ce postulat n'est pas discutable.
INFERENCE : on doit apprendre le moindre détail et fragmenter en unités simples aux hommes (spécialisation des tâches), il faut les contrôler pour les empêcher de voler, et il faut leur administrer la carotte et le bâton pour les motiver.
Alors que le postulat classique est flou, et donné par "les Dieux", polarisant tout l'univers du travail, ses inférences sont précises, localisées, discrètes, elles constituent en une réduction du paquet d'ondes du postulat ondulatoire (les dieux) en une myriade de représentations précises et congruentes, un RESEAU à forte ergie, mais discontinu.
Selon la manière où on considère un agrégat sémantique il peut se présenter comme pôle d'attraction (approche ondulatoire) ou comme un réseau plus ou moins complexe et organisé (approche discontinue et concrète).