A l'occasion de sa remise de la légion d'honneur dans les salons de la Présidence, au Sénat par Monsieur Poncelet, mardi le 12 janvier 2008.
Je me faisais une joie d'assister à cet évènement faste associé à un ami très cher, mais des ennuis de santé m'ont contraint à ne pouvoir sortir de mon lit.
Ce n'est donc que par la pensée que je pourrai me joindre à vous, mon cher Arnaud et à votre famille.
J'ai pensé d'établir une compilation avec le texte passionnant de que vous m'avez fait connaître, celui de Grimm qui concentre tout ce que nous aimons dans la culture classique et qui donne un sens à culture grécoromaine, judéo chrétienne, celle que nous tenons de nos aïeux, de notre terre, des plus hauts exemples que ces siècles surgis de la terre et de la passion de l'excellence nous ont légués, cette culture qui se raréfie sous bien des attaques et des vulgarités.
Il y a avait bien des raisons à vous associer à cet illustre et méconnu écrivain, : de tous les éxemples représentatifs de cette admirable civilisation, Grimm représente celui le plus proche de ce que j'ai perçu de votre personnalité, pendant des années d'échanges féconds et vivifiants.
Le mot élite appliqué à votre personnalité, prend tout son sens. Vous échappez à ces distinctions plus ou moins affectées par des subtilités formelles qui fixent degrés et grades. Vous apparteniez quand je vous ai connu à la plus haute cétégorie d'être méditant et pensant. J'ajouterai donc à ce que vous étiez alors : la réincarnation vivante de l'homme admirable que vous m'avez appris à connaître, ce que vous êtes devenu depuis, au terme d'une difficile mutation et qui complète ce que Grimm avait d'un peu dilettante et paresseux.
Comme Grimm vous avez les qualités, toutes les qualités de l'humanisme, le souci de la perfection, un vrai esprit critique, le sens du beau et l'horreur de l'à peu-près, du mélange confus entre le sublime et le vulgaire. Une amabilité naturelle et un désir de dépassement qui exclut toute facilité.
Mais voici : vous êtes aussi un entrepreneur ayant charge d'un patrimoine humain que votre famille vous a transmis, et vous vous êtes interrogé sur la diffilcile coexistence entre le monde de l'économie et celui du coeur, entre le cynisme des décisions qui assurent la survie dans la jungle qui est la notre, et cet humanisme, qui maintient un équilibre entre les valeurs sociales, économiques et familiales. Exceptionnels sont ceux qui ont pu l'établir puis le préserver. Des exemples quotidiens me le démontrent tous les jours, croyez-le.
Au terme d'une quête douloureuse et chancelante : "dois-je ou non continuer à diriger l'acquis de mes ancêtres, ou me retirer sur mon île bienheureuse ? " vous avez élaboré une subtile alchimie qui vous permet de préserver à la fois les valeurs d'humanisme et de coeur, tout en veillant à la prospérité de votre firme et en protégeant les forces de travail qui vous ont fait confiance.
Vous avez su vous épanouir en développant à la fois les axes du père Six, l'autorité sous tous ses facettes que Kojève a si bien décrites, autorité du père, du juste, du guide, de l'homme de décision et d'action. Soyez-en honoré car vous avez su réussir ce qui aujourd'hui passe pour un pari impossible.
Avec mes regrets de ne pouvoir être parmi vous autrement que par ces quelques lignes, veuillez recevoir mes vives félicitations pour votre nomination et pour votre chère famille, Madame Gobet et ses trois enfants si attachants.
Bien fidèlement votre
Bruno Lussato